mercredi 25 avril 2018

CI : Élections locales ou tripatouillage électoral ?

Les élections locales auront-elles lieu ?


Pas pour maintenant, à ce qu’il semble, le gouvernement ayant décidé de prolonger de façon unilatérale le mandat des maires et des présidents des conseils régionaux. Pourquoi donc ce retournement de situation ? Sans doute pour éviter d’effaroucher certains cadres de la coalition au pouvoir à la veille de l’unification du RHDP ? Quoi qu’il en soit, ce pouvoir prend de nouveau des libertés avec la loi et le fonctionnement « normal » des institutions pour faire ce qu’il veut, quand il veut, quand ça l’arrange. De toute façon, ce n’est pas comme si la population était intéressée !

– camarade Castro

Par ailleurs, les élections sénatoriales (et la nomination expresse et anticonstitutionnelle du président du Sénat) qui ont eu lieu récemment ont démontré la grande indifférence de la population vis-à-vis de tout ces petits jeux. Alors qu’au Burkina ou au Sénégal, la création d’un Sénat a été prétexte à révolution, allant jusqu’à pousser à la chute des dictateurs, chez nous, c’est le calme plat – zéro. Tant les populations sont habituées à voir ce régime trafficoter les lois comme il le souhaite et sans que cela ait la moindre incidence sur nos vies.

C’est de la même manière que, malgré les problèmes qui minent la Commission électorale indépendante (CEI) dirigée par Youssouf Bakayoko, le RHDP s’entête coute que coute à la maintenir telle quelle, malgré la contestation des partis d’opposition et le fait que M. Bakayoko ait dépassé depuis des années la limite de son mandat légal. Rappelons que cette CEI s’est tristement illustrée lors des élections présidentielles de 2010, et qu’elle ne s’est pas améliorée depuis, avec des élections organisées n’importe comment et à la dernière minute, des taux de participation imaginaires et des résultats truqués, falsifiés à la faveur des candidats du parti au pouvoir.

Vu le caractère douteux de cette CEI, la tendance à terminer les élections dans la violence (souvenons-nous des élections municipales à Koumassi en 2013 ou des législatives à Bonon en 2012), et l’absence de tout parti politique un tant soit peu crédible, nombreux sont les Ivoiriens qui refusent de participer à leur « devoir civique » en boycottant les élections organisées en Côte d’Ivoire.

La démocratie suppose le choix du peuple, ce qui n’est plus le cas depuis quelques années dans notre pays. La démocratie, c’est la liberté d’expression, les élections libres et transparentes, mais malheureusement tout cela a perdu son sens aujourd’hui. On peut facilement se faire voler sa voix pendant le dépouillement au profit d’un candidat qu’on n’a pas choisi, et cela est presque devenu coutume. En Côte d’Ivoire, où l’opposition est inutile lorsqu’elle n’est pas muselée, on nous impose nos dirigeants comme au temps du parti unique de feu Félix Houphouët-Boigny. C’est ce qu’on appelle « démocratie à l’ivoirienne ». Où va notre cher pays, qui chante matin, midi et soir l’émergence en 2020 !

L’émergence tant vantée par nos cadres n’est en fait que l’émergence de notre classe dirigeante de patrons capitalistes, ivoiriens comme étrangers, dont la richesse dépend de notre exploitation dans le calme et l’ordre. Soyez sûr que cette émergence sera pour nous une véritable immersion. Or, pour répliquer chez nous le modèle chinois ou le modèle éthiopien, il est crucial pour le régime capitaliste de se doter d’organes de pouvoir forts qui garantiront que jamais la voix du peuple ne pourra se faire entendre par la voie légale. C’est là tout le sens des manœuvres actuelles.

Pour nous, s’il importe de continuer le combat pour la liberté d’expression et la démocratie, il faut aussi lutter en dehors de la lutte purement « politique » pour faire place à la lutte sociale – dans la rue, dans les zones industrielles, pour les revendications concrètes qui préoccupent au premier plan le citoyen : cherté de la vie, accès à l’eau, au logement, contre les violences, etc. Si nous parvenons à nous faire entendre et à nous imposer par cette fin, même les cadres du pouvoir seront forcés de nous suivre.

Enfin, c’est bien beau de vouloir lutter pour se faire entendre, mais encore faut-il avoir quelque chose à dire ! Un programme concret à proposer, une vision, une idéologie, pour le développement de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique. Sans quoi, à quoi bon vouloir devenir maire, député ou conseiller régional ? Si ce n’est que pour reproduire, encore et toujours, les mêmes schémas de soi-disant développement capitaliste bourgeois, et finalement appliquer la même chose que ceux que nous critiquons aujourd’hui.

samedi 21 avril 2018

CI : Marche avortée de l'opposition


Le manque de méthode des partis bourgeois révélé au grand jour



– Camarade Zova

Deux coalitions de partis de l’opposition ivoirienne (AFD et EDS) ont récemment projeté des manifestations pour réclamer une recomposition de la Commission électorale indépendante (CEI) et le retrait du projet de Sénat en exigeant notamment que le président actuel de la CEI soit remplacé pour sa partialité supposée ou avérée lors des précédentes élections.

Même si dans un premier temps l’on doit condamner l’interdiction et la répression de ces marches, qui remet en cause les droits démocratiques élémentaires, il faut dans un second temps reconnaitre que l’échec de la tenue de ces rassemblements traduit le manque de stratégie et l’utilisation de méthodes peu démocratiques au sein de ces partis.

En effet, ni l’AFD ni l’EDS, avant de lancer leurs mots d’ordre, n’ont eu recours à leur base pour une discussion préalable sur la date et le lieu de ces manifestations : on s’est contenté de l’informer par voie de presse ou de SMS. Aussi, les responsables de ces partis ont arrêté en cercle fermé ce qui devrait constituer la revendication principale de ces marches. Pas un effort n’a été fait non plus pour mobiliser la population en-dehors de leurs militants.

Or, on le sait tous, le jeudi est un jour ouvrable dans le calendrier national. Combien d’Ivoiriens pouvaient-ils renoncer à leurs occupations ce jour pour répondre à un appel de leur direction ? Pas beaucoup, dans un pays où l’accès au logement, aux soins de santé et aux repas quotidiens relève de la lutte individuelle de chaque petit ménage. Il est évident qu’il est risqué de manquer un jour de travail au motif d’honorer un engagement politique.

S’agissant du mot d’ordre lui-même, force est de constater que nos partis d’opposition semblent n’avoir tiré aucune leçon de leurs échecs passés. On se souvient qu’en 2016, lors de la révision constitutionnelle proposée par le gouvernement, ces leaders de l’opposition avaient réussi une forte mobilisation de leurs militants et d’autres citoyens qui en avaient marre du régime actuel, avec les émeutes liées à l’augmentation du prix de l’électricité qui avaient précédé au mois de juillet de cette même année. Par ailleurs, il y avait à cette époque une bonne masse de l’électorat du parti au pouvoir qui était désillusionnée après six ans de gestion et de promesses non tenues. Mais rien n’a été obtenu – le régime a continué comme si de rien n’était.

De notre point de vue, ces mêmes conditions sont encore plus présentes en 2018, où le deuxième mandat de Ouattara tire à sa fin avec la colère grandissante des travailleurs et des gens de la rue, la fameuse couverture maladie universelle au point mort, des logements sociaux non encore livrés, la hausse du prix de l’essence, les mutineries de 2017, la grande grève des fonctionnaires, etc. Où était l’opposition politique pendant ce temps ? Tous ces thèmes nous semblent tout de même beaucoup plus susceptibles de rassembler les foules que la contestation de la CEI et du Sénat.

Une véritable lutte doit se donner les moyens pour aboutir à des avancées concrètes. Tous les militants pourraient être employés à partager des tracts, faire l’agitation aux carrefours et aux arrêts de bus, organiser des petits meetings dans les écoles, dans les marchés, etc., avec des marches éclatées dans chaque quartier au même moment, organisées démocratiquement dans les parlements, et surtout, faire grève pour frapper nos dirigeants et leurs parrains étrangers là où ça leur fait le plus mal – dans leur portefeuille.

Mais, comme on ne cesse de le répéter, les responsables de ces partis qui ne sont « socialistes » que le jour où ça les arrange, ne sont en réalité préoccupés que par des postes électifs et le contrôle de certaines institutions, juste pour leur propre bien-être – une petite place à la mangeoire, quoi ! S’ils font du bruit, ce n’est pas dans le but d’obtenir quelque chose, mais uniquement pour se faire remarquer, pour qu’on parle d’eux. Tirons-en les conséquences.

mardi 3 avril 2018

CI : le travail dans les zones industrielles


Un véritable cauchemar


Des conditions de recrutement à celles de travail, un emploi dans les zones industrielles rapproche les acquéreurs à une situation de quasi-esclavage. Le mode de recrutement est le même dans toutes les unités industrielles de Yopougon à Koumassi en passant par Vridi. Au petit matin à la première heure, des personnes de tous âges, diplômées ou non, se rendent devant les portails des usines dans l’espoir de décrocher un emploi. Au fur et à mesure que le vigile fait l’appel, comme à l’école, les travailleurs entrent dans l’enceinte. Tout le monde se croise les doigts. Après que le vigile a fini de citer les noms des « heureux » élus du jour, il referme le portail sans même jeter un regard de compassion à tous ceux qui viennent d’être recalés.

Si les journaliers abondent, c’est parce que les maisons de recrutement et autres « agents » proposent leurs prestations. Ce sont de véritables seigneurs, dont le travail (bien rémunéré) est de trouver une main d’œuvre abondante et à moindre cout, pour permettre aux patrons des entreprises de se frotter les mains. Ici, la compétence est foulée aux pieds, la seule condition, c’est l’argent. Même les agents de sécurité, dont le rôle devrait être de contrôler les entrées et sorties, s’adonnent à ce « business ». À côté de cette catégorie de travailleurs, on peut citer les « protégés », recommandés par des anciens cadres de l’entreprise, un parent ou autre personne influente. Nous pouvons citer également ceux qui paient directement pour un emploi de fortune, de 30 à 50 mille francs selon la taille de l’entreprise et l’importance de la paie proposée.

– Camarade Zova