Vigilance pour les travailleurs !
Initialement prévu pour entrer en
vigueur cette année, le nouveau dispositif fiscal ivoirien,
fortement contesté par le patronat, vient d’être suspendu par le
gouvernement. Afin de financer son budget 2018 qui s’élève à
6723 milliards FCFA, le gouvernement ivoirien avait prévu de
collecter 3406 milliards FCFA en recettes fiscales cette année,
en hausse de 338 milliards FCFA par rapport à 2017. Cette
hausse des prélèvements était censée servir à la réhabilitation
des CHU et centres de santé régionaux. À cela s’ajoute
l’objectif des autorités de suivre les recommandations du FMI en
portant le taux de pression fiscale estimé à 16 % en 2016 à
environ 20 % en 2019.
Conséquence, l’annexe fiscale à la
loi de finances pour la gestion 2018, a eu un gout plutôt amer pour
les entreprises ivoiriennes. Ainsi, la Fédération ivoirienne des
PME menaçait de la fermeture de nombreuses entreprises, ce qui
allait entrainer des pertes d’emploi. De son côté, le premier
vice-président de la Chambre de commerce et d’industrie de Côte
d’Ivoire, Parfait Kouassi, s’était inquiété du fait que ce
nouveau dispositif fiscal aurait pour finalité de faire fuir les
entreprises, ou de les pousser à s’installer dans l’informel
afin d’échapper à la pression fiscale.
Face à ces récriminations, les
autorités ivoiriennes ont cherché à tempérer l’impact de ces
mesures. « Les prélèvements que le secteur privé pointe du
doigt améliorent en réalité la fiscalisation de certains secteurs
jusque-là sous-fiscalisés. Mais en plus ils n’accroissent pas
véritablement la pression fiscale ; celle-ci oscille toujours
autour de 16 % du PIB, ce qui est en-deçà du critère de
convergence communautaire en la matière », expliquait un
conseiller d’État.
Le premier constat qui se dégage de
cette situation est que notre gouvernement capitaliste a encore
prouvé toute sa faiblesse et son manque de vision en se montrant
incapable de fermeté face à ces patrons capricieux qui sont aux
anges tant qu’ils peuvent exploiter leur personnel mais qui ne sont
pas prêts à partager ce butin avec l’État censé redistribuer
les richesses nationales. Notre gouvernement, toujours à la
recherche d’un financement pour son budget, cherche à tirer
l’argent partout où il peut le trouver, d’autant plus qu’il y
est encouragé par ses maitres du FMI.
Mais nous ne devons pas nous laisser
berner par la soi-disant préoccupation de nos dirigeants pour la
santé des Ivoiriens. Tout le monde sait qu’un accroissement des
rentrées financières signifiera avant tout des gains nets pour leur
propre poche.
Nous assistons donc à une lutte entre
patrons privés et « patrons publics » pour l’accaparement de
cette manne produite par la sueur et le sang des travailleurs
ivoiriens. Alors que c’est nous qui produisons ces richesses par
notre travail, les voici qui tombent dans la poche de nos dirigeants
ou de nos patrons, nationaux comme étrangers. Dans leur palabre,
c’est toujours nous qu’on sacrifie. Les investissements annoncés
par le gouvernement sont décidés à notre insu et échappent à
notre contrôle, tout comme échappent à notre contrôle les
bénéfices des entreprises des patrons obtenues par notre travail.
En même temps aussi, l’État censé assurer un travail à tous
reste impuissant devant le chantage des patrons qui finalement sont
seuls maitres de décider qui aura un travail et qui n’en aura pas.
Ces mêmes patrons qui feront payer à leur personnel (et à leurs
clients) le manque à gagner des nouveaux impôts !
En tout état de cause, c’est une
situation qui ne favorise en rien les travailleurs. Ni le
gouvernement ni leurs employeurs ne militent en faveur de leurs
intérêts : ils sont tous deux les faces de la même pièce qui
est le capitalisme. La seule solution pour assurer le bonheur des
travailleurs sera l’avènement d’un système où eux-mêmes
seront aux commandes de l’économie pour pouvoir bénéficier du
fruit de leur propre travail et décider comment l’investir, en
fonction de leurs propres besoins et non des caprices des patrons.
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