Première partie : les limites de la démocratie « à l'européenne »
Pour beaucoup de militants de gauche en Afrique, il ne faut pas « bruler les étapes ». On ne peut selon eux pas parler de lutte ouvrière pour le socialisme, alors que nous n'avons même pas encore acquis les droits démocratiques de base nécessaires à la création d'un mouvement syndical et de partis politiques, la liberté d'expression, etc. que la majorité de la population n'est pas éduquée, a faim, et ne peut par conséquent pas lutter.
Pour beaucoup de ces militants aussi, il revient d'encourager la couche dite « progressive » de la bourgeoisie africaine dans son combat personnel contre l'impérialisme et pour la démocratie, de s'allier à elle, afin de ne pas déforcer le mouvement pour la « démocratie ». Dans ce genre de discours, on entend souvent parler de « réalisme », de « moindre mal », de « front démocratique », d'« union des forces vives », etc.
Or, c'est justement en cela que se trompent les démocrates de gauche et que nous les voyons condamnés à errer sans fin d'une « plateforme de l'opposition » à l'autre, partout en Afrique, parcourant sans relâche le cycle infernal des mobilisations de foule, des déceptions, des rébellions, des transitions et des coups d'État, entrecoupé des inévitables crises (post-)électorales. En réalité, la « démocratie » bourgeoise qui nous sert de modèle imposé par l'Occident impérialiste est une chimère qui ne pourra jamais être appliquée à l'Afrique. Plus tôt nous nous en rendrons compte, plus tôt nous pourrons en sortir. Démonstration.