vendredi 10 octobre 2014

Côte d'Ivoire : rentrée étudiante

Une nouvelle année de lutte commence sur le campus ! 
Préparons-nous !



Appel du CIO-CI (cellule sympathisante du Comité pour une Internationale ouvrière en Côte d'Ivoire)
Une nouvelle année scolaire commence – une nouvelle année de lutte pour les droits des étudiants et contre la politique néolibérale et antisociale du régime RHDP.

L'année passée a vu une grande victoire du mouvement étudiant et l'obtention de certains acquis. Les tentatives du régime de museler les syndicats étudiants et d'instaurer l'“ordre” à l'université par l'intimidation ont été contrées. La mobilisation a permis le départ de la soi-disant “police universitaire” et la réouverture effective de la cité universitaire à Cocody, en plus de certaines améliorations de la vie sur le campus. Le point le plus marquant a évidemment été le départ du détesté ministre Bacongo, qui a enfin été envoyé se faire voir ailleurs.

La lutte de l'an dernier a permis de clarifier les véritables rapports de force sur le campus. Tandis que la Rets confirme son rôle de petit chien du régime, nous avons vu la disparition virtuelle de la Comuci malgré les espoirs qui avaient été placés en elle, à cause de son attitude conciliatrice et trop portée au compromis. En même temps, on voit de nouvelles organisations syndicales et de nouveaux leaders émerger, qui cherchent à tirer les leçons des dérives de la Fesci commises dans le passé et à revenir à un syndicalisme de combat et non du carriérisme.
À ce sujet, rappelons l'importance cruciale de la démocratie syndicale, seule garante de la représentativité et de la combativité des structures. Les militants et affiliés doivent avoir un droit de regard permanent sur leurs dirigeants, y compris le droit à la révocation immédiate et à la convocation de congrès extraordinaires afin d'éviter le rachat de leurs leaders et leur intégration à certaines structures étatiques. Il faut aussi assurer l'absence de tout privilège pour les dirigeants étudiants, afin que la course aux responsabilités ne se change pas en une course au mangement.

Saluons également le rôle du personnel universitaire qui, par sa grève de solidarité avec les étudiants, a apporté un soutien crucial à la lutte contre Bacongo. Les étudiants ne doivent pas oublier cela. Les liens entre structures du personnel et structures étudiantes doivent être renforcés, afin d'assurer également que le jour venu, les étudiants puissent offrir leur soutien par exemple à une éventuelle grève des professeurs plutôt que de se plaindre de l'arrêt des cours.

Ces mesures sont importantes car la lutte étudiante doit se poursuivre cette année afin de consolider nos acquis et en obtenir de nouveaux. De nombreux problèmes demeurent en effet, comme la fausse rénovation de l'université, la déficience générale d'infrastructure (salles de TD, bibliothèque, cantine, etc.), le manque de transport, la fermeture pour “rénovation” de onze cités universitaires, la hausse des frais d'inscription, le retard des cours, le tronquage du système LMD, etc.

Ce ne sera pas facile. Le nouveau ministre Gnamien Konan a démontré l'année passée, lors des nombreux mouvements de grève à la fonction publique, que s'il se dit prêt à négocier, c'est uniquement pour forcer la démobilisation, pour ensuite revenir sur toutes ses promesses. Aucune confiance ne doit être accordée à d'éventuels accords tant que leur réalisation effective n'a pas été exécutée. D'un autre côté, l'approche des élections de 2015 (si celles-ci sont confirmées) devrait faciliter l'octroi de concessions symboliques dont le but sera d'afficher une soi-disant bonne volonté du régime. Mais ne nous asseyons pas une fois quelques concessions obtenues, car plus encore peut être gagné ; sans compter qu'une fois les élections passées, les promesses pourront être facilement “oubliées”.

Pour bien démarrer l'année, un premier pas pourrait être la convocation d'une assemblée générale afin de définir un plan de mobilisation pour :
  • S'attaquer aux frais d'inscription trop élevés et refuser tout frais supplémentaire ;
  • Augmentation du nombre de boursiers ;
  • Réouverture totale et sans délai de toutes les cités universitaires ;
  • Augmentation des moyens de transport : plus de bus, bus spéciaux entre cités étudiantes et le campus, gratuité du transport pour les étudiants ;
  • Rénovation : un bilan de la rénovation, une enquête par un comité constitué de représentants élus en AG des syndicats étudiants et du personnel universitaire, avec droit de regard sur la comptabilité et pouvoir de décision par rapport aux investissements à réaliser dans l'infrastructure.

Par ailleurs, l'objectif du CIO, en tant qu'organisation internationale socialiste révolutionnaire, est un enseignement totalement gratuit et de qualité à tous les niveaux, afin d'assurer le bien-être de tous, le développement de notre économie et l'indépendance réelle de notre pays et de notre continent. Pour nous, il est important que les syndicats étudiants des différentes universités du pays se fédèrent en structures nationales, mais il faut également organiser des rencontres entre syndicats du personnel et syndicat des étudiants, afin d'assurer la solidarité et la convergence dans la lutte entre travailleurs de l'université et étudiants. De même, les étudiants et le personnel universitaires doivent forger des liens avec les organisations dans tout le secteur de l'enseignement, le secondaire et le primaire, privé comme public, personnel, élèves, et parents d'élèves.

Notre but doit être la constitution d'une plate-forme commune d'échanges et de solidarité entre l'ensemble des composantes de la sphère enseignement et les couches de la population qui soutiennent la lutte pour un enseignement gratuit et de qualité, financé par le public, avec pour revendications principales :
  • la gratuité totale de l'enseignement : prise en charge complète par l'État des fournitures scolaires, des transports d'élèves et d'étudiants, etc. ;
  • un plan national de rénovation et d'investissement dans l'infrastructure d'enseignement et de la recherche pour un enseignement public et de qualité à l'échelle nationale : construction de nouvelles écoles, auditoires, internats, rééquipement des salles de classe, laboratoires, bibliothèques et salles informatiques ;
  • une revalorisation des salaires des enseignants et de manière générale des travailleurs de l'enseignement et de la recherche, avec une attention spéciale aussi aux besoins spécifiques des “enseignants de brousse” ;
  • recrutement massif de nouveaux enseignants (statutaires), pour obtenir une diminution de la taille des classes et faciliter l'apprentissage de tout un chacun ;
  • mise en place de cycles de formation permanente pour les enseignants afin qu'ils puissent mettre à jour leurs connaissances et notamment leur maitrise des NTIC ;
  • intégration des syndicats d'enseignants, d'étudiants, d'élèves et de parents d'élèves dans la gestion et la prise de décision concernant les conditions d'enseignement.

Pour financer tout cela, ce n'est pas difficile : puisqu'on nous dit que notre pays connait une croissance de +10 %, il suffit d'aller chercher l'argent là où il est. C'est pourquoi les étudiants, enseignants et chercheurs doivent aussi inscrire sur leur bannière le slogan de la nationalisation des ressources naturelles (cacao, pétrole, mines) et des secteurs-clés de l'économie (port, eau, électricité, télécoms, banques, etc.), sous contrôle et gestion démocratique par la population, afin d'arrêter le bradage des richesses de notre pays et d'assurer leur bonne utilisation au service de tous les habitants de la Côte d'Ivoire, dans le cadre du socialisme.


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Pour une nouvelle année offensive !

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