lundi 14 mai 2018

CI : Enlèvement d’enfants

Le symptôme d'une société malade


Le phénomène de l’enlèvement des enfants est aujourd’hui une réalité très inquiétante pour la population ivoirienne. Ce phénomène crée la psychose totale parmi la population, de sorte que personne n’a plus confiance en son prochain ou en son voisin, car les quelques cas où ces malfaiteurs ont criminels ont été arrêtés, comme pour le cas du petit Bouba qui a fait du bruit dans tout le pays, il s'est avéré que ces criminels sont souvent des proches de la famille de leurs victimes ou de l’enfant. 

La question est donc de chercher à comprendre ce qui peut bien pousser des adultes à ôter la vie à ces êtres sans défense. Nous vivons en fait dans une véritable culture du sacrifice. Les maux engendrés par la société capitaliste et son aliénation sont tels que la plupart des citoyens sont plongés dans un désespoir. Personne ne comprend pourquoi les riches sont riches, les pauvres sont pauvres, pourquoi  un tel a un travail et l’autre n’en a pas… 

Vu l’ignorance des lois économiques et sociales, on invente alors des causes mystiques, tout comme nos ancêtres pensaient que la pluie était envoyée par Dieu ou par les génies. On se dit que sacrifier 10.000 francs à l’église nous rapportera, que se priver de nourriture pendant une semaine nous fera gagner un travail, attirera sur nous les faveurs divines.

Comme si c’était Dieu qui avait créé l’argent ! Comme si c’était Dieu qui investissait dans l’économie du pays ! Comme si nos dirigeants étaient riches par une grâce divine, et non pas par l’exploitation du travail du peuple, leurs petits trafics et le détournement des biens publics ! Du sacrifice d’un repas ou d’une liasse de billets de banque au sacrifice d’animaux puis d’enfants, il n’y a qu’un pas ! La reine Pokou n’a-t-elle pas elle-même donné l’exemple ? 

C’est le désespoir qui pousse l’homme à faire du mal à son prochain. La société capitaliste nous met en concurrence les uns avec les autres : quand tu arrives pour une offre d’emploi et que tu vois dix autres candidats assis là, en même temps tu commences à les maudire eux tous dans ton cœur, tout comme eux-mêmes ont commencé à te maudire dès qu’ils t’ont vu. C’est le même phénomène entre nos hommes politiques qui briguent les mêmes postes, nos patrons qui briguent les mêmes marchés ou qui luttent pour s’arracher la clientèle.  

C’est cette société qui nous pousse à lutter les uns contre les autres et qui nous fait perdre la compassion. Celui qui est bon et généreux est vu comme un perdant, un mouton. Comme il est loin le  temps du travail partagé aux champs, des générations qui s’entraidaient… S’il faut condamner les sacrifices humains, il est bon de s’attaquer à la racine du phénomène : le système capitaliste, qui engendre lui-même la pauvreté, le chômage, les inégalités, la précarité, l’ignorance et les superstitions religieuses qui en découlent.


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