dimanche 29 janvier 2017

Militant : ce que nous voulons

Pour quel type de société se bat le groupe Militant ?


Militant se bat pour une société socialiste démocratique qui remplacera le capitalisme, afin que nous puissions utiliser les richesses produites par la société pour satisfaire aux besoins de l'ensemble de la population et non pas de quelques patrons et actionnaires des grandes entreprises.

Dans cet article, nous allons définir ce que nous entendons par les mots « socialisme », « capitalisme », « classe prolétaire »… nous allons aussi expliquer ce que le socialisme n'est PAS.

– Texte inspiré par un document rédigé par le Parti ouvrier et socialiste d'Afrique du Sud, section du CIO dans ce pays


Que signifient les termes « capitalisme » et « classe capitaliste » ?

Le mot « capitaliste » est souvent utilisé à tort par certaines personnes pour parler de quelqu'un d'opinion libérale. Mais qu'est-ce qu'un capitaliste ? Un capitaliste est quelqu'un dont le revenu provient de l'exploitation du travail d'autrui. La seule manière de pouvoir réaliser cela est d'être propriétaire d'une entreprise. Un capitaliste qui est propriétaire d'une usine ou d'une plantation achète – et devient donc propriétaire – de matières premières qui seront transformées en marchandises, achète – et devient donc propriétaire – de machines et d'outils qui seront utilisés pour transformer les matières premières en marchandises et, en payant un salaire à des gens, devient propriétaire de la force de travail de ces travailleurs pendant une durée déterminée. Vu qu'il est propriétaire de tout cela, cela signifie que, même si un capitaliste n'a jamais mis le pied dans son usine ou sa plantation, il est le propriétaire de l'ensemble des marchandises produites dans son usine, et donc de l'ensemble des bénéfices tirés de leur vente. 

Le capitaliste exploite le travail de la classe prolétaire et, ce faisant, s'accapare les richesses créées par elle. Il joue un rôle purement parasitaire. La seule chose qui permet de camoufler ce vol – puisque c'est de cela qu'il s'agit – est le fait que l'État défend le « droit à la propriété » dans l'économie. Les capitalistes ne s'intéressent à une activité économique qu'à partir du moment où ils sont convaincus de pouvoir en tirer plus d'argent que ce qu'ils y auront investi – c'est-à-dire, que s'ils pensent pouvoir en tirer un profit. Cela veut dire que, dans la société capitaliste, personne ne fabrique un climatiseur parce que quelqu'un a chaud, mais parce qu'il existe quelqu'un qui a les moyens d'acheter un climatiseur et qui est désireux d'en acheter un, ce qui permet au capitaliste de tirer un profit. Cela veut dire que, même si assez de richesses existent pour pouvoir fournir à chaque personne sur Terre tout ce dont il ou elle a besoin pour vivre décemment, cela ne peut se faire parce que ce n'est pas profitable aux capitalistes.

Le système capitaliste est donc à sa base un système économique et politique qui organise le vol de la richesse produite par la majorité de la population (la classe prolétaire) pour l'amasser dans les coffres d'une petite minorité : la classe capitaliste.


Que signifie le terme « classe prolétaire » ?

La classe prolétaire occupe dans la société capitaliste une position totalement opposée à celle de la classe capitaliste. La classe prolétaire ne possède rien dans l'économie, aucun moyen de production. Tout ce que les prolétaires possèdent, à part leurs quelques biens personnels, est leur capacité à travailler. Ils sont forcés de vendre cette force de travail aux capitalistes afin d'obtenir un salaire en échange, ce qui leur permet d'acheter les marchandises dont ils ont besoin pour survivre, en reversant cet argent aux capitalistes qui leur vendent ces produits.

La classe prolétaire regroupe plus que les gens qui travaillent directement pour les capitalistes. Elle englobe aussi les sans-emplois, les pensionnés, les membres de la famille des travailleurs, ainsi que tous ceux qui sont en train de se former pour devenir des travailleurs : les élèves et les étudiants.

Mais Militant s'adresse aussi aux « classes moyennes », aux petits commerçants et paysans. Car ces groupes sont eux aussi exploités par les capitalistes, et ont de nombreux intérêts en commun avec les prolétaires. Beaucoup de gens que l'on peut considérer comme « classe moyenne » sont eux aussi contraints de travailler en échange d'un salaire pour pouvoir survivre, quand bien même ce salaire serait plus élevé que la moyenne. Si le capitalisme entre en crise, ces hauts salariés ou diplômés peuvent se retrouver licenciés et tomber dans la même situation de chômage que n'importe quel autre prolétaire. Les petits commerçants (les cabiniers, les tabliers, les boutiquiers, les vendeurs de rue, les petits entrepreneurs à la tête d'entreprises familiales, etc.) doivent quant à eux acheter des marchandises auprès de grandes entreprises et chercher des emprunts auprès de grandes banques. Ce sont ces grandes entreprises et banques qui déterminent les conditions de vente de leurs marchandises : si les prix montent, les petits commerçants souffrent eux aussi.


Que signifie « socialisme » ?

Le socialisme est une société dans laquelle l'ensemble des secteurs stratégiques de l'économie : les banques, les mines, les grandes plantations, les usines… auront été enlevées des mains des capitalistes et actionnaires privés pour les faire passer en propriété publique. En d'autres termes, il s'agit de changer à qui appartient l'économie. Mais ce n'est là que le début.

Qui dit propriété, dit contrôle. Une économie appartenant au public serait organisée selon un plan démocratique de production. À chaque niveau de l'économie, des comités des travailleurs, des consommateurs, des habitants des quartiers, travailleront de concert avec le gouvernement, à l'échelle locale comme nationale, pour déterminer démocratiquement quels sont les besoins réels de la société et comment organiser la production et la distribution pour s'assurer que ces besoins soient satisfaits. Cela nécessitera une réduction du temps de travail, sans perte de salaire, et un partage du travail afin de garantir que chaque personne ait le temps de participer à la gestion de la société. Une fois que les besoins de base de tout un chacun auront été satisfaits (logement, santé, enseignement, collecte des déchets, électricité, eau…), nous pourrons ensuite permettre à chaque individu de réaliser ses rêves, par un développement rapide de l'enseignement, de la culture et de la science.


Que signifie « nationalisation » ?

La mise en place d'une société socialiste ne se fera pas instantanément. Pour réorganiser la société selon les principes du socialisme, il nous faudra commencer par prendre le contrôle sur les secteurs stratégiques de l'économie. Cela veut dire qu'il faudra les enlever des mains des capitalistes pour les faire passer en propriété publique. C'est ce qu'on appelle la « nationalisation ».

Mais Militant ne veut pas s'arrêter à de simples nationalisations. Nous n'avons effectivement pas la moindre confiance dans l'État bourgeois corrompu ni dans les partis de gouvernement capitaliste, tels que le PDCI, le RDR ou le FPI, pour gérer l'industrie nationalisée dans l'intérêt du prolétariat. Ces politiciens ont en effet toujours tendance à utiliser les richesses nationales pour remplir leurs propres comptes en banque ou favoriser leurs amis patrons. C'est pourquoi pour Militant, la nationalisation ne peut être accomplie que sous un contrôle et une gestion démocratiques de l'industrie nationalisée par les travailleurs. Ainsi, pour nous assurer que l'industrie nationalisée soit dirigée dans l'intérêt du peuple, nous la plaçons sous le contrôle du peuple lui-même.


Qu'est-ce que le socialisme n'est PAS ?

Le mot « socialisme » a été longtemps galvaudé par toutes sortes de groupes et de partis politiques, chez nous comme ailleurs. Des politiciens de tout poil n'hésitent jamais à adopter une rhétorique socialiste afin de semer la confusion parmi le peuple et le pousser à soutenir une politique qui est en réalité procapitaliste.

– Le simple « partage » entre camarades n'est PAS du socialisme : le socialisme ne veut pas dire que les travailleurs doivent partager leurs maigres possessions les uns avec les autres. Même si, entre camarades, il est normal de se soutenir mutuellement, le socialisme n'a rien à voir avec le fait que les gens se comportent « bien » ou « mal ». Si, par exemple, un travailleurs gagne un salaire de 300.000 francs alors que son voisin n'en gagne que 50.000, ce n'est pas en partageant son salaire qu'il augmentera la part de richesses de la société qui revient au prolétariat. C'est juste que nous serions en train de repartager entre nous la part qui nous est déjà dévolue aujourd'hui. Une société socialiste n'a pas pour but d'égaliser les revenus au sein de la classe prolétaire, mais d'augmenter la part reçue par l'ensemble de la classe afin que tout un chacun puisse mener une vie décente et libérée de tout souci.

Pour accroitre la part de la richesse qui nous revient à nous, la majorité, il est nécessire de prendre le contrôle sur les banques, les mines, les grandes plantations, les usines, etc. qui appartiennent aujourd'hui à la classe capitaliste et de planifier l'utilisation des richesses produites afin de satisfaire aux besoins de la majorité.

– Le « repartage des richesses » n'est PAS du socialisme : augmenter les taxes sur les riches, tout en les laissant maitres de l'économie (c'est-à-dire, sans toucher à leur propriété de leurs entreprises) n'est pas du socialisme. Quand bien même une telle mesure serait progressiste, elle n'est pas en soi suffisante pour transformer les conditions de vie de la majorité de la population de manière permanente.

– La « redistribution de la propriété » n'est PAS du socialisme : par exemple, en enlevant aux patrons blancs leurs propriétés pour les donner à des patrons noirs. On crée ainsi une classe capitaliste noire, mais ces capitalistes noirs tirent alors leur richesse des mêmes bases économiques que les capitalistes blancs : la propriété privée des moyens de production et l'exploitation de la classe prolétaire. La majorité de la population, noire ou blanche, restera de toute façon exclue des richesses de la société. On peut dire la même chose de toute politique visant à encourager les entreprises détenues par des gens de telle ou telle ethnie ou l'entreprenariat des femmes.

– La « nationalisation » de l'une ou l'autre branche de l'économie dans le cadre du capitalisme n'est PAS du socialisme : Militant soutient la nationalisation, mais pas en tant que simple prestataire d'un « service public » dans le cadre d'une économie qui reste fondamentalement capitaliste. La nationalisation doit englober l'ensemble des secteurs stratégiques de l'économie, dans le cadre d'une transformation en profondeur de la société. Une entreprise nationalisée gérée par un gouvernement capitaliste sera toujours mal gérée et ciblée par tous les détournements, tandis que ses travailleurs continueront à être exploités. C'est pourquoi le contrôle et la gestion par les travailleurs jouent un rôle de premier plan dans tout programme de nationalisation mis en avant par Militant, en vue de la nationalisation de l'ensemble des secteurs stratégiques de l'économie sous contrôle démocratique.

– La dictature bureaucratique n'est PAS du socialisme : les anciens États dits « soviétiques » ou « communistes » se revendiquaient du socialisme. Mais, quand bien même ces États avaient une économie planifiée, qui a conféré de nombreux avantages à la population (soins de santé gratuits, logement gratuit, etc.), il s'agissait d'une dictature d'une élite bureaucratique qui était opposée à la classe prolétaire quand bien même elle gérait le pays en son nom. Ces États ont tous fini par s'effondrer en raison justement du manque de démocratie, de l'absence de contrôle démocratique sur l'économie.


Le FPI est-il un parti socialiste ?

Non. Le FPI a toujours été un parti bourgeois, même si, au moment de sa fondation, il a adopté un langage socialiste ou « socialisant » afin d'obtenir un soutien parmi de larges couches de la population. En parlant de « révolution nationale », le FPI visait essentiellement à encourager la création d'une classe capitaliste ivoirienne, « indépendante » du capitalisme français. Le FPI au pouvoir ne s'en est jamais pris au capitalisme en tant que tel, n'a pas accompli la moindre nationalisation – au contraire, il a même été jusqu'à privatiser le port d'Abidjan. Ainsi, plutôt que d'approfondir la révolution, il allait d'une concession à l'autre face à la rébellion et la France, dans une tentative désespérée de se rendre « respectable » aux yeux de la « communauté internationale » (c'est-à-dire, de l'impérialisme). Ce qui a finalement engendré sa perte. Loin de donner le contrôle de l'économie aux travailleurs et à la population, le FPI a tout fait pour cadenasser les mouvements syndicaux et le mouvement des agoras afin de les soumettre au contrôle de ses propres militants et « orateurs ». Le FPI n'a rien d'un parti prolétarien ou socialiste.

De la même manière, des mouvements et partis comme le PIT, Lider ou le Cojep ne remettent pas en question le fonctionnement du capitalisme, mais uniquement certains des aspects les plus injustes et des inégalités engendrés par le capitalisme. Dans les faits, la plus grande partie de leur politique consiste à donner des subsides à des entrepreneurs nationaux en présentant cela comme une politique destinée à accroitre notre indépendance par rapport aux capitaux étrangers. Même si ces partis envisagent également des mesures sociales destinées à aider la population pauvre, cela n'en fait pas pour autant non plus des partis ou mouvements socialistes.


Quel est, selon Militant, le rôle que doivent jouer les élus ?

Tout camarade élu au nom de Militant, qu'il s'agisse des élections municipales, régionales ou nationales, ne peut recevoir plus que le salaire moyen d'un travailleur qualifié ; le reste sera récupéré par Militant afin de financer le mouvement ou diverses causes. Nos représentants élus sont là pour représenter les intérêts de la population qui les a élus, et non pas pour tirer un profit personnel de leur poste. Militant surveillera de très près tous ses élus.

Mais pour Militant, la priorité n'est pas de se faire élire à tel ou tel siège. Même si le fait d'avoir un élu peut nous aider à faire passer notre message, nous considérons les luttes dans les entreprises et dans les quartiers comme bien plus déterminantes pour l'avenir de notre classe. Militant est un mouvement de lutte et de solidarité. Militant œuvrera à l'unification des luttes de la classe prolétaire afin d'accroitre leur force et leur efficacité. Les sièges parlementaires ne sont qu'une aide utile à cette fin.


Pourquoi Militant est-il nécessaire ?

Militant est nécessaire parce que la classe prolétaire ne possède pas d'instrument politique qui lui soit propre. La lutte syndicale est importante, mais sans une branche politique, c'est comme si nous luttions avec un bras attaché dans le dos. Militant est le début d'un processus qui vise à construire l'indépendance politique de la classe prolétaire afin de lutter pour notre intérêt à tous, le socialisme, en organisant cette lutte à l'échelle internationale via le Comité pour une Internationale ouvrière.




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