dimanche 11 mai 2014

France : après la déroute de Hollande aux élections régionales

Une opposition de gauche combative est nécessaire


À l’occasion des élections municipales, la claque a été sévère pour Hollande et le PS dans son ensemble. L’abstention, dans un premier temps touchait l’électorat jeune et les quartiers populaires, a progressé jusqu’au record de 38% au second tour. D’une manière générale, plus de la moitié des habitants en droit de voter se sont abstenus ou font partie des non-inscrits… Deux ans après l'arrivée de Hollande au pouvoir, le dégout est profond, même si peu de gens espéraient que les choses iraient un tout petit peu mieux avec Hollande à la place de Sarkozy.

Article écrit sur base de diverses publications de la Gauche révolutionnaire (CIO-France)


Face à la déroute, le gouvernement a subi un remaniement ministériel et a vu Valls arriver à sa tête. Ce dernier est le représentant de l’aile droite d’un parti qui n’est pourtant plus marqué à gauche que dans la presse dominante. La première annonce du gouvernement a été consacrée au « pacte de responsabilité », un monstrueux plan d’austérité de 50 milliards d’euros composé d’économies sur le budget de l’État, mais aussi de 30 milliards d’euros d’allègement des cotisations pour le patronat ! Les quarante premières entreprises françaises ont réalisé quelques 48 milliards d’euros de bénéfice en 2013 (31 000 milliards de CFA – le PIB de la Côte d'Ivoire s'élève quant à lui à 18 milliards d'euros…), mais ça, pas question d’y toucher pour Hollande & Co…


Une victoire pour la droite?

L’UMP défend les mêmes intérêts patronaux que le PS, avec toutefois des nuances sur le rythme et la manière. Mais alors que ces élections municipales ont pris place deux ans après l’élection de Hollande et tandis que la droite officielle ne dirige réellement aucune assemblée de manière significative (Assemblée nationale, Sénat et Régions sont aux mains du PS, de même que les très grandes villes), le parti de Sarkozy n’a pas vraiment profité d’un vote sanction. Les affaires et le dégoût des politiciens véreux pèsent(les procédures judiciaires se multiplient à l’égard de Sarkozy et sont toujours en cours en ce qui concerne Copé), ainsi que le ras-le-bol vis-à-vis des politiques anti-travailleurs menées par Sarkozy à l’époque et par Hollande aujourd’hui.

Le FN a particulièrement attiré l’attention des médias. Pourtant, si l’on compare ces élections à celles de 1995 (lorsque le FN avait remporté plusieurs villes), la progression de celui-ci n’est pas si importante. À côté d’une couche d’électeurs attirée par des idées racistes ou réactionnaires, beaucoup se sentent à juste titre délaissés, oubliés, voire trahis par les renoncements successifs de la « gauche ». Au bout de 20 ou 30 ans d’un tel abandon, d’un tel chômage de masse, le score du FN est logique. Ce parti reste un danger mortel pour les travailleurs, mais son apparition et sa persistance ne sont que le produit des trahisons de la « gauche » gouvernementale et du refus des forces à la gauche du PS de s’engager sérieusement dans la construction d’un front uni de résistance et d’opposition de gauche contre le gouvernement et le patronat.

Le Front national a changé d'image et tente un discours plus construit
et passant pour un discours de gauche

Quelle opposition de gauche ?

Les listes à la gauche du PS ne réalisent pas un si mauvais score. Électoralement, le Front de Gauche a montré qu’il était capable d’incarner une opposition pour autant qu’il se présente de manière indépendante du PS. Néanmoins, d’un point de vue général, le Front de Gauche et la gauche de la gauche plus globalement ne sont pas apparus comme une force nationale d’opposition de gauche. Une des questions centrales est d’être ou non en rupture avec le PS et avec ceux qui le soutiennent ou s’y allient. Jean-Luc Mélenchon a eu raison de dire qu’il aurait été préférable que le Front de Gauche – et toutes ses composantes – ait une ligne claire d’opposition au PS et qu’il présente des listes unitaires partout, visant de la sorte le PCF (parti communiste français) aux positions très diverses. Toutefois, dans les combinaisons qu’il propose, il intègre EELV (Europe Écologie – les Verts), formation politique qui peine à exister en dehors du sillage du PS et de sa politique antisociale. 

Le Front de Gauche ainsi que d’autres forces ont déjà en tête les futures élections européennes. Celles-ci permettront certainement d’adopter une ligne plus claire nationalement, puisqu’il n’y aura pas d’enjeux quant à la participation à des exécutifs. Mais il est crucial que la lutte ne se cantonne pas au cadre électoral. Le 12 avril dernier, une vaste manifestation appelant à une « révolte de gauche » a été organisée à l’initiative de Mélenchon, de Besancenot (NPA) et de la plupart des forces à la gauche du PS. Ce succès doit être un premier pas vers la construction d’une véritable lutte unifiée contre la politique de Hollande et contre le capitalisme. Il nous faut un plan commun d’actions et de grèves pour mettre un coup d’arrêt aux licenciements et aux coupes dans les services publics et qui permette aux délégations syndicales combatives de ne plus être isolées. Pour cela, nous avons besoin d’un programme politique capable de rassembler tous les travailleurs – jeunes, chômeurs, retraités, hommes, femmes, français ou étrangers – qui veulent lutter et s’organiser.

Une telle opposition large et démocratique pourrait devenir une force déterminante dans les années à venir pour faire avancer les luttes dans le but d’une société réellement débarrassée de l’exploitation et de la misère, une société authentiquement socialiste.

www.gaucherevolutionnaire.fr

Le potentiel de construction d'une véritable gauche en France
est toujours très fort, mais le manque de décision des
différentes organisations freine la combativité

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