Une opposition de gauche combative est nécessaire
À
l’occasion des élections municipales, la claque a été sévère
pour Hollande et le PS dans son ensemble. L’abstention, dans un
premier temps touchait l’électorat jeune et les quartiers
populaires, a progressé jusqu’au record de 38% au second tour.
D’une manière générale, plus de la moitié des habitants en
droit de voter se sont abstenus ou font partie des non-inscrits… Deux ans après l'arrivée de Hollande au pouvoir, le
dégout est profond, même si peu de gens espéraient que les choses
iraient un tout petit peu mieux avec Hollande à la place de
Sarkozy.
Article écrit sur base de diverses publications de la Gauche révolutionnaire (CIO-France)
Face
à la déroute, le gouvernement a subi un remaniement ministériel et
a vu Valls arriver à sa tête. Ce dernier est le représentant de
l’aile droite d’un parti qui n’est pourtant plus marqué à
gauche que dans la presse dominante. La première annonce du
gouvernement a été consacrée au « pacte de responsabilité », un
monstrueux plan d’austérité de 50 milliards d’euros composé
d’économies sur le budget de l’État, mais aussi de 30 milliards
d’euros d’allègement des cotisations pour le patronat ! Les quarante
premières entreprises françaises ont réalisé quelques 48
milliards d’euros de bénéfice en 2013 (31 000 milliards de CFA – le PIB de la Côte d'Ivoire s'élève quant à lui à 18 milliards d'euros…), mais ça, pas question d’y
toucher pour Hollande & Co…
Une
victoire pour la droite?
L’UMP
défend les mêmes intérêts patronaux que le PS, avec toutefois des
nuances sur le rythme et la manière. Mais alors que ces élections
municipales ont pris place deux ans après l’élection de Hollande
et tandis que la droite officielle ne dirige réellement aucune
assemblée de manière significative (Assemblée nationale, Sénat et
Régions sont aux mains du PS, de même que les très grandes
villes), le parti de Sarkozy n’a pas vraiment profité d’un vote
sanction. Les affaires et le dégoût des politiciens véreux
pèsent(les procédures judiciaires se multiplient à l’égard de
Sarkozy et sont toujours en cours en ce qui concerne Copé), ainsi
que le ras-le-bol vis-à-vis des politiques anti-travailleurs menées
par Sarkozy à l’époque et par Hollande aujourd’hui.
Le
FN a particulièrement attiré l’attention des médias. Pourtant,
si l’on compare ces élections à celles de 1995 (lorsque le FN
avait remporté plusieurs villes), la progression de celui-ci n’est
pas si importante. À côté d’une couche d’électeurs attirée
par des idées racistes ou réactionnaires, beaucoup se sentent à
juste titre délaissés, oubliés, voire trahis par les renoncements
successifs de la « gauche ». Au bout de 20 ou 30 ans d’un tel
abandon, d’un tel chômage de masse, le score du FN est logique. Ce
parti reste un danger mortel pour les travailleurs, mais son
apparition et sa persistance ne sont que le produit des trahisons de
la « gauche » gouvernementale et du refus des forces à la gauche
du PS de s’engager sérieusement dans la construction d’un front
uni de résistance et d’opposition de gauche contre le gouvernement
et le patronat.
Le Front national a changé d'image et tente un discours plus construit et passant pour un discours de gauche |
Quelle
opposition de gauche ?
Les
listes à la gauche du PS ne réalisent pas un si mauvais score.
Électoralement, le Front de Gauche a montré qu’il était capable
d’incarner une opposition pour autant qu’il se présente de
manière indépendante du PS. Néanmoins, d’un point de vue
général, le Front de Gauche et la gauche de la gauche plus
globalement ne sont pas apparus comme une force nationale
d’opposition de gauche. Une des questions centrales est d’être
ou non en rupture avec le PS et avec ceux qui le soutiennent ou s’y
allient. Jean-Luc Mélenchon a eu raison de dire qu’il aurait été
préférable que le Front de Gauche – et toutes ses composantes –
ait une ligne claire d’opposition au PS et qu’il présente des
listes unitaires partout, visant de la sorte le PCF (parti communiste
français) aux positions très diverses. Toutefois, dans les
combinaisons qu’il propose, il intègre EELV (Europe Écologie –
les Verts), formation politique qui peine à exister en dehors du
sillage du PS et de sa politique antisociale.
Le Front de Gauche
ainsi que d’autres forces ont déjà en tête les futures élections
européennes. Celles-ci permettront certainement d’adopter une
ligne plus claire nationalement, puisqu’il n’y aura pas d’enjeux
quant à la participation à des exécutifs. Mais il est crucial que
la lutte ne se cantonne pas au cadre électoral. Le 12 avril dernier,
une vaste manifestation appelant à une « révolte de gauche » a
été organisée à l’initiative de Mélenchon, de Besancenot (NPA)
et de la plupart des forces à la gauche du PS. Ce succès doit être
un premier pas vers la construction d’une véritable lutte unifiée
contre la politique de Hollande et contre le capitalisme. Il nous
faut un plan commun d’actions et de grèves pour mettre un coup
d’arrêt aux licenciements et aux coupes dans les services publics
et qui permette aux délégations syndicales combatives de ne plus
être isolées. Pour cela, nous avons besoin d’un programme
politique capable de rassembler tous les travailleurs – jeunes,
chômeurs, retraités, hommes, femmes, français ou étrangers –
qui veulent lutter et s’organiser.
Une
telle opposition large et démocratique pourrait devenir une force
déterminante dans les années à venir pour faire avancer les luttes
dans le but d’une société réellement débarrassée de
l’exploitation et de la misère, une société authentiquement
socialiste.
www.gaucherevolutionnaire.fr
Le potentiel de construction d'une véritable gauche en France est toujours très fort, mais le manque de décision des différentes organisations freine la combativité |
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