mercredi 11 juillet 2018

RHDP : l'inévitable implosion




– camarade Zova


Les élections de 2020 approchent à grands pas ! Tout le monde se demande comment va se dérouler la prochaine campagne électorale. Et la question la plus brulante est évidemment non pas de savoir qui l’emportera, mais bien si ce jeu électoral aura ou non des répercussions sanguinolantes cette année-là. Tant les populations sont découragées de la chose.

Cependant, on ne peut s’empêcher de constater une frustration, qui gagne toutes les couches sociales, y compris celles qui soutenaient traditionnellement le RDR et M. Ouattara. Partout dans le pays, on voit des populations nordistes crier leur désenchantement. Ce n’est pas pour rien si les émeutes contre la CIE ont commencé à Bouaké ! Même les anciens rebelles se sentent trahis. Pas une semaine ne se passe sans qu’un commissariat ou une gendarmerie ne soit brulé. Tous ces signes sont inquiétants pour notre élite capitaliste, car ils annoncent un désir de révolte de la part de la population. Même les parrains de Ouattara comme le FMI et autres structures internationales s’en plaignent ouvertement et appellent le gouvernement à mettre en place des mécanismes de « distribution des fruits de la croissance ».

Car si le pays s’est bel et bien développé sous Ouattara, les Ivoiriens ne profitent pas de cette croissance : c’est le cas du peuple, mais c’est aussi le cas de toute une partie de la bourgeoisie nationale, mécontente de voir des entreprises étrangères privilégiées pour l’accès aux marchés publics et autres financements.

C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre le regain de tension actuel entre PDCI et RDR. Le PDCI est le parti par excellence de la bourgeoisie traditionnelle ivoirienne, cette aristocratie de grandes familles de hauts cadres étatiques, descendants de compagnons d’Houphouët et grands propriétaires terriens. Le RDR est quant à lui un parti bourgeois « moderne » dont la base est une bourgeoisie d’affaires fortement liée au commerce international et notamment aux « commissions » et « partenariats » avec des sociétés multinationales étrangères, pas seulement françaises – d’où leur recherche permantente de nouveaux pays partenaires (Maroc, Turquie, Chine, Inde, etc.).

Ces deux couches rivales tirent leur richesse de sources différentes, ce qui exige la mise en place d’une politique économique différente, voire opposée – elles ne peuvent donc pas s’entendre. Elles avaient été contraintes de s’allier contre le FPI, parti de la moyenne bourgeoisie, qui avait fait l’erreur selon elles de mobiliser la population pour son programme « patriotique ». Mais une fois le danger passé et la population matée et réduite à un silence forcé, les vieilles rancœurs font inévitablement surface.

Le PDCI toutes ces années avait dû se résigner à faire profil bas pour pouvoir se raccrocher à la mangeoire étatique. Mais aujourd’hui que se développe un puissant sentiment anti-RDR et que l’on voit à chaque scrutin percer des indépendants, le PDCI ferait certainement fausse route en acceptant de se ranger derrière ce parti tant discrédité.

Vu l’absence de parti d’opposition, et le risque posé par de jeunes aventuriers populistes difficilement « maitrisables » (voir ci-dessous), il est possible que certains des anciens parrains de Ouattara, soucieux de la stabilité de leur « système », soient aujourd’hui en train d’encourager le PDCI à se revêtir du manteau d’opposition.

Sans doute sont-ils occupés à écrire un scénario qui permettra à Bédié de se sortir de cette situation la tête haute et de revenir au pouvoir (lui-même ou un de ses pions). Le PDCI dans cette posture bénéficierait certainement du soutien opportuniste du FPI (ou de ce qu’il en reste) – un FPI réunifié pour l’occasion, ce qui couperait en même temps l’herbe sous les pieds de Soro. Tout cette mascarade dans le but de « sauver » le pays d’une révolution.

Cette fausse opposition doit être dénoncée. Certes il nous faut chasser Ouattara du pouvoir, mais il nous faut pour cela un parti qui représente véritablement la population et non l’intérêt des petits cercles.

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