Combattre l'austérité et l'oppression partout dans le monde
Cela
fait plus d'un siècle à présent que le 8 mars est devenu la
Journée internationale de la femme – une journée pour
commémorer et célébrer les luttes des travailleuses et des femmes
pauvres contre l'exploitation au travail, dans la société et dans
leur foyer. Au fil des ans cependant, le sens réel de cette journée
a été déformé.
Clare Doyle (Secrétariat international du Comité pour une Internationale ouvrière)
Dans
les États staliniens qui prétendaient (à tort) être
socialistes, cette date est devenue une journée pour faire quelques
beaux discours vides de sens afin de remercier la contribution que
les femmes travailleuses apportaient à la société. (Les hommes
étaient censés leur acheter des fleurs et faire la vaisselle pour
la journée ! – c'est toujours la manière dont est
célébrée cette fête en Russie, au Vietnam, etc.). Dans les pays
capitalistes, elle est devenue une simple opportunité commerciale,
comme la Saint-Valentin ou la fête des Mères, pour faire
de l'argent en vendant des cadeaux, des cartes de vœux, des
vêtements, des diners romantiques…
Autour
de la date du 8 mars, les médias de différents pays rapportent
quelques informations – certaines utiles, d'autres
fallacieuses – sur la détresse des femmes dans la société
moderne. Beaucoup parlent de l'oppression des femmes comme si
celle-ci était la faute des hommes, et non le produit d'une société
divisée en classes sociales et basée sur l'inégalité en termes de
puissance et de richesse. Partout dans le monde, de nombreux hommes
sont encore éduqués de manière à considérer leur rôle d'homme
comme supérieur à celui de la femme, dans la famille comme
en-dehors.
Cette
année, on a un peu parlé de la soi-disant “quatrième vague”
du féminisme, mais sans que ne soit proposée la moindre solution
par rapports aux problèmes très concrets que connaissent les
travailleuses et paysannes qui constituent la moitié de la
population mondiale.
Pour
les socialistes, la Journée internationale de la femme doit avoir
pour but de se souvenir de ce qui a changé, et de ce qui reste à
faire. Via la lutte, certains des pires aspects de l'inégalité des
femmes ont été atténués. Dans tous les cas, il est salutaire de
se souvenir d'à quel point la route est encore longue, et de
rappeler quel impact peuvent avoir les véritables socialistes dans
le cadre de cette lutte.
Réformes, et manque de réformes
De
grandes réformes ont été obtenues lors du 20ème siècle dans de
nombreux pays – droits politiques, sociaux et reproductifs,
possibilité de travailler et meilleurs salaires, accès à
l'enseignement, institution de soins de santé et services sociaux
ciblés. Beaucoup de ces changements ont donné aux femmes une plus
grande liberté de choix de vie. En même temps, on a vu le
développement de toute une série d'équipements électro-ménagers
à prix accessible (machines à laver, aspirateurs, etc.) qui ont eux
aussi contribué à alléger le fardeau des corvées domestiques qui,
dans notre société de classe, repose principalement sur leurs
épaules.
Parfois,
comme en Russie en 1917, ces réformes ont été le
résultat direct de la révolution. Ailleurs, comme en Europe après
la Deuxième Guerre mondiale, ou même en Asie, la décision des
États d'organiser des programmes ciblés de soins de santé et
d'enseignement pour les femmes provenait de la menace de révolution.
Parfois, des avancées ont été obtenues par des mouvements
efficaces – surtout les syndicats – dans lesquels
hommes et femmes marchaient ensemble en menant une agitation
politique spécifique et des manifestations de masse.
D'un
autre côté, la vie des femmes rurales dans la plupart des régions
du monde est restée inchangée depuis des siècles. Elles mènent
dans leur campagne une vie de travail incessant – elle y
travaillent leur terre leurs enfants sur le dos, et doivent encore
s'occuper de toute la famille. Les femmes paysannes n'ont bien
souvent aucun accès à la maternité ni aux soins de santé, et
perdent beaucoup de leurs enfants à la naissance ou dans les
cinq premières années de leur vie. Des millions de femmes
meurent elles-mêmes de maladies facilement évitables, souvent liées
à l'enfantement.
Dans
beaucoup de pays, les femmes sont considérées comme des citoyens de
second rang et sont forcées par la tradition et par la religion
d'obéir à leurs pères, à leurs maris et à leurs frères. Elles
n'ont pas accès, ou alors très peu, à l'enseignement, aux loisirs
ou aux soins de santé.
Parce
que les possessions familiales (l'héritage) se font souvent de père
en fils, les filles sont considérées comme des fardeaux ; de
ce fait, des millions de femmes sont “éliminées” avant même
leur naissance, ou peu après. La dernière estimation du nombre de
femmes “manquantes” dans la population mondiale s'élève à
117 millions (New Internationalist, octobre 2013).
Trois quarts de ces petites filles “manquantes” auraient été
tuées avant la naissance, un quart par infanticide ou par
négligence discriminatoire avant l'âge de cinq ans. Ce
phénomène est surtout répandu en Inde et en Chine, même s'il
est présent sur tous les continents.
L'excision
aussi d'ailleurs, reste une pratique répandue partout dans le monde.
Selon une enquête récemment parue dans la presse, les campagnes
menées dans les écoles afin d'encourager les jeunes filles à
résister à cette pratique barbare indiquent que 140 millions
de femmes dans le monde ont été “excisées”. Les campagnes
menées au Royaume-Uni et en France semblent avoir un effet, mais
combien de millions de femmes encore ne pourront connaitre la chance
de jamais ressentir le moindre plaisir sexuel du fait de cette
tradition innommable ?
Manifestation de femmes paysannes en Gambie – « Unies contre la faim » |
Comment peut-on changer les mentalités ?
Les
femmes de tous les continents sont-elles réellement condamnées à
une vie d'épreuves et de dégradation perpétuelle ? Le dernier
numéro du magazine d'Amnesty International donnait cette
impression, avec le récit des problèmes que connaissent les femmes
dans huit pays - le Bahreïn, le Zimbabwé, la Colombie,
l'Afghanistan, le Sri Lanka, le Guatemala et le Cambodge.
Dans les grandes villes chaotiques d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine, des dizaines de millions de femmes travaillent de longues heures dans des ateliers répugnants ou sur les marchés, risquant leur vie ou à tout le moins, des blessures graves. Les porteuses du marché d'Accra, au Ghana, dorment par terre la nuit, en groupe pour être protégées. Les femmes Dalit en Inde sont forcées de nettoyer les toilettes avec leurs mains, ou fouillent dans les décharges pour trouver de quoi survivre. Lors d'une campagne pour visant à briser les liens entre profession et caste, les femmes de Patna ont haussé le ton, ont jeté leurs paniers dans des brasiers et ont refusé de poursuivre ce travail. Les campagnes autour des nombreux problèmes des femmes a mené à toute une série de réformes, mais la seule manière d'obtenir de réelles améliorations est par l'action de masse et la lutte politique.
Après
le désastre de Rana Plaza en avril l'an dernier au Bangladesh
(l'effondrement du bâtiment d'une grande usine textile, au cours
duquel plus de 1100 personnes ont perdu la vie, et 4000 autres
ont été blessées et ont perdu leur travail), les travailleurs
– surtout des femmes – ont organisé des manifestations
sonores et très efficaces afin d'exiger des compensations et de
nouveaux emplois. Leur action a attiré l'attention sur les immenses
profits que se font des compagnies telles que Benetton, Walmart,
Primark, Matala et Bon Marché dans une industrie qui pèse
48 milliards de dollars à l'échelle mondiale.
Pour
les opprimés d'Afrique et d'ailleurs, le développement du
Parti ouvrier et socialiste d'Afrique du Sud est comme
un phare dans la tempête. Ce nouveau parti a inscrit sur son
étendard des revendications de base pour “un enseignement gratuit
et financé par l'État, de la crèche à l'université” et “des
soins de santé gratuits, accessibles à tous”, en plus de la
nationalisation des mines, des plantations, des banques et des
grandes entreprises sous le contrôle démocratique des travailleurs.
Les
campagnes contre la multitude d'injustices infligées aux femmes et à
leurs enfants sont cruciales. Les articles parus sur les sites du
CIO, comme sur notre site socialistworld.net, ont révélé le
scandale de l'esclavage domestique et la riposte des femmes
indonésiennes et philippines à Hong Kong, des femmes et de
leurs enfants au Pakistan. D'autres de nos articles ont attiré
l'attention sur des femmes travaillant dans les écoles et les
hôpitaux et faisant preuve d'une grande détermination dans leur
riposte contre les coupes budgétaires.
Même
dans les pays “développés”, les femmes – surtout les
femmes issues de communautés immigrées – ont tendance à
constituer le gros de la main d'œuvre employée pour des tâches
ingrates et parfois dangereuses : ateliers, usines d'assemblage
électroniques, nettoyage et services domestiques. Cette
surexploitation dans nos sociétés ne peut être combattue que par
l'organisation par les syndicats de campagnes spécifiques et de
luttes industrielles. Les victoires, modestes certes, mais bien
réelles, obtenues par les nettoyeurs de Londres l'an dernier ont
démontré que la lutte paie.
Le syndicat des nettoyeurs de Londres en grève – « C'est pas nous la saleté – c'est nous qui la nettoyons » |
Retour en arrière
Aujourd'hui,
la crise mondiale du système capitaliste frappe durement l'ensemble
des travailleurs et des pauvres du monde entier. Ce sont eux qui sont
censés, selon nos “dirigeants”, payer le prix de la crise dans
la souffrance de l'austérité, tandis que les 1 % des
personnes les plus riches du monde, qui possèdent tout autant que
les 50 % les plus pauvres, deviennent tous les jours de plus en
plus riches. L'austérité et le ralentissement économique ont
surtout un impact sur les femmes dans leur vie de tous les jours.
Partout
dans le monde, les revenus, les opportunités d'emploi et le
financement des programmes sociaux sont à la baisse – pour
les femmes comme pour les familles dont elles ont la charge. Les
contrats “zéro-heures” et les emplois à temps partiel sont
désormais bien souvent le meilleur que puisse offrir le système
capitaliste à des millions de femmes et de jeunes qui ont le risque
de ne jamais pouvoir trouver un emploi. L'histoire semble régresser,
tandis que chaque nouvelle génération de travailleurs et de pauvres
connait à présent une situation pire que celle que connaissait ses
parents.
Non
seulement en Grèce, mais aussi en Europe et aux États-Unis, des
millions de gens dépendent de l'aide alimentaire, de “restaurants
du cœur” et d'œuvres de charité. L'Espagne, la Grèce et
l'Irlande ont connu une nette réduction de leur taux de natalité
depuis le début de la crise, vu que de plus en plus de couples
décident qu'un enfant est une dépense qu'ils ne peuvent se
permettre. Les histoires de bébés que des parents pauvres en Grèce
sont obligés de donner en adoption, sont autant de condamnations
révoltantes des programmes d'austérité exigés par les banquiers
et par les riches politiciens. Des millions d'enfants, même dans les
pays dits modernes et développés, sont aujourd'hui confrontés à
la pauvreté et à la faim.
Même
en Suède, une tempête de privatisations a ruiné le légendaire
“État-providence”. Les maisons de repos, les cliniques et les
écoles sont rachetés et revendus en tant qu'entreprises devant
faire du profit. On s'attend maintenant à des attaques sur les
droits de maternité et de paternité, aux côtés d'autres
soi-disant réformes dans le but de baisser les taxes sur les riches.
La
crise sociale et économique a été accompagnée par de nouvelles
attaques sur les droits à l'avortement dans divers pays. Des
manifestations de masse en Espagne contre les tentatives d'annuler
des lois progressistes, comme la loi sur l'avortement dans les
14 premières semaines, ont révélé la profonde colère et
l'empressement des jeunes femmes à se battre. En Irlande, les
socialistes vrais ont joué un important rôle dans la mise sous
pression du gouvernement pour obtenir des réformes légales, après
la mort de la jeune Savita Halappanavar fin 2012, décédée
parce que son médecin refusait de l'avorter alors qu'elle était en
danger de mort.
En France les mouvements réactionnaires tels que le mouvement “pro-vie” gagnent du terrain |
L'alternative politique
Avant
cette dernière crise très profonde, qui a révélé l'incapacité
du capitalisme à satisfaire même les besoins de base de l'immense
majorité de la société, il y avait une période de triomphalisme
et de jubilation par rapport à la soi-disant absence d'alternative à
ce système pourri. C'est ce qui avait suivi l'effondrement des
économies planifiées stalinistes. « Il n'y a pas
d'alternative », tel était la devise de Margaret Thatcher
à son heure de gloire (première
ministre britannique néolibérale de 1979 à 1990, qui a
fait énormément de tort aux travailleurs britanniques et du monde
entier, chassée du pouvoir par l'action menée à l'époque par le
CIO). Quand elle est décédée l'an
dernier, beaucoup de personnes se sont réjouies de la mort de cet
ennemie des travailleurs, mais cela n'empêche pas que depuis lors,
le mouvement ouvrier n'a toujours pas acquis une très grande
confiance dans sa capacité à changer les choses de manière
radicale.
L'affaiblissement
distinct des traditions combatives des syndicats et la dégénérescence
des partis que les travailleurs soutenaient traditionnellement
(partis “socialistes” français, allemand, espagnol…), a eu un
effet sur la société dans beaucoup de pays. Les premières luttes
féministes telles que l'égalité de salaire, le droit à
l'avortement, les droits des LGBT, la lutte contre la violence
domestique, etc. avaient permis d'obtenir de nombreuses avancées.
Les représentations sexistes dans les médias ou dans la publicité,
qui rabaissaient les femmes et approuvaient la violence envers les
femmes, étaient moins tolérées. Aujourd'hui, l'histoire semble
régresser sur ces thèmes également. Sur la question LGBT par
exemple, les avancées dans certains pays sont aujourd'hui
contrebalancés par de véritables attaques dans d'autres.
En
même temps que le reste des coupes dans les budgets publics, on a eu
une diminution de l'aide aux personnes qui souffrent de violence
domestique, alors que l'on rapporte une hausse de ces violences dans
de nombreux pays. Les socialistes ont été à la pointe de la lutte
contre cette tendance, en mettant en avant le problème de la
violence domestique et en convaincant d'autres personnes, comme les
syndicats, de reprendre ce thème dans leurs campagnes. On a
également vu à quel point la lutte de classe peut changer la
conscience des femmes et l'attitude envers les femmes lors de la
grève des mineurs au Royaume-Uni il y a 40 ans (voir prochains
articles sur le site de notre section anglaise à ce sujet).
Femmes ouvrière de la Fabrique nationale de Herstal, en Belgique « À travail égal, salaire égal ! » |
Le logement
Les
scandales du logement, dans un pays après l'autre, affectent des
millions de femmes qui tentent de s'en sortir tout en gardant un toit
au-dessus de la tête de leurs familles. Les spéculateurs et les
riches laissent des millions de maisons à l'abandon, tandis que de
plus en plus de familles se voient jetées à la rue, en Amérique
comme ailleurs, parce qu'elles n'ont pas de quoi payer le loyer ou
l'emprunt à la banque.
On
a vu plusieurs mouvements anti-expulsion se produire, dans lesquels
participent souvent des femmes très courageuses. Au Kazakhstan, les
manifestants étaient prêts à se battre jusqu'au bout, en
organisant des manifestations de masse et des grèves de la faim. Ce
désespoir leur venait du fait qu'ils ont vu les grandes banques se
faire renflouer par l'État, au même moment où on leur dit que
leurs maisons leur seront enlevées. En Espagne, les huissiers
ont été chassés par les manifestants (dont de nombreuses femmes)
au moment où ils s'apprêtaient à expulser des familles de leurs
maisons ou appartements. Alors que dans ce pays, tout comme en
Irlande, des centaines de milliers de nouvelles maisons
récemment construites restent vides !
Aux
États-Unis aussi, des foyers ont été sauvés par des campagnes
telles que celle organisée dans la ville de Minneapolis par nos
camarades de Socialist Alternative. En Écosse, l'injuste
taxe “de la chambre vide” a été vaincue par une campagne de
masse dirigée par les socialistes. Les mouvements des “paysans
sans terre” et des “sans abris” du Brésil sont eux aussi
soutenus par des milliers de femmes. Ces mouvements ont regagné une
nouvelle dynamique dans un contexte ou des milliards de dollars
sont dépensés pour la construction de stades et d'hôtels de luxe
en vue de la Coupe du monde de football qui s'y déroulera cette
année.
Le mouvement contre les expulsions aux États-Unis, mené par le CIO « Les expulsions ça suffit ! Monsieur le banquier, ici c'est la maison de Sergio ! Arrêtez ça ! » |
Des guerres et des révolutions
Les
femmes sont en général plus nombreuses que les hommes dans la
plupart des camps de réfugiés – victimes de conflits ou de
guerres civiles. De la Syrie à l'Iraq, du Soudan à la Somalie, les
personnes qui fuient les conflits ne possèdent rien – ni
vêtements, ni nourriture, ni abri pour eux et pour leurs enfants.
Les viols de masse sont monnaie courante dans les camps de réfugiés,
tout comme ils sont utilisés en tant qu'arme de guerre. Les ONG, les
organisations charitables et les Nations-Unies ne sont pas capables
de s'en prendre aux causes de ces catastrophes. Parfois, elles font
elle-mêmes partie du problème ! Les guerres sont des
phénomènes qui font inévitablement partie de la vie sous le
capitalisme.
La
lutte pour le socialisme est une question de vie ou de mort. La
construction de forces qui puissent mener à la transformation
victorieuse de la société commence dans certains pays, vu que de
plus en plus de gens y sont maintenant en train de tirer les
conclusions nécessaires concernant le capitalisme. Nous avons vu,
l'année passée, des mouvements de masse atteindre des proportions
révolutionnaires, avec de nombreuses femmes dans les rues
participant aux combats – en Turquie, en Thaïlande, en
Ukraine… Elles luttaient pour chasser du pouvoir des régimes
discrédités et corrompus, mais sans une alternative claire par
rapport au règne des patrons, des banquiers et de leurs
représentants politiques, leurs sacrifices seront en vain.
Dans
beaucoup de pays où des avancées pour les femmes ont été obtenues
précédemment, des gouvernements réactionnaires sont maintenant en
train de tenter de revenir plusieurs siècles en arrière – au
moyen-âge ! Dans d'autres pays, comme en Russie sous le régime
de Vladimir Poutine, qui est maintenant en train de préparer
l'invasion de l'Ukraine, on utilise des méthodes qui rappellent
celles du stalinisme, voir du tsarisme. Nadejda Tolokonnikova,
une des “Pussy Riot” emprisonnées pour avoir chanté une
“prière punk” dans une cathédrale du centre de Moscou, a été
placée en cellule d'isolement après sa grève de la faim visant à
dénoncer le “régime d'esclavage”en vigueur dans sa prison. Les
prisonniers doivent travailler 17 heures par jour et subir des
punitions d'inspiration “goulag” pour la moindre “incartade”
– forcés d'aller s'exercer dehors alors que le temps ne le
permet clairement pas, privés de toilette pendant une journée, etc.
La lutte contre l'exploitation capitaliste
Les
socialistes vrais se battent contre toute injustice dans la société,
concentrent leur lutte autour de slogans qui démontrent la
putréfaction du système capitaliste et de tous ses “représentants”.
Notre programme par rapport aux questions concernant les
travailleuses et les femmes pauvres est défini dans de nombreux
tracts, brochures, journaux et livres.
Un
des principaux principes du socialisme est que toutes les femmes
doivent avoir le droit de décider elles-mêmes si elles veulent des
enfants ou non, sans que ne soit prise en compte la moindre
contrainte financière ou autre. Ceci signifie : l'accès à la
contraception et à l'avortement mais aussi aux centres de fertilité
pour tous, gratuitement et sur simple demande, ainsi que des
allocations familiales pour chaque enfant, qui représentent
réellement le cout de l'éducation d'un enfant. Il est scandaleux
qu'aujourd'hui au contraire, des services telles que l'aide à la
conception et les soins de grossesse soient perçus comme autant de
moyens de gagner de l'argent.
Femmes politiciennes
Il
faut bien garder à l'esprit que le fait d'avoir plus de femmes en
politique ou plus de femmes élues au gouvernement n'est en rien une
garantie que l'on aura une politique qui sera plus en faveur des
intérêts des femmes. Au Rwanda, il y a deux femmes
politiciennes pour chaque député masculin, la majorité des députés
sont des femmes ; pourtant le Rwanda reste un des pays d'Afrique
où les femmes ont le plus de risques de violence domestique ou de
violence liée au genre. Il faudra plus que veiller à l'équilibre
dans les institutions représentatives du pays ou même à la tête
du pays pour mener la lutte contre la subordination des femmes dans
la société. Demandez au Allemandes ce qu'elles pensent
d'Angela Merkel, aux Brésiliennes ce qu'elles pensent de
Dilma Roussef, aux Chiliennes ce qu'elles pensent de
Michelle Bachelet.
En
Inde, où plusieurs femmes se sont déjà retrouvées à la tête du
gouvernement au niveau régional ou national, très peu de choses ont
changé et les femmes continuent à être traitées comme des
citoyens de seconde classe. On a récemment beaucoup parlé du trafic
de petites filles nées dans les plantations de thé de l'Assam qui
sont vendues comme domestiques pour des femmes riches ou nobles, qui
trouvent cela normal car “chez nous c'est comme ça”. Le nombre
de viols rapportés à la police à Delhi et à Mumbai a doublé
depuis qu'a éclaté un scandale par rapport à deux cas
particulièrement horribles qui ont été repris par les médias
internationaux. Depuis, les campagnes publiques et les manifestations
de masse ont donné aux femmes indiennes le courage d'aller se
plaindre à la police, même si ce genre de crimes est encore présent
partout dans la société.
Les
attitudes réactionnaires envers les femmes dans la société,
l'interdiction de livres, comme on l'a vu dernièrement avec un livre
sur l'histoire de l'hindouïsme, en plus des restes du système de
castes, devront être combattus plus vigoureusement encore si le
parti chauvin de droite Parti du peuple indien (BJP – Bharatiya
Janata Party) dirigé par Narendra Modi devait arriver au
pouvoir lors des élections du mois de mai.
Manifestation anti-viol en Inde : « Non, c'est non ! » |
Bien
que la vision politique et le programme des candidats soient plus
importants que leur genre si nous parlons de la lutte de la moitié
de la population mondiale pour un meilleur traitement, les
travailleuses et femmes pauvres sont certainement encouragées par la
victoire de quelqu'un tel que notre camarade Kshama Sawant lors
des récentes élections de Seattle – où elle a gagné son
siège malgré le fait qu'elle soit une femme immigrée et
socialiste.
Kshama
a attiré une large attention des médias pour ses puissants discours
contre le capitalisme, contre les banquiers et contre les 1 %
de riches, et pour la nationalisation des grandes banques, de
l'industrie et pour une planification démocratique de l'économie.
Le slogan central de sa campagne – un salaire minimum à 15 $
de l'heure pour tous – a suscité un grand écho parmi les
travailleurs. Pour les femmes qui sont souvent moins bien payées, la
pleine entrée en vigueur de ce nouveau salaire permettrait de
réparer une des plus grandes injustices auxquelles ces femmes sont
confrontées tous les jours. Pour un travail égal, leurs salaires
seraient augmentés en plus d'être remis à niveau avec le salaire
de leurs collègues masculins (qui augmenterait lui aussi).
L'hostilité
affichée par les patrons et par les politiciens qui mangent avec eux
envers la revendication d'un salaire minimum expose toute la
corruption de l'ensemble du système de profits. La lutte contre
toute forme de répression et d'oppression revient à mener la lutte
au finish dans le cadre de batailles politiques et syndicales.
Notre camarade Kshama Sawant, lors des élections à Seattle – « Abattre la misère – soulever Seattle » |
La
seule manière d'obtenir la transformation complète de la vie que
connaissent les femmes, en même temps que l'éradication de toutes
les formes d'exploitation, est de lutter pour une alternative au
capitalisme. Lutter ensemble pour l'objectif commun d'une société
socialiste qui rassemblerait hommes et femmes dans le but commun
d'une émancipation de l'ensemble de la classe des travailleurs.
Au
fur et à mesure que le capitalisme se retrouve embourbé dans une
série de crises économiques et sociales de plus en plus grandes,
des centaines, des milliers et des millions de gens seront petit à
petit convaincus, par leur propre expérience et par l'agitation des
socialistes vrais, de la nécessité d'en finir avec ce système
injuste. Le soutien affiché envers des candidats tels que
Kshama Sawant, le Parti ouvrier et socialiste sud-africain, et
les idées et le programme du Comité pour une
Internationale ouvrière, ne feront que s'accroitre au fur et à
mesure que s'approfondira la crise. Le socialisme représente la clé
pour mettre fin à toute forme d'exploitation ; c'est la seule
manière de développer une société harmonieuse, libérée de la
guerre, de la misère, de l'injustice et de toute forme de
discrimination et d'inégalité.
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