samedi 31 janvier 2015

CI : Stop aux enlèvements d'enfants !

Comités de surveillance dans tous les quartiers


La psychose est en train de gagner tout le pays. Les enlèvements d'enfants et de jeunes filles se succèdent tout autant que les découvertes macabres. Et le gouvernement qui réagit bien tardivement mais qui pourtant s'empresse d'interdire les marches et initiatives populaires, parait complice.

– camarades Zabra Ladji et Gbalégnali

Le phénomène d'enlèvement d'enfants n'est pourtant pas nouveau. Ce qui a changé, c'est le fait que ces enlèvements se produisent maintenant en plein jour au vu et au su de tout le monde. Autre particularité, c'est que les victimes sont retrouvées mutilées de leurs organes génitaux, vidées de leur sang. La finalité de ce trafic sordide n'est pas le commerce d'enfants à adopter comme ça se fait dans certains pays, mais le trafic d'organes et le sacrifice humain à des fins soi-disant mystiques.

Qui sont les auteurs de ces crimes ? Des gens assoiffés de pouvoir et d'argent prêts à tous les procédés pour atteindre leurs fins. Aujourd'hui tous les regards se tournent vers les cybercriminels (surnommés « brouteurs »), ces jeunes qui rêvent d'une vie de luxe facile à partir d'argent obtenu par diverses escroqueries sur internet. Pourtant, cela fait longtemps que le phénomène du broutage existe, même en Europe, sans que cela provoque de telles vagues d'enlèvements. Et même, ces brouteurs sont connus et font le boucan dans les maquis et les boites sans que cela n'émeuve personne. 

Il semblerait que l'on cherche à détourner l'attention d'autres profiteurs de ces crimes qui disposent de relations en haut lieu. Sinon comment comprendre que dans un pays où les sécurocrates nous donnent de nombreux détails sur les supposés faiseurs de coup d'État, pourquoi ne parvient-on pas à mettre la main sur les enleveurs d'enfants ? Tout semble pointer que la résurgence de ces rituels sanglants soit lié à l'approche des élections.

Il est fou de constater que le gouvernement refusait toute réaction par rapport à cet enjeu, jusqu'à ce qu'une marche populaire soit organisée. Tout à coup, le régime est sorti de sa réserve pour interdire la marche et annoncer qu'il prenait le problème très au sérieux. Ce régime est plus effrayé par le moindre mouvement populaire que par la hausse terrible de la criminalité.

Depuis 2002, la crise a amené de nombreux féticheurs et marabouts dans le pays ainsi que de nombreuses personnes qui croient à ces pratiques. De ce point de vue, n'est-il pas nécessaire, dans un souci d'objectivité, d'orienter les enquêtes vers ces derniers également ? Bien sûr, dans la mesure où nous savons tous quel rôle ont joué et continuent à jouer ces sorciers dans la quête de la conservation du pouvoir sous nos tropiques.

Par ailleurs, les causes fondamentales de ces pratiques sont d'une part la corruption et la soif de pouvoir des dirigeants qui jouissent de richesses mal acquises sans jamais être inquiétés ; d'autre part la galère et le modèle d'un enrichissement facile promu par nos dirigeants auprès de la jeunesse. Tout ces tendances ont été amplifiées par la crise.

En guise de réponse à cela, il faut tout d'abord éviter les amalgames. Animiste ne veut pas dire sorcier. Fétiche ne veut pas dire sacrifice humain. Il convient donc de se détourner des discours haineux de certains chefs religieux, pasteurs ou imams.


D'autre part, il est clair que nous ne pouvons appeler à un renforcement de la police dans les quartiers, car une présence policière constante finirait par se retourner contre les mouvements sociaux et la liberté de réunion et d'expression de la population et en particulier des militants. C'est pourquoi nous appelons les habitants de Côte d'Ivoire et en particulier la jeunesse des quartiers à s'organiser en comités de surveillance et d'autodéfense, comme cela a déjà été organisé dans certains quartiers afin de lutter contre les « microbes ». 

Gardons cependant à l'esprit que ce n'est que par une lutte solidaire contre les dirigeants voleurs et corrompus, contre la politique politicienne et clientéliste, contre la misère, la cherté de la vie, les inégalités, pour l'emploi, l'enseignement, la sécurité sociale et la souveraineté nationale que nous pourrons mettre un terme définitif à ce phénomène.


La marche interdite par le régime

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