lundi 27 août 2018


Chine : Aggravation de la crise et résistance de masse


L’article qui suit est un compte-rendu de l’introduction à la discussion consacrée à la Chine lors de l’école d'été 2018 du Comité pour une Internationale ouvrière. Cette introduction nous a été donnée par notre camarade Pasha, du groupe Action socialiste, section du CIO à Hong Kong.


L’année écoulée peut être décrite comme une année de grands changements en Chine. Tous les évènements qui se sont produits cette année montrent une aggravation de la crise de la dictature du parti unique et de la forme particulière du capitalisme d’État chinois, après le changement historique dans la structure du régime du Parti « communiste » chinois qui a vu le couronnement de Xi Jinping (« Shǐ Tshîn-p'ǐng ») en tant que « dirigeant à vie » en mars dernier.

Depuis le mois d’avril, nous avons assisté à une série de grèves audacieuses qui se sont répandues dans de nombreuses provinces. Sur le plan international, le conflit entre les États-Unis et la Chine s’est aggravé de façon dramatique. Il s’agit du plus important conflit jamais vu entre les deux plus grandes puissances économiques.

Le ministère chinois du Commerce a décrit les droits de douane imposés par le président Trump le 6 juillet comme étant « la plus grande guerre commerciale de l’histoire économique ». Cela n’est pas tout à fait vrai, mais une nouvelle escalade est possible. Le conflit États-Unis / Chine n’est pas un phénomène passager ; il s'agit d'une réalité durable, avec des hauts et des bas, qui fait partie intégrante des perspectives du CIO concernant le capitalisme mondial.

Nous observons également une nouvelle phase dans le malaise économique de la Chine. La grande offensive du régime contre l'endettement et les opérations bancaires parallèles (« shadow banking ») a entrainé un nouveau ralentissement économique et, une fois de plus, un retour partiel aux politiques de relance soutenues par le gouvernement – c’est-à-dire à une augmentation de la dette. Ce changement pourrait devenir plus important dans les mois à venir. Le problème de la dette de la Chine est un enjeu considérable pour l’ensemble du système capitaliste mondial. En effet, jamais un pays dans l’histoire n’a jamais été aussi endetté que la Chine aujourd'hui.


Éloignement de la politique de Deng Xiaoping

La réunion de mars du « Congrès national du peuple » – le pseudo parlement chinois – a été surnommée le « couronnement de Xi Jinping ». Le congrès a supprimé les limites du mandat de la présidence afin que Xi puisse gouverner à vie.

Depuis la fin des années 1970, la Chine est gouvernée par une forme de « direction collective », un système mis en place par Deng Xiaoping (« Tèng Shiǎo-p'íng »), l’architecte du retour de la Chine au capitalisme. Le modèle de partage du pouvoir de Deng, ainsi que d’autres règles politiques, avait été conçu pour sauvegarder la « stabilité » et empêcher que les luttes de pouvoir au sein de l’État n’aillent trop loin et ne menacent l’existence de la dictature.

Depuis la crise mondiale du capitalisme de 2007-08, l’élite dirigeante du PCC est à la recherche d’un « homme fort », doté d'un pouvoir centralisé sans précédent pour la sauver de ses propres crises – une dette croissante et des troubles de masse en augmentation.

En six ans depuis son arrivée au pouvoir, Xi a mené une vaste campagne de lutte contre la corruption, qui lui a permis d'obtenir le soutien du public, mais qui a surtout servi à consolider sa propre position et à supprimer toute opposition. Mais plutôt que de surmonter les tensions au sein de l’État chinois et de l’élite dirigeante, la consolidation du pouvoir de Xi a porté les tensions à un niveau potentiellement plus élevé.

Malgré la censure massive de l’internet, les citoyens chinois ont rapidement exprimé sur les réseaux sociaux leur cynisme et leur opposition au couronnement de Xi par des métaphores satiriques. Les censeurs d’internet ont dû rapidement interdire toute une liste de mots tels que « limite de deux mandats », « amendement constitutionnel », « je ne suis pas d’accord », « Corée du Nord », etc.

Cela a mis en évidence le véritable niveau du soutien de Xi parmi les masses. Certains commentateurs ont décrit Xi comme le leader le plus fort depuis Mao Tsé-toung. Nais Mao était un dirigeant bonapartiste à la tête d’un mouvement qui a renversé le capitalisme en Chine ; le gigantesque culte de la personnalité que le régime a construit autour de Mao n’a été possible qu’en raison du rôle joué par lui dans la révolution.

Xi Jinping préside un système capitaliste d’État et sa véritable base de soutien parmi les masses est exagérée. Son pouvoir repose principalement sur la répression, le nationalisme, le « lavage de cerveau » massif dans les médias et le fait que certaines couches de la population connaissent encore des améliorations de leurs conditions de vie. Mais cette base est de plus en plus fragile. Les fondements du règne de Xi – niveaux d’endettement sans précédent, répression accrue et nationalisme – constituent une succession de crises à venir.


La répression et ses conséquences

Aujourd’hui, la répression étatique est la pire depuis 1989 (année du massacre de la place Tian'anmen). Le budget du gouvernement pour la sécurité intérieure était de 193 milliards de dollars l’année dernière – il a triplé depuis 2007. Le budget de la sécurité intérieure dépasse de 19 % le budget de la sécurité extérieure ! (armée)

Dans la région du Xinjiang (« Shīn-Tshiāng »), région à majorité ouïghoure (ethnie du grand groupe turc) et musulmane aussi grande que la moitié de l'Inde, la Chine a construit « l’État policier parfait ». On estime à près d'un million le nombre d’Ouïghours à avoir déjà été détenus dans des camps de prisonniers de type militaire – soit un habitant sur dix. Le PCC gouverne maintenant le Xinjiang par un système ouvertement raciste de type « apartheid », avec des lois plus répressives pour les musulmans.

Malgré le fait que le régime ait la machine d’État répressive la plus sophistiquée au monde, la résistance de masse et la contestation s’intensifient. Depuis la fin de 2017, les masses de Chine ont participé avec audace à des manifestations en ligne à grande échelle et à des grèves des travailleurs dans plusieurs provinces, ce qui représente un tournant extrêmement significatif.

En avril, les grutiers se sont mis en grève dans au moins 13 provinces pour réclamer de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail. Ils ont ensuite appelé à une grève à l’échelle nationale le 1er mai. Étant donné le niveau de répression et de censure étatiques, ceci représente un exploit en soi. Ces luttes sont organisées par le biais de groupes de discussion en ligne et de messageries instantanées.


Grèves multiprovinciales

La grève des grutiers était historique dans le sens où c’était l’action la plus impressionnante, la plus coordonnée et la plus audacieuse à ce jour. Auparavant, presque toutes les grèves en Chine se déroulaient dans une seule usine ou un seul district. Une grève à l’échelle nationale représente un très grand changement. La lutte d’avril a, semble-t-il, ouvert la voie aux luttes nationales.

En juin, c’était au tour des camionneurs. Les camionneurs en grève de plus de 12 provinces ont protesté contre la hausse du prix du carburant, les péages routiers, le rackett de la police et la hausse de leur exploitation par une application d’embauche de type « Uber ». L’action des camionneurs s’est déroulée dans les villes de Chongqing (« Tch'óng-Tsh'ìng ») à l’ouest jusqu’à Shanghaï à l’est – ce qui représente la distance d'Abidjan à Yaoundé. Parvenir à un tel mouvement sous la dictature la plus puissante du monde est un acte véritablement impressionnant.

Et depuis avril, les anciens combattants de l’armée de plusieurs provinces organisent des manifestations pour réclamer le paiement des pensions et des prestations de retraite. Certains de ces anciens combattants ont été battus par des loubards payés par les gouvernements locaux du PCC. Des dizaines de milliers d’anciens combattants ont été mobilisés via des réseaux propres à l'armée pour manifester en solidarité à travers le pays.

La lutte des vétérans de l’armée est importante parce qu’elle sape la propagande nationaliste de Xi Jinping. Il y a 57 millions de soldats retraités en Chine. Cette question peut également avoir un impact sur les soldats actuellement en service. Comment l’État peut-il défendre la « nation chinoise » s’il laisse ses anciens combattants mourir de faim et les frappe lorsqu’ils protestent ?

Plus tôt cette année, le gouvernement a mis sur pied un nouveau ministère des Anciens combattants parce qu’il était préoccupé par les protestations des anciens combattants. Mais le fait que des protestations aient éclaté de toute façon montre les limites de l’État pour faire face à ces problèmes.


#Metoo en Chine

Parmi les autres mouvements importants en Chine figurent les mouvements féministes et pour les droits des homosexuel(le)s. Le mouvement #Metoo (« Moi aussi ») qui a balayé le monde a aussi profondément affecté la Chine. En janvier, une universitaire chinoise travaillant aux États-Unis a révélé qu’elle avait été agressée sexuellement par son professeur il y a douze ans. Son tweet est devenu viral et a reçu un énorme soutien en ligne parmi les femmes en Chine.

Cela a déclenché un mouvement en ligne, en particulier dans les écoles et les collèges. Cela a même forcé l’État à faire toute une série de discours pour condamner la violence sexuelle. En même temps, le PCC craignait que le mouvement ne devienne incontrôlable et a donc rapidement interdit toute tentative d’organiser des manifestations dans les rues. Un blog féministe de premier plan a été interdit.

Les censeurs de l’État ont ensuite décidés d’interdire les sujets touchant à la question des sexualités alternatives. Weibo, la principale plateforme de blogs en Chine, a annoncé qu’elle supprimerait les « contenus illégaux », y compris ceux parlant d’homosexualité. Cela a déclenché un contrecoup massif. La campagne #IamGay (« Je suis gay ») a appelé au boycott de Weibo. Avec plus de 500 millions de partage sur le net, il s’agissait probablement du plus grand mouvement en ligne jamais vu au monde. Elle a forcé l’entreprise et les autorités à annuler leur interdiction du contenu à connotation « homosexuelle ».

De cette récente vague de luttes, il y a plusieurs caractéristiques que nous pouvons observer. Les luttes de masse en Chine s’organisent de plus en plus malgré la répression et la censure de l’État ; elles sont capables de s'afficher et de se coordonner à travers tout le pays. Les travailleurs tirent clairement les leçons du passé, ils se rendent compte que les problèmes ne peuvent être résolus localement.

La radicalisation de la conscience de masse est également une caractéristique, bien qu’elle soit inégale. Les travailleurs limitent généralement leurs revendications à l’économie et évitent de contester directement le régime du PCC, en partie pour éviter la répression de l’État et en partie à cause des illusions persistantes envers le parti.

Si le régime recourt à la répression, ce qui est définitivement le cas sous Xi Jinping, ce n’est qu’une question de temps avant que les travailleurs ne tirent la conclusion que la dictature est un obstacle à tout changement réel ; cela amènera leurs luttes à adopter une direction politique plus claire.


Ralentissement économique

L’économie chinoise est confrontée à des crises sur de multiples fronts. L’économie est en ralentissement après une courte période de légère reprise en 2017. Le marché boursier a perdu 2000 milliards de dollars depuis le début de 2018 ; rappelons aussi que 5000 milliards avaient été perdus lors du crach boursier de 2015.

Les données économiques du 2e trimestre devraient être beaucoup plus faibles que celles du 1er trimestre. Les chiffres du commerce de détail en mai étaient les pires depuis 15 ans. Le taux de croissance de l’investissement est le plus faible depuis 20 ans. La part de la dette dans le PIB est passée de 141 % en 2008 à 256 % l’an dernier. Si l'on inclut les marchés bancaires « parallèles », ce taux s'élève même à 304 % du PIB. Mais en fait, le niveau d’endettement réel est beaucoup plus élevé. Cela s’explique par le fait que la plupart des dettes bancaires fictives ne sont pas enregistrées. Même le gouvernement ne connaît pas le tableau complet.

Le récent ralentissement de l'économie oblige le PCC à reprendre sa stratégie de relance économique. Pendant dix ans, nous avons vu le même zigzag dans la politique économique – de la relance au resserrement du crédit avant de revenir à la relance, c’est-à-dire davantage de dette. Le problème de la dette est particulièrement grave au niveau des administrations locales (les administrations locales en Chine sont les villes et les provinces ; rappelons au passage que la plupart des provinces de Chine sont plus grandes que n'importe quel pays d'Afrique ou d'Europe).

Cette politique a été en partie à l’origine des protestations des anciens combattants de l’armée. En fait, les gouvernements locaux d’au moins 32 villes de six provinces financent désormais leurs dépenses de sécurité sociale et de retraite au moyens d'emprunts bancaires ou de banques fictives. Ce problème ne fera qu’empirer avec le vieillissement rapide de la population chinoise.

En mai, une ville de la province du Húnán n’a pas été en mesure de payer ses fonctionnaires à temps. C'est la toute première fois dans l'histoire moderne de la Chine que des fonctionnaires connaissent des arriérés de salaires. Nous voyons donc la crise de la dette se transformer en crise sociale, et nous en verrons d’autres à l’avenir.


Guerre commerciale et conflit impérialiste

L’intensification de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine est un autre coup porté à l’économie chinoise déjà vulnérable. Le 6 juillet, les droits de douane imposés par l’administration Trump sur 34 milliards de dollars d’importations en provenance de la Chine représentaient le premier coup de feu après une longue période de menaces. Cela a depuis lors été suivi par des droits de douane sur 16 milliards de dollars d’importations supplémentaires et la menace de Trump d’élargir ce chiffre à 200 milliards de dollars de marchandises chinoises d’ici septembre.

Le régime chinois est forcé de riposter « dollar pour dollar » avec ses propres tarifs douaniers contre les marchandises états-uniennes, alors qu'il avait offert des concessions à Trump et voulait désespérément éviter la guerre commerciale. Ce conflit commercial recouvre aussi une « guerre de la technologie ». L’objectif principal de l’impérialisme américain et de Trump est d’empêcher la bonne réalisation du plan « Made in China 2025 » – le plan du PCC pour faire de son pays une superpuissance technologique.

Les sanctions du gouvernement états-unien, qui interdisaient à la troisième plus grande entreprise d’infrastructure de télécommunications ZTE d’acheter quoi que ce soit à des entreprises états-uniennes, ont forcé cette entreprise à fermer pendant 70 jours en avril-mai. La crise de ZTE a mis en évidence la dépendance de la Chine à l’égard de l’Occident pour la technologie. ZTE acquiert en effet 90 % de ses « semi-conducteurs » auprès d’entreprises américaines.

Trump a accepté de lever l’interdiction sur ZTE, mais l’accord qui a permis cela est extrêmement humiliant pour cette entreprise et pour l’État chinois, qui doivent payer une amende équivalant à deux ans de bénéfices. Mais pire encore, ils ont dû licencier l’ensemble du conseil d’administration et accepter des bureaucrates états-uniens au sein de leur entreprise. Cela ressemble un peu à ce que la troïka du FMI et de l’UE a fait à la Grèce : envoyer des bureaucrates de l’Union européenne pour vérifier que les Grecs ne « trichaient » pas.

La situation est compliquée par le fait que même Trump a partiellement perdu le contrôle de « sa » guerre commerciale – le Congrès américain, les républicains et les démocrates exigent maintenant des mesures encore plus sévères contre la Chine.


Dévaluation

Dans le cadre de ces représailles, la Chine a laissé sa monnaie, le yuan, se dévaluer face au dollar. Toutefois, il s’agit d’un mouvement dangereux, car il pourrait déclencher une fuite massive de capitaux de la Chine, comme ce qui s’est produit en 2015. Le régime devrait alors imposer davantage de contrôles des capitaux.

Mais le régime peut dire adieu à son rêve d’ « internationaliser le yuan » pour en faire une monnaie de réserve mondiale. En fait, l’idée d'internationalisation du yuan a régressé au cours des trois dernières années. Moins de pays veulent utiliser la monnaie chinoise dans les paiements internationaux. Le franc suisse et le dollar canadien ont maintenant une plus grande part mondiale que le yuan. Cela est important parce que la domination du dollar états-unien dans l’économie capitaliste mondiale restreint les politiques que le régime chinois peut suivre.

Les États-Unis et la Chine, qui sont les deux plus grandes puissances impérialistes mondiales, se disputent la domination économique et géopolitique. La confrontation entre ces deux pays a été accentuée par la crise mondiale depuis 2008.

Si une « guerre spontanée » ou un affrontement militaire direct n’est pas une perspective immédiate, les guerres commerciales et autres conflits économiques peuvent devenir un substitut à l’action militaire. Tous les accords auxquels ils parviendront dans la guerre commerciale actuelle ne peuvent être que de courte durée et fragiles. Ce conflit peut frapper davantage l’économie mondiale, qui ne s’est toujours pas remise de la grave crise d’il y a dix ans.

Il est possible de voir relancé le conflit taïwanais dans le cadre de la rivalité croissante entre les États-Unis et la Chine (la Chine revendique Taïwan depuis la révolution maoïste il y a 60 ans, tandis que les dirigeants taïwanais, descendants du précédent régime chinois exilé lors de cette révolution, affirment être les véritables dirigeants chinois chassés il y a 60 ans par les rebelles maoïstes ; Taïwan a longtemps été soutenue dans cette revendication par les États-Unis). Le conflit taïwanais peut conduire à une guerre ou à une grave crise militaire à l’avenir. La crise capitaliste a aussi rapidement démasqué le gouvernement « pro-indépendance » de Taïwan, élu en 2016, en tant que parti capitaliste néolibéral qui défend également une augmentation des dépenses en armement et davantage d’accords avec l’impérialisme états-unien, tout en imposant l’austérité aux travailleurs et à la population. Aucune des élites au pouvoir, qu’il s’agisse des États-Unis, de la Chine ou de Taïwan, n’a de solution. Tous ces régimes ne font que rendre la situation plus dangereuse.


Le projet « Nouvelle route de la Soie »

Xi Jinping a lancé l’initiative « Nouvelle route de la Soie » (NRS) en 2013 pour conquérir de nouveaux marchés à l’étranger afin d'écouler la production excédentaire du capitalisme chinois. Il s’agissait également de se préparer à de futures guerres commerciales et de construire un protectionnisme accru à l’échelle mondiale. La NRS a été ajoutée à la constitution l’an dernier pour signaler qu’il n’y aurait pas d’inversion de cette politique (c'est la première fois qu’une politique étrangère est intégrée dans la constitution).

Cette initiative intègre aujourd'hui plus de 70 pays. Son ambition est de relier l'ensemble du monde néocolonial en une seule sphère économique dirigée par la Chine via la construction de pipelines, d’autoroutes, de ports, de chemins de fer et de réseaux électriques.

Nous décrivons la NRS comme un « impérialisme avec des caractéristiques chinoises ». Ces caractéristiques sont les prêts financés par l’État pour la construction d’infrastructures et l’exportation de certains éléments du régime autoritaire de la Chine. Certains projets de la NRS présentent aussi des traits militaires (pour les ports et certains chemins de fer en particulier), principalement motivés par des considérations militaires stratégiques.

La stratégie de la Chine pour s’emparer de terres et ressources dans les petits pays moins développés est simple : elle leur accorde des prêts pour des projets d’infrastructure, obtient le contrôle des projets et, lorsque le pays n’est pas en mesure de rembourser les prêts, les entreprises chinoises et l’État deviennent propriétaires du projet.

Cependant, les aspirations impérialistes de la Chine sont déjà confrontées à des revers. Des manifestations de masse ont éclaté au Vietnam en juin contre les capitaux étrangers, principalement des entreprises chinoises. Ces sociétés ont acheté des terres au gouvernement vietnamien sur des baux de 99 ans, des arrangements qui rappellent les anciens traités du colonialisme. Le séisme politique provoqué par les élections de mai en Malaisie (où le régime au pouvoir depuis l'indépendance a perdu le pouvoir pour la première fois cette année) a vu le nouveau gouvernement mettre au rebut le projet de train à grande vitesse Kuala Lumpur-Singapour dirigé par des Chinois.

L’investissement mondial dans l’initiative « Nouvelle route de la Soie » tourne aujourd’hui au ralenti. Les contrats signés par des entreprises chinoises ont diminués de six pour cent cette année par rapport à l’année dernière. Le nombre croissant de défauts de paiement de la dette de la NRS aura un impact direct sur les entreprises chinoises lourdement endettées. Ainsi, cette initiative, lancée à l’origine par le PCC pour exporter la capacité excédentaire et alléger sa dette, fait maintenant partie du problème.


La répression à Hong Kong

Les développements en Chine ont également des implications importantes à Hong Kong où le PCC tente de décapiter la lutte démocratique. Le gouvernement de Carrie Lam, imposé par le régime chinois, représente une nouvelle escalade de la répression.

Au cours de l’année écoulée, six législateurs de l’opposition ont été disqualifiés, alors qu'ils avaient été démocratiquement élus. Plus de 40 jeunes et autres activistes ont été emprisonnés pour avoir participé à des manifestations antigouvernementales, et six candidats ont été interdits de se présenter aux élections pour des raisons de soutien à l’« indépendance » ou à l’« autodétermination » de Hong Kong.

De nouvelles lois draconiennes ont été introduites, y compris la loi sur l’hymne national. Toute personne à Hong Kong reconnue coupable d’ « irrespect » de l’hymne national chinois est passible d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à trois ans.

Les principaux partis bourgeois pro-démocratie sont en plein recul politique. Ils n’ont pas réussi à proposer une nouvelle stratégie de lutte contre le gouvernement autoritaire. Ces « pan-démocrates » sont en réalité depuis des décennies un frein à la lutte pour la démocratie, un peu comme le sont les dirigeants sociaux-démocrates et les dirigeants nationalistes bourgeois dans d’autres parties du monde :

Ils ne croient pas à la lutte de masse et essaient toujours de trouver un compromis avec le régime (ce qui, dans le cas de la Chine, n’a aucune chance d’aboutir). Ils craignent que les mouvements de masse, ne « leur échappent », deviennent incontrôlables et se radicalisent. Ils défendent le capitalisme et ne veulent donc pas pousser la lutte contre la dictature chinoise « trop loin », car cela mettrait aussi en danger le capitalisme.

Le CIO est la seule structure à appeler à un mouvement démocratique de lutte basé sur un programme socialiste, avec pour noyau dur un parti prolétarien de masse. Nous expliquons également que la démocratie, y compris l’autodétermination à Hong Kong, ne peut être gagnée qu’en s’associant aux luttes de masse en Chine ainsi qu’à l’échelle internationale et en renversant la dictature du PCC.

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