Comment parvenir à la nouvelle société ?
Depuis
quelques années, le terme de « révolution » n'est plus
un gros mot. Des dictateurs et des dirigeants corrompus sont
renversés en Tunisie, en Égypte, au Burkina, en Éthiopie, en
Afrique du Sud, au Zimbabwé, etc. tandis qu'on voit des mouvements
de masse en Chine, en Espagne, en Iran, au Nigeria, aux États-Unis…
Tous ces mouvements créent de l'enthousiasme, la foi que l'on peut
faire changer les choses. Mais la question reste : comment, à
partir de cette action collective de masse, parvenir à une société
dans laquelle les richesses seront partagées et où tout le monde
connaitra le bonheur ?
Pendant
toute une période, cette question était étouffée par l'offensive
idéologique de droite de la classe dominante. L'effondrement du
système stalinien (« communisme ») en Russie et ailleurs
a été utilisé par les capitalistes pour nous faire croire que leur
système était le seul système valable. Mais la réalité est plus
forte que la propagande. Aujourd'hui, même les principaux stratèges
du capitalisme peinent à cacher le fait qu'ils n'ont pas la moindre
solution. Plans d'ajustement structurel, austérité… nulle part
ces mesures n'ont jamais permis la moindre véritable reprise
économique une fois que la crise a frappé.
Il faut reprendre le contrôle de l'économie
La
solution réside dans la collectivisation démocratique des moyens de
production, des secteurs stratégiques de l'économie. On ne pourra
jamais obtenir nulle part une démocratie réelle tant que les riches
sont ceux qui restent maitres de l'économie. De même, c'est cette
mainmise de l'argent sur l'économie qui nous mène à la
destructtion aveugle de l'environnement.
Si
les secteurs stratégiques de l'économie étaient placés sous le
contrôle de la masse, il serait possible de planifier l'activité
économique de façon démocratique. On pourrait alors mener
sérieusement une véritable guerre contre la pauvreté et amener
l'ensemble de l'humanité au niveau de développement que permettent
une utilisation rationnelle et équitable des technologies actuelles.
L'humanité libérée de la double entrave de l'économie de marché
et de la soi-disant « libre concurrence » : c'est
cela qu'on appelle le socialisme.
Aujourd'hui,
l'énergie créatrice de milliards de gens est gâchée par le
chômage et la misère, alors que les besoins n'ont jamais été
aussi grands. Hôpitaux, écoles, logements sociaux, transports en
commun et autres besoins de base sont détruits par les réductions
budgétaires et la gabegie, tandis que des sommes faramineuses
dorment sur les comptes des soi-disant investisseurs privés. La
seule force sociale capable de ramener la justice sur la Terre est le
prolétariat.
Le prolétariat n'a pas disparu
Les
capitalistes cherchent à nous enfumer en nous parlant de
« consommateurs », de « citoyens »,
d'« individus »… Or le prolétariat n'est rien d'autre
que cette couche de la population qui, dépourvue de ses propres
outils de production, est condamnée à vendre la force de ses bras
et de son intellect à un patron en échange d'un salaire calculé
pour ne correspondre qu'au strict minimum pour la survie. Cette
classe sociale n'a en réalité jamais été aussi forte
qu'auparavant. Ce sont aujourd'hui des milliards de personnes dans le
monde qui sont contraints de se lever chaque jour pour aller
travailler pour quelqu'un, sous peine de mourir de faim.
La
couche la plus puissante du prolétariat est la classe ouvrière
industrielle qui détient entre ses mains la majeure partie des
richesses. Ce n'est pas pour rien si les grèves sont toujours plus
efficaces que les marches pour faire dégager les dictateurs. Tant
qu'on marche, nos patrons ne perdent pas d'argent. Mais si les
ouvriers s'arrêtent de travailler et s'organisent, c'est leur
gagne-pain qui est touché. Nos patrons ont tellement horreur de
cette perspective qu'ils font tout pour discréditer l'idée même de
la grève, en traitant les grévistes de « paresseux »,
d'« irresponsables » qui prennent la nation « en
otage » avec leurs syndicats « démodés ». C'est
parce qu'ils ont bien plus peur de l'organisation de la classe
ouvrière que de tous les meetings et marches de l'opposition.
Parlement bourgeois et parlement de la rue
On
voit souvent la population placer ses espoirs en l'un ou l'autre
dirigeant bourgeois qui promet de « faire pression » sur
le système pour obtenir quelques avancées sociales. C'est vrai
qu'il est utile pour les révolutionnaires de participer aux
élections pour se faire connaitre, mais les véritables révolutions
n'ont jamais lieu dans un bureau.
C'est
l'illusion dans le système électoral et dans les « négociations »
avec le système qui permet à nos ennemis de s'organiser tandis que
la population commence à se lasser et abandonne le combat. Que ça
soit en Grèce avec Tsipras ou en Côte d'Ivoire avec Gbagbo, on voit
qu'il ne sert à rien de demander pardon au système pour trouver un
arrangement. Comme le disait le révolutionnaire argentin Ernesto Che Guevara : « La révolution
est comme un vélo : si elle n'avance pas, elle tombe ».
Dans
tous les grands mouvements qui entrainent la chute des dictateurs, on
voit la population s'organiser de façon spontanée pour prendre son
destin en main. Comités de quartier, comités d'autodéfense,
comités de lutte syndicale… Ce qu'on appelle « agora »
en grec ou « soviet » en russe, c'est ce qu'on appelle
« parlement de la rue » en ivoirien. C'est l'assemblée
des travailleurs, des jeunes et de la population dans les quartiers
et dans les zones industrielles qui permet de coordonner les actions
pour le blocage de l'économie. C'est cette auto-organisation de la
masse qui ouvre la voie à l'avènement de la nouvelle société
socialiste. Une société où tous les dirigeants sont élus
directement par la base, révocables à tout moment, ne disposant
d'aucun privilèges (purement volontaires), mobilisant la population
pour travailler avec les ressources et les outils disponibles afin de
développer le pays et satisfaire aux besoins réels du peuple.
Comme
le disait le révolutionnaire russe Liev Bronstein dit « Trotsky » :
« Plus le prolétariat agit résolument et avec assurance, plus
il a la possibilité d'entrainer derrière lui les classes moyennes,
plus la classe dominante est isolée, démoralisée et se désagrège,
ce qui renforce encore l'influence et l'action des
révolutionnaires ». Hélas, trop souvent nos dirigeants de
gauche restent timides, écrasés par le poids de la pensée unique
libérale qui a été imposée après la chute des régimes
« communistes » (staliniens).
Un parti prolétarien de lutte
Pour
pouvoir organiser l'action des masses, il faut un organe capable de
les guider et de les canaliser, un véritable instrument de combat
social. « Sans organisation dirigeante, l'énergie des masses
est comme une vapeur qui se disperse sans être enfermée dans un
piston. C'est le piston qui fait bouger la voiture. Mais l'énergie
qui le fait bouger vient de la vapeur ».
La
tâche cruciale aujourd'hui pour tous ceux qui désirent un véritable
changement de société est la construction d'un parti
révolutionnaire prolétarien, avec un programme socialiste,
c'est-à-dire basé sur la propriété collective des moyens de
production. Les différents partis révolutionnaires de chaque pays
doivent coordonner leur action à une échelle internationale –
c'est dans ce but qu'a été mis sur pied le CIO, Comité pour une
Internationale ouvrière.
Le
parti révolutionnaire est un organe de lutte centralisé mais
démocratique. Le contrôle de la base sur l'appareil est la seule
garantie contre la corruption et la défaillance des dirigeants.
La
révolution ne se fait pas en ligne droite. À certains endroits,
elle peut s'arrêter et on voit à l'œuvre le processus inverse :
la contrerévolution. En Égypte, le président Sissi a massacré les
révolutionnaires pour restaurer la dictature. En Syrie et en Libye,
le pays a été plongé dans un véritable bain de sang. Au Zimbabwé
ou en Afrique du Sud, les dirigeants impopulaires ont été chassés
par leur propre entourage pour éviter le développement de la
contestation. Dans plusieurs pays, on voit des dirigeants arriver
avec un discours réactionnaire promouvant un faux nationalisme et la
division sur base ethnique, religieuse ou tribaliste, tout en
utilisant la répression.
Le
révolutionnaire russe Vladimir Oulianov dit « Lénine »
disait que la révolution se produit lorsque « Ceux d'en bas ne
veulent plus être gouvernés comme avant, et que ceux d'en haut ne
peuvent plus gouverner comme avant ». Mais il ajoutait aussi
qu'un gouvernement ne tombe jamais de lui-même : il faut le
faire tomber.
Notre programme politique pour la mobilisation
Aujourd'hui
cependant, on constate qu'alors que la situation devient chaque année
de plus en plus grave et urgente, la majorité des gens continue à
espérer qu'on pourra s'en sortir sans une révolution. C'est
pourquoi les socialistes élaborent leur programme de sorte à
mobiliser les masses pour des revendications concrètes tout en
expliquant à chaque fois en quoi cela nous rapproche de la nouvelle
société socialiste.
La
masse fait son éducation non pas dans les livres mais à travers la
lutte. Elle connait des échecs, ce qui n'est pas grave tant qu'elle
en tire les bonnes leçons. Elle se tourne souvent vers des faux
leaders qui la font rêver, avant de se rendre compte par après
qu'elle a été fourvoyée. Le rôle des socialistes est
d'accompagner la classe prolétaire dans sa prise de conscience tout
en accélérant cette prise de conscience.
Lorsque
nous disons que nous voulons du travail pour tous ou une hausse du
salaire minimum, on nous rétorque que nos revendications sont
irréalistes. Cependant, le caractère « possible » ou
« impossible » de telle ou telle revendication dépend du
rapport de forces dans la société, de l'organisation, de la
stratégie et de la combattivité du prolétariat. Si nous nous
contentons de demander ce que nos patrons peuvent nous donner, alors
nous n'obtiendrons qu'un dixième de ce que nous demanderons. Plus
l'esprit sera militant, plus nous gagnerons.
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