samedi 18 août 2018

Théorie : Un autre monde est possible

Comment parvenir à la nouvelle société ?


Depuis quelques années, le terme de « révolution » n'est plus un gros mot. Des dictateurs et des dirigeants corrompus sont renversés en Tunisie, en Égypte, au Burkina, en Éthiopie, en Afrique du Sud, au Zimbabwé, etc. tandis qu'on voit des mouvements de masse en Chine, en Espagne, en Iran, au Nigeria, aux États-Unis… Tous ces mouvements créent de l'enthousiasme, la foi que l'on peut faire changer les choses. Mais la question reste : comment, à partir de cette action collective de masse, parvenir à une société dans laquelle les richesses seront partagées et où tout le monde connaitra le bonheur ?

Pendant toute une période, cette question était étouffée par l'offensive idéologique de droite de la classe dominante. L'effondrement du système stalinien (« communisme ») en Russie et ailleurs a été utilisé par les capitalistes pour nous faire croire que leur système était le seul système valable. Mais la réalité est plus forte que la propagande. Aujourd'hui, même les principaux stratèges du capitalisme peinent à cacher le fait qu'ils n'ont pas la moindre solution. Plans d'ajustement structurel, austérité… nulle part ces mesures n'ont jamais permis la moindre véritable reprise économique une fois que la crise a frappé.


Il faut reprendre le contrôle de l'économie

La solution réside dans la collectivisation démocratique des moyens de production, des secteurs stratégiques de l'économie. On ne pourra jamais obtenir nulle part une démocratie réelle tant que les riches sont ceux qui restent maitres de l'économie. De même, c'est cette mainmise de l'argent sur l'économie qui nous mène à la destructtion aveugle de l'environnement.

Si les secteurs stratégiques de l'économie étaient placés sous le contrôle de la masse, il serait possible de planifier l'activité économique de façon démocratique. On pourrait alors mener sérieusement une véritable guerre contre la pauvreté et amener l'ensemble de l'humanité au niveau de développement que permettent une utilisation rationnelle et équitable des technologies actuelles. L'humanité libérée de la double entrave de l'économie de marché et de la soi-disant « libre concurrence » : c'est cela qu'on appelle le socialisme.

Aujourd'hui, l'énergie créatrice de milliards de gens est gâchée par le chômage et la misère, alors que les besoins n'ont jamais été aussi grands. Hôpitaux, écoles, logements sociaux, transports en commun et autres besoins de base sont détruits par les réductions budgétaires et la gabegie, tandis que des sommes faramineuses dorment sur les comptes des soi-disant investisseurs privés. La seule force sociale capable de ramener la justice sur la Terre est le prolétariat.


Le prolétariat n'a pas disparu

Les capitalistes cherchent à nous enfumer en nous parlant de « consommateurs », de « citoyens », d'« individus »… Or le prolétariat n'est rien d'autre que cette couche de la population qui, dépourvue de ses propres outils de production, est condamnée à vendre la force de ses bras et de son intellect à un patron en échange d'un salaire calculé pour ne correspondre qu'au strict minimum pour la survie. Cette classe sociale n'a en réalité jamais été aussi forte qu'auparavant. Ce sont aujourd'hui des milliards de personnes dans le monde qui sont contraints de se lever chaque jour pour aller travailler pour quelqu'un, sous peine de mourir de faim.

La couche la plus puissante du prolétariat est la classe ouvrière industrielle qui détient entre ses mains la majeure partie des richesses. Ce n'est pas pour rien si les grèves sont toujours plus efficaces que les marches pour faire dégager les dictateurs. Tant qu'on marche, nos patrons ne perdent pas d'argent. Mais si les ouvriers s'arrêtent de travailler et s'organisent, c'est leur gagne-pain qui est touché. Nos patrons ont tellement horreur de cette perspective qu'ils font tout pour discréditer l'idée même de la grève, en traitant les grévistes de « paresseux », d'« irresponsables » qui prennent la nation « en otage » avec leurs syndicats « démodés ». C'est parce qu'ils ont bien plus peur de l'organisation de la classe ouvrière que de tous les meetings et marches de l'opposition.


Parlement bourgeois et parlement de la rue

On voit souvent la population placer ses espoirs en l'un ou l'autre dirigeant bourgeois qui promet de « faire pression » sur le système pour obtenir quelques avancées sociales. C'est vrai qu'il est utile pour les révolutionnaires de participer aux élections pour se faire connaitre, mais les véritables révolutions n'ont jamais lieu dans un bureau.

C'est l'illusion dans le système électoral et dans les « négociations » avec le système qui permet à nos ennemis de s'organiser tandis que la population commence à se lasser et abandonne le combat. Que ça soit en Grèce avec Tsipras ou en Côte d'Ivoire avec Gbagbo, on voit qu'il ne sert à rien de demander pardon au système pour trouver un arrangement. Comme le disait le révolutionnaire argentin Ernesto Che Guevara : « La révolution est comme un vélo : si elle n'avance pas, elle tombe ».

Dans tous les grands mouvements qui entrainent la chute des dictateurs, on voit la population s'organiser de façon spontanée pour prendre son destin en main. Comités de quartier, comités d'autodéfense, comités de lutte syndicale… Ce qu'on appelle « agora » en grec ou « soviet » en russe, c'est ce qu'on appelle « parlement de la rue » en ivoirien. C'est l'assemblée des travailleurs, des jeunes et de la population dans les quartiers et dans les zones industrielles qui permet de coordonner les actions pour le blocage de l'économie. C'est cette auto-organisation de la masse qui ouvre la voie à l'avènement de la nouvelle société socialiste. Une société où tous les dirigeants sont élus directement par la base, révocables à tout moment, ne disposant d'aucun privilèges (purement volontaires), mobilisant la population pour travailler avec les ressources et les outils disponibles afin de développer le pays et satisfaire aux besoins réels du peuple.

Comme le disait le révolutionnaire russe Liev Bronstein dit « Trotsky » : « Plus le prolétariat agit résolument et avec assurance, plus il a la possibilité d'entrainer derrière lui les classes moyennes, plus la classe dominante est isolée, démoralisée et se désagrège, ce qui renforce encore l'influence et l'action des révolutionnaires ». Hélas, trop souvent nos dirigeants de gauche restent timides, écrasés par le poids de la pensée unique libérale qui a été imposée après la chute des régimes « communistes » (staliniens).


Un parti prolétarien de lutte

Pour pouvoir organiser l'action des masses, il faut un organe capable de les guider et de les canaliser, un véritable instrument de combat social. « Sans organisation dirigeante, l'énergie des masses est comme une vapeur qui se disperse sans être enfermée dans un piston. C'est le piston qui fait bouger la voiture. Mais l'énergie qui le fait bouger vient de la vapeur ».

La tâche cruciale aujourd'hui pour tous ceux qui désirent un véritable changement de société est la construction d'un parti révolutionnaire prolétarien, avec un programme socialiste, c'est-à-dire basé sur la propriété collective des moyens de production. Les différents partis révolutionnaires de chaque pays doivent coordonner leur action à une échelle internationale – c'est dans ce but qu'a été mis sur pied le CIO, Comité pour une Internationale ouvrière.

Le parti révolutionnaire est un organe de lutte centralisé mais démocratique. Le contrôle de la base sur l'appareil est la seule garantie contre la corruption et la défaillance des dirigeants.

La révolution ne se fait pas en ligne droite. À certains endroits, elle peut s'arrêter et on voit à l'œuvre le processus inverse : la contrerévolution. En Égypte, le président Sissi a massacré les révolutionnaires pour restaurer la dictature. En Syrie et en Libye, le pays a été plongé dans un véritable bain de sang. Au Zimbabwé ou en Afrique du Sud, les dirigeants impopulaires ont été chassés par leur propre entourage pour éviter le développement de la contestation. Dans plusieurs pays, on voit des dirigeants arriver avec un discours réactionnaire promouvant un faux nationalisme et la division sur base ethnique, religieuse ou tribaliste, tout en utilisant la répression.

Le révolutionnaire russe Vladimir Oulianov dit « Lénine » disait que la révolution se produit lorsque « Ceux d'en bas ne veulent plus être gouvernés comme avant, et que ceux d'en haut ne peuvent plus gouverner comme avant ». Mais il ajoutait aussi qu'un gouvernement ne tombe jamais de lui-même : il faut le faire tomber.


Notre programme politique pour la mobilisation

Aujourd'hui cependant, on constate qu'alors que la situation devient chaque année de plus en plus grave et urgente, la majorité des gens continue à espérer qu'on pourra s'en sortir sans une révolution. C'est pourquoi les socialistes élaborent leur programme de sorte à mobiliser les masses pour des revendications concrètes tout en expliquant à chaque fois en quoi cela nous rapproche de la nouvelle société socialiste.

La masse fait son éducation non pas dans les livres mais à travers la lutte. Elle connait des échecs, ce qui n'est pas grave tant qu'elle en tire les bonnes leçons. Elle se tourne souvent vers des faux leaders qui la font rêver, avant de se rendre compte par après qu'elle a été fourvoyée. Le rôle des socialistes est d'accompagner la classe prolétaire dans sa prise de conscience tout en accélérant cette prise de conscience.

Lorsque nous disons que nous voulons du travail pour tous ou une hausse du salaire minimum, on nous rétorque que nos revendications sont irréalistes. Cependant, le caractère « possible » ou « impossible » de telle ou telle revendication dépend du rapport de forces dans la société, de l'organisation, de la stratégie et de la combattivité du prolétariat. Si nous nous contentons de demander ce que nos patrons peuvent nous donner, alors nous n'obtiendrons qu'un dixième de ce que nous demanderons. Plus l'esprit sera militant, plus nous gagnerons.


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