vendredi 3 août 2018

CI : Élections 2020


Ouattara vers un troisième mandat ?



– camarade Guide

Le président Ouattara a affirmé le 2 juin à une presse internationale que la nouvelle constitution de 2016 lui permet de faire un troisième mandat à la tête de la Cote d’Ivoire, mais que cela dépendrait de la situation sociale et de la paix en Côte d’Ivoire. Comme Abdoulaye Wade au Sénégal, cette nouvelle constitution a, selon lui, mis le compteur des mandats à zéro.

En 2014, la coalition du RHDP à travers l’appel de Daoukro initié par Henri Konan Bédié, président du PDCI-RDA, avait décidé de soutenir la candidature de Ouattara pour les élections présidentielles de 2015, tandis que, pour les présidentielles de 2020, les différents partis de la coalition du RHDP devraient soutenir la candidature d’un militant actif du PDCI. Lorsque Ouattara et certains cadres de la chapelle du RDR sont interrogés s’ils soutiendront la candidature d’un militant du PDCI, ils font savoir que l’appel de Daoukro ne stipule pas cela. De ce fait, on voit aujourd’hui le PDCI rejeter le projet du parti unifié.

Du coup, Ouattara et ses parrains sont inquiets par rapport à la succession. Pour eux, qui sera un meilleur candidat, un garant de la stabilité du pays ? Cette stabilité qui a été amenée par Ouattara – une stabilité qui permet des investissements profitables tout en maintenant le peuple ivoirien dans la faim et le silence.

Jusqu’ici, le mécontentement qui vit dans la population ne s’exprime pas autrement que par la non-participation aux élections et le vote pour des candidats indépendants. Les nombreuses grèves et émeutes qu’on voit ici et là bien souvent n’aboutissent pas, à cause de la désorganisation, de la division et de la corruption des leaders. Mais que se passerait-il si il émergeait une force capable de rassembler tout ce mécontentement ?

On voit aujourd’hui des gens se positionner à ce niveau, et qui pourraient se muer en dirigeants populistes indépendants : Soro, Billon, Blé Goudé (si celui-ci sort de prison). Cela pose un risque pour l’impérialisme. Car de tels leaders, capables de prendre le pouvoir par leurs propres moyens et appuyés par une base populaire, risquent à leur tour d’ouvrir la porte de la mobilisation sociale, la même porte que Gbagbo avait ouverte, ce qui lui a valu la haine des dirigeants du système et son renversement final.

Voilà pourquoi, du point de vue du système, s’ils ne parviennent pas à trouver un remplaçant charismatique et sûr à Alassane, un troisième mandat sera encouragé.

Pour nous, ce n’est pas la question du troisième mandat en soi qui pose problème. En tant que socialistes, nous sommes contre la limitation des mandats, car nous pensons que cette « règle », venue des États-Unis, peut être une arme entre les mains du système qui empêchera certains dirigeants ayant de bon projets de société de les exécuter à temps afin d’apporter le bien-être au peuple.

Cependant, confier ce pays à Ouattara une nouvelle fois serait une erreur de plus pour le peuple ivoirien. Car la politique néolibérale du sieur Alassane Ouattara ne peut nous amener qu’une croissance non partagée, la richesse et la prospérité pour quelques riches entrepreneurs, l’exploitation et la cherté de la vie pour la population, une démocratie musclée avec la répression de tous les mouvements de lutte de masse, l’enterrement de la liberté syndicale et de l’opinion, l’accaparation des médias publics, etc.

C’est pour ces raisons qu’il faut chasser Ouattara du pouvoir. Mais il ne sert à rien d’attaquer Ouattara sur le nombre de mandats effectués ni sur son éligibilité : il faut une alternative. Quand bien même on interdisait à Alassane de se présenter, pour qui voter ?

Or, nous ne pensons pas que les candidats déclarés et autres candidats potentiels (Bédié, Soro, Blé, Billon, Ouégnin…) représentent cette alternative. Car chacun d’eux s’inscrit dans le cadre du système capitaliste et ne peut que soit se soumettre devant le système, soit replonger le pays dans une impasse.

La seule politique capable de véritablement faire avancer le pays est une politique socialiste avec un programme qui reflète les réalités quotidiennes des plus défavorisés de la société et des travailleurs, portée par un vaste mouvement prolétarien, pour une véritable indépendance et une planification démocratique de l’économie. C’est ce mouvement que nous voulons construire avec vous.

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