Ouattara vers un troisième mandat ?
– camarade Guide
Le président Ouattara a affirmé le
2 juin à une presse internationale que la nouvelle constitution
de 2016 lui permet de faire un troisième mandat à la tête de la
Cote d’Ivoire, mais que cela dépendrait de la situation sociale et
de la paix en Côte d’Ivoire. Comme Abdoulaye Wade au Sénégal,
cette nouvelle constitution a, selon lui, mis le compteur des mandats
à zéro.
En 2014, la coalition du RHDP à
travers l’appel de Daoukro initié par Henri Konan Bédié,
président du PDCI-RDA, avait décidé de soutenir la candidature de
Ouattara pour les élections présidentielles de 2015, tandis que,
pour les présidentielles de 2020, les différents partis de la
coalition du RHDP devraient soutenir la candidature d’un militant
actif du PDCI. Lorsque Ouattara et certains cadres de la chapelle du
RDR sont interrogés s’ils soutiendront la candidature d’un
militant du PDCI, ils font savoir que l’appel de Daoukro ne stipule
pas cela. De ce fait, on voit aujourd’hui le PDCI rejeter le projet
du parti unifié.
Du coup, Ouattara et ses parrains sont
inquiets par rapport à la succession. Pour eux, qui sera un meilleur
candidat, un garant de la stabilité du pays ? Cette stabilité
qui a été amenée par Ouattara – une stabilité qui permet des
investissements profitables tout en maintenant le peuple ivoirien
dans la faim et le silence.
Jusqu’ici, le mécontentement qui vit
dans la population ne s’exprime pas autrement que par la
non-participation aux élections et le vote pour des candidats
indépendants. Les nombreuses grèves et émeutes qu’on voit ici et
là bien souvent n’aboutissent pas, à cause de la désorganisation,
de la division et de la corruption des leaders. Mais que se
passerait-il si il émergeait une force capable de rassembler tout ce
mécontentement ?
On voit aujourd’hui des gens se
positionner à ce niveau, et qui pourraient se muer en dirigeants
populistes indépendants : Soro, Billon, Blé Goudé (si
celui-ci sort de prison). Cela pose un risque pour l’impérialisme.
Car de tels leaders, capables de prendre le pouvoir par leurs propres
moyens et appuyés par une base populaire, risquent à leur tour
d’ouvrir la porte de la mobilisation sociale, la même porte que
Gbagbo avait ouverte, ce qui lui a valu la haine des dirigeants du
système et son renversement final.
Voilà pourquoi, du point de vue du
système, s’ils ne parviennent pas à trouver un remplaçant
charismatique et sûr à Alassane, un troisième mandat sera
encouragé.
Pour nous, ce n’est pas la question
du troisième mandat en soi qui pose problème. En tant que
socialistes, nous sommes contre la limitation des mandats, car nous
pensons que cette « règle », venue des États-Unis, peut
être une arme entre les mains du système qui empêchera certains
dirigeants ayant de bon projets de société de les exécuter à
temps afin d’apporter le bien-être au peuple.
Cependant, confier ce pays à Ouattara
une nouvelle fois serait une erreur de plus pour le peuple ivoirien.
Car la politique néolibérale du sieur Alassane Ouattara ne peut
nous amener qu’une croissance non partagée, la richesse et la
prospérité pour quelques riches entrepreneurs, l’exploitation et
la cherté de la vie pour la population, une démocratie musclée
avec la répression de tous les mouvements de lutte de masse,
l’enterrement de la liberté syndicale et de l’opinion,
l’accaparation des médias publics, etc.
C’est pour ces raisons qu’il faut
chasser Ouattara du pouvoir. Mais il ne sert à rien d’attaquer
Ouattara sur le nombre de mandats effectués ni sur son éligibilité :
il faut une alternative. Quand bien même on interdisait à Alassane
de se présenter, pour qui voter ?
Or, nous ne pensons pas que les
candidats déclarés et autres candidats potentiels (Bédié, Soro,
Blé, Billon, Ouégnin…) représentent cette alternative. Car
chacun d’eux s’inscrit dans le cadre du système capitaliste et
ne peut que soit se soumettre devant le système, soit replonger le
pays dans une impasse.
La seule politique capable de
véritablement faire avancer le pays est une politique socialiste
avec un programme qui reflète les réalités quotidiennes des plus
défavorisés de la société et des travailleurs, portée par un
vaste mouvement prolétarien, pour une véritable indépendance et
une planification démocratique de l’économie. C’est ce
mouvement que nous voulons construire avec vous.
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