Trop
d'affaires tue les affaires !
Nous
avons tous été intrigués par ces immenses affiches noires
placardée dans tout Abidjan portant des slogans dramatiques du type
“Ça a détruit ma région”, etc. Nous avons encore été plus
intrigués lors de la deuxième phase de cette campagne de
“sensibilisation”, qui révélait que le monstre en question est
la corruption. Avec pour mot d'ordre : « Tous coupables,
tous victimes ».
Vraiment ?
Article
par Jules Konan, CIO-CI
C'est
dire si la corruption est un facteur important qui pousse notre pays
chaque jour un peu plus à la ruine. La corruption semble
omniprésente, étant donné que l'indice de perception de la
corruption (indicateur compilé chaque année par
l'ONG Transparency International sur base d'enquêtes
réalisées auprès de chefs d'entreprise, chercheurs, etc.) pour
notre pays s'élève en 2012 au piètre score de 29 (sur cent),
le classant à la 130ème place sur une liste de 174 pays.
La Côte d'Ivoire s'y retrouve ex æquo avec le Nicaragua
et l'Ouganda. À titre d'exemple, le Burkina obtient 38
(83ème place), le Ghana 45 (64ème place). Parmi nos
voisins, seuls la Guinée et le Nigeria font pire.
En
outre, selon l'organisateur de la campagne d'affichage
anti-corruption, le Secrétariat national à la bonne gouvernance et
et au renforcement des capacités (SNGRC), la corruption toucherait
85 % d'Ivoiriens dans leur vie quotidienne. Une enquête de la
Banque mondiale en 2009 avait quant à elle déjà révélé que
75 % des entreprises estimaient que la corruption constituait un
obstacle majeur au développement du pays.
La carte de la corruption dans le monde par Transparency International |
Président
que fais-tu ?
Pourtant,
notre président avait juré d'assainir l'État du pays. Deux ans
après, ils sont nombreux parmi ces anciens soutiens ceux qui se
mordent les doigts à voir la série de scandales de haute volée
éclabousser le gouvernement. Ainsi, le magazine Jeune Afrique,
qui a toujours pris partie pour Ouattara, s'est permis un petit
article
incendiaire au mois d'aout, à 180 degrés par rapport à
l'attitude super-optimiste qu'il affichait encore au début de cette
année dans son dossier consacré à la “renaissance” de la
Côte d'Ivoire. On apprenait ainsi la colère de plusieurs
multinationales, dont les espoirs d'investissement dans notre pays
– à la suite de la restauration du “climat des affaires”
qui leur avait été garantie par leur poulain – se voyaient
brisés par le nombre exorbitant de marchés gré à gré.
La
proportion de marchés gré à gré (c'est-à-dire, de contrats entre
l'État et des entreprises sans qu'il n'y ait de consultation ou de
concours préalable avant que l'État ne choisisse son partenaire) a
même atteint les 60 % en 2013, alors que cette proportion
ne devrait pas dépasser les 15 % dans une économie saine. Les
scandales de ce type ne cessent de tomber – les plus récents
se trouvant du côté du port d'Abidjan (Webb Fontaine) et de la
Poste. D'ailleurs, même lorsqu'un appel d'offres est organisé, on
voit qu'il peut être soumis à contestation, comme c'est le cas avec
le scandale du deuxième terminal du port attribué à Bolloré,
alors que cette entreprise n'aurait normalement même pas dû pouvoir
se présenter comme candidate.
Et
c'est sans parler des pratiques mafieuses dans le domaine de l'exploitation forestière (encouragée par la Sodefor), ou du véritable bordel dans l'attribution des
gisements de diamant, pétrole, or… qui a d'ailleurs fini par
couter son poste de ministre des Mines à l'indéboulonnable
Adama Toungara.
Oh, et ai-je mentionné les douanes ?
Le sergent Deutogo, personnage bien connu de la littérature BD ivoirienne |
Ça
grogne du côté de l'impérialisme…
Du
coup, de nombreux chefs d'entreprise qui avaient été alléchés par
les promesses d'une Côte d'Ivoire nouvelle au début de
l'année, s'en sont vite retournés sitôt descendus de l'avion, pour
s'en aller investir ailleurs.
La
déception est tellement grande qu'on a même vu l'ambassadeur des
États-Unis, Philip Carter III, sortir de la retenue qui
sied à son poste pour critiquer vertement le régime Ouattara.
Il est vrai aussi que sans doute les États-Unis, qui ont tant
soutenu Alassane, aimeraient recevoir un peu du gâteau que ce
dernier semble aujourd'hui réserver uniquement à ses copains
français…
Le
FMI lui-même s'inquiétait en juillet de cette année des nombreuses
surfacturations au sein d'au moins neuf ministères ivoiriens,
et du manque de moyens attribués aux institutions chargées
d'inspecter les dépenses d'État (en plus de nombreux cas où les
inspecteurs préfèrent fermer les yeux… peut-être grâce à un
pot-de-vin ?). Avant de réclamer la mise sous tutelle de ces
ministères par lui-même.
À
propos de surfacturation… la campagne d'affiches anti-corruption
fait partie d'une vaste campagne lancée par le gouvernement sur
5 ans et dont le montant total s'élève à… 81 milliards
de francs ! Avec cet argent-là, on espère qu'ils feront autre
chose que repeindre les murs… Même si ça a l'air déjà mal
parti, vu qu'un sondage révélait que la majorité des Abidjanais
pensaient dans un premier temps que ces affiches étaient une
nouvelle publicité d'Orange. Et qu'il semble que la réalisation des affiches ait été attribuée par un marché gré-à-gré à… l'entreprise du dirigeant du SNGRC en personne !
C'est vrai qu'on dirait une pub d'Orange… |
Du
favoritisme et des nominations à gauche et à droite
Pendant
ce temps aussi, les nominations se poursuivent à la fonction
publique sans que le moindre concours ne soit organisé. D'un côté,
il faut “recaser” les 65 000 anciens combattants, dont
on estime que la moitié sont des faux (comme avec les 2250 nouveaux
agents douaniers recrutés à la hâte, alors que la douane ne
comptait encore récemment que 1765 agents !) – on
se demande bien à quoi a servi la chasse aux fonctionnaires fictifs
menée par Gnamien Ngoran…
De
l'autre côté, il y a aussi la question des amis du président. Par
exemple, on se souvient de Mme Aminata Diaby, femme du
médecin personnel d'ADO, qui, lorsqu'elle se trouvait à la tête de
la Direction des cultes, a été accusée d'avoir détourné
700 millions de francs devant servir à l'organisation du
pèlerinage chrétien en Israël (en plus de s'être extrêmement mal
comportée envers les participants lors du voyage). Elle avait été
chassée de son poste à la suite des nombreuses plaintes. Mais,
alors qu'aucune enquête n'a été menée par rapport aux accusations
de détournement, la voilà maintenant nommée préfet d'Alépé.
D'autres
personnes, accusées de crimes de guerre par de nombreuses ONG, se
retrouvent aussi nommées à des postes bien confortables.
Rappelons
dans la foulée quelques frasques des protégés de notre président :
Adama Toungara qui a occupé pendant 16 mois la suite de
cinq chambres du 7ème étage de l'hôtel Pullman
(3 millions par jour, soit 90 millions par mois pendant
16 mois = 1,4 milliard) ; les 60 milliards
attribués par Anne Ouloto à Santarem, une entreprise française
en faillite ; les détournements des déchets toxiques par
Adama Bictogo et Koné Cheick Oumar ; etc.
Notre boucantier national |
La
corruption – omniprésente
Évidemment,
la corruption ne concerne pas que nos superbes dirigeants. Ni les dirigeants actuels d'ailleurs – les gouvernements Bédié et Gbagbo se sont eux aussi bien servis lorsqu'ils étaient à table.
Mais la
corruption à petite échelle est une pratique devenue tellement
courante qu'elle est tout à fait banale et n'émeut plus personne (voir à ce sujet l'étude réalisée par M. Tiémoko Doumbia en 2010). On a
besoin d'un acte de naissance ? C'est normal de laisser quelque
chose au fonctionnaire qui nous l'a remis. Votre voisin vous a volé
votre vélo ? C'est normal de donner un petit pourboire au
policier qui vient arranger la palabre. Vous voulez installer un
nouveau compteur électrique ? C'est normal de récompenser
l'agent de la CIE pour sa prestation. Vous êtes planteur et vous
voulez qu'un agent de l'Anader vienne jeter un œil sur votre
pépinière ? C'est normal de lui payer son carburant. Vous voulez vous inscrire à un concours à la fonction publique ? C'est normal de payer un tarif exorbitant pour l'inscription. Bref,
tout le monde, pour le moindre service rendu, s'attend également à
recevoir quelque chose, quand bien même ce fonctionnaire, cet agent,
etc. n'est pas en train de vous faire une faveur, mais de simplement
exécuter le travail pour lequel il reçoit (théoriquement) déjà
un salaire.
Bien
sûr, l'argent de la corruption permet aussi à tout un chacun de se
faciliter la vie en-dehors du cadre légal. Vous n'êtes pas
satisfait du bulletin de votre enfant ? C'est normal de trouver
une solution monnayée avec son enseignant. Vous n'avez pas envie de
faire la file au CHU ? C'est normal de payer son “droit de
passage” auprès de l'infirmière. Et tout le monde sait que si
vous vous retrouvez au tribunal, le jugement est en général soumis
aux enchères…
J'entendais
avant-hier cette histoire d'un pauvre gars de Yop' qui s'était
déguisé en FRCI pour aller racketter un fumoir clandestin. Il avait
vu que les corps habillés passaient là tous les jours pour aller se
faire servir une “taxe”, et il s'est dit qu'il voulait manger
dedans aussi. Manque de bol pour lui, le patron et les clients du
fumoir on tout de suite compris que c'était un faux, lui ont volé
sa fausse kalash et l'ont roué de coups.
La
moralité c'est que la pauvreté, les salaires en retard, la cherté
de la vie, toutes les petites pressions et l'exemple de nos
soi-disant dirigeants poussent beaucoup de gens à considérer l'État
comme une grande mangeoire, à laquelle chacun cherche à s'accrocher
coute que coute. Ils considèrent leur poste dans le service public
comme leur petite chasse gardée personnelle à partir de laquelle
ils doivent manger autant que possible. Petit bureau devient pour eux
comme champ de manioc, le soleil en moins.
Autre
exemple de corruption institutionnalisée : les woro-woros. Tout
le monde sait que les taxis collectifs “banalisés” qui assurent
l'essentiel du transport de personnes à Abidjan (vu l'inefficacité
de la Sotra, le trop petit nombre de lignes de gbakas et les tarifs
exhorbitants pratiqués par les taxis-compteurs) sont absolument
nécessaires. Pourtant, ils sont totalement illégaux. Normalement,
ils devraient donc être interdits de circulation.
Et donc, chaque
matin, les chauffeurs paient une cotisation à leur syndicat, dont
les agents rassemblent l'argent de tous leurs affiliés, qui est
ensuite intégralement reversé sous la forme de diverses “taxes”
aux policiers, aux gendarmes, aux administrations communales, au
maire, etc. sans oublier évidemment aux dirigeants du syndicat
eux-mêmes pour “services rendus”. Il suffirait de cinq minutes
de décision politique pour simplement légaliser une situation de
fait qui dure depuis des années (le général Guéï lui-même
disait prendre le woro chaque matin pour aller à l'école quand il
était petit, et que pour cette raison il ne chercherait jamais à
les chasser). Mais non, on préfère vivre dans le noir. Au grand dam
des chauffeurs et des passagers.
Dessin paru sur koaci.com en 2008 dans un article qui dénonçait la corruption sous Gbagbo |
Tous
coupables ? Tous victimes ?
Bref,
tous coupables, tous victimes ? Peut-être. Mais il faut voir à
quelle échelle on se place. Dire que nous sommes tous coupables de
la corruption parce que “nous mangeons tous dedans”, cela ne
revient-il pas par exemple à dire que nous sommes “tous coupables
du capitalisme” ? Vu que forcément, on n'a pas vraiment le
choix. Celui qui veut vivre sans corruption dans ce pays, sait qu'il
n'ira pas bien loin. En tant que travailleur, il devra se contenter
de son maigre salaire (en retard) très loin de subvenir aux dépenses
de sa famille ; en tant que consommateur, il recevra tous ses
documents en retard, fera la file pendant des semaines et n'aura
qu'un accès très limité aux services publics. Bref, selon le bon
mot de l'Éléphant déchainé (22/10/13) : comment peut-on
reprocher à la population d'être corrompue dans un pays « Dans
lequel l'honnêteté est désormais un délit ? »
Par
contre, regardons plutôt du côté de ceux qui devraient justement
organiser ces services publics et payer correctement nos
fonctionnaires, de ceux qui ont fait des promesses mirobolantes à de
pauvres gens pour les inciter à prendre les armes pour eux, de ceux
qui tous les jours ne font que manger, manger, et nous forcent donc à
nous prostituer pour survivre dans tout ce chaos qu'ils ont eux-mêmes
créé.
Tous
victimes, vraiment ? Est-ce qu'on peut qualifier de victime le
pauvre ministre Bacongo qui a fait disparaitre les 110 milliards
de l'université et qui reste impuni malgré la mini-crise électorale
qu'il nous a causée à Koumassi ? Et tous les autres qui font
des beaux voyages tous les mois à Paris, au Japon, au Congo, à
New York pour aller présenter une belle image de notre pays,
faire la danse du ventre et mendier quelques sous encore ?
Le
gouvernement se dote de nouveaux machins anticorruption… pour faire
plaisir à ses copains
C'est
la semaine passé aussi qu'il a été annoncé, en marge de l'atelier
des “Jeunes leaders” à Yamoussoukro (une autre couillonnade
destinée à pervertir des jeunes aux idéaux pourris du
néolibéralisme), la ferme intention du gouvernement de mettre en
place un système de “protection spéciale” pour toute personne
qui dénoncerait la corruption dans le pays. Ce qui devrait inciter
les braves citoyens que nous sommes à agir.
Le
problème, c'est qu'on se demande bien de quelle type de protection
il s'agit. Si je suis fonctionnaire et je dénonce mon patron qui a
payé voiture de fonction à sa chérie, je reçois quoi ? Un
policier va m'accompagner partout où je vais ? J'espère que
son salaire a été budgétisé ! En tout cas, j'espère surtout
que ça ne va pas me couter mon poste ni ma promotion !
Le
gouvernement annonce aussi la création d'une “haute autorité
à la gouvernance” pour lutter contre la corruption, et la mise en
place d'“observatoires” de la corruption chargés de collecter
des données concernant la corruption. Avec ça, on comprend mieux où
passeront les 81 milliards !
Mais
sérieusement, est-ce qu'on n'a pas déjà des inspecteurs, une
agence de régulation des marchés publics, le SNGRC, etc. ?
Est-ce que c'est nécessaire d'attendre la mise en place de ce
nouveau machin pour déjà mener des enquêtes par rapport à tous
les scandales de ces derniers mois et années concernant les
inscriptions en ligne, l'argent des victimes des déchets toxiques,
etc. ? Qu'est-ce qui me dit que la “haute autorité à la
gouvernance” ne sera pas elle-même corrompue ? Et puis,
pourquoi est-ce qu'en même temps, il est décidé de faire passer le
délai de prescription des enquêtes sur les faits de corruption de
10 ans à 3 ans ? Pour encourager la justice à faire
son travail plus vite ? Et puis, qu'est-ce que les ministres ont
fait de leur charte d'éthique signée en jurant la main sur le cœur
il n'y pourtant pas si longtemps ?
Autre super idée de lutte anticorruption en Zambie : « Vous n'avez qu'à dire NON à la corruption » ! Et tout devient si simple… |
Quelle
volonté politique ?
Le
gouvernement pense lutter contre la corruption en multipliant les
instances juridiques et les postes pour ses copains. Est-ce qu'on
peut vraiment parler de volonté politique lorsque la moitié des
ministres sont mouillés dans l'une ou l'autre affaire ? En
réalité, on peut même craindre le pire dans cette histoire, vu la
tendance internationale de la part de régimes autoritaires à
utiliser la soi-disant “lutte contre la corruption” simplement
comme un nouveau prétexte bien commode pour envoyer les opposants au
trou.
La
Russie de Vladimir Vladimirovitch Poutine en est un très
bon exemple : ça fait presque dix ans que Khodorkovski,
qui fut l'homme le plus riche de Russie, croupit en prison ;
Iévguény Ourlachov, le maire populiste de Yaroslavl, n'a fait
qu'un an de mandat avant d'être arrêté ainsi que toute son équipe
dirigeante ; et l'opposant politique Alekseï Navalny, qui
doit lui-même sa réputation à sa dénonciation de plusieurs
affaires de corruption, n'a échappé à la prison que de justesse,
vu la mobilisation en sa faveur (y compris de la part de
l'Union européenne). S'il est vrai que ce type de campagne
“anti-corruption” concerne généralement plus des règlements de
compte au sein de l'élite que la population, il convient de rester
vigilant.
Extirper
la corruption par la lutte révolutionnaire
Comment
lutter contre la corruption alors ? Pour les socialistes
révolutionnaires, il faut s'en prendre à la racine du mal :
d'un côté, supprimer les raisons qui poussent les fonctionnaires et
corps habillés à recourir à la corruption, de l'autre établir un
véritable contrôle populaire sur les dirigeants.
Cela
veut dire concrètement, une hausse de salaire pour les agents de
l'État, le paiement des salaires en temps et en heure, la
simplification de l'administration ; mais aussi (et surtout), la
mise en place d'une véritable alternative populaire, d'un
gouvernement des travailleurs. Pour le CIO, les dirigeants, à tous
les niveaux, aussi bien dans les entreprises (directeur, etc.) que
dans la fonction publique (policiers, militaires, fonctionnaires,
ministres, président…), doivent : 1) être élus par
l'assemblée du personnel, des résidents, des consommateurs, ou tout
autre groupe ad hoc constitué de simples représentants de la
population laborieuse ; 2) ne pas recevoir plus que le salaire
moyen d'un travailleur qualifié ; 3) être révocables à tout
moment, sans devoir attendre la fin de leur mandat. Les élections en
outre devraient se dérouler aussi régulièrement que possible, par
exemple tous les deux ans. (voir aussi notre article “Quelle
démocratie voulons-nous ?”)
Toute
personne accusée de corruption devrait faire l'objet d'une enquête
effectuée par un comité de simples citoyens élus à ce titre,
devant rendre des comptes en permanence à la population. Le jugement
devrait être rendu par une cour populaire. Nous n'excluons
d'ailleurs pas la peine de mort pour les détournements les plus
immondes, susceptibles de causer de nombreuses pertes de vies
humaines, comme c'est d'ailleurs trop fréquemment le cas dans nos
pays.
La
clé de la lutte contre la corruption réside donc pour nous non pas
dans la multiplication d'instances étatiques de “haut niveau”,
mais au contraire, dans un contrôle permanent par la base populaire
– la seule instance impossible à corrompre – car en
effet si le peuple tout entier décidait lui-même de s'octroyer tous
les fruits de la richesse nationale, on ne pourrait que difficilement
parler de corruption ! Ce n'est qu'ainsi, par un gouvernement
des travailleurs, basé sur le pouvoir d'agoras démocratiques et
“apolitiques” dans tous les quartiers et dans toutes les
entreprises, nationalisées ou non, que l'on pourra atteindre une
société libérée de l'injustice et du gaspillage des fruits de
notre travail.
En
attendant, il revient à la population de s'entrainer à l'exercice
de ce droit, et cela se fait via le renforcement des syndicats, des
agoras, des journaux libres et des mouvements de lutte citoyenne qui
existent déjà et qui sont en train de se créer partout dans le
pays, et par la formation et l'éducation politique de l'ensemble des
citoyens. C'est entre autres pour cela que le CIO-CI collabore
étroitement avec la CICI pour la structuration du mouvement citoyen,
de la jeunesse et des travailleurs de Côte d'Ivoire.
Tribunal révolutionnaire pendant la Révolution française de 1789 |
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