vendredi 25 octobre 2013

CI : Corruption : tous coupables, tous victimes ?

Trop d'affaires tue les affaires !


Nous avons tous été intrigués par ces immenses affiches noires placardée dans tout Abidjan portant des slogans dramatiques du type “Ça a détruit ma région”, etc. Nous avons encore été plus intrigués lors de la deuxième phase de cette campagne de “sensibilisation”, qui révélait que le monstre en question est la corruption. Avec pour mot d'ordre : « Tous coupables, tous victimes ».
Vraiment ?

Article par Jules Konan, CIO-CI

Selon des informations récentes, la corruption couterait chaque année la somme de 300 milliards de francs à la Côte d'Ivoire chaque année. Soit 50 000 francs et par an par membre de la population active de notre pays. Ou 12 fois plus que le bénéfice annuel de la SGBCI, la plus grande banque du pays. Et sans savoir si ce chiffre inclut les 110 milliards de la “rénovation” des universités…

C'est dire si la corruption est un facteur important qui pousse notre pays chaque jour un peu plus à la ruine. La corruption semble omniprésente, étant donné que l'indice de perception de la corruption (indicateur compilé chaque année par l'ONG Transparency International sur base d'enquêtes réalisées auprès de chefs d'entreprise, chercheurs, etc.) pour notre pays s'élève en 2012 au piètre score de 29 (sur cent), le classant à la 130ème place sur une liste de 174 pays. La Côte d'Ivoire s'y retrouve ex æquo avec le Nicaragua et l'Ouganda. À titre d'exemple, le Burkina obtient 38 (83ème place), le Ghana 45 (64ème place). Parmi nos voisins, seuls la Guinée et le Nigeria font pire.

En outre, selon l'organisateur de la campagne d'affichage anti-corruption, le Secrétariat national à la bonne gouvernance et et au renforcement des capacités (SNGRC), la corruption toucherait 85 % d'Ivoiriens dans leur vie quotidienne. Une enquête de la Banque mondiale en 2009 avait quant à elle déjà révélé que 75 % des entreprises estimaient que la corruption constituait un obstacle majeur au développement du pays.

La carte de la corruption dans le monde par Transparency International

Président que fais-tu ?

Pourtant, notre président avait juré d'assainir l'État du pays. Deux ans après, ils sont nombreux parmi ces anciens soutiens ceux qui se mordent les doigts à voir la série de scandales de haute volée éclabousser le gouvernement. Ainsi, le magazine Jeune Afrique, qui a toujours pris partie pour Ouattara, s'est permis un petit article incendiaire au mois d'aout, à 180 degrés par rapport à l'attitude super-optimiste qu'il affichait encore au début de cette année dans son dossier consacré à la “renaissance” de la Côte d'Ivoire. On apprenait ainsi la colère de plusieurs multinationales, dont les espoirs d'investissement dans notre pays – à la suite de la restauration du “climat des affaires” qui leur avait été garantie par leur poulain – se voyaient brisés par le nombre exorbitant de marchés gré à gré.

La proportion de marchés gré à gré (c'est-à-dire, de contrats entre l'État et des entreprises sans qu'il n'y ait de consultation ou de concours préalable avant que l'État ne choisisse son partenaire) a même atteint les 60 % en 2013, alors que cette proportion ne devrait pas dépasser les 15 % dans une économie saine. Les scandales de ce type ne cessent de tomber – les plus récents se trouvant du côté du port d'Abidjan (Webb Fontaine) et de la Poste. D'ailleurs, même lorsqu'un appel d'offres est organisé, on voit qu'il peut être soumis à contestation, comme c'est le cas avec le scandale du deuxième terminal du port attribué à Bolloré, alors que cette entreprise n'aurait normalement même pas dû pouvoir se présenter comme candidate.

Et c'est sans parler des pratiques mafieuses dans le domaine de l'exploitation forestière (encouragée par la Sodefor), ou du véritable bordel dans l'attribution des gisements de diamant, pétrole, or… qui a d'ailleurs fini par couter son poste de ministre des Mines à l'indéboulonnable Adama Toungara.

Oh, et ai-je mentionné les douanes ?

Le sergent Deutogo, personnage bien connu de
la littérature BD ivoirienne

Ça grogne du côté de l'impérialisme…

Du coup, de nombreux chefs d'entreprise qui avaient été alléchés par les promesses d'une Côte d'Ivoire nouvelle au début de l'année, s'en sont vite retournés sitôt descendus de l'avion, pour s'en aller investir ailleurs.

La déception est tellement grande qu'on a même vu l'ambassadeur des États-Unis, Philip Carter III, sortir de la retenue qui sied à son poste pour critiquer vertement le régime Ouattara. Il est vrai aussi que sans doute les États-Unis, qui ont tant soutenu Alassane, aimeraient recevoir un peu du gâteau que ce dernier semble aujourd'hui réserver uniquement à ses copains français…

Le FMI lui-même s'inquiétait en juillet de cette année des nombreuses surfacturations au sein d'au moins neuf ministères ivoiriens, et du manque de moyens attribués aux institutions chargées d'inspecter les dépenses d'État (en plus de nombreux cas où les inspecteurs préfèrent fermer les yeux… peut-être grâce à un pot-de-vin ?). Avant de réclamer la mise sous tutelle de ces ministères par lui-même.

À propos de surfacturation… la campagne d'affiches anti-corruption fait partie d'une vaste campagne lancée par le gouvernement sur 5 ans et dont le montant total s'élève à… 81 milliards de francs ! Avec cet argent-là, on espère qu'ils feront autre chose que repeindre les murs… Même si ça a l'air déjà mal parti, vu qu'un sondage révélait que la majorité des Abidjanais pensaient dans un premier temps que ces affiches étaient une nouvelle publicité d'Orange. Et qu'il semble que la réalisation des affiches ait été attribuée par un marché gré-à-gré à… l'entreprise du dirigeant du SNGRC en personne !

C'est vrai qu'on dirait une pub d'Orange…

Du favoritisme et des nominations à gauche et à droite

Pendant ce temps aussi, les nominations se poursuivent à la fonction publique sans que le moindre concours ne soit organisé. D'un côté, il faut “recaser” les 65 000 anciens combattants, dont on estime que la moitié sont des faux (comme avec les 2250 nouveaux agents douaniers recrutés à la hâte, alors que la douane ne comptait encore récemment que 1765 agents !) – on se demande bien à quoi a servi la chasse aux fonctionnaires fictifs menée par Gnamien Ngoran…

De l'autre côté, il y a aussi la question des amis du président. Par exemple, on se souvient de Mme Aminata Diaby, femme du médecin personnel d'ADO, qui, lorsqu'elle se trouvait à la tête de la Direction des cultes, a été accusée d'avoir détourné 700 millions de francs devant servir à l'organisation du pèlerinage chrétien en Israël (en plus de s'être extrêmement mal comportée envers les participants lors du voyage). Elle avait été chassée de son poste à la suite des nombreuses plaintes. Mais, alors qu'aucune enquête n'a été menée par rapport aux accusations de détournement, la voilà maintenant nommée préfet d'Alépé.

D'autres personnes, accusées de crimes de guerre par de nombreuses ONG, se retrouvent aussi nommées à des postes bien confortables.

Rappelons dans la foulée quelques frasques des protégés de notre président : Adama Toungara qui a occupé pendant 16 mois la suite de cinq chambres du 7ème étage de l'hôtel Pullman (3 millions par jour, soit 90 millions par mois pendant 16 mois = 1,4 milliard) ; les 60 milliards attribués par Anne Ouloto à Santarem, une entreprise française en faillite ; les détournements des déchets toxiques par Adama Bictogo et Koné Cheick Oumar ; etc.

Notre boucantier national

La corruption – omniprésente

Évidemment, la corruption ne concerne pas que nos superbes dirigeants. Ni les dirigeants actuels d'ailleurs – les gouvernements Bédié et Gbagbo se sont eux aussi bien servis lorsqu'ils étaient à table.

Mais la corruption à petite échelle est une pratique devenue tellement courante qu'elle est tout à fait banale et n'émeut plus personne (voir à ce sujet l'étude réalisée par M. Tiémoko Doumbia en 2010). On a besoin d'un acte de naissance ? C'est normal de laisser quelque chose au fonctionnaire qui nous l'a remis. Votre voisin vous a volé votre vélo ? C'est normal de donner un petit pourboire au policier qui vient arranger la palabre. Vous voulez installer un nouveau compteur électrique ? C'est normal de récompenser l'agent de la CIE pour sa prestation. Vous êtes planteur et vous voulez qu'un agent de l'Anader vienne jeter un œil sur votre pépinière ? C'est normal de lui payer son carburant. Vous voulez vous inscrire à un concours à la fonction publique ? C'est normal de payer un tarif exorbitant pour l'inscription. Bref, tout le monde, pour le moindre service rendu, s'attend également à recevoir quelque chose, quand bien même ce fonctionnaire, cet agent, etc. n'est pas en train de vous faire une faveur, mais de simplement exécuter le travail pour lequel il reçoit (théoriquement) déjà un salaire.

Bien sûr, l'argent de la corruption permet aussi à tout un chacun de se faciliter la vie en-dehors du cadre légal. Vous n'êtes pas satisfait du bulletin de votre enfant ? C'est normal de trouver une solution monnayée avec son enseignant. Vous n'avez pas envie de faire la file au CHU ? C'est normal de payer son “droit de passage” auprès de l'infirmière. Et tout le monde sait que si vous vous retrouvez au tribunal, le jugement est en général soumis aux enchères…

J'entendais avant-hier cette histoire d'un pauvre gars de Yop' qui s'était déguisé en FRCI pour aller racketter un fumoir clandestin. Il avait vu que les corps habillés passaient là tous les jours pour aller se faire servir une “taxe”, et il s'est dit qu'il voulait manger dedans aussi. Manque de bol pour lui, le patron et les clients du fumoir on tout de suite compris que c'était un faux, lui ont volé sa fausse kalash et l'ont roué de coups.

La moralité c'est que la pauvreté, les salaires en retard, la cherté de la vie, toutes les petites pressions et l'exemple de nos soi-disant dirigeants poussent beaucoup de gens à considérer l'État comme une grande mangeoire, à laquelle chacun cherche à s'accrocher coute que coute. Ils considèrent leur poste dans le service public comme leur petite chasse gardée personnelle à partir de laquelle ils doivent manger autant que possible. Petit bureau devient pour eux comme champ de manioc, le soleil en moins.

Autre exemple de corruption institutionnalisée : les woro-woros. Tout le monde sait que les taxis collectifs “banalisés” qui assurent l'essentiel du transport de personnes à Abidjan (vu l'inefficacité de la Sotra, le trop petit nombre de lignes de gbakas et les tarifs exhorbitants pratiqués par les taxis-compteurs) sont absolument nécessaires. Pourtant, ils sont totalement illégaux. Normalement, ils devraient donc être interdits de circulation. 

Et donc, chaque matin, les chauffeurs paient une cotisation à leur syndicat, dont les agents rassemblent l'argent de tous leurs affiliés, qui est ensuite intégralement reversé sous la forme de diverses “taxes” aux policiers, aux gendarmes, aux administrations communales, au maire, etc. sans oublier évidemment aux dirigeants du syndicat eux-mêmes pour “services rendus”. Il suffirait de cinq minutes de décision politique pour simplement légaliser une situation de fait qui dure depuis des années (le général Guéï lui-même disait prendre le woro chaque matin pour aller à l'école quand il était petit, et que pour cette raison il ne chercherait jamais à les chasser). Mais non, on préfère vivre dans le noir. Au grand dam des chauffeurs et des passagers.

Dessin paru sur koaci.com en 2008 dans un article qui dénonçait
la corruption sous Gbagbo

Tous coupables ? Tous victimes ?

Bref, tous coupables, tous victimes ? Peut-être. Mais il faut voir à quelle échelle on se place. Dire que nous sommes tous coupables de la corruption parce que “nous mangeons tous dedans”, cela ne revient-il pas par exemple à dire que nous sommes “tous coupables du capitalisme” ? Vu que forcément, on n'a pas vraiment le choix. Celui qui veut vivre sans corruption dans ce pays, sait qu'il n'ira pas bien loin. En tant que travailleur, il devra se contenter de son maigre salaire (en retard) très loin de subvenir aux dépenses de sa famille ; en tant que consommateur, il recevra tous ses documents en retard, fera la file pendant des semaines et n'aura qu'un accès très limité aux services publics. Bref, selon le bon mot de l'Éléphant déchainé (22/10/13) : comment peut-on reprocher à la population d'être corrompue dans un pays « Dans lequel l'honnêteté est désormais un délit ? »

Par contre, regardons plutôt du côté de ceux qui devraient justement organiser ces services publics et payer correctement nos fonctionnaires, de ceux qui ont fait des promesses mirobolantes à de pauvres gens pour les inciter à prendre les armes pour eux, de ceux qui tous les jours ne font que manger, manger, et nous forcent donc à nous prostituer pour survivre dans tout ce chaos qu'ils ont eux-mêmes créé.

Tous victimes, vraiment ? Est-ce qu'on peut qualifier de victime le pauvre ministre Bacongo qui a fait disparaitre les 110 milliards de l'université et qui reste impuni malgré la mini-crise électorale qu'il nous a causée à Koumassi ? Et tous les autres qui font des beaux voyages tous les mois à Paris, au Japon, au Congo, à New York pour aller présenter une belle image de notre pays, faire la danse du ventre et mendier quelques sous encore ?
 
Danse du ventre réalisée par quelqu'un qui a déjà bien mangé

Le gouvernement se dote de nouveaux machins anticorruption… pour faire plaisir à ses copains

C'est la semaine passé aussi qu'il a été annoncé, en marge de l'atelier des “Jeunes leaders” à Yamoussoukro (une autre couillonnade destinée à pervertir des jeunes aux idéaux pourris du néolibéralisme), la ferme intention du gouvernement de mettre en place un système de “protection spéciale” pour toute personne qui dénoncerait la corruption dans le pays. Ce qui devrait inciter les braves citoyens que nous sommes à agir.

Le problème, c'est qu'on se demande bien de quelle type de protection il s'agit. Si je suis fonctionnaire et je dénonce mon patron qui a payé voiture de fonction à sa chérie, je reçois quoi ? Un policier va m'accompagner partout où je vais ? J'espère que son salaire a été budgétisé ! En tout cas, j'espère surtout que ça ne va pas me couter mon poste ni ma promotion !

Le gouvernement annonce aussi la création d'une “haute autorité à la gouvernance” pour lutter contre la corruption, et la mise en place d'“observatoires” de la corruption chargés de collecter des données concernant la corruption. Avec ça, on comprend mieux où passeront les 81 milliards !

Mais sérieusement, est-ce qu'on n'a pas déjà des inspecteurs, une agence de régulation des marchés publics, le SNGRC, etc. ? Est-ce que c'est nécessaire d'attendre la mise en place de ce nouveau machin pour déjà mener des enquêtes par rapport à tous les scandales de ces derniers mois et années concernant les inscriptions en ligne, l'argent des victimes des déchets toxiques, etc. ? Qu'est-ce qui me dit que la “haute autorité à la gouvernance” ne sera pas elle-même corrompue ? Et puis, pourquoi est-ce qu'en même temps, il est décidé de faire passer le délai de prescription des enquêtes sur les faits de corruption de 10 ans à 3 ans ? Pour encourager la justice à faire son travail plus vite ? Et puis, qu'est-ce que les ministres ont fait de leur charte d'éthique signée en jurant la main sur le cœur il n'y pourtant pas si longtemps ?

Autre super idée de lutte anticorruption en Zambie :
« Vous n'avez qu'à dire NON à la corruption » !
Et tout devient si simple…

Quelle volonté politique ?

Le gouvernement pense lutter contre la corruption en multipliant les instances juridiques et les postes pour ses copains. Est-ce qu'on peut vraiment parler de volonté politique lorsque la moitié des ministres sont mouillés dans l'une ou l'autre affaire ? En réalité, on peut même craindre le pire dans cette histoire, vu la tendance internationale de la part de régimes autoritaires à utiliser la soi-disant “lutte contre la corruption” simplement comme un nouveau prétexte bien commode pour envoyer les opposants au trou.

La Russie de Vladimir Vladimirovitch Poutine en est un très bon exemple : ça fait presque dix ans que Khodorkovski, qui fut l'homme le plus riche de Russie, croupit en prison ; Iévguény Ourlachov, le maire populiste de Yaroslavl, n'a fait qu'un an de mandat avant d'être arrêté ainsi que toute son équipe dirigeante ; et l'opposant politique Alekseï Navalny, qui doit lui-même sa réputation à sa dénonciation de plusieurs affaires de corruption, n'a échappé à la prison que de justesse, vu la mobilisation en sa faveur (y compris de la part de l'Union européenne). S'il est vrai que ce type de campagne “anti-corruption” concerne généralement plus des règlements de compte au sein de l'élite que la population, il convient de rester vigilant.

Iévguény Ourlachov, maire populiste de Yaroslavl en Russie, au pouvoir
à peine un an, enfermé pour corruption, mais surtout pour avoir remis
en question le régime de quasi-parti unique imposé par Poutine

Extirper la corruption par la lutte révolutionnaire

Comment lutter contre la corruption alors ? Pour les socialistes révolutionnaires, il faut s'en prendre à la racine du mal : d'un côté, supprimer les raisons qui poussent les fonctionnaires et corps habillés à recourir à la corruption, de l'autre établir un véritable contrôle populaire sur les dirigeants.

Cela veut dire concrètement, une hausse de salaire pour les agents de l'État, le paiement des salaires en temps et en heure, la simplification de l'administration ; mais aussi (et surtout), la mise en place d'une véritable alternative populaire, d'un gouvernement des travailleurs. Pour le CIO, les dirigeants, à tous les niveaux, aussi bien dans les entreprises (directeur, etc.) que dans la fonction publique (policiers, militaires, fonctionnaires, ministres, président…), doivent : 1) être élus par l'assemblée du personnel, des résidents, des consommateurs, ou tout autre groupe ad hoc constitué de simples représentants de la population laborieuse ; 2) ne pas recevoir plus que le salaire moyen d'un travailleur qualifié ; 3) être révocables à tout moment, sans devoir attendre la fin de leur mandat. Les élections en outre devraient se dérouler aussi régulièrement que possible, par exemple tous les deux ans. (voir aussi notre article “Quelle démocratie voulons-nous ?”)

Toute personne accusée de corruption devrait faire l'objet d'une enquête effectuée par un comité de simples citoyens élus à ce titre, devant rendre des comptes en permanence à la population. Le jugement devrait être rendu par une cour populaire. Nous n'excluons d'ailleurs pas la peine de mort pour les détournements les plus immondes, susceptibles de causer de nombreuses pertes de vies humaines, comme c'est d'ailleurs trop fréquemment le cas dans nos pays.

La clé de la lutte contre la corruption réside donc pour nous non pas dans la multiplication d'instances étatiques de “haut niveau”, mais au contraire, dans un contrôle permanent par la base populaire – la seule instance impossible à corrompre – car en effet si le peuple tout entier décidait lui-même de s'octroyer tous les fruits de la richesse nationale, on ne pourrait que difficilement parler de corruption ! Ce n'est qu'ainsi, par un gouvernement des travailleurs, basé sur le pouvoir d'agoras démocratiques et “apolitiques” dans tous les quartiers et dans toutes les entreprises, nationalisées ou non, que l'on pourra atteindre une société libérée de l'injustice et du gaspillage des fruits de notre travail.

En attendant, il revient à la population de s'entrainer à l'exercice de ce droit, et cela se fait via le renforcement des syndicats, des agoras, des journaux libres et des mouvements de lutte citoyenne qui existent déjà et qui sont en train de se créer partout dans le pays, et par la formation et l'éducation politique de l'ensemble des citoyens. C'est entre autres pour cela que le CIO-CI collabore étroitement avec la CICI pour la structuration du mouvement citoyen, de la jeunesse et des travailleurs de Côte d'Ivoire.

Tribunal révolutionnaire pendant la Révolution française de 1789
 

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