De plus en plus
d'instabilité dans la sous-région
Le 2 avril, des
terroristes chebabs, combattants de la filiale somalienne d'al-Qaeda,
al-Shabbaab, ont massacré 148 étudiants de l'université de
Garissa au Kenya. Quinze heures durant, et après avoir séparé les
étudiants musulmans des chrétiens, les terroristes ont torturé et
exécuté leurs victimes. Les visages défigurés par les tirs à
bout portant ont rendu quasi impossible l'identification des victimes
par leurs parents.
Shaun Arendse, Parti ouvrier et socialiste, section sud-africaine du CIO
Al-Shabbaab est une
organisation réactionnaire barbare. Tout comme les talibans en
Afghanistan et au Pakistan, tout comme le réseau terroriste mondial
al-Qaeda, et tout comme le groupe État islamique au Moyen-Orient,
al-Shabbaab est une création de l'impérialisme américain. Pendant
des décennies, afin de vaincre ses rivaux et d'empêcher le
développement de la lutte prolétarienne de masse, l'impérialisme
américain s'est reposé sur les forces les plus réactionnaires du
monde. Il a abrité et nourri des monstres qui ont à présent rompu
leurs chaines, terrorisant la classe des travailleurs et les pauvres,
mais menaçant également dans la foulée les intérêts stratégiques
de l'impérialisme américain lui-même.
Al-Shabbaab cache son
programme de droite antiprolétarien et antisocial sous une
perversion difforme de la religion islamique. L'« internationalisme
califal » des chebabs n'a rien à voir avec l'internationalisme
socialiste de la classe des travailleurs. L'internationalisme
socialiste aspire à l'élévation du niveau de vie pour tous, à la
démocratie populaire, à la paix et à la liberté. Les chebabs
quant à eux rêvent de la tyrannie en vigueur dans les régimes
féodaux des siècles passés, fondés sur l'arriération économique,
la misère, l'ignorance, et l'absence de tout droit démocratique
même le plus basique. Au lieu de promouvoir la paix et la
coopération entre les peuples du monde entier, al-Shabbaab se
considère comme partie prenante d'une « guerre entre les
civilisations ».
L'opposition des chebabs à
l'Occident et aux États-Unis en particulier n'a rien à voir avec
les luttes anti-impérialistes et anticoloniales relativement
progressistes qui ont été menées dans le passé. Ces luttes se
basaient sur la mobilisation des masses populaires, du prolétariat
et de la paysannerie. Au contraire al-Shabbaab occupe le terrain en
raison du vide politique qui a été créé en raison de décennies
de conflit qui ont affaibli, désorganisé et atomisé la classe des
travailleurs. Ce groupe s'appuie sur les formes précapitalistes les
plus réactionnaires pour qui ne comptent que le clan et la religion.
L'opposition des chebabs à
la politique impérialiste menée par la classe capitaliste
américaine provient de ses propres intérêts antidémocratiques et
antiprolétariens. Les États-Unis, tout en soutenant divers régimes
procapitalistes, seigneurs de guerre et autres bandits corrompus,
empêchent les chebabs d'étendre leur influence et de mettre en
place leur projet de mise en place d'une dictature religieuse qui
étoufferait complètement les masses dans toute la sous-région. Les
socialistes ne peuvent soutenir ni l'impérialisme, ni les forces
réactionnaires des chebabs.
Les chebabs, une force réactionnaire |
De plus en plus
d'instabilité dans la sous-région
Le massacre de Garissa est
l'épisode le plus extrême dans une série d'attaques de plus en
plus violentes en Afrique de l'Est. En 2010,
76 personnes qui regardaient paisiblement un match de la Coupe
du monde à Kampala en Ouganda ont été tuées par une bombe placée
par les chebabs. En septembre 2013, 67 personnes ont été
assassinées lors du massacre du Westgate, un centre commercial de Nairobi
au Kenya. Depuis 2013, plus de 400 Kenyans ont été tés
par les chebabs au cours de diverses attaques terroristes à petite
échelle.
Garissa n'est pas non plus
la première fois où les chebabs tentent de susciter des divisions
religieuses. En 2007, ils ont fait exploser une église
chrétienne en Éthiopie. Lors de l'attaque du Westgate également,
les musulmans ont été relâchés pendant que les non musulmans
étaient massacrés. Mais il ne faut pas oublier qu'en Somalie aussi,
les chebabs persécutent les musulmans qui ne se reconnaissent pas
dans leur interprétation inhumaine de l'islam.
Le massacre de Garissa
rappelle aussi l'enlèvement de 276 lycéennes du Nigeria par le
groupe islamiste Boko Haram au Nigeria, le jumeau idéologique
d'al-Shabbaab. Il semble que la stratégie suivie n'est pas seulement
de cibler des citoyens innocents qui auraient choisi la « mauvaise »
religion ou le « mauvais » style de vie, mais aussi de
s'en prendre à nos enfants afin de répandre une terreur absolue.
Libération des otages à la suite de l'attaque du centre commercial Westgate |
Les conditions sociales
sont à la base des atrocités
Al-Shabbaab est apparu en
Somalie dans les années '2000. Ce n'est que plus tard que ce
groupe a commencé à répandre dans les pays voisins son idéologique
réactionnaire de « djihad mondial » et ses méthodes
contrerévolutionnaires de terreur aveugle. Al-Shabbaab est né à
cause de la politique de « diviser pour mieux régner »
et des rivalités entre les différentes élites locales qui durent
depuis des dizaines d'années, du grave sous-développement
économique et du conflit militaire prolongé à travers toute la
sous-région. Tout comme le Boko Haram au Nigeria, al-Shabbaab
incarne la face négative du choix auquel l'Afrique est aujourd'hui
confronté : le socialisme ou la barbarie.
Les conséquences du tracé
des frontières coloniales dans la Corne de l'Afrique est un facteur
important dans les conflits entre les élites rivales de la
sous-région. Lorsque les puissances coloniales européennes se sont
retirées de la sous-région, elles ont insisté pour que soient
maintenues les frontières héritées de leur propre découpage, qui
divisaient l'ethnie somalie entre trois pays : la Somalie, le
Kenya et l'Éthiopie. Dans les années '50, les puissances
mondiales ont forcé l'Éthiopie et l'Érythrée à former une
« fédération », ce qui a déclenché des décennies de
guerre pendant lesquelles les Érythréens étaient brutalement
réprimés par l'élite d'Addis Abeba. La Somalie elle-même est
un territoire fondé en collant au hasard le Somaliland britannique
et la Somalia italienne. Dans les années '80 et '90, le
Somaliland a été fortement discriminé par le régime de Mogadiscio
(soutenu par les États-Unis). Bien que le Somaliland ait proclamé
son indépendance en 1991, aucun autre pays au monde n'a encore
reconnu son existence.
La Corne de l'Afrique est
une région stratégique pour le système impérialiste mondial. Elle
est proche des pays pétroliers du Moyen-Orient. On estime que 30 %
du pétrole mondial passe en bateau au large des côtes somaliennes
(sans compter l'ensemble des bateaux faisant la route entre la Chine
et l'Europe). C'est pourquoi les États-Unis et la France ont
construit une très grande base militaire, le camp Lemonnier, au
Djibouti (un petit pays qui touche la Somalie). Depuis 2008,
cette base est placée sous la direction de l'Africom, le
commandement militaire étatsunien pour l'Afrique, dont le but est de
coordonner les interventions impérialistes américaines sur tout le
continent africain vu que l'importance stratégique de ce continent
ne cesse de croitre. Mais, vu que l'ONU est (forcément) de plus en
plus discréditée, les États-Unis encouragent à présent le rôle
de l'Union africaine (UA) dans le « maintien de la paix »
sur le continent afin de ne plus devoir sacrifier directement des
soldats américains. Aujourd'hui, les deux tiers du budget de
l'UA proviennent de l'Union européenne ou des États-Unis.
La Guerre froide et la
destruction de la Somalie par l'impérialisme américain
À partir des années '70,
la Corne de l'Afrique est devenue un champ de bataille dans le cadre
de la Guerre froide que se livraient l'URSS et l'impérialisme
américain. Ces deux puissances rivales rivalisaient de manœuvres en
s'appuyant sur les régimes dictatoriaux en Éthiopie et en Somalie
afin de promouvoir leurs propres intérêts géostratégiques dans la
sous-région. Tout au long des années '80, l'impérialisme
américain soutenait militairement le régime somalien de
Siyaad Barre ; de son côté, l'URSS se basait sur le régime
« communiste » en Éthiopie. Les États-Unis soutenaient
le régime somalien non seulement dans le cadre de sa guerre contre
l'Éthiopie, mais aussi de la brutale guerre civile que ce régime
menait contre sa propre population.
Malgré le soutien
américain, le régime Barre s'est effondré en 1991, laissant
la place à divers seigneurs de guerre. En même temps,
l'effondrement de l'URSS la même année a mis en même temps un
terme à la Guerre froide, ce qui fait que la principale raison de
l'intervention de l'impérialisme américain dans la sous-région
disparaissait du même coup. Les États-Unis se sont donc retirés de
la région début 1994. L'impérialisme américain laissait
derrière lui une Somalie dévastée et gravement sous-développée,
divisée entre différents seigneurs de guerre. C'est ce terrain qui
s'est avéré favorable à l'implantation et à la croissance
d'al-Shabbaab.
Le général Maxamed Siyaad Barre |
L'émergence d'al-Shabbaab
en Somalie
Pour les simples
Somaliens, les seigneurs de guerre ont imposé un « règne »
brutal et arbitraire. Les méthodes mafieuses de ces chefs leur ont
fait perdre l'étroite base de soutien dont ils disposaient parmi
leurs milices privées rarement payées ; ils étaient en réelle
perte de terrain dès les années '2000. À Mogadiscio, des
tribunaux islamiques mis en place par différents clans ont été
créés autour des élites religieuses afin de tenter d'amener un
semblant de sécurité et de stabilité dans la vie quotidienne.
Ces tribunaux ont été
encouragés et soutenus par l'élite bourgeoise somalienne qui
revenait d'exil en nombre à partir de la fin des années '90,
attirée par la possibilité d'empocher des contrats juteux avec
différentes ONG et programmes de distribution de vivres.
Au départ, l'élite
bourgeoise organisait ses propres milices. Ainsi, la filiale locale
de Coca-Cola avait 200 hommes en armes. La principale entreprise
de télécoms en avait 1000. Le pire profiteur de tous,
M. Aboubokor Umar Adane, qui contrôlait des contrats avec
des ONG au niveau du transport et de la distribution de nourriture,
avait plus de 2000 miliciens armés. Il va sans dire bien
entendu que non seulement ces milices avaient pour tâche de protéger
les capitaux de l'élite de bandits et de chefs de guerre, mais elles
pouvaient également être facilement envoyées contre les ouvriers,
les ingénieurs, les chauffeurs de camion et les dockers afin de les
décourager de mener toute tentative d'organisation syndicale.
En 2006, c'est
cette alliance entre les élites capitaliste et religieuse qui a pris
le contrôle total de Mogadiscio, lorsque les différents tribunaux
islamiques locaux se sont unifiés sous le nom de l'Union des
tribunaux islamiques (Midowga
Maxkamadaha Islaamiga, MMI).
La milice à la solde de ce mouvement a été nommée al-Shabbaab
(« La Jeunesse »). Les tribunaux bénéficiaient d'un
relatif soutien populaire. Par rapport à la situation sous le règne
des seigneurs de guerre corrompus et criminels, la vie était plus
stable et plus sure sous la direction de la MMI. Le crime a quasiment
disparu de Mogadiscio et, même si la MMI imposait ses taxes à la
population, celles-ci étaient beaucoup plus légères et prévisibles
que le système de racket purement arbitraire mis en place par les
chefs de guerre.
Cheikh Xasan Daahir Aweys, un des dirigeants radicaux de l'Union des tribunaux islamiques qui faisait la loi à Mogadiscio jusqu'en 2006 |
L'impérialisme
américain revient dans la sous-région
Après les attaques
terroristes du 11 septembre 2001 perpétrées par al-Qaeda
aux États-Unis, l'impérialisme américain a recommencé à
s'intéresser à la région puisque qu'elle avait constitué un
terrain de lancement pour al-Qaeda. En 1998, al-Qaeda avait fait
exploser une bombe dans les ambassades américaines de Nairobi
(Kenya) et de Dar es-Salaam (Tanzanie), faisant 224 tués.
En 2002, des kamikazes avaient attaqué un hôtel de Mombasa
(deuxième ville du Kenya), causant le décès de 13 employés
kényans de cet hôtel, alors que l'attentat était censé viser des
visiteurs israéliens. Entre 2002 et 2006, les États-Unis
ont enclenché une « guerre de l'ombre » consistant en
des raids aériens censés détruire les bases d'al-Qaeda en Afrique
de l'Est. L'effet immédiat de cette politique a été que les
combattants d'al-Qaeda démobilisés sont partis gonfler les rangs
des chebabs.
En même temps que
la « guerre de l'ombre », l'impérialisme américain a
intensifié ses efforts en vue d'installer un régime capitaliste
pro-occidental à Mogadiscio, en appuyant la création d'un
gouvernement fédéral de transition (Dowladda federaalka
kumeelgaarka, DFK) basé à Nairobi. Le DFK se basait sur des
divisions de clan et cherchait le soutien des chefs de guerre
discrédités. En décembre 2006, l'Éthiopie a envahi la
Somalie avec le soutien de bombardements américains afin d'installer
le DFK et de chasser la MMI et al-Shabbaab hors de Mogadiscio. Cela a
déclenché deux années de guerre civile entre les islamistes
d'un côté, et de l'autre le DFK à Mogadiscio, sous la protection
de l'Éthiopie et de l'impérialisme américain. Mais au milieu de
l'année 2009, al-Shabbaab était parvenue à récupérer un
territoire sous son contrôle d'une superficie comparable à celle du
Togo, comptant 5 millions d'habitants. Fatiguée, l'armée
éthiopienne a fini par se replier.
L'élite kényane
joue un rôle plus affirmé dans la sous-région
En octobre 2011,
tandis que les combats se poursuivaient, le gouvernement kényan a
pris la décision fatidique d'envahir la Somalie. Le prétexte de son
intervention était qu'il espérait ainsi faire cesser les
enlèvements de touristes par les chebabs. L'Union africaine, avec le
soutien de l'impérialisme américain, a depuis « légitimé »
l'invasion et l'occupation de la Somalie par le Kenya, qui continue à
ce jour, sous le nom de « Mission africaine en Somalie »
(Amisom). Pendant vingt ans, la classe dirigeante kényane avait
refusé de s'impliquer directement dans les conflits en cours à ses
frontières nord et est. Cependant, l'élite kényane a vu sa
confiance renforcée par la croissance économique et par l'obtention
du statut de « pays à revenu moyen » auprès de la
Banque mondiale. Mais trop de confiance mène à trop d'assurance.
Selon les calculs de
l'élite kényane, il aurait été avantageux pour ses intérêts
sécuritaires de se tailler un « État tampon » à sa
frontière orientale, en détachant le Jubbaland du reste de la
Somalie. Avec le soutien tacite de l'impérialisme américain, la
classe dirigeante kényane s'est sentie assez forte pour partir au
combat. Il y a depuis d'innombrables rapports faisant état de forces
d'occupation kényanes qui soutiennent divers clans anti-Mogadiscio,
parmi lesquels elles promeuvent l'idée d'une indépendance ou du
moins d'une « autonomie » vis-à-vis de Mogadiscio. Tout
leader somalien qui se reconnait dans ce plan est certain de pouvoir
bénéficier des largesses de la classe capitaliste kényane en
retour de son allégeance. Pareille politique ne peut qu'aggraver le
conflit en Somalie et rendre encore plus intolérables les
souffrances de la population somalienne.
Tout comme l'attaque
du supermarché Westgate, celle de Garissa et les dizaines d'autres
attaques de ces dernières années l'ont bien démontré, le peuple
kényan aura à payer de son sang le prix du soutien donné à
l'impérialisme américain par les régimes qui se sont succédé au
Kenya sous Kibaki, Odinga et maintenant Kenyatta. L'occupation du
Jubbaland par l'armée kényane, qui continue à ce jour, sert de
prétexte à al-Shabbaab pour commettre toutes les horribles attaques
qu'elle a perpétrées et va encore perpétrer à l'encontre du
peuple kényan.
La classe des
travailleurs souffrent de la politique étrangère de l'élite
kényane aussi sur le plan économique, vu les pertes d'emplois et
les pertes de salaires dans le secteur touristique, qui est une très
importante source d'emplois dans le pays. Vingt-trois grands hôtels
ont déjà fermé depuis le début de cette année, et le groupe
Heritage a imposé une baisse de salaire de 20-30 % à son
personnel. Malgré cela, rien n'indique que le régime Kenyatta est
prêt à se retirer de la Somalie. Bien au contraire, l'armée
kényane a déjà lancé une série de frappes aériennes en guise de
réponse au massacre de Garissa.
Le président Kenyatta, un des hommes les plus riches du continent africain |
Le régime
capitaliste de Kenyatta
Uhuru Kenyatta,
président du Kenya, appartient à une des plus riches familles du
continent africain, dont le patrimoine est évalué à plus de
500 millions de dollars (300 milliards de francs CFA).
En tant que détenteur du pouvoir d'État, son intérêt est
uniquement de s'enrichir, d'enrichir sa famille et d'enrichir ses
amis politiques. Il n'a pas la moindre attention envers le peuple de
son pays. Depuis le début des attaques terroristes des chebabs au
Kenya, Kenyatta a décidé d'organiser une répression à grande
échelle de l'ensemble de l'ethnie somalienne vivant au Kenya
(2 millions de Kényans), et de la population musulmane du pays
de manière générale. Les arrestations, détentions et le
harcèlement sur une base purement religieuse ou ethnique font
aujourd'hui partie de la vie quotidienne.
Kenyatta a déjà
toute un passif d'incitation à la violence ethnique. Il a échappé
de justesse aux accusations de « crime contre l'humanité »
portées contre lui à la CPI, selon lesquelles il aurait incité les
populations à des violences ethniques afin de se renforcer ainsi que
ses alliés politiques dans le cadre des élections générales
de 2007. Cet épisode de conflit ethnique avait fait plus de
1300 morts.
Kenyatta aurait
accéléré le recrutement de 10 000 nouveaux policiers
dans le cadre de sa nouvelle campagne antichebab. Mais sous le
contrôle personnel de Kenyatta, ces policiers seront surtout
utilisés contre les minorités religieuses et ethniques du pays. Les
travailleurs et les pauvres du Kenya doivent rester vigilants et
éviter de tomber dans le piège sectaire qui leur est tendu par
Kenyatta dans le seul but de renforcer sa propre base de soutien. De
même, il ne faudrait pas que les étudiants qui manifestaient cette
semaine à Nairobi pour demander le renfort de la sécurité sur les
campus universitaires donnent par mégarde leur soutien à un renfort
de l'appareil de répression au service de ce président
pro-impérialiste et procapitaliste. Car ces forces finiront à tous
les coups par être utilisées contre le mouvement étudiant et le
mouvement syndical.
Ces dernières
semaines, sous prétexte d'une campagne anticorruption, cinq
ministres et dix-sept autres hauts cadres ont été poussés à la
démission. Il est intéressant de noter que c'est la présidence qui
a dirigé cette affaire plutôt que le procureur public. C'est parce
que cette campagne anticorruption n'est en réalité qu'une nouvelle
tentative de renforcer la position de Kenyatta. Presque toutes les
personnes visées étaient des rivaux politiques de Kenyatta.
Kenyatta et son gouvernement ne peut obtenir la moindre confiance de
la part des travailleurs, des pauvres et de la jeunesse.
Arrestation de militants manifestant contre les nouvelles lois « antiterrorisme » mises en place après les dernières attaques |
Construire les
forces du socialisme en Afrique
Le Comité pour une
Internationale ouvrière est en train de construire ses forces sur le
continent africain. La classe des travailleurs, les pauvres, les
étudiants et les jeunes doivent s'unir dans une lutte pour une
Afrique socialiste et un monde socialiste. Nous nous battons contre
l'impérialisme sur le continent, contre les régimes procapitalistes
corrompus au Kenya et partout ailleurs, contre les institutions
barbares comme al-Shabbaab. Nous appelons à la construction de
partis de masse de la classe des travailleurs et des pauvres. Nous
appelons le peuple du Kenya, du Somalie, de toute la sous-région et
de tout le continent à nous rejoindre et à nous aider à assembler
un cadre révolutionnaire reposant fermement sur les idées du
socialisme.
Notre programme :
• L'impérialisme
hors d'Afrique ! Fermer les bases militaires américaines,
françaises et autres sur le continent. Non à tout déploiement
militaire des Nations-Unies, de l'Union africaine et de toute autre
agence de l'impérialisme sur le continent.
• Démanteler la
force de police corrompue soutenue par les États-Unis en Somalie.
Pour des organisations d'autodéfense de masse démocratiques,
multiethniques, multireligieuses, multiclaniques, afin de protéger
les quartiers et les villages du terrorisme des chebabs et de la
brutalité des forces d'occupation.
• Non au régime
des élites prédatrices, qu'il s'agisse des chebabs, des chefs de
guerre ou des régimes imposés par l'impérialisme. Pour un
gouvernement des travailleurs, des pauvres et des paysans.
• Pour les droits
des minorités et le droit à l'autodétermination de tout groupe
national opprimé.
• Pour les
libertés démocratiques : liberté de parole, de réunion et
d'organisation. Pas en tant que porteparole de l'impérialisme, mais
afin de permettre à la classe des travailleurs, des pauvres et de la
jeunesse de s'organiser et de lutter pour de meilleures conditions de
vie.
• Pour un
développement économique et une création d'emplois massifs partout
dans le continent grâce à la nationalisation de l'industrie, des
richesses minérales et de toutes les ressources naturelles sous
contrôle démocratique de la population, réforme foncière sous le
contrôle des communautés rurales.
• Toute l'aide au
développement, toute l'aide alimentaire, doit être contrôlée
démocratiquement par des comités élus de travailleurs et par la
population.
• Pour une lutte
unie contre les pertes d'emplois et de salaires dans le secteur du
tourisme au Kenya. Nationalisation et mise sous contrôle du
personnel des grosses entreprises qui licencient.
• Pour des partis
prolétariens de masse armés d'un programme socialiste partout en
Afrique, qui s'uniront dans le cadre d'une lutte commune. Construire
les forces révolutionnaires du CIO.
• Pour une Afrique
socialiste et un monde socialiste.
Un sursaut populaire est nécessaire pour écarter les chefs fantoches de tous les camps et enfin sortir de la misère |
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