– camarade Zova
Les élections de 2020 approchent
à grands pas ! Tout le monde se demande comment va se dérouler
la prochaine campagne électorale. Et la question la plus brulante
est évidemment non pas de savoir qui l’emportera, mais bien si ce
jeu électoral aura ou non des répercussions sanguinolantes cette
année-là. Tant les populations sont découragées de la chose.
Cependant, on ne peut s’empêcher de
constater une frustration, qui gagne toutes les couches sociales, y
compris celles qui soutenaient traditionnellement le RDR et
M. Ouattara. Partout dans le pays, on voit des populations
nordistes crier leur désenchantement. Ce n’est pas pour rien si
les émeutes contre la CIE ont commencé à Bouaké ! Même les
anciens rebelles se sentent trahis. Pas une semaine ne se passe sans
qu’un commissariat ou une gendarmerie ne soit brulé. Tous ces
signes sont inquiétants pour notre élite capitaliste, car ils
annoncent un désir de révolte de la part de la population. Même
les parrains de Ouattara comme le FMI et autres structures
internationales s’en plaignent ouvertement et appellent le
gouvernement à mettre en place des mécanismes de « distribution
des fruits de la croissance ».
Car si le pays s’est bel et bien
développé sous Ouattara, les Ivoiriens ne profitent pas de cette
croissance : c’est le cas du peuple, mais c’est aussi le cas
de toute une partie de la bourgeoisie nationale, mécontente de voir
des entreprises étrangères privilégiées pour l’accès aux
marchés publics et autres financements.
C’est dans ce contexte qu’il faut
comprendre le regain de tension actuel entre PDCI et RDR. Le PDCI est
le parti par excellence de la bourgeoisie traditionnelle ivoirienne,
cette aristocratie de grandes familles de hauts cadres étatiques,
descendants de compagnons d’Houphouët et grands propriétaires
terriens. Le RDR est quant à lui un parti bourgeois « moderne »
dont la base est une bourgeoisie d’affaires fortement liée au
commerce international et notamment aux « commissions »
et « partenariats » avec des sociétés multinationales
étrangères, pas seulement françaises – d’où leur recherche
permantente de nouveaux pays partenaires (Maroc, Turquie, Chine,
Inde, etc.).
Ces deux couches rivales tirent leur
richesse de sources différentes, ce qui exige la mise en place d’une
politique économique différente, voire opposée – elles ne
peuvent donc pas s’entendre. Elles avaient été contraintes de
s’allier contre le FPI, parti de la moyenne bourgeoisie, qui avait
fait l’erreur selon elles de mobiliser la population pour son
programme « patriotique ». Mais une fois le danger passé
et la population matée et réduite à un silence forcé, les
vieilles rancœurs font inévitablement surface.
Le PDCI toutes ces années avait dû se
résigner à faire profil bas pour pouvoir se raccrocher à la
mangeoire étatique. Mais aujourd’hui que se développe un puissant
sentiment anti-RDR et que l’on voit à chaque scrutin percer des
indépendants, le PDCI ferait certainement fausse route en acceptant
de se ranger derrière ce parti tant discrédité.
Vu l’absence de parti d’opposition,
et le risque posé par de jeunes aventuriers populistes difficilement
« maitrisables » (voir ci-dessous), il est possible que
certains des anciens parrains de Ouattara, soucieux de la stabilité
de leur « système », soient aujourd’hui en train
d’encourager le PDCI à se revêtir du manteau d’opposition.
Sans doute sont-ils occupés à écrire
un scénario qui permettra à Bédié de se sortir de cette situation
la tête haute et de revenir au pouvoir (lui-même ou un de ses
pions). Le PDCI dans cette posture bénéficierait certainement du
soutien opportuniste du FPI (ou de ce qu’il en reste) – un FPI
réunifié pour l’occasion, ce qui couperait en même temps l’herbe
sous les pieds de Soro. Tout cette mascarade dans le but de «
sauver » le pays d’une révolution.
Cette fausse opposition doit être
dénoncée. Certes il nous faut chasser Ouattara du pouvoir, mais il
nous faut pour cela un parti qui représente véritablement la
population et non l’intérêt des petits cercles.