mercredi 20 décembre 2017

Faillite au CNRA


Le CNRA (Centre national de recherche agronomique), créé en 1998, est une entreprise publique à gestion privée. Il obéit à un souci de coordination plus utile dans la recherche agronomique devant améliorer l’agriculture en Côte d’Ivoire. Ce centre possède notamment des milliers d’hectares de plantation un peu partout dans le pays, notamment à Dabou, à Port-Bouët, à Divo, avec des stations de recherche dans toutes les principales régions du pays.

Cette structure est aujourd’hui paralysée par la mauvaise gestion du DG Yté Wongbé, nommé en 2012 à la tête de la structure. Ce dernier s’est vite rendu coupable de nombreuses malversations ; démis de ses fonctions par le conseil d’administration en 2016, il a été curieusement réinstallé à son poste par un coup de fil venu d’« en haut ». Depuis lors, plusieurs structures sont à l’abandon, dont les fameuses plantations qui ne sont plus entretenues faute de paiement aux fournisseurs et dont plusieurs sont menacées de disparition par des promoteurs immobiliers véreux.

Le DG a également viré des agents considérés comme pivots de l’entreprise pour installer à leur place des proches qui ne brillent pas par leurs compétence dans le domaine de la recherche agricole. Le nombre de travailleurs est ainsi passé, en 4 ans, de 1600 à 2100, avec une masse salariale qui est passée sur le même temps de 300 millions à 500 millions de francs. Et encore, c’est parce que le CNRA ne respecte pas non plus les salaires minimums !

Les agents du CNRA, confrontés à de nombreuses irrégularités de paiement de leurs salaires et au non-versement de leurs primes d’assurance santé, sont entrés en grève le 12 mai et encore une fois du 31 juillet au 2 aout pour protester contre cette situation. C’est à ce moment-là que le DG leur a fait savoir que le CNRA est en faillite. Depuis lors, les travailleurs ont eu droit à une séance de négociations avec leur ministre de tutelle, madame Bakayoko Ly-Ramata, qui leur a promis que la situation de leur centre serait bientôt réglée par le Premier ministre. Mais pour quand ?

C’est pourtant bien dommage quand on connait l’importance de l’agriculture dans un pays comme la Côte d’Ivoire qui, rappelons-le, est premier producteur de cacao du monde, premier producteur d’hévéa et de banane douce africain, premier exportateur d’anacarde du monde, deuxième producteur d’huile de palme et premier producteur d’hévéa d’Afrique, etc.Mais tout cela, avec un manque criant de moyens et de formation des agriculteurs. Ce qui fait que nos rendements à l’hectare sont de dix à vingt fois inférieurs à ceux trouvés en Asie sous le même climat : il nous faut 10 ou 20 ha pour gagner ce que le planteur vietnamien ou indonésien gagne avec 1 ha. C’est ce gaspillage insensé de terres qui tue notre forêt et qui pousse nos frères ivoiriens et étrangers à se machetter dans l’Ouest.

Que faire donc ? Il est évident que la première chose à faire est d’insister pour voir disparaitre M. Wongbé et ses sbires de la tête du CNRA. Mais cela seul ne règlera pas le problème, puisque le CNRA en faillite est lui-même l’héritier de plusieurs structures similaires elles-mêmes en faillite. C’est-à-dire que la fameuse « gestion privée » n’a rien apporté en termes de gouvernance. Le seul remède contre la corruption à la tête de cette structure comme des autres structures étatiques (Anader, FIRCA, etc.) est la mise en place d’un conseil d’administration auquel siègeront des représentants des chercheurs, du personnel et des planteurs et planteuses des différentes régions, qui sont les premiers concernés et bénéficiaires.

Pour le développement de l’agriculture en Côte d’Ivoire, il faut de plus une véritable remise à niveau du CNRA et de l’Anader avec des fonds conséquents, gérés démocratiquement pour éviter les éternels gaspillages. La modernisation de l’agriculture passe par des investissements et des aides aux planteurs – aides matérielles, financements et formations – ce qui pourra être facilité par une collectivisation de l’agriculture, consistant en l’assocation graduelle et librement consentie des exploitations paysannes en coopératives de production pourvues d’un outillage mécanique perfectionné, avec le développement d’entreprises agricoles d’État, la création de stations de machines agricoles, de distribution d’engrais et de matériel végétal amélioré, ainsi que la mise en place d’une industrie dans l’intérieur pour la transformation des matières premières agricoles.

Afin que nos braves paysans ne soient plus marginalisés et bénéficient pleinement des fruits de leur labeur, tout en assurant que les revenus dégagés permettent un développement des infrastructures sociales.

– camarade Guide

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