Pour qui et pour quoi faire ?
– camarades Pipao et Gbalégnali
La rédaction d’une nouvelle constitution était l’une des promesses du président Alassane Ouattara. Mais ce n’est qu’une fois réélu pour un deuxième et dernier mandat que celui-ci a indiqué son chronogramme : le référendum constitutionnel vers octobre, couplé aux élections législatives. L’objectif serait de promouvoir une « Côte d’Ivoire nouvelle ». Outre la clarification de l’éligibilité, sont envisagés la création d’un poste de vice-président, d’un sénat et la suppression du poste de Premier ministre en plus de l’établissement de calendriers électoraux.
Le président a nommé un comité d’experts chargé de mener la réflexion sur le dit projet. Outre ces spécialistes, on consultera aussi les chefs traditionnels, les associations reconnues de jeunes et de femmes ainsi que certains partis d’opposition. Mais c’est une fin de non-recevoir qu’apportent 23 partis qui se sont regroupés pour dénoncer ce projet de nouvelle constitution qu’ils jugent « antidémocratique, illégal et illégitime ».
Sur la forme d’abord, la méthode est entièrement remise en cause car le projet, dont la rédaction se fera par ces experts, sera ensuite soumis pour approbation au conseil du gouvernement puis à l’assemblée nationale bien avant le référendum prévu. De plus, le temps laissé au débat avant le vote est très court. On se demande donc à quoi doit servir l’avis populaire si ce n’est à permettre de poser un vernis soi-disant démocratique sur le projet.
Sur le fond ensuite, la nomination d’un vice-président par le chef de l’État est qualifiée de dérive monarchique pour un régime soucieux d’assurer sa « succession ». Idem concernant le projet de sénat dont un tiers des membres seraient nommés par le président lui-même.
Pour nous, socialistes révolutionnaires, le problème n’est pas la constitution mais bien la forme de la société dans laquelle nous vivons : la société capitaliste avec son État bourgeois.
Selon les griots du capitalisme, c’est normal que la majorité de la population vive dans la misère et la minorité dirigeante baigne dans un luxe insolent. Dans le capitalisme, tous les moyens dont dispose le pays sont mis au service de la classe dirigeante tandis que la majorité du peuple lutte pour la survie. Et d’où viennent les richesses de la classe capitaliste ? Du fait qu’elle est seule propriétaire de tous les grands moyens de production : machines, moyens de transport, grandes plantations, banques… ce qui lui permet de s’enrichir grâce au fruit de notre travail. Ce n’est pas un papier qui changera cet état de fait !
Nous voyons d’ailleurs chaque jour le gouvernement voter de nouvelles lois qu’il ne respecte pas lui-même. Pourquoi ce paradoxe ? Parce que l’État échappe à tout contrôle citoyen. Le problème n’est donc pas ce qui va changer dans la loi fondamentale, mais à quel intérêt obéit ce changement et de quels moyens disposera le peuple pour veiller au strict respect de cette loi ?
Nous sommes pour l’avènement d’un État prolétarien, d’une république socialiste dans laquelle « Qui ne travaille pas ne mange pas ! » Un État où le pouvoir suprême appartient à des comités de quartiers et de villages démocratiques (« parlements » ou « agoras »), qui fomeront eux-mêmes le gouverement.
Les représentants de ces comités populaires, à la différence des députés actuels (qu’on ne voit que pendant la campagne électorale), pourront être démis de leurs fonctions à tout moment en cas de faute, sans attendre la fin d’un quelconque mandat. Enfin, il s’agira d’abolir l’exploitation de l’homme par l’homme en confisquant les moyens de production et richesses nationales par la nationalisation et la collectivisation, pour une société sans classes, avec une véritable liberté de pensée et d’expression. Sans cela, on pourra avoir toutes les constitutions qu’on voudra, rien ne changera fondamentalement pour la majorité de la population pauvre de ce pays.
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