D'immenses possibilités pour la lutte prolétarienne
En décembre 2013, le Syndicat national des
travailleurs du métal d'Afrique du Sud, le Numsa, lors de son
congrès extraordinaire, a appelé la fédération syndicale Cosatu à
rompre avec l'alliance tripartite qu'elle constitue depuis plus de
20 ans avec l'ANC (le parti de Mandela) et le Parti
« communiste » sud-africain. Elle appelait ainsi à la
formation d'un « Front uni » alternatif afin de reprendre
la lutte des travailleurs sud-africains contre la politique
néolibérale et pour l'entrée en vigueur pleine et effective du
programme contenu dans la Charte de la liberté, le programme de
lutte antiapartheid qui était celui de l'ANC avant son arrivée au
pouvoir au début des années '1990.
De même, les résolutions du congrès prônaient la
création d'un « mouvement pour le socialisme » en tant
qu'organisation de la classe ouvrière dans le cadre d'une lutte pour
la venue au monde d'une Afrique du Sud socialiste. On peut
véritablement dire que ce congrès a représenté un évènement
historique en Afrique du Sud, qui a sérieusement ébranlé (et
continue d'ébranler) l'ensemble du jeu politique dans le pays. Deux
ans après, où en sommes-nous ?
Déclaration du Comité exécutif du
Parti ouvrier et socialiste (section sud-africaine du CIO)
Partout dans le pays, les militants de gauche seront
déçus par l'annonce du report du lancement du Front uni, le
deuxième en l'espace de six mois. Le fait que le congrès de
lancement, originellement prévu en décembre 2014, ait été
remplacé par une assemblée préparatoire, était compréhensible et
nécessaire. De plus, aucune structure n'était en place à ce moment-là, et il n'y
avait aucune clarté quant à l'orientation idéologique du Front
uni, quant à son caractère organisationnel et quant à ses
objectifs politiques.
Ces questions ont donc été reportées pour pouvoir mener des
débats dans les différentes régions du pays. Bien que, dans de
nombreuses régions, le cadre manquait pour mener cette discussion, le processus qui avait ainsi démarré devait aboutir au congrès de
lancement censé marquer la conclusion de ce débat. Pour la
première fois depuis l'évènement historique qu'a été le Congrès
national extraordinaire du Numsa (Syndicat national des travailleurs
du métal d'Afrique du Sud), qui a émis l'idée de la
construction du Front uni, on pouvait clairement sentir que les
choses commençaient à se mettre en place. Après dix-huit mois
d'approche hésitante du Front uni vis-à-vis de la société civile,
qui elle-même demeurait dans l'expectative à son égard, plusieurs
organisations ont commencé à se rapprocher de lui.
De ce fait, alors qu'en décembre 2014, on
pouvait dire qu'aucune structure n'avait été mise sur pied, cette
fois-ci, le Front uni a installé des bases dans toutes les régions
du pays sauf le KwaZulu-Natal (la région de Durban, plus grand port
du continent africain, devant le port d'Abidjan). À nouveau, même
si dans de nombreuses régions, ces bases ne sont encore que des
embryons qui attendent encore de se développer en des plateformes
actives pour mener des campagnes de masse, leur mise en place
représente déjà en soi une importante avancée. Les débats sur
les principaux enjeux (le Front uni doit-il être socialiste, doit-il
se présenter aux élections, doit-il adopter mot à mot le programme
de la Charte de la liberté ?…) qui étaient censés se
prolonger au moment du lancement du mouvement ont animé les
militants, ce qui a donné le sentiment que le Front uni commence
enfin à entamer les démarches nécessaires à la clarification de
son caractère idéologique, programmatique et politique.
On nous dit que le nouveau report du congrès de
lancement est rendu nécessaire au vu du manque de financement
disponible. Bien que les finances représentent toujours une lutte
pour tout mouvement prolétarien, ce problème aurait pu être
derrière nous si le Front uni avait pu développer des bases parmi
la masse de la population à une échelle plus large que ce qui s'est
fait jusqu'à présent.
Le Wasp (Parti ouvrier et socialiste, section
sud-africaine du CIO) appelle toutes les structures dans toutes les
régions à ne pas laisser ralentir ce mouvement. Dans la majorité
des régions, une proportion écrasante de membres s'est prononcée
en faveur du socialisme, et veulent voir le Front uni participer aux
élections. Ces développements montrent que le Front uni a toujours
le potentiel d'atteindre les objectifs qui justifient sa création
par le congrès du Numsa : l'unification des luttes dans les
quartiers populaires et des luttes ouvrières dans les entreprises.
Le Front uni doit urgemment contacter les groupes de
militants dans les quartiers qui sont en train de redoubler d'énergie
un peu partout dans le pays. En même temps, nous voyons
d'importantes luttes syndicales se développer dans les secteurs
public comme privé. Telkom menace de licencier 14 000 employés.
Des employés de MTN ont été hospitalisés après avoir essuyé des
tirs de la part de la police. Les négociations salariales dans les
mines ont commencé dans un contexte où les pertes d'emploi
s'élèvent à 34 000 postes depuis 2012.
L'accord salarial dans le secteur public a failli
s'effondrer suite à la décision du gouvernement de revenir sur sa
promesse d'une hausse de 7 %. La décision unilatérale de
l'État, qui désirait récupérer 0,6 % sur les clauses de
l'accord triannuel 2012-2014, a constitué une extrême provocation.
Reconnaissant tardivement les sérieux dégâts qui pourraient être
infligés au président du Cosatu, Dlamini, s'il lui ôtait même
cette petite « victoire », le gouvernement a finalement
décidé de lui céder cette hausse de 7 %. Mais cet épisode,
ainsi que les tentatives de prolonger la durée de vie d'un accord
qui avait expiré (ce qui le transforme dans les faits en un accord
permanent), a de très importantes répercussions sur le processus de
négociation collective et sur le droit de vote, qui seront de plus
en plus attaqués au cours de la période à venir. Les négociations
salariales au niveau des mairies sont elles aussi dans l'impasse
depuis que les travailleurs ont refusé la maigre proposition de
Salga.
Le ministre de l'enseignement Blade Nzimande a
publiquement avoué que les financements lui manquent pour prendre en
charge l'éducation de milliers d'étudiants issus de familles
pauvres, qui se retrouvent rejetés dans l'armée de chômeurs qui a
à présent atteint son record depuis des années avec 8,7 millions
de chômeurs dans le pays. Le Front uni n'a cependant pas encore
entrepris la moindre action de solidarité envers ces étudiants. Le
congrès du Numsa a mandaté le Front uni pour unifier toutes ces
luttes. Malheureusement, la direction du Front uni semble avoir
interprété son mandat d'une autre manière.
Tous les ingrédients sont présents pour qu'on
appelle à une journée nationale d'actions, voire à une grève
générale nationale organisée par les syndicats. Mais malgré la
colère retentissante à travers les trois principaux champs
d'action : les quartiers, les entreprises et les campus, – la
direction du Front uni semble plus concentrée sur des campagnes qui,
même si elles ne sont pas d'elles-mêmes dénuées d'intérêt,
intéressent beaucoup plus la direction du Front uni issue de la
classe moyenne que la classe ouvrière, confrontée à des enjeux
d'une toute autre dimension.
Encouragé par la lenteur avec laquelle le Numsa,
Vavi (l'ancien secrétaire général du Cosatu, maintenant au côté des « frondeurs » du Numsa) et ses alliés syndicaux, sans mentionner le Front uni, se
dirigent vers une alternative syndicale et politique claire, le
gouvernement a adopté une attitude plus sévère. On a annoncé aux
résidents de Soweto qu'ils n'auront pas d'autre choix que d'accepter
les compteurs d'électricité prépayés, à des tarifs impayables,
sans quoi on leur coupera le courant et on les réprimera à coups de
lacrymos et de balles en caoutchouc. Ramaphosa a annoncé des mesures
draconiennes (et potentiellement illégales, comme la confiscation
des permis de conduire) pour briser l'élan des campagnes antipéages
sur les autoroutes. L'exemple le plus grotesque de l'insolence de
l'ANC et du mépris qu'il a envers le peuple, est son soutien total à
Zuma lorsque celui-ci a refusé de payer pour le scandale de
corruption de Nkandla.
Zwelinzima Vavi, ancien secrétaire général du Cosatu expulsé pour son opposition à l'ANC, dirigeant bien connu de l'opposition civile mais dont l'approche et les prises de position laissent à désirer |
La marche sur le siège de
l'Union
Plus incroyable encore, la direction du Front uni a
décidé de simplement soutenir la proposition d'une campagne de
masse contre la corruption, qui prévoit une marche d'un million de
manifestants sur le siège de l'Union sud-africaine le 19 aout,
mais sans chercher à la mener. L'enjeu autour de cette marche a le
potentiel d'unir l'immense majorité de la société. Cette marche a
le potentiel de porter un sérieux coup au gouvernement, avec la
possibilité de conséquences fatales pour les perspectives
électorales de l'ANC lors des élections communales de 2016,
surtout dans les villes de Johannesburg, Tshwane, Ekhuruleni et
Nelson Mandela Bay. Cette marche pourrait fournir l'énergie et la
base nécessaire pour la formation d'un nouveau parti prolétarien de
masse, capable de se présenter aux élections nationales de 2019.
Mais comme le caractère politique de la campagne
anticorruption reste entre les mains de Vavi, il n'y a pas la moindre
contrepression face à ses efforts visant à donner à cette marche
un caractère idéologique et politique contraire au discours tenu
par le Numsa et par la base des structures affiliées au Front uni.
Face aux accusations selon lesquelles les résolutions du congrès et
du Front uni reflètent un agenda secret visant en réalité à un
« changement de régime », le Numsa a bravement répondu
que le « changement de régime » est l'objectif de chaque
élection nationale. Nous voudrions ajouter d'ailleurs que la notion
de « changement de régime » est, dans une certaine
mesure, inhérent à toutes les luttes en cours en ce moment, et que
cette notion constitue le point focal vers lequel toutes ces luttes
convergent de plus en plus.
Malheureusement, Vavi a pris peur devant les
accusations de « changement de régime » proférées par
l'ANC. Il a nié le fait que la marche soit contre l'ANC ou contre le
gouvernement. Mis à part le fait que l'ANC et le gouvernement ne
soient pas deux personnalités politiques différentes, contre qui la
marche sur le siège de l'Union pourrait-elle orientée, si pas
contre le gouvernement ANC ? L'approche de Vavi est renforcée
par la faction de la direction du Front uni qui s'oppose à ce que ce
Front devienne un parti politique ou participe aux élections.
En se concentrant exclusivement sur le problème de
la corruption, des « poignées de main en or » et de la
manipulation des institutions telles que l'Office du protecteur
public, on donne la fausse impression que, si on parvenait à le
nettoyer de ces quelques taches noires, le gouvernement ANC pourrait
trouver la solution aux problèmes de la misère, du chômage et de
l'inégalité. Mais la corruption n'est pas l'équivalent d'une crise
de grippe, quelque chose de temporaire et que l'on peut soigner. La
corruption est le fluide qui huile la machinerie du capitalisme, que
ce soit au gouvernement ou dans le monde des entreprises. Le slogan
de la marche devrait être : « Zuma dégage ! Lui et
tout le gouvernement capitaliste ANC ! » L'idée selon
laquelle on pourrait obtenir un ANC qui respecte la constitution du
pays, ou un Zuma qui serait plus honnête, n'est pas une idée
capable d'inspirer les masses et de les encourager à venir à la
marche. Elle ne peut susciter que leur dérision.
Nous pensons que le but de cette marche a été
restreint d'une manière qui vise à amadouer les grands patrons.
D'ailleurs, à la radio, parmi les différents groupes de pression
invités par Mark Heywood pour débattre du thème de la corruption,
les entreprises viennent avant la société civile, les institutions
et les ONG. Comme si la corruption dans le secteur privé n'était
pas incroyablement plus grande que celle que l'on voit au niveau du
gouvernement ! Gouvernement et grandes entreprises collaborent
étroitement l'un avec l'autre. Nous ne devrions pas semer la moindre
illusion dans le fait que la moralité des grands capitalistes serait
moins corrompue que celle du gouvernement ANC à qui ils servent en
réalité d'exemple.
Plus important, il nous faut attirer l'attention sur
le fait que chaque mouvement de quartier pour l'eau ou l'électricité
comme on en voit chaque jour dans le pays est en réalité
l'équivalent d'une minicampagne anticorruption, pareille au scandale
de Nkandla mais à l'échelle locale. La marche sur le siège de
l'Union a donc le potentiel de trouver un écho directement parmi les
masses, à condition que l'objectif politique de la marche soit
élargi afin de mettre à sa tête les revendications et aspirations
des masses. De la sorte, c'est la classe moyenne qui sera attirée
derrière la classe prolétaire, au lieu de voir les masses une fois
de plus servir de chair à canon au service de la classe moyenne.
La classe ouvrière doit guider cette marche non
seulement politiquement, mais aussi idéologiquement. Le discours
assez libéral développé en ce moment par les organisateurs de la
marche reflète celui des dirigeants du Front uni qui s'opposent à
ce que le front adopte l'idéologie socialiste.
Mettre le socialisme à
l'avant-plan
Les stratèges de la bourgeoisie qui sont en train de
préparer leur propre alternative politique agissent de manière
décisive et courageuse. Ils ont organisé un putsch contre Helen
Zille au sein de l'Alliance démocratique (DA) afin d'en « noircir »
la direction, en installant Maimane, qui brandit de façon
enthousiaste la bannière du « marché libre » (càd. du
capitalisme) et des slogans tels que « liberté et opportunité
pour chaque individu ». La classe capitaliste est en train de
préparer la DA en tant que substitut ou partenaire pour l'ANC en
tant que nouveau gérant de leur système si l'ANC ne parvenait pas à
obtenir 50 % des votes en 2019.
Face à ça, nous voyons que ceux qui ont été
élevés politiquement et organisationnellement par les travailleurs
veulent maintenant cacher aux yeux de ces mêmes travailleurs la
bannière du socialisme, qui est pourtant l'idéologie naturelle de
la classe ouvrière, et le seul programme sur base duquel on pourra
bâtir une société libre de la misère et de la barbarie du
capitalisme qui est le lot quotidien de la classe prolétaire. Face à
l'audace idéologique et politique de la classe capitaliste, ces gens
répondent par leur propre couardise idéologique et politique. Le
plus grand scepticisme, la plus grande hostilité envers le
socialisme, ne proviennent pas des rangs du prolétariat, mais bien
des sections les plus prospères de la classe moyenne supérieure et
des capitalistes ainsi que de leurs griots à la tête des facultés
universitaires ou des principaux médias. Pourtant, chaque enquête
réalisée dans le Cosatu comme dans les couches populaires de
manière large révèle et confirme l'existence d'un soutien massif
envers l'idée d'un nouveau parti de la classe ouvrière et du
socialisme (67 % dans le dernier sondage des délégués du
Cosatu).
De ce fait, quand le Front uni dit qu'il est déjà
trop occupé que pour diriger la marche sur le siège de l'Union dont
l'idée a été lancée par le Numsa et par les sept syndicats qui le
soutiennent, c'est comme si un parti ou un syndicat disait qu'il a
déjà assez de membres et qu'il n'en veut pas d'autres. Les délégués
au congrès du Numsa qui ont voté pour la création du Front uni,
tout comme toutes les personnes qui ont été attirées par lui
depuis, ne veulent pas l'unité simplement parce que c'est une belle
idée, mais parce que celle-ci est nécessaire dans le cadre de la
lutte. Or, il n'y aura jamais assez de luttes tant que la classe
prolétaire ne sera pas émancipée du capitalisme et n'aura pas pris
la place qui lui revient, qui est de se trouver à la tête d'une
société socialiste.
La direction du Front uni semble ne pas avoir compris
l'importance des développements au sein du Cosatu et du pays de
manière générale. Ces personnes se trouvent donc à un point où
ils semblent abdiquer face à leur responsabilité historique qui est
de constituer une nouvelle direction pour la classe prolétaire. La
décision du Cosatu d'interdire le Numsa de participer à son congrès
extraordinaire auquel le Numsa avait pourtant appelé, constitue le
dernier clou dans le cercueil du Cosatu. Les sept syndicats qui
soutiennent le Numsa doivent à présent choisir entre participer
sans le Numsa (acceptant ainsi une décision à laquelle ils se sont
jusqu'ici farouchement opposés) ou, comme cela sera probablement le
cas, quitter le Cosatu dans sa forme actuelle.
Le Front uni aurait dû activement soutenir le Numsa
et ses sept partenaires non seulement en adoptant une position claire
dans la bataille pour l'âme du Cosatu et pour la formation d'une
nouvelle fédération syndicale, mais aussi en faisant tout pour que
la marche sur le siège de l'Union se déroule sous sa propre
bannière. L'échec du Front uni à adopter une position claire et de
principe sur cette question montre une indifférence, voire un
désintérêt, pour un débat dans lequel le Numsa, duquel le Front
uni est né, joue un rôle central.
Les dirigeants des sept syndicats alliés au Numsa
ont jusqu'ici hésité à soutenir le Numsa au-delà de leur
protestation par rapport à l'expulsion de ce syndicat et de l'appel
à un congrès extraordinaire du Cosatu. Les faibles prétextes du
Front uni pour ne pas prendre la place qui devrait lui revenir à la
tête de la marche, pourraient réveiller les hésitations de ces
autres dirigeants syndicaux exactement au moment où ils commencent à
surmonter leurs réserves politiques vis-à-vis du Front uni. La base
de ces syndicats se situe à la gauche de leurs dirigeants depuis le
début. Déjà il y a un an, un conseil des délégués du Cosatu de
la région de Gauteng appelait à soutenir expressément non
seulement aux revendications du Numsa par rapport à la
réinstauration de Vavi et à un congrès extraordinaire, mais aussi
l'ensemble des résolutions politiques adoptées au congrès
extraordinaire du Numsa.
Le récent congrès du NUM (Syndicat national des
travailleurs des mines) a démontré que la base des syndicats qui
restent fermement dans le Cosatu se trouve elle aussi plus à gauche
que ses propres dirigeants, et pourrait être convaincue de l'idée
d'une nouvelle fédération syndicale socialiste et d'un nouveau
parti des travailleurs, pour peu qu'il adopte une ligne courageuse. À
la suite du massacre de Marikana, le NUM s'était honteusement faite
l'apologiste de l'ANC et du « bien-fondé » de ce bain de
sang, ce qui avait entrainé la perte de 100 000 membres
pour ce syndicat. Le fait que plusieurs dirigeants du NUM aient été
démis de leurs fonctions au moment du congrès, loin de représenter
la prise du pouvoir d'une « aile gauche » inventée par
certains commentateurs, et sans parler des prises de position très
douteuses du nouveau secrétaire général David Sipunzi, est
néanmoins le résultat d'une véritable révolte de la base, qui
indique le développement d'une nouvelle ligne de fracturation non
seulement au sein du NUM, mais aussi du Cosatu de manière générale.
Nous appelons l'ensemble des structures du Front uni
à mobiliser pour la marche sur le siège de l'Union, en faisant le
rapprochement entre le scandale de corruption de Nkandla et leur
expérience quotidienne sur le plan local partout dans le pays. Nous
devons bien expliquer que nous ne sommes pas seulement contre la
corruption, mais également pour un changement de régime et pour un
changement de système : pour un gouvernement des travailleurs
et pour le socialisme. Le Wasp a lancé une pétition « Zuma
dégage ». Si toutes les organisations qui soutiennent la
marche voulaient bien nous aider à rassembler des signatures, nous
pourrions facilement obtenir un million de personnes. Cela
indiquerait le soutien généralisé envers cette marche et
constituerait une nouvelle source de confusion pour le gouvernement
et ses maitres capitalistes.
La marche sur le siège de l'Union nous offre une
opportunité unique d'unifier la classe prolétaire de tous les
quartiers populaires avec les ouvriers organisés dans les syndicats
industriels, d'accélérer le processus de formation d'une nouvelle
fédération syndicale socialiste et de faire en sorte que tous les
petits ruisseaux de mécontentement dans les différents terrains de
lutte soient dirigés l'un vers l'autre pour culminer en un seul
gigantesque flot de colère prolétarienne. Cette marche a le
potentiel de faire du Front uni la force dirigeante dans le
développement d'une alternative politique que des millions de
personnes appellent aujourd'hui de tous leurs vœux : un parti
prolétarien de masse armé d'un programme socialiste.
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