Le Comité national du DSM débat de la crise au Nigeria et dans le monde
Suite et fin de notre rapport de la réunion du Comité national (CN) du Mouvement socialiste démocratique (DSM, section du CIO au Nigeria) qui s'est déroulée du 16 avril au 17 avril, et à laquelle ont participé près de 60 camarades représentant 13 sections du DSM au niveau national, en plus de plusieurs travailleurs du port de Lagos en lutte contre les licenciements. (La première partie du rapport se trouve ici)
DEUXIÈME SESSION (samedi
après-midi)
Situation internationale
Le camarade Abbey Trotsky,
dans son introduction sur la situation internationale, a révélé
l'ampleur de l'échec du capitalisme partout dans le monde, ainsi que
la trahison de la part de partis réformistes dans toute une série
de pays. Dans plusieurs pays, cette situation a suscité une nouvelle
conscience politique qui s'oriente de plus en plus vers l'alternative
socialiste. Aux États-Unis, nous avons connu la réélection de
notre camarade Kshama Sawant au conseil de la ville de Seattle ;
en Irlande, trois de nos camarades ont été élus au parlement
national. On a aussi le phénomène Sanders aux États-Unis, de même
que l'arrivée surprise de Jeremy Corbyn à la tête du Parti
travailliste britannique. Cela montre bien que la trahison des
dirigeants de Syriza en Grèce n'a pas découragé les couches de la
population au Royaume-Uni, en Amérique et en Espagne de soutenir de
nouvelles forces de gauche qui sont perçues comme luttant contre
l'austérité et le règne des milliardaires.
Le monde gémit sous les
pieds dévastateurs du capitalisme mondial. Sur tous les continents
sans exception, la population est tiraillée par de véritables
requins qui s'accaparent l'ensemble des richesses nationales ou
mondiales et qui soumettent l'humanité à une souffrance et à une
misère sans fin.
Au Moyen-Orient et en
Afrique du Nord, toute l'ampleur de la crise du capitalisme est
illustrée par les guerres horribles qui ont défiguré cette région,
dont l'épicentre est la Syrie, et dont les tentacules prennent la
forme de groupes djihadistes tels que l'État islamique et ses
succursales. Cette catastrophe a engendré une crise des réfugiés
sans précédent en Europe et particulièrement en Allemagne, le pays
le plus concerné par cet afflux de réfugiés.
D'un autre côté, partout
dans le monde, la classe prolétaire est en train de résister, comme
on le voit avec les nombreux mouvements qui ont éclaté dans tous
les pays du monde.
En réalité, les crises
et les guerres démontrent l'incapacité et l'échec du capitalisme à
proposer des solutions permanentes à la montagne de problèmes qui
s'accumule sur l'humanité. Plutôt que de proposer une solution à
tous ces problèmes, le capitalisme ne fait que déplacer les
problèmes, nous plongeant encore plus dans la crise. Tout cela a
pour résultat que maintenant, de très nombreuses personnes parmi le
prolétariat – et même parmi la haute bourgeoisie –
ont déjà tiré la conclusion que le capitalisme est en train de
vivre ses derniers instants.
L'Europe n'a toujours pas
récupéré de la récession économique qui a affligé le monde en
2007-2008. Des pays très importants comme la France, l'Italie,
l'Espagne, le Portugal, sans même parler de la Grèce, sont plongés
dans la crise économique et connaissent des taux records de chômage.
Même aux États-Unis, où
il semble y avoir eu une reprise économique au moins de façade,
avec notamment une baisse sensible du chômage, la réalité est que
la crise a engendré plus d'inégalités et que la situation continue
à s'aggraver pour les masses.
La Chine avait joué un
rôle très important en 2007-2008 en permettant à l'économie
mondiale de continuer à tourner et en entretenant les voraces
appétits capitalistes notamment dans les pays néocoloniaux. Mais à
présent, c'est la Chine elle-même qui est en train de sombrer dans
le marasme, sans espoir d'obtenir la moindre aide extérieure.
L'intervention massive, d'une ampleur inégalée dans l'histoire, de
l'État chinois dans son économie avait été possible du fait
qu'une partie très importante de l'économie du pays reste sous le
contrôle de l'État, en plus de l'immensité du pays.
À présent, le monde
néocolonial, qu'on considérait il y a peu comme autant de « marchés
émergents », le grand espoir de l'économie mondiale, est en
devenu le marché « submergé ». Beaucoup de ces pays
connaissent des troubles de grande ampleur, conséquence directe du
ralentissement de l'économie en Chine et de la baisse soudaine des
cours du pétrole.
L'Amérique latine souffre
du ralentissement de l'économie chinoise comme tout le reste du
monde néocolonial. Le Brésil, qui était le plus grand espoir des
pays « BRICS », connait maintenant sa plus grave
récession économique depuis les années '1930. Le chômage est
monté en flèche : plus d'un million de personnes ont perdu
leur travail en moins d'un an. Cette situation est aussi un produit
de la crise en Chine. Les derniers sondages ont révélé que Dilma
Roussef est le président le moins apprécié de toute l'histoire du
Brésil depuis la fin de la dictature militaire en 1985.
En Afrique aussi, l'échec
du capitalisme à développer le continent de manière équilibrée
peut se voir dans la tendance générale des bourgeois locaux à
investir uniquement dans la finance, l'immobilier ou des produits qui
peuvent se vendre immédiatement sur le marché (comme les denrées
alimentaires ou les matériaux de construction) plutôt que de
chercher à opérer des investissements sur le long terme qui
pourraient les mettre en concurrence avec les monopoles occidentaux.
Ces bourgeois locaux jouent en général le rôle d'agents locaux ou
d'intermédiaires pour le capital étranger, sans chercher à
développer leur propre État-nation.
En ce moment, le
gouvernement sud-africain s'apprête à mettre en place une politique
d'austérité drastique, à cause de la récession qui menace et de
la hausse de la dette étatique, conséquences, à nouveau, du
ralentissement de l'économie chinoise. Au Nigeria, c'est la chute
des cours du pétrole en plus de la corruption et des détournements
de haut vol qui font qu'un grand nombre de fonctionnaires et de
pensionnés ne reçoivent plus ni salaire ni pension depuis des mois
et des mois. Au Ghana, ce revirement économique a là aussi brisé
l'espoir de millions de personnes qui pensaient que la découverte de
nouvelles matières premières, comme le pétrole, allait permettre
une amélioration déterminante de leur mode de vie.
Le point tournant
Beaucoup de partis
politiques bourgeois qui existent depuis des dizaines d'années sont
en train de perdre leur base partout dans le monde. C'est là
l'expression du dégout ressenti par les prolétaires des différents
pays. Cette évolution est la conséquence de l'échec du capitalisme
mondial à résoudre les problèmes auxquels est confrontée
l'humanité.
Au Royaume-Uni, l'élection
surprise de Jeremy Corbyn à la tête du Parti travailliste signifie
que ce pays est entré dans une nouvelle période de soubresauts
politiques. Il est important de comprendre que ce n'est pas
l'élection de Corbyn qui a créé ce sentiment, mais qu'elle n'est
justement que l'expression du sentiment bien enraciné de rejet
de l'austérité et des dirigeants sociaux-démocrates de droite, qui
s'est développé tout au long des dernières années.
Un des plus importants
évènements illustrant ce sentiment de rejet des partis
traditionnels par les masses est l'élection de trois camarades du
CIO au parlement irlandais. Leur élection a très certainement
confirmé la justesse de l'orientation politique adoptée par la
section irlandaise du CIO. De la même manière, le flux croissant de
mécontentement parmi les masses prolétaires aux États-Unis a créé
un immense potentiel de croissance des idées socialistes, illustré
par l'élection de Kshama Sawant, le soutien à Bernie Sanders, mais
également la croissance impressionnante des forces du CIO aux
États-Unis. Cependant, même si tout cela semble très prometteur,
il est important de ne jamais oublier que l'on ne peut obtenir de
nouvelles avancées si on ne prend pas le temps de consolider les
avancées déjà obtenues.
Des camarades sont ensuite
intervenus pour critiquer la nouvelle sujétion du Nigeria à
l'impérialisme chinois, l'ampleur abjecte de la corruption révélée
par les « Panama papers », et la manière dont tous les
derniers évènements sont en train d'ouvrir des fissures et des
failles au sein de la classe dirigeante. La perspective de voir
éclater de nouvelles luttes est présente partout, et pas seulement
dans des pays comme le Nigeria ou l'Afrique du Sud qui sont fortement
touchés par la crise. Même en Côte d'Ivoire, un pays qui bénéficie
de la hausse du prix du cacao et de la baisse du prix du pétrole,
des luttes peuvent éclater justement du fait que la nouvelle
prospérité économique affichée ne profite pas à la population.
Dans sa conclusion, le
camarade Lanree Arogundade est entre autres revenus sur la théorie
de Lénine, selon laquelle il faut quatre éléments pour
obtenir une révolution socialiste : 1) la classe dirigeante ne
parvient plus à diriger comme elle le faisait avant et des
déchirements éclatent en son sein ; 2) la classe moyenne est
en ébullition ; 3) la classe ouvrière affiche une volonté
claire de partir au combat et s'organise pour ce faire ; 4) la
classe ouvrière est dirigée par un état-major formé et déterminé
sous la forme d'un parti révolutionnaire doté d'une stratégie et
d'une tactique correctes. Sur les quatre conditions de Lénine, nous
voyons que seule la quatrième manque aujourd'hui au Nigeria et dans
de nombreux pays. Il a également expliqué que la révolution
mondiale se rapproche de plus en plus, surtout vu l'interdépendance
grandissante de tous les pays du monde, et étant donné le caractère
internationaliste de notre organisation.
TROISIÈME SESSION
Rapports des sections et
de nos campagnes
Le premier rapport
organisationnel a été donné par le camarade Chinedu Bosah, sur
l'impact de nos activités dans la lutte des médecins et des
enseignants pour de meilleurs salaires et dans les luttes contre les
licenciements à l'Institut national de recherche sur le cacao,
contre les violences et le racket policier, contre la hausse du prix
de l'électricité, aux côtés des travailleurs d'entreprises
privées (IPWA, La Casera, etc.), etc. tout en informant les
camarades de toutes ces victoires obtenues tant sur le plan légal
que politique. Il a suggéré que les camarades partagent les
rapports de toutes ces luttes sur les réseaux sociaux tout en les
encourageant à plus utiliser nos sites internets en tant qu'outil
pour atteindre un plus grand public avec nos idées et les résultats
de nos actions.
Le deuxième rapport a été
donné par le camarade Taiwo Soweto sur la construction du Parti
socialiste du Nigeria (SPN). Le camarade a décrit le sabotage
conscient opéré par la CEI pour nous empêcher d'enregistrer notre
parti officiellement, ainsi que ses tentatives répétées de trouver
un « arrangement » en coulisses afin d'éviter un procès
judiciaire. Nous avons été chargés d'utiliser le SPN pour
intervenir dans toutes les luttes des travailleurs et de la jeunesse.
Nous devons aussi utiliser le SPN pour intervenir, partout où c'est
possible, dans de futures élections, en propageant notre programme
pour une alternative socialiste auprès de la population, que nous
parvenions à être reconnus ou non.
Le troisième rapport a
été donné par le camarade Michael Lénine, de la section
estudiantine de l'université Obafemi Awolow de Ile-Ife (200 km
de Lagos), sur les interventions de nos camarades dans les luttes
étudiantes partout dans le pays, avec aussi des conférences de
presse, des partages de tracts et des collages d'affiches, des ventes
de notre journal et l'organisation d'actions de masse parmi les
étudiants. Il a suggéré une extension de l'école d'été de notre
Campagne pour le droit à l'enseignement ; d'autres mesures ont
été adoptées par les camarades concernant des initiatives
pratiques visant à unifier l'ensemble des poches de lutte dans le
secteur de l'enseignement.
Le camarade Pelad a donné
un rapport financier de notre organisation, rappelant la nécessité
pour toute organisation révolutionnaire de rendre des comptes en
permanence à sa base. Un total de 27.560 naïras
(80 000 francs CFA) a été rassemblé par les
camarades à l'issue de la réunion, tandis que les promesses de dons
se sont élevées à 69.500 naïras (210 000 francs CFA).
Cet argent doit servir à soutenir la publication de notre journal
ainsi que de nos brochures, en plus de financer notre campagne pour
faire enregistrer le Parti socialiste du Nigeria auprès de la CEI.
La réunion s'est terminée
par des chants de solidarité.
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