Construisons un mouvement citoyen socialiste au niveau national. Luttons pour un emploi, un logement et des services pour tout un chacun
La population du pays est en colère. Elle est en colère parce que, après vingt ans de pouvoir ANC, la majorité d'entre nous vivent toujours dans la pauvreté. À cause du chômage de masse, nombre d'entre nous n'ont rien à se mettre sous la dent. Malheureusement, une minorité de Sud-Africains pensent que ce sont les « étrangers » qui sont responsables de tout cela, et lancent des attaques xénophobes.
Mais la xénophobie n'est pas une solution à nos souffrances. La misère et le chômage sont des conséquences du capitalisme, pas de la présence de travailleurs et pauvres étrangers sur notre sol. C'est le système capitaliste qui empêche la classe des travailleurs d'Afrique du Sud de recevoir leur part de la richesse du pays. Les deux capitalistes les plus riches dans ce pays possèdent autant que les 26 millions les plus pauvres – ce sont eux qui la cause de notre ruine !
Texte d'un tract du Parti ouvrier et socialiste d'Afrique du Sud (WASP), distribué dans les quartiers et dans les entreprises d'Afrique du Sud.
Le gouvernement ANC soutient la politique capitaliste. Le gouvernement ANC dit que les logements sociaux ne devraient pas être disponibles aux personnes âgées de moins de 40 ans. Le gouvernement ANC baisse les taxes sur les grandes entreprises mais ne fait rien pour accompagner les PME. Le gouvernement ANC n'a toujours pas adopté un salaire minimum national. Le gouvernement ANC laisse les grandes entreprises licencier. Le gouvernement ANC applique un contrôle des frontières qui sert les intérêts des riches. Le gouvernement ANC et ses amis capitalistes nuisent à la paix, à la prospérité et aux droits démocratiques au Congo, en Somalie et ailleurs en Afrique, ce qui pousse les habitants de ces pays à partir se chercher ailleurs. Et puis le gouvernement ANC dit aux Sud-Africains que ce sont les étrangers qui « nous volent notre emploi » ! Ne le laissons pas nous blaguer !
Les pauvres citoyens étrangers ne sont pas venus ici parce que l'Afrique du Sud est un paradis. Ils sont venus ici parce que la vie dans leur pays est un enfer causé par la guerre et la ruine de l'économie. Comme tout un chacun dans nos quartiers, ils cherchent juste à survivre.
Mais le gouvernement ANC a abandonné nos quartiers. Les maires et conseillers ANC sont corrompus et inutiles, ils ne nous aident pas. Les organes de la société civile pro-ANC sont corrompus et refusent de mener le moindre mouvement. Au niveau de l'attribution des logements sociaux, c'est l'injustice et la corruption. La lutte pour l'emploi est devenue une vaste mêlée où les frères et les sœurs sont prêts à s'entretuer pour une journée de travail. Les patrons vampires nous liguent les uns contre les autres car c'est ce qui leur permet de diminuer les salaires. Mais tout ça peut changer !
Nous devons nous organiser
Le régime d'apartheid a été renversé par une lutte de masse organisée autour des principes de non-racialisme et de non-tribalisme, avec le soutien de la population du monde entier. Il nous faut reconstruire cette unité de la classe prolétaire et dans les quartiers pauvres. Nous devons remplacer le chaos de la politique capitaliste du gouvernement ANC par une politique socialiste. Nous devons entamer une planification de la vie économique de nos quartiers afin de relever le niveau de vie pour tous. Pour faire cela, il nous faut bâtir une solidarité et une coopération de classe entre l'ensemble des membres de la communauté, qu'ils soient sud-africains ou étrangers, immigrés « légaux » ou « clandestins ». La xénophobie et la violence, les meurtres et la division ne cesseront pas du fait de descentes de la police ou de l'armée, mais uniquement par la résistance de nos organisations de quartier. Voici la réponse à la xénophobie. Voici la réponse à la misère et au chômage. Nous devons organiser nos quartiers, nous devons nous unir !
Dans de nombreux quartiers, de nouveaux comités de crise, mouvements sociaux et parlements locaux ont été créés. Nous devons tout faire pour créer ce genre d'organes là où ils n'existent pas. Ces structures doivent s'associer pour former un nouveau mouvement citoyen socialiste au niveau national. Un mouvement citoyen national pourrait lancer des campagnes pour la construction de logements et pour la création d'emplois dans tout le pays. Un mouvement citoyen national pourrait coordonner l'ensemble des mouvements locaux contre les coupures d'eau, coupures d'électricité, pour les transports et les services publics en un seul mouvement national dont la puissance permettrait de lutter pour le développement de nos quartiers.
Nous proposons ci-dessous un programme socialiste qui pourrait permettre à nos communautés de quitter l'impasse de la violence xénophobe pour mener une lutte sérieuse pour la création d'emploi, la construction de logements et des services publics de qualité dans tout le pays. Nous appelons tous nos quartiers et les structures de nos quartiers à soutenir ce programme, à chercher à le faire appliquer et à nous rejoindre dans la construction d'un mouvement citoyen socialiste au niveau national.
Lutte de quartier en Afrique du Sud : « Nous voulons de l'eau, de l'électricité et des toilettes » |
Organisons nos quartiers
• Construire des organisations de quartier démocratiques et de masse dans chaque quartier. Ces organisations doivent impliquer L'ENSEMBLE des habitants, qu'ils soient sud-africains ou étrangers. Si des habitants d'origine étrangère désirent participer à ces organes, les Sud-Africains doivent tout faire pour assurer qu'une confiance mutuelle se mette en place et pour les intégrer dans la gestion du quartier. Les citoyens étrangers doivent soutenir les luttes des quartiers dans lesquels ils vivent.
• Non à la corruption. Il faut une transparence totale du travail des organes de quartier à tous niveaux. On doit pouvoir critiquer et révoquer les dirigeants.
• Réunir toutes les organisations de quartiers en un mouvement citoyen socialiste au niveau national.
Créer des emplois, partager l'emploi équitablement
• Le mouvement citoyen socialiste doit lutter pour un salaire minimum et le faire respecter au niveau national, pour un programme de création d'emploi, pour que tout le monde qui veut un travail puisse en avoir un, et pour des réunions de sans-emplois avec les employeurs afin de s'assurer qu'à un emploi proposé correspond une personne compétente. Il faut mener campagne pour une allocation chômage universelle.
• Empêcher les patrons vampires d'utiliser les travailleurs étrangers pour faire baisser les salaires ! Les organes de quartier et les entreprises locales doivent convenir d'un salaire minimum de quartier que les organes de quartier feront respecter.
• Les organes de quartier doivent établir une liste des sans-emplois, sud-africains comme étrangers, et de leurs compétences. Les entreprises locales (y compris celles appartenant à des étrangers) doivent engager un certain quota de travailleurs tirés de cette liste, en fonction du contexte de l'entreprise. Cette liste doit être régulièrement inspectée par des représentants du quartier afin d'éviter la corruption.
• Les organisations de quartiers doivent organiser une rotation des travailleurs sud-africains et étrangers pour les emplois temporaires, afin de garantir que chacun puisse travailler quand vient son tour.
Concurrence entre commerces
• Le mouvement citoyen socialiste national doit lutter pour l'établissement de coopératives d'État qui regroupent les petits agriculteurs et les petits commerçants. Il faut un réseau commercial d'État pour garantir un apport de produits vivriers et autres denrées de base à bas prix ; des crédits bon marché et facilement disponibles pour les petites entreprises et pour ceux désirant lancer leur propre petit projet ; un contrôle des prix et des marchés garantis.
• Un accès égal à tous les réseaux commerciaux existant : par exemple, les Sud-Africains doivent avoir accès aux réseaux commerciaux détenus par les étrangers dans les quartiers.
Logement
• Le mouvement citoyen socialiste national doit mener une lutte pour un programme de construction de logements en masse afin de donner à chaque personne un logement décent, avec l'électricité, l'eau et la collecte des déchets garantie et à bas prix. Goudronner chaque rue ou ruelle.
• Les listes d'accès aux logements doivent être placées sous le contrôle démocratique des organes de quartier. Dégager les conseilles municipaux et les entrepreneurs immobiliers corrompus ! Des critères objectifs et équitables doivent être détaillés afin de pouvoir définir la priorité dans l'attribution des logements (y compris des logements déjà existants), en fonction du nombre de personnes à charge, du temps passé sur la liste d'attente, etc. Aucune discrimination entre étrangers et nationaux. Les listes d'attente pour le logement doivent être régulièrement inspectées par des représentants des quartiers afin d'éviter la corruption.
Criminalité
• Organisation pour mettre un terme à la violence xénophobe. Lorsqu'il existe une menace de violence, organiser la protection des étrangers et de leurs commerces, sous le contrôle démocratique des organes de quartier, avec une participation de masse des habitants.
• Non au crime, non aux drogues. Lutter pour des programmes de réinsertion gratuits et de qualité pour les drogués et les anciens drogués. Organiser des programmes de vigilance de quartier sous le contrôle démocratique des organes de quartier et avec une participation de masse des habitants. Tous les vendeurs de drogue, tous les brouteurs, microbes et autres criminels – nationaux comme étrangers – doivent être amenés devant la police et chassés du quartier s'ils refusent de demander pardon.
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La lutte est politique
Nous pouvons commencer à organiser nos quartiers sur base de ce programme socialiste dès aujourd'hui. Nous pouvons entamer des démarches pour construire un mouvement citoyen au niveau national dès aujourd'hui. Nous pouvons nous préparer pour une coordination nationale des luttes de masse pour un salaire minimum, pour l'emploi et pour la construction de logements dès aujourd'hui.
Nous devons aussi soutenir la création d'un nouveau parti prolétarien de masse armé d'un programme socialiste pour lutter pour le pouvoir politique, afin de pouvoir créer une société socialiste où on pourra remplir les besoins de tout un chacun.
Lors des élections municipales de 2016, les organes de quartier doivent envoyer leurs propres candidats contre l'ANC et contre les autres partis qui soutiennent le capitalisme. Nous devons prendre le contrôle sur toutes les prise de décisions dans nos quartiers.
Frontières et immigration
Il n'y a pas moyen d'arrêter l'immigration. L'Afrique du Sud a une immense frontière terrestre. Si les gens sont désespérés de venir, ils vont toujours trouver un moyen. Même la mer Méditerranée qui s'étend entre l'Europe et l'Afrique ne suffit pas. Plus de 800 personnes désespérées s'y sont encore noyées la semaine passée.
Nous ne pouvons pas soutenir l'idée d'un renfort de la police et de l'armée pour « sécuriser » la frontière, comme le propose l'ANC. Ce n'est de toutes façons pas possible. Par contre, les renforts dans la police et l'armée seront utilisés pour protéger le capitalisme contre nos mouvements. C'est ce qui s'est passé à Marikana, quand les miniers en grève pour de meilleurs salaires ont été abattus. Gwede Mantashe, le secrétaire général de l'ANC, a déjà menacé d'envoyer l'armée dans les quartiers pour faire cesser la violence xénophobe, au lieu de se pencher sur le problème de fond qui est celui du manque d'emplois et de la misère.
La politique d'immigration du gouvernement ANC est conçue dans le but d'aider la classe capitaliste. Elle permet aux travailleurs étrangers de rentrer dans le pays afin d'y être exploités par les capitalistes pour accroitre leurs profits. Puis le gouvernement ANC encourage la xénophobie parmi les travailleurs sud-africains pour les empêcher de mener une lutte unie aux côtés de ces frères et sœurs étrangers qui sont exploités.
Nous devons exiger des syndicats qu'ils intègrent les travailleurs étrangers, afin de mettre un terme à cette spirale vers le bas au niveau des salaires. Nous devons demander la mise en place d'une commission ouvrière et communautaire afin de réviser le système migratoire sud-africain. Si des étrangers décident un jour de rentrer dans leur pays, ils doivent être armés d'une formation socialiste et de notre solidarité afin de lutter chez eux contre la guerre, la ruine économique et la dictature qui les a contraints à quitter leurs foyers. Nous devons lutter pour étendre le socialisme à tout le continent africain et au monde entier.
Nous n'avons pas la moindre confiance en le gouvernement ANC et en la classe capitaliste ! Nous devons lutter pour un gouvernement des travailleurs, pour que la classe des travailleurs puisse prendre le contrôle des frontières et de l'immigration. Cela nous permettra de mettre en place une politique migratoire humaine et prolétarienne. Un gouvernement des travailleurs avec une politique socialiste pourrait planifier l'intégration des étrangers dans nos quartiers et mettre un terme à la concurrence pour les emplois, les logements et les services qui suscitent des tensions et de la xénophobie tant que la classe capitaliste est au pouvoir.
Luttons pour un gouvernement des travailleurs. Luttons pour le socialisme.
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