dimanche 21 juin 2015

CI : Meeting de la CNC place Ficgayo

Une véritable fête des retrouvailles pour la gauche ivoirienne




Le CIO-CI était présent hier au meeting de la Coalition nationale pour le changement, place Ficgayo à Yopougon. Cette manifestation était la première manifestation de l'opposition autorisée en Côte d'Ivoire depuis la prise du pouvoir par Alassane Ouattara en avril 2011. Pour beaucoup de militants, il s'est agi d'une véritable bouffée d'oxygène, l'occasion de se retrouver après des années de souffrance et de se réjouir de cette liberté qui nous est donnée. Voici un premier compte-rendu de cette journée.

CIO-CI



L'ambiance était véritablement bon enfant hier sur la place Ficgayo. Dans la foule, nombreuse, on voyait de nombreuses personnes s'embrasser, contentes de se retrouver. Pour la plupart de nos militants également, cette « fête » a été l'occasion de revoir de vieilles connaissances et compagnons de lutte. On sentait un véritable vent de liberté. Après des années de silence et d'isolement, les militants de l'opposition peuvent enfin se rassembler pour discuter de la suite à donner au mouvement pour la démocratie en Côte d'Ivoire. 

Cet enthousiasme et la soif d'idées qui l'accompagne s'est illustré de manière particulièrement concrète avec la vente de notre bulletin, L'Étincelle. Notre camarade Gbalégnaly en particulier a récolté plus de 7000 francs. 

C'est d'ailleurs l'occasion de souligner que le CIO-CI, même s'il fait partie d'une structure mondiale, est un mouvement entièrement financé par l'activité et les cotisations de ses propres membres. La deuxième édition de notre bulletin, L'Étincelle, imprimé à 200 exemplaires pour un cout de 8000 francs, nous a au total rapporté 26 000 francs, soit un bénéfice de 16 000 francs qui est entièrement consacré à l'achat de matériel militant : impression de tracts, bannières, etc. Que cela serve de leçon à tous les soi-disant « révolutionnaires » qui ne peuvent fonctionner sans aucun financement de l'extérieur. Le CIO-CI se finance par la seule force militante et par la seule puissance de ses idées.

Lors de ce meeting, nous avons pu avoir des discussions très enrichissantes avec de nombreux militants, notamment sur la suite à donner à ce mouvement. Nous avons ainsi pu discuter avec les camarades du Panel, de la Liges, de la Fesci, du FPI des deux tendances, etc. 


Une liberté « concédée »

Il faut cependant remarquer que si ce meeting a pu se tenir, ce n'est pas le résultat de l'activité de terrain des militants et de la lutte sociale. Il s'agit purement d'un arrangement entre l'impérialisme et son « gérant » dans le pays, M. Ouattara. L'importante présence de l'ONUCI et de représentants de l'impérialisme (reporters de France 24, représentants de diverses ambassades, etc.) indique que nous n'avons pas de quoi être « fiers » de la bonne tenue de ce meeting. Dans l'esprit de ces personnes, il ne s'agit que d'une occasion pour les militants de l'opposition de se divertir un peu, pour éviter que les choses plus sérieuses n'arrivent.

Aujourd'hui, le FPI n'a toujours pas pu se ressaisir depuis la perte du pouvoir et a perdu toute base idéologique (à moins que « On veut Gbagbo » soit devenu une idéologie). Ce parti n'est dès lors plus en mesure de mobiliser les larges couches de la population au-delà de ses propres militants. C'est pourquoi ce parti se retrouve contraint de se compromettre dans des coalitions avec des politiciens de droite envers qui les militants du FPI n'éprouvent pourtant aucune sympathie. Tout se passe comme si le FPI utilisait ces politiciens en tant que couverture pour permettre à ses propres militants de pouvoir manifester. 

Le problème reste aussi que à part le slogan « Ouattara dégage », aucune alternative n'est proposée aux militants et à la population de Côte d'Ivoire. D'ailleurs, la coalition est profondément divisée à ce sujet. Si les opposants de droite (Banny, Coulibaly, KKB…) tiennent à ce que la population aille se faire enrôler pour pouvoir voter pour eux, le FPI pro-Sangaré appelle au boycott des élections et au non-enrôlement. Donc, quand bien même Ouattara déciderait de ne pas se présenter, à qui donner le pouvoir ? À une transition imposée par l'impérialisme et gérée par Essy Amara ?

Il est temps que le FPI se ressaisisse et retourne à ses bases idéologiques qui sont le socialisme. La lutte pour la démocratie en Côte d'Ivoire ne peut se cantonner à des marches ou à des meetings aux allures de fête populaire. Seule une action de masse des travailleurs des zones industrielles, des grandes plantations, du port… coordonnée par les parlements et agoras pourra nous amener à un « changement » digne de ce nom. Tant que l'on ne frappera les dirigeants là où ça fait mal – au portefeuille –, on ne pourra rien. La lutte politique passe nécessairement par une lutte économique, menée avec l'ensemble des travailleurs de Côte d'Ivoire. 

Voir nos autres articles au sujet de la CNC :

– Sur la marche du 9 juin : ici
– Sur la naissance de la Coalition : ici

Vente de notre bulletin L'Étincelle, par les camarade du CIO-CI
Plus de 7000 francs ont été récoltés


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