C’est le 28 janvier 2016 qu’a débuté, après une longue attente, le procès de Laurent Gbagbo à la CPI. Pendant que beaucoup d’Ivoiriens, d’Africains et des gens de gauche un peu partout dans le monde se mobilisent soit pour le défendre, soit pour l’attaquer, le CIO-CI préfère garder son calme pour établir ici une analyse objective de ce procès.
Nous avons, il est vrai, une certaine sympathie pour Laurent Gbagbo qui a toujours déclaré vouloir s’opposer à la mainmise de l’impérialisme occidental sur notre économie et sur la vie politique de notre pays. Gbagbo, de plus, s’est toujours affirmé « socialiste », contribuant à propager cette idée parmi de larges couches de la jeunesse et des travailleurs ivoiriens.
Cependant, nous ne pouvons affirmer que Gbagbo n’est pas responsable de ce qui est arrivé à notre pays.
En effet, Laurent Gbagbo a engagé la Côte d’Ivoire (peut-être sans le vouloir) dans un processus révolutionnaire qui a pu compter sur un véritable engouement parmi une partie des masses ivoiriennes, mais auquel plusieurs cadres et militants de son parti n’étaient certainement pas préparés idéologiquement.
L’objectif de la révolution ivoirienne selon Gbagbo devait se cantonner à obtenir une démocratie bourgeoise développée en Côte d’Ivoire, tout en restant dans le cadre du système capitaliste. Il s’agissait en fait de créer un « capitalisme ivoirien ».
Mais (comme il fallait s'y attendre !), l’impérialisme ne l’entendait pas de cette oreille et a réagi de façon extrêmement brutale et sournoise. Pris de court, Gbagbo et son gouvernement ont tout fait pour tenter d’amadouer l’impérialisme en faisant marche arrière sur plusieurs points cruciaux de leur programme. C’est ainsi par exemple (entre autres) que le port d’Abidjan, si important pour l’économie ivoirienne, a été privatisé et vendu pour une bouchée de pain à Bolloré et que l’eau, l’électricité et les télécoms sont restées entre les mains de Bouygues.
En même temps, le régime a tout fait pour consolider son pouvoir en cadenassant les mouvements citoyens de gauche qui cherchaient à se développer de manière autonome. Ainsi, la répression des dissidences à la Fesci, la mise au pas des agoras et parlements, le contrôle sur les syndicats de travailleurs, etc.
Tout cela n’a pas suffi à convaincre l’impérialisme d’abandonner ses sinistres projets. Au contraire, chaque pas en arrière était perçu comme un signe de faiblesse. Nous nous sommes donc vus entrainés malgré nous dans une révolution dont les leaders n’étaient pas prêts à assurer la victoire finale.
Nous pensons que ni la CPI impérialiste, ni le système judiciaire ivoirien à sens unique, n’a la légitimité pour juger les acteurs de la crise ivoirienne et que tout procès sera forcément biaisé. Quel que soit le verdict final, une partie de la population ivoirienne ne sera jamais prête à l'accepter. On n'aura donc résolu aucun problème.
Pour nous, le jugement doit se faire par une assemblée de masse composée de simples citoyens élus afin de représenter les habitants de chaque quartier et de chaque village du pays.
Ce n’est qu’ainsi que la vérité pourra éclater au grand jour et aboutir à la réconciliation tant
souhaitée par le peuple ivoirien.
Voir aussi à ce sujet :
– Les origines du FPI et la crise actuelle (cliquer ici)
– Blé Goudé : un opportuniste petit-bourgeois à La Haye (cliquer ici)
– Laurent Gbagbo : leçons pour l'avenir (cliquer ici)
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