Le Comité national
du DSM débat de la crise au Nigeria et dans le monde
La réunion du Comité
national (CN) du Mouvement socialiste démocratique (DSM, section du
CIO au Nigeria) qui s'est déroulée du 16 avril au 17 avril
s'est déroulée dans une période où d'importantes transformations
commencent à se faire sentir au Nigeria, vu la recrudescence de toute
une série de crises et l'incapacité du gouvernement à endiguer le
déclin du pays. Cela a pour effet d'accroitre la pression à la base
de la société et le désir d'agir. Cette pression a déjà
contraint les dirigeants des syndicats à annoncer la tenue prochaine
d'une « journée nationale de grève d'avertissement »,
même si aucune date n'a encore été donnée.
Près de
60 camarades ont participé à cette rencontre, représentant
13 sections du DSM au niveau national. La plupart d'entre eux
sont de jeunes gens actifs sur les universités ou dans d'autres
sphères de notre activité dans les quartiers. Nous avons également
accueilli plusieurs travailleurs du port de Lagos, en lutte contre
l'injustice et les licenciements sur leur lieu de travail. La
rencontre a débuté par une discussion sur les perspectives pour le
Nigeria et sur le plan international, qui a pris toute la journée du
samedi 16, tandis que le dimanche 17 a été consacré à
des rapports des activités de nos différentes sections tout au long
des derniers six mois, ainsi qu'à une discussion sur la construction
du Parti socialiste du Nigeria, en cette période où la population
est clairement de plus en plus dégoutée de l'ensemble des partis
politiques bourgeois de notre pays.
Rapport par le camarade Ibukun Omole, Mouvement socialiste démocratique (section du CIO au Nigeria)
PREMIÈRE SESSION :
(samedi matin)
Souffrance sans fin
sous Buhari : où est le changement promis ?
Le camarade AJ Dagga Tolar ouvre le débat avec un rapport sur la situation économique et politique qui prévaut au Nigeria |
La session s'est
ouverte par une introduction du camarade AJ Dagga Tolar, qui a
décrit le sentiment de déception ressenti par la plupart des
Nigérians aujourd'hui face au régime Buhari, dans lequel ils
avaient placé de nombreuses illusions d'espoir. Le camarade a décrit
les accords obtenus lors du voyage de Buhari en Chine, présentés
comme une solution mais qui ne feront que remplacer un impérialisme
(occidental) par un autre (chinois). Il a également noté
l'intensification de la pénurie d'essence et d'électricité, en
accusant le système capitaliste de causer cette crise. Il a de même
critiqué les nombreuses excuses inventées par le régime APC (le
parti de Buhari) dans leur tentative de se décharger de la moindre
responsabilité.
Le camarade Dagga a
également lié les nombreux problèmes d'insécurité qui sévissent
dans le pays à la situation de chômage et de sous-emploi, en plus
des bas salaires, des licenciements dans le secteur privé comme
public, créant une véritable armée de chômeurs qui luttent pour
la survie dans nos rues. C'est cette misère, couplée à la question
nationale non résolue et au piètre état de notre système
d'enseignement, qui provoque et nourrit des insurrections et des
conflits tels que le Boko Haram, les conflits entre cultivateurs et
éleveurs peuls, les pogroms anti-chiites, les groupes séparatistes
du Biafra, le pillage des pipelines par des milices et les
enlèvements et meurtres rituels par des sorciers et féticheurs.
Dagga a également
insisté sur la nécessité pour les jeunes camarades du DSM de se
former aussi rapidement que possible dans l'idéologie marxiste afin
de pouvoir prendre à bras le corps la tâche historique qui leur est
confiée. Car en vérité, le camarade Dagga en est certain : le
Nigeria se relèvera de sa crise économique présente, mais cela ne
pourra être accomplie que par la classe prolétaire en lutte afin de
briser la chaine du capitalisme et d'opérer la régénération
socialiste du pays.
Pour les
socialistes, la crise sociale et économique du Nigeria, de même que
la corruption qui affecte nos élites dirigeantes comme une peste, ne
sont que les produits du capitalisme. C'est pourquoi tous les efforts
de Buhari pour mettre un terme à ces crises sont vouées à l'échec
encore et encore, car nulle solution ne pourra y être trouvée tant
que l'on restera dans ce système. Le début de la fin de ces crises
ne pourra être trouvé qu'à partir du moment où l'ensemble des
secteurs stratégiques de l'économie – les banques, le
pétrole, etc. – aura été nationalisé, sous la gestion
démocratique des travailleurs. Ce n'est qu'à ce prix qu'on pourra
mettre un terme au pillage systématique des ressources du Nigeria
tout en créant les conditions pour la mise en place d'une politique
socialiste de développement de tout le pays. C'est là le but du
Parti socialiste du Nigeria en tant que coalition formée par le DSM,
section du CIO au Nigeria.
Malheureusement, malgré
la puissance de la classe ouvrière du Nigeria en tant qu'acteur
potentiel de changement, la direction réformiste du mouvement
syndical continue à agir en tant que frein, qui ne fait que nous
entrainer d'un compromis pourri à l'autre avec les patrons et leurs
gouvernements capitalistes. C'est pourquoi, malgré les nombreuses
opportunités qui leur ont été offertes, les dirigeants syndicaux
ont échoué à construire un véritable parti prolétarien de masse.
Le Parti travailliste qui avait été mis sur pied par les syndicats
a depuis été complètement récupéré par des politiciens
bourgeois. Cela fait maintenant plusieurs jours que les deux
principales fédérations syndicales du pays, le NLC et le TUC, ont
fait connaitre leur intention d'appeler à une grève nationale pour
lutter contre la hausse du prix de l'électricité et contre la
pénurie d'essence qui ont encore aggravé le sort des masses
laborieuses. Mais jusqu'à aujourd'hui, aucune date n'a encore été
donnée pour cette grève ; sans même parler du moindre plan de
mobilisation. Pendant ce temps, la crise sociale et économique
continue, tandis que le prix des services de base et des denrées
alimentaires ne cesse d'augmenter.
C'est face à cette
situation que, tout en appelant la direction réformiste des
syndicats à agir, les socialistes se tournent vers les masses des
travailleurs et de la jeunesse qui ont décidé de partir en action
dans les quartiers et sur les campus autour de la question du prix de
l'électricité et toute une série d'autres problèmes graves, dans
le but d'intensifier ces luttes et de les encourager à s'unir pour
pouvoir mener une lutte plus efficace contre le gouvernement et
contre les patrons des compagnies électriques. Notre tâche, en tant
que socialistes, est d'intervenir dans l'ensemble de ces luttes avec
pour objectif d'armer la classe prolétaire de la connaissance de la
cause de toutes leurs souffrances, et de la conscience qu'il existe
une alternative à cette misère, qui est le socialisme.
Il n'y aura pas de
socialisme sans véritable libération des femmes
La camarade Abibat Jimoh défend la cause de l'émancipation des femmes en tant que nécessité pour la révolution socialiste |
La camarade
Abibat Jimoh, de la section du DSM à Aguégué (un quartier
populaire de Lagos), a ouvert une discussion sur « Pourquoi
les socialistes doivent se battre pour la libération des femmes ». Elle a rappelé dans son discours que nous ne pouvons ignorer la situation d'oppression que vit
plus de la moitié de la population : « Il ne peut y avoir
de socialisme sans véritable libération des femmes ». Elle est revenue sur les nombreux cas de harcèlement et de viol, en particulier
dans le temple du savoir, nos universités, où il est devenu la
norme que les professeurs ne donnent pas de notes à leurs apprenants tant qu'ils n'ont pas pu coucher avec elles (dans le cas des filles) ou avec leurs copines et/ou sœurs (dans le cas des garçons). Nous devons
absolument agir contre ce système patriarcal afin d'obtenir justice
pour les femmes, tout en comprenant bien que la cause fondamentale du
sexisme est économique, que le sexisme est encouragé et engendré
par le capitalisme.
Un message de
solidarité a été lu de la part du groupe sympathisant du Comité
pour une Internationale ouvrière en Côte d'Ivoire. Dans leur
message, les camarades faisaient état des luttes qui sont en train
de se développer en ce moment en Côte d'Ivoire, en particulier dans
le secteur de l'enseignement, contre la politique de privatisation
mise en place par le gouvernement capitaliste de Ouattara. Ce message
a contribué à renforcer la compréhension des camarades sur le fait
que partout, la classe prolétaire et les masses pauvres sont
confrontées à la même tâche qui est la mise à bas du
capitalisme.
Les intervenants
sont revenus sur l'importance de convaincre des personnes de même
esprit que nous à rejoindre notre organisation, tout en assurant une
croissance et un approfondissement rapides de leur idéologie, pour
nous permettre de répondre aux défis que représente la présence
crise du capitalisme.
Le camarade Segun Sango, secrétaire général du DSM, a répondu à la question de savoir si l'on ne risque pas de revenir à une dictature militaire, en disant qu'une telle probabilité parait peu élevée, étant donné le contexte de tensions entre différentes ethnies et les nombreuses tendances au séparatisme, qui risqueraient d'exploser en cas de mise en place d'une nouvelle dictature. Segun a néanmoins accepté le fait que la question d'un éventuel retour à un régime militaire est effectivement largement débattue parmi la population nigériane, révélant l'ampleur de la frustration qui vit parmi le peuple face à ce gouvernement capitaliste. Il a également mentionné le fait que la mise en place d'une semi-dictature pourrait être de plus en plus perçue comme une éventuelle solution parmi la population si le mouvement syndical devait échouer à s'emparer de la tâche historique qui lui est confiée d'orienter la colère des Nigérians de manière constructive, à des fins révolutionnaires.
Le camarade Segun Sango, secrétaire général du DSM, a répondu à la question de savoir si l'on ne risque pas de revenir à une dictature militaire, en disant qu'une telle probabilité parait peu élevée, étant donné le contexte de tensions entre différentes ethnies et les nombreuses tendances au séparatisme, qui risqueraient d'exploser en cas de mise en place d'une nouvelle dictature. Segun a néanmoins accepté le fait que la question d'un éventuel retour à un régime militaire est effectivement largement débattue parmi la population nigériane, révélant l'ampleur de la frustration qui vit parmi le peuple face à ce gouvernement capitaliste. Il a également mentionné le fait que la mise en place d'une semi-dictature pourrait être de plus en plus perçue comme une éventuelle solution parmi la population si le mouvement syndical devait échouer à s'emparer de la tâche historique qui lui est confiée d'orienter la colère des Nigérians de manière constructive, à des fins révolutionnaires.
Les travailleurs
portuaires présents, qui ont été injustement licenciés par leurs
patrons sans la moindre compensation, ont dit apprécier le rôle
joué par le DSM dans leurs luttes et ont exprimé leur assurance
d'obtenir une victoire prochaine dans leurs luttes.
La session a été
conclue par le camarade Kola Ibrahim, qui nous a encouragés à aller
porter nos idées parmi les masses afin de leur expliquer la nature
de l'alternative socialiste face au capitalisme agonisant et à
l'échec de la politique de Buhari.
Il nous a aussi enjoints de nous pencher plus en détail sur la question des conflits entre cultivateurs et éleveurs peuls : selon lui en effet, tout comme la société des cultivateurs, la société des éleveurs peuls se divise entre petits et grands éleveurs de bétail. Certains de ces grands éleveurs sont en fait comme de grands capitalistes, qui tireront plus de profits que les autres d'éventuels subsides, infrastructures et services agronomiques de la part du gouvernement. Oui, nous devons défendre l'idée de plus d'investissements dans l'agriculture et l'infrastructure de la part du gouvernement et de plus de subsides aux coopératives de paysans. Mais nous devons clairement insister sur le fait que pour nous, ces bénéfices doivent avant tout servir les intérêts des paysans, éleveurs et manœuvres agricoles pauvres, et non ceux des grands planteurs et des grands éleveurs qui sont déjà en train de se frotter les mains à l'annonce des soi-disant solutions proposées par le gouvernement – comme la loi sur le pâturage qui est soumise en ce moment à l'approbation de l'assemblée nationale.
Il nous a aussi enjoints de nous pencher plus en détail sur la question des conflits entre cultivateurs et éleveurs peuls : selon lui en effet, tout comme la société des cultivateurs, la société des éleveurs peuls se divise entre petits et grands éleveurs de bétail. Certains de ces grands éleveurs sont en fait comme de grands capitalistes, qui tireront plus de profits que les autres d'éventuels subsides, infrastructures et services agronomiques de la part du gouvernement. Oui, nous devons défendre l'idée de plus d'investissements dans l'agriculture et l'infrastructure de la part du gouvernement et de plus de subsides aux coopératives de paysans. Mais nous devons clairement insister sur le fait que pour nous, ces bénéfices doivent avant tout servir les intérêts des paysans, éleveurs et manœuvres agricoles pauvres, et non ceux des grands planteurs et des grands éleveurs qui sont déjà en train de se frotter les mains à l'annonce des soi-disant solutions proposées par le gouvernement – comme la loi sur le pâturage qui est soumise en ce moment à l'approbation de l'assemblée nationale.
Le camarade Kola Ibrahim a
également appelé l'ensemble des camarades à utiliser les documents
mis à leur disposition lors de la réunion du CN pour la formation
au sein de leurs sections respectives, et d'utiliser les diverses
questions soulevées dans ces documents pour susciter des débats au
sein de leurs sections. Il a également fait la proposition de
rédiger une brochure décrivant la manière dont les socialistes
peuvent mettre en place des sections locales du Parti socialiste du
Nigeria (SPN). Le camarade a également soulevé l'idée de produire
un flyer ou poster du SPN qui reprendra les principaux points de
programme de ce parti afin de les faire connaitre à la population.
(la suite ici)
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