jeudi 16 août 2018

Monde : Rapport de l'école d'été 2018 du CIO


Dix ans après la crise de 2007-2008, le capitalisme n'a toujours pas trouvé la solution


L'école d'été du CIO 2018 à Barcelone, à laquelle étaient présents 400 camarades venus de trente pays du monde, s'est ouverte par une discussion extrêmement animée et pleine de confiance sur les troubles et le chaos auxquels est confronté le capitalisme mondial, ainsi que les perspectives pour la lutte de classes et le socialisme. Cette session a été introduite par Peter Taaffe, fondateur du CIO et SG du Parti socialiste d'Angleterre et du pays de Galles, et conclue par Tony Saunois, SG du Secrétariat international du CIO.


Peter a mis en avant les nombreux revirements qui se sont produits au cours de cette année particulièrement chamboulée, où on a vu une nette accélération du rythme des évènements partout dans le monde. Le CIO a de son côté joué un rôle majeur dans toute une série d'importantes batailles, comme la grande victoire en Irlande avec le référendum sur le droit à l'avortement, les interventions spectaculaires de nos camarades espagnols dans de nombreuses luttes, dont le mouvement pour l'indépendance de la Catalogne et le mouvement contre les violences faites aux femmes. Une fois de plus, le Syndicat étudiant espagnol a joué un rôle irremplaçable en tant que catalyseur pour l'opposition de masse.

Notre camarade Barbara, d'Espagne, a donné un compte-rendu détaillé des nombreuses luttes des femmes prolétaires contre l'oppression, et de l'effet que cela a eu sur la conscience politique dans son pays. En Espagne, ces mouvements ont principalement mobilisé des femmes prolétaires, sans que les dirigeants des principaux partis politiques ne s'en mêlent. Notre section espagnole, Gauche révolutionnaire, a organisé une plateforme, « Libres et combattives », contre les dirigeantes féministes bourgeoises qui étaient opposées à notre idée d'une grève étudiante le 10 mai pour protester face à la remise en liberté des cinq violeurs des fêtes de Pampelune, justement parce que l'idée d'une grève menace le système.

Peter a poursuivi pour rappeler que de telles luttes font partie du processus plus global de la révolte naissante de la jeunesse, des femmes et des travailleurs en cette nouvelle période de bouleversements mondiaux.

Grève des femmes en Espagne

L'Amérique latine

Cette révolte a été illustrée lors des dernières semaines par la véritable insurrection sociale et parlementaire qui a pris le Mexique, où on a vu la victoire d'Andrés Manuel López Obrado (« AMLO ») avec plus de 30 millions de votes, après que ses deux premières tentatives pour se faire élire aient échoué en raison de la fraude électorale. Il y a présent deux chemins possibles pour le nouveau gouvernement mexicain et la population de ce pays : soit la confrontation avec le capitalisme et le féodalisme, non seulement au Mexique mais dans le monde (y compris vis-à-vis du capitalisme états-unien, son voisin direct) ; soit la route du compromis, des reculs et de la défaite inéluctable, comme nous l'avons déjà vu ailleurs en Amérique latine. L'élection de AMLO pourrait être le prélude d'importantes confrontations ; la position du Mexique illustre d'ailleurs bien la théorie de la révolution permanente, étant donné les liens de ce pays tant avec le monde néocolonial qu'avec les pays capitalistes avancés.

Nous n'acceptons pas le pessimisme invétéré des commentateurs superficiels, qui parlent d'un « virage inévitable vers la droite en Amérique latine ». En cette période, la réaction ne peut pas progresser indéfiniment sans limite. Il est vrai que AMLO cherche à se concilier les capitalistes, et qu'il a atténué son discours social au cours de sa campagne. Mais en tant que socialistes, nous ne devons pas sous-estimer la pression colossale emmagasinée par les masses pendant tout ce temps et leur désir de voir un changement radical, qui ont porté ce monsieur au pouvoir. Ce terrain fournira le matériel pour la croissance des forces du marxisme au Mexique et ailleurs en Amérique latine.

Notre camarade Carla, du Mexique, a d'ailleurs insisté sur le fait qu'il n'existe pas la moindre base pour AMLO en vue de la mise en place d'un gouvernement de conciliation de classes. Toute réforme sociale sera confrontée à une riposte tenace de la part de la classe dirigeante. Des luttes devront être menées, qui ouvriront également une nouvelle ère de combattivité dans le secteur privé.

Peter a également mentionné à quel point le Brésil illustre le caractère explosif et la faiblesse des régimes dans cette région du monde. Le président Temer y a un taux d'approbation d'à peine 3 % des électeurs… Sa défaite face à la récente grève des chauffeurs de camion montre bien sa faiblesse. Notre camarade Katia du Brésil est d'ailleurs revenue plus en détail sur ce point.

Les élections au Mexique ne sont que le dernier exemple du caractère explosif de la situation mondiale. Le thème principal qui revient dans tous les débats sur la politique mondiale est Trump et le destin des États-Unis, y compris la position de la classe prolétaire dans ce pays. Tout cela est lié à la question des perspectives pour l'économie mondiale et du rôle joué par Trump à cet égard.

AMLO élu président du Mexique sur base d'un programme de gauche.
Jusqu'où ira-t-il ?

La crise mondiale et ses conséquences

Il y a effectivement eu une « reprise » économique aux États-Unis et dans d'autres régions et pays du monde, mais les emplois créés dans le cadre de cette reprise sont essentiellement des postes précaires et mal payés. Cela a alimenté des grèves des travailleurs qui réclament « leur part » de la croissance.

La crise chronique du capitalisme n'a pas été surmontée. Cette reprise est une des plus faibles jamais vues. La principale raison en est le manque de réinvestissement du surplus de richesses extraites du travail de la classe prolétaire. La classe dominante, partout dans le monde, peine à faire un bon usage des nouvelles technologies.

Le capitalisme « moderne », qui n'est que l'autre nom donné à ce capitalisme vieillissant, sénile et dégénéré, affiche clairement des tendances de plus en plus parasitaires ; les capitalistes préfèrent renforcer la richesse des actionnaires par les dividendes record, les rachats et les options. Le capitalisme a depuis longtemps abandonné ce que Marx considérait comme étant sa justification et sa mission historique : le développement des forces productives et la création des conditions du règne de la classe prolétaire.

Dix ans plus tard, les capitalistes n'ont tiré absolument aucune leçon de la crise de 2007-2008. Nous avions prédit le crach boursier bien à l'avance (même si nous ne pouvions prédire sa date exacte), mais avons toujours prévenu que si la classe prolétaire ne se saisissait pas de l'occasion qui lui serait accordée, on finirait bien par en arriver à une pseudo-reprise léthargique. Il n'y aura pas de « crise finale du capitalisme », pas tant que la classe prolétaire ne se sera pas emparée du pouvoir pour transformer la société.

Mais la reprise actuelle se fait au prix d'une accumulation gigantesque de la dette. C'est pourquoi certaines institutions du capitalisme parmi les plus clairvoyantes, comme la Banque des règlements internationaux, ont déjà averti de l'imminence d'un nouveau crach prochain – et elles ont raison.

Heureusement pour les stratèges du Capital, ils ont été extrêmement chanceux de voir le stalinisme s'effondrer avant que leur propre système ne s'écroule. La chute du stalinisme a non seulement permis de liquider les économies planifiées, mais aussi de rejeter en arrière la conscience politique de la classe prolétaire mondiale. L'idée du « socialisme » a été enterrée sous les gravats du Mur de Berlin.

Imaginons seulement quel effet aurait eu le crach de 2008 si les organisations prolétaires du passé étaient restées intactes. Nous serions très certainement occupés à débattre en ce moment non pas de l'agonie du capitalisme, mais de la stratégie pour la révolution socialiste à la tête d'organisations révolutionnaires de masse, ou de quoi faire après notre victoire.

Mais nous avons vu les anciennes organisations et syndicats de gauche virer de plus en plus vers la droite. Toutes ces années, le CIO a pour ainsi dire été la seule organisation à continuer à brandir le drapeau du socialisme, de la révolution et de la transformation du monde.

La conséquence de ce manque d'audace de la part des directions a été un désastre pour la classe prolétaire ; dans une certaine mesure, on peut dire que ce désastre a été pire que celui des années 1930, certainement si on considère le Sud de l'Europe. En Amérique comme en Europe, des régions entières, autrefois industrialisées, ne sont à présent plus que des champs de ruine, tandis que le monde néocolonial n'est toujours pas parvenu à se sortir du piège de la pauvreté.

Une usine abandonnée en Occident comme tant d'autres……

Le Moyen-Orient, l'Asie et l'Afrique

Peter a commenté sur la situation au Moyen-Orient, où nous voyons des traits qui rappellent la « guerre de Cent Ans » en Europe au Moyen-Âge. Le massacre se poursuit en Syrie, tandis que la Turquie ouvre de nouveaux fronts sur les Kurdes et autres peuples de la région. Israël est également intervenu en Syrie, tout en continuant sa politique de terreur à Gaza.

Mais les masses ne peuvent pas tolérer une telle situation pour toujours. La récente grève générale en Jordanie a bien montré que des millions de gens sont à la recherche d'une direction. Même après la tuerie sectaire en Iraq, les dernières élections générales y ont consacré la victoire de Moqtada al-Sadr en alliance avec le Parti communiste dans le cadre d'une plateforme « nationaliste », contre les différentes forces sectaires. En Iran, les mouvements de masse des syndicats et de la jeunesse ont ébranlé le régime, tandis que les masses sont en train de perdre leur crainte de la répression.

Notre camarade Adam, d'Israël/Palestine, est revenu sur le rôle de l'Iran en Syrie. L'Iran considère ce conflit comme une opportunité pour rompre son isolement international. La défaite des forces anti-Assad en Syrie est une défaite pour les États-unis, Israël et l'Arabie saoudite. Les États-Unis ont perdu une grande capacité de contrôle au Moyen-Orient.

Peter a expliqué que dans le monde néocolonial, les soi-disant « marchés émergents » n'émergeront jamais véritablement de la profondeur de la misère dans laquelle des millions de gens sont rejetés chaque jour par les systèmes sociaux obsolètes que sont le capitalisme et le féodalisme. La « voie de la croissance » anticipée par les capitalistes pour les masses asiatiques s'est montré n'être rien de plus qu'une illusion. La soi-disant « émergence » provoque à présent des crises en Asie, mais aussi en Afrique.

Nos camarades de certains de ces pays ont souligné l'ampleur de la crise et la crainte qui s'est emparée des classes dominantes. Notre camarade Ferron, d'Afrique du Sud, a expliqué que le nouveau président Cyril Ramaphosa, ancien dirigeant syndical devenu aujourd'hui homme d'affaires milliardaire, a introduit de nouvelles lois antisyndicales dans un effort de réduire le nombre de grèves.

Marche syndicale en Afrique du Sud contre les lois antigrèves
et pour un nouveau salaire minimum

Trump, le populisme, l'Europe et la Chine

Peter a ajouté que les guerres et les crises économiques démontrent la faillite du système actuel. Le chômage de masse aux États-Unis et en Europe contribue à alimenter le « populisme de droite », et a favorisé l'élection de Trump. À présent, les gens sont dégoutés par sa décision d'enfermer les enfants des immigrés dans des cages, une mesure considérée comme « fachisante ». La base politique de l'émergence du phénomène Trump et du populisme un peu partout dans le monde est l'échec répété des anciens partis prolétariens ou, dans le cas des États-Unis, des démocrates et des libéraux pro-capitalisme.

Cependant, de nouvelles luttes s'ouvrent à présent dans ce pays-phare du capitalisme. Nos camarades Ryan et Chuck, des États-Unis, ont apporté des éléments sur le développement des syndicats, les leçons de la grève des enseignants, du syndicat, des transporteurs de Minneapolis et ailleurs, et la nouvelle grève chez l'entreprise postale UPS. La camarade Keeley, des États-Unis, a donné un aperçu de la profonde polarisation de classe aux États-Unis et de l'intérêt croissant pour les idées du socialisme depuis le mouvement Occupation 2011, de même qu'en réaction au développement de l'extrême-droite. Elle a aussi expliqué que la victoire aux primaires de New York d'Alexandria Ocasio-Cortez, membre du Parti socialiste-démocrate et partisane du leader démocrate de gauche Bernie Sanders, peut être utilisée pour construire un véritable mouvement contre le capitalisme et jouer un rôle très important dans la formation d'un nouveau parti de gauche aux États-Unis.

Peter a dit qu'en tant que marxistes, il est important de mener la discussion sur la manière dont nous pouvons collaborer avec de telles formations et les influencer. D'un autre côté, on voit certaines couches de la classe moyenne et du prolétariat, prises de désespoir, se tourner vers des démagogues ; c'est ainsi que l'ancien aide de camp de Trump, Steve Bannon, est en train de mettre en place une nouvelle « Internationale populiste ».

Trump est comme un enfant enragé occupé à détruire toutes les conventions autrefois acceptées du capitalisme mondial. Son caractère imprévisible et erratique a énormément aggravé les problèmes du système capitaliste partout dans le monde.

On a vu cela au cours des négociations avec Kim Jong-Un et la Corée du Nord, où très peu d'avancées ont en réalité été obtenues, dans son attitude vis-à-vis de l'OTAN, qu'il a déclarée obsolète, et dans sa position lors de la rencontre du « G7 » au Canada, où il est parti avant la fin et a énervé tous les autres dirigeants du monde en promettant de renforcer sa guerre commerciale contre le reste du monde.

Notre camarade Victor, d'Espagne, a rappelé que même si l'échec de ce dernier sommet du G7 est représenté comme une grande première, cela fait en réalité un bon nombre d'années que le G7 ne parvient pas à apporter la moindre réponse à la crise, et pas seulement depuis Trump. Étant donné leur incapacité à résoudre la crise de surproduction, il y a de plus en plus de risque de voir des conflits ouverts se déclarer entre les grandes puissances impérialistes.

Notre camarade, Paul Murphy, député au parlement irlandais, est lui aussi revenu plus en détail sur la politique protectionniste de Trump. Il sera extrêmement difficile de réorienter les filières d'approvisionnement mondiales. Le manque de croissance complique de plus les discussions autour du « partage du gâteau ». L'influence décisive de l'impérialisme états-unien était un facteur très important dans la phase de croissance économique qui a suivi la Deuxième Guerre mondiale. Dans le monde multipolaire actuel, aucun pays n'est plus capable de dicter ses propres conditions. Trump est un agent actif de la destruction de l'ordre mondial ; il ne représente pas entièrement les intérêts du capitalisme en tant que système, ce qui ne pourra que renforcer l'instabilité globale.

Peter a expliqué que, mis le nez devant la menace d'une véritable guerre commerciale mondiale, Trump pourrait se rétracter, comme il pourrait au contraire s'obstiner et souffler sur l'incendie. Trump a été averti que sa position risque de provoquer une nouvelle crise économique profonde, mais il semble que cela n'a pas eu le moindre effet sur lui. Il est également possible que la Chine et l'Union européenne décident de s'allier contre lui.

Tout ceci rappelle la loi Hawley-Smoot, promulguée aux États-Unis en 1930, qui a amené à une guerre commerciale où chaque pays a tour à tour répondu par de nouvelles mesures offensives, avec pour résultat des pertes importantes pour les capitalistes mais aussi pour les prolétaires, et une lourde aggravation de la dépression. Mais Trump et ses conseillers ne sont pas capables de tirer des leçons de l'histoire. Le Financial Times l'a qualifé de « Dangereux ignare » !

L'accord général sur les droits de douane et le commerce qui avait été signé après la guerre a réduit les obstacles au commerce mondial mais a aussi été un facteur de l'apparition de blocs commerciaux, de filières de productions intégrées sur plusieurs pays et d'une division accrue du travail à l'échelle internationale. C'est une des difficultés auxquels sont confrontés les mouvements pro-« indépendance » sur la base du capitalisme, comme le Brexit. Un Brexit socialiste, dans le cadre d'une confédération socialiste d'Europe, serait complètement différent. Mais une guerre commerciale contre la Chine et l'Union européenne reviendrait à « rationner » le monde, et aura d'importantes répercussions aux États-Unis eux-mêmes.

La Chine est à présent le principal rival économique des États-Unis, dont la Russie est également un rival sur le plan stratégique. Dans le cadre de son initiative « Nouvelle route de la soie », qui comprend toute une série de projets accompagnés de subsides et d'accords préférentiels, la Chine envoie souvent ses propres travailleurs, etc. Mais il y a une opposition croissante face à ce nouvel impérialisme, ou comme notre camarade Jaco, de Hong Kong, l'a appelé, un « impérialisme avec des caractéristiques chinoises ».

Notre camarade Vincent, de Chine, a décrit les évènements historiques qui se passent en Chine, où on assiste à une concentration du pouvoir entre les mains d'une seule personne (le président Xi Jinping) d'une ampleur jamais vue depuis la réintroduction de caractéristiques capitalistes dans son économie. On assiste à une transition d'une dictature collective du parti à la dictature d'un seul individu. Il y a de nombreux mouvements de contestation en Chine, dont des grèves d'une échelle plus importante que celles du passé.

La grève des camionneurs chinois est historique car il s'agit de
la toute première grève en Chine à l'échelle nationale

Conclusion

En guise de conclusion, Peter est revenu sur le caractère explosif de la situation mondiale, et sur les possibilités de voir se développer de gigantesques vagues révolutionnaires. C'est dans cette période à venir que commencera la véritable histoire du marxisme révolutionnaire – ou trotskisme.

Le capitalisme agonisant a installé le terrain pour l'établissement d'un nouveau et puissant internationalisme ; l'instrument qui permettra son expression sera la nouvelle Internationale prolétarienne de masse, qui sera construite.

La fusion du CIO avec Gauche révolutionnaire (un groupe révolutionnaire international actif notamment en Espagne, au Venezuela et au Mexique) a déjà porté de nombreux fruits. D'autres groupes dans le monde observent le CIO. Nous allons œuvrer à la construction d'une puissante Internationale prolétarienne de masse dans les années à venir.

Au début de la discussion, le camarade Anthony, d'Australie, a fait ressortir les effets qu'ont eus la phase de croissance qui a duré pendant plus de 25 ans, mais aussi à quel point la situation était en train de changer, comme on l'a vu avec la marche des syndicats massive à Melbourne et le fait que de nombreux jeunes ont perdu confiance en le système malgré la croissance.

« Un monde troublé, à un point tel qu'on n'en avait plus vu depuis toute une période historique » – voici comment Tonys Saunois, SG du Secrétariat international du CIO, a décrit la situation internationale actuelle dans sa conclusion à la discussion.

Il a décrit cette nouvelle ère de rivalités interimpérialistes comme une « situation convulsive sur les plans économique, sociaux et politique ». Concernant l'économie mondiale, Tony a mentionné des signes dangereux : une croissance incroyable de la dette mondiale, qui s'est encore accrue de 25.000 milliards de dollars rien que ces trois derniers mois, et qui vaut maintenant 240 % du PIB mondial (soit 30.000 $ / 15 millions de FCFA par habitant sur la planète). Cela ne peut pas continuer indéfiniment. Toute une série de « bombes à retardement » sont prêtes à exploser, comme on l'a vu avec l'Italie et l'Argentine.

Les guerres commerciales illustrent le déclin de l'impérialisme états-unien. Le Financial Times de Londres avertit du risque posé par l'imposition de frais de douane allant jusqu'à 1000 milliards de dollars ; il n'est pas clair jusqu'où cette nouvelle tendance va aller. Tony a rappelé que face au risque d'explosion sociale, la classe dirigeante pourrait s'abstenir d'une guerre commerciale généralisée. Il a insisté sur le caractère crucial de l'évolution de la situation aux États-Unis, particulièrement de l'émergence récente de mouvements syndicaux et de la polarisation politique en cours. La croissance du Parti socialiste démocratique est un évènement extrêmement important, même s'il nous faut aussi éviter d'embellir la situation et si nous devons bien comprendre quelles sont les limites posées à ce stade.

Dans sa conclusion sur la situation en Amérique latine, Tony a fait remarquer que le Mexique se trouve à une étape différente de la lutte comparé aux autres pays d'Amérique latine où il y a eu des défaites de mouvements de gauche. Mais dans tous ces pays, la victoire de la droite ne représente en aucun un virage à droite de l'opinion publique. Les gouvernements de droite autoritaires ne bénéficient que d'une base sociale extrêmement fragile. Ainsi, en Argentine, il y a eu trois grèves générales depuis l'élection du président Macri en 2015.

Tony a clôturé la session en faisant remarquer que le monde du capitalisme et de l'impérialisme est en train de mourir, mais que les nouvelles forces appelées à faire naitre le nouveau monde n'ont pas encore émergé. Cette situation offre de nouvelles possibilités de lutte pour la classe prolétaire et de croissance pour le CIO, à condition que nous intervenions de façon correcte. Toutes les sections du CIO doivent se préparer à de nouvelles batailles. Enfin, selon Tony, le CIO est l'organisation qui a la vision la plus claire de la situation mondiale ; nous interviendrons pour renforcer nos forces et contribuer à la construction d'une Internationale de masse capable de défier le capitalisme et de reconstruire le monde sur une nouvelle base socialiste.


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