Un million d'emplois en cinq ans ?
L'emploi est, avec la cherté de la vie, actuellement un des sujets les plus au cœur des préoccupations des Ivoiriens. Alors que le chômage dans le monde ne cesse de croitre avec la crise économique mondiale, la Côte d'Ivoire connait quant à elle des difficultés supplémentaires au vu de la dévastation causée par des années de guerre civile et par la crise post-électorale.
Le chef de l'État, le
néolibéral Alassane Ouattara, a lui-même reconnu que le pays
était dans un état “pire que ce qu'il avait cru au départ”, et
qu'il ne pourrait sans doute pas réaliser sa promesse de créer
un million d'emplois avant la fin de son mandat – ce qui
l'a amené à d'ores et déjà annoncer sa candidature pour 2015.
Article par Jules Konan
Les chiffres du chômage en Côte d'Ivoire
À l'occasion du 1er Mai,
plusieurs journaux ont fait le point sur la situation du chômage en
Côte d'Ivoire, avec des chiffres peu reluisants. Les données
officielles font état d'un chômage touchant 18 % de la
population active (depuis lors, “rectifié” à 9 % par l'Agepe – 25/07/13) ; l'UGTCI table plutôt sur 44 %, ce qui
se rapproche du chiffre confirmé par une enquête du patronat
ivoirien qui évalue le nombre de chômeurs entre 4
et 5 millions, et sur le chiffre de l'OIT
(Organisation internationale du travail) qui est de
4 742 000 chômeurs. Le taux de pauvreté quant à lui
serait de 50 %. Comme dans les autres pays, le chômage frappe
surtout les jeunes : les deux-tiers des demandeurs d'emploi ont
entre 15 et 30 ans, et 23 % des 15-45 ans
seraient au chômage.
Autre détail alarmant,
le nombre de jeunes diplômés et qui se retrouvent à faire des
petits métiers du genre gérant de cabine téléphonique. J'ai ainsi
rencontré il n'y a pas longtemps un jeune vêtu de haillons me
demandant de travailler sur une plantation pour un salaire ridicule
de 30 000 francs par mois, alors qu'il est titulaire d'un
master en mathématiques ! Ce phénomène touche de nombreux
pays : on lisait aussi dans Jeune Afrique il y a quelques
mois l'histoire d'un jeune détenteur d'un DEA en Gestion de conflits
qui gagne maintenant sa vie en cassant des cailloux pour faire les
routes. En Côte d'Ivoire, 73 % des demandeurs d'emploi ont
le Bac ; parmi eux, 41 % ont un BTS, et 13 % ont un
master universitaire. Et une majorité d'entre eux sont à la
recherche de leur premier emploi, certains depuis très longtemps.
Vu le fait qu'un master
ne garantit pas un emploi décent, beaucoup de diplômés se voient
contraints de prolonger leurs études par des DEA et des doctorats…
jusqu'à se voir finalement refuser un emploi sous prétexte qu'ils
sont sur-diplômés !
L'État se défend en
prétendant avoir créé toutes sortes d'emploi par les grands
travaux et par l'afflux massif d'investissements étrangers. La
fameuse croissance à deux chiffres (presque 10 % en 2012,
beaucoup plus que la croissance chinoise par exemple) ne se ressent
pourtant pas dans la poche de la population.
Le fameux emploi “cabine téléphonique” |
Des grands travaux porteurs d'emploi ?
Et les grands travaux
sont loin d'être une solution : le troisième pont d'Abidjan,
qui s'annonce dès le départ être un trou sans fonds pour les
finances du gouvernement, ne créera que 200 emplois permanents
(pour la collecte du péage…), et ne nécessite en ce moment que
600 ouvriers temporaires. Les travailleurs du chantier du
nouveau pont se plaignent en outre de l'absence de statut ou de
contrat (ils peuvent se faire renvoyer à tout moment sans préavis)
et de leur salaire de misère : 3000 francs par jour alors
que le simple transport pour se rendre sur le chantier et rentrer
chez soi tous les jours peut déjà bouffer les deux-tiers de cette
somme. Les heures supplémentaires n'y sont pas prises en compte, et
les salaires arrivent souvent en retard de plusieurs semaines. Même
constat sur le chantier de la cité ADO. Quant au barrage de
Soubré censé créer “des milliers d'emplois”, il semblerait que
ces milliers ne se chiffreront au final qu'à 800 tout au plus
(emplois saisonniers). Les autres initiatives du genre les “Thimo”
(travaux à haute intensité de main d'œuvre) eux aussi ne
concernent qu'une main d'œuvre non qualifiée et mal rémunérée.
Le directeur de l'emploi, M. Danho, dit que ces emplois temporaires sont tout de même l'occasion
pour ces travailleurs de “gagner une expérience”. Soit. Mais on
voit aussi la difficulté des jeunes à trouver un stage, pourtant
présenté comme une importante solution au problème du manque
d'expérience par l'Agepe. La “Tribune de l'économie” rapportait
ainsi les propos d'un jeune diplômé détenteur d'un BTS en mines,
géologie et pétrole, qui disait que sur 32 étudiants de sa
promotion, seulement 2 sont en stage. Sans oublier évidemment
que le programme de stage comporte le risque que des jeunes se
retrouvent à enchainer les stages non-stop par des entreprises qui
abusent de ce statut.
Les grands travaux dont parle le temps le régime ne créent que des emplois temporaires et mal rémunérés |
L'afflux d'investissements étrangers ?
En ce qui concerne
l'afflux massif de capitaux étrangers, là aussi, on a de la peine à
les trouver. La plupart de ces “grands investissements” ne sont que
du fait de boites installées depuis des années et qui aujourd'hui
reviennent reprendre leurs activités interrompues pendant la crise.
Les autres investisseurs boudent la Côte d'Ivoire (mis à part
les Bolloré et Bouygues qui sont toujours les bienvenus), et ce ne
sont pas les chamailleries post-élections municipales, causées par
des ministres du gouvernement, qui leur redonneront confiance dans la
stabilité du pays.
Par contre, d'après le
ministre de l'Emploi Dosso Moussa, entre le 30 avril 2012
et le 1er mai 2013, 92 entreprises ont fait l'objet de
licenciement pour motif économique, entrainant la perte de
2793 travailleurs. De même, 71 entreprises ont observé le
chômage technique, avec la perte temporaire de 3024 emplois.
De futurs investisseurs ? |
Les efforts dérisoires de l'administration
Certaines initiatives
sont louables, comme le projet de l'Agepe qui est d'installer
100 000 jeunes sur cinq ans dans l'agriculture, mais
là aussi, non seulement on n'arrive pas forcément au bout du compte, mais ce projet dont on parle depuis plus d'un an n'a toujours pas dépassé le stade de la présentation. Il semble
que seul le ministre de l'Emploi soit réellement optimiste quant à la capacité du gouvernement à trouver le million d'emplois promis
On appréciera aussi la mise en place d'une allocation chômage allant de 50 000 à 80 000 francs par mois. Celle-ci est disponible pour tous les Ivoiriens ayant travaillé un an, licenciés pour motif économique, et qui en font la demande auprès de l'Agepe. Vu le nombre de jeunes à la recherche d'un premier emploi cependant, cela ne résoudra le problème que pour des ménages déjà bien installés et qui ont été victimes d'une restructuration. Cela suppose aussi que le travailleur ait obtenu un véritable contrat avec des fiches de salaire, etc. C'est une avancée, mais ça ne résout pas vraiment le problème. Et puis, reste à voir si l'allocation est véritablement disponible et tombe réellement chaque mois…
Aujourd'hui, le ministère de l'Emploi est surtout occupé à donner des formations de “techniques de recherche d'emploi” aux jeunes qui y croient encore, et à établir sa “cartographie de l'emploi” qui devra lui permettre de mieux appréhender l'état des lieux concernant les initiatives qui existent dans tout le pays en termes de création d'emplois, pour pouvoir mieux les coordonner. Disposer de donnés fiables est il est vrai nécessaire, mais on voit que cette démarche prend énormément de temps et ne donnera pas certainement pas de résultats concrets avant la fin de l'année, alors que cela fait déjà plus de deux ans que le nouveau régime est en place. Et que, comme le constatait Jeune Afrique le mois passé, “l'espoir a cédé la place à l'impatience” parmi les Ivoiriens.
On appréciera aussi la mise en place d'une allocation chômage allant de 50 000 à 80 000 francs par mois. Celle-ci est disponible pour tous les Ivoiriens ayant travaillé un an, licenciés pour motif économique, et qui en font la demande auprès de l'Agepe. Vu le nombre de jeunes à la recherche d'un premier emploi cependant, cela ne résoudra le problème que pour des ménages déjà bien installés et qui ont été victimes d'une restructuration. Cela suppose aussi que le travailleur ait obtenu un véritable contrat avec des fiches de salaire, etc. C'est une avancée, mais ça ne résout pas vraiment le problème. Et puis, reste à voir si l'allocation est véritablement disponible et tombe réellement chaque mois…
Aujourd'hui, le ministère de l'Emploi est surtout occupé à donner des formations de “techniques de recherche d'emploi” aux jeunes qui y croient encore, et à établir sa “cartographie de l'emploi” qui devra lui permettre de mieux appréhender l'état des lieux concernant les initiatives qui existent dans tout le pays en termes de création d'emplois, pour pouvoir mieux les coordonner. Disposer de donnés fiables est il est vrai nécessaire, mais on voit que cette démarche prend énormément de temps et ne donnera pas certainement pas de résultats concrets avant la fin de l'année, alors que cela fait déjà plus de deux ans que le nouveau régime est en place. Et que, comme le constatait Jeune Afrique le mois passé, “l'espoir a cédé la place à l'impatience” parmi les Ivoiriens.
Dans le reste de l'administration par contre, la
tendance est à la “maitrise de la masse salariale” exigée par
le FMI et par les normes de l'Uemoa. Aucun concours de recrutement à
la fonction publique n'a été organisé depuis des années. On
cherche par contre à se débarrasser de toute une série d'agents.
Dans l'enseignement, on préfère se baser sur des enseignants
contractuels formés à la va-vite et sous-payés. Et puis, il faut
encore recaser les centaines de milliers d'anciens combattants qui
aujourd'hui manifestent bruyamment à Bouaké.
Affiche typique des rues d'Abidjan |
La formation
On parle beaucoup aussi
d'inadéquation formation-emploi. C'est-à-dire que les entreprises
peinent à trouver des travailleurs répondant aux qualifications
requises par le poste. Mais c'est évident vu l'état de délabrement
du système d'enseignement. D'autre part, il est vrai que le système
d'enseignement ivoirien ne sert qu'à former des intellectuels
bureaucrates. Il y a aussi pléthore de commerciaux, agents marketing, gérants des ressources humaines… dont on ne fera jamais rien. L'enseignement technique et professionnel est
absolument négligé, et coute cher.
Un ami planteur dans un
campement à Soubré me disait ainsi que, vu qu'on apprend rien
d'utile à l'école, les planteurs préfèrent n'y envoyer qu'un ou
deux de leurs enfants, les meilleurs, et garder les autres au champ.
Toute la famille se sacrifie pour les études d'un fils, qui, une
fois qu'il aura trouvé un bon poste dans un “bureau”, devra
ensuite subvenir toute sa vie durant aux besoins de sa famille
élargie, au nom de l'“investissement” qui aura ainsi été fait
pour sa formation. Les autres enfants apprendront quant à eux le
travail aux champs ou la cuisine en fonction de leur sexe, deux
activités très exigeantes, voire intolérables, sur le plan
physique et qui nécessitent de s'y habituer dès le plus jeune âge.
Alors que dans des pays comme le Ghana (ou la Russie), le cursus
primaire inclut des cours de cuisine, de couture, d'électricité, de
menuiserie, d'agriculture et d'artisanat, afin justement que les
parents paysans ou issus de classes populaires n'aient pas
l'impression que leur enfant perde son temps à l'école.
Pour nous autres
socialistes révolutionnaires, si l'État doit fournir une formation
de qualité à chacun, et répondant aux critères de développement
de la société, il n'est pas question de voir la politique
d'enseignement national se faire dicter par les intérêts privés.
Sans quoi, on verra se restreindre l'accès aux études de
philosophie, de linguistique ou de géographie, comme c'est le cas
dans beaucoup de pays européens actuellement. Si les entreprises ont
besoin de techniciens et de maintenanciers en agro-alimentaire, c'est
à elles à former leurs travailleurs, de sorte que la formation se
déroule pendant les heures de travail, soit payée, et soit
sanctionnée par un diplôme valable dans d'autres entreprises.
Le système d'enseignement ivoirien est dépassé |
Le poisson d'avril (en retard) de Duncan
Alors que le président
avouait le 17 avril son impuissance face à la situation
actuelle, on a été abasourdi par le discours du premier ministre
le 1er Mai qui, en l'absence du chef de l'État pour la deuxième
fois consécutive le jour de la fête du Travail, a déclaré que le
revenu par habitant a cru de 8 % en 2012, et croitra de
8,5 % en 2013. On se demande bien de quel revenu il parle,
vu que l'on attend toujours le relèvement du Smig, bloqué depuis
des années à 35 000 francs alors qu'on le promet à
60 000 (somme elle aussi dérisoire, au vu de l'envolée du coutde la vie). Mais le plus incroyable est son annonce, selon laquelle
de mai 2011 à octobre 2012, 101 670 emplois
formels auraient été créés, et 941 623 emplois
informels, dans le commerce de détail, l'agriculture et les
services. Avant de conclure : « Je puis donc vous assurer
que le gouvernement est au travail ».
Donc, d'une part, le
premier ministre affirme que le un million d'emplois que le
président a pourtant affirmé ne pas pouvoir apporter d'ici la fin
de son mandat, a déjà été créé. De l'autre, il s'attribue la
création de “941 623” emplois informels. Mais
entendons-nous bien, un emploi informel est justement un emploi
informel, donc, qui n'entre pas dans les calculs du gouvernement.
D'ailleurs, comment est-il arrivé à ce chiffre si précis de
“941 623” emplois informels ??? pour des emplois qui
sont par définition non déclarés ! Ensuite, est-ce de cela
que parle le gouvernement lorsqu'il nous promet un million
d'emplois ? Un million d'emplois informels dans le “commerce
de détail, l'agriculture et les services”, ça veut dire quoi ?
Un million de vendeurs de sachets d'eau et de Lotus au bord de
la route, un million d'enfants esclaves dans les plantations de
cacao, un million de gérants de cabines téléphoniques et de
nounous ? C'est tout de même incroyable !
Mais à quoi d'autre
s'attendre de la part d'un ministre qui déclarait récemment que
« S'il a bien compris », le chantier du troisième pont
devrait couter 175 milliards de francs. Duncan qui passe dans la
presse internationale pour un grand sage et un champion du
redressement économique, se décrédibilise complètement avec cette
déclaration. Le plus fou est que le gouvernement puisse s'attribuer
ainsi la création de ce million d'emplois informels. On retiendra
que le nombre de vrais emplois créés par le gouvernement
depuis plus de deux ans au pouvoir, selon le chiffre de Duncan,
est d'à peine 101 670, soit à peine 25 % de l'objectif
(en supposant que le gouvernement aurait dû sur cette période créer
400 000 emplois, soit 200 000 par an). Et que la
coordination de la communication n'est décidément pas le point le
plus fort des hautes instances de l'État.
Le premier ministre Duncan, ce grand blagueur, affirme avoir déjà créé un million d'emplois dans l'informel |
Créer son propre emploi
Bref, vu la nullité de
l'impact des grands travaux sur le chômage, et la défaillance des
investisseurs, toute la presse est unanime pour dire que c'est aux
jeunes à “créer leur propre emploi” en devenant entrepreneurs.
Cela entre en droite ligne dans l'idéologie néolibérale dominante,
et explique la multiplication dans les journaux de références aux
fameux “Business Angels” (riches patrons censés parrainer
des jeunes prometteurs) et des conseils aux potentiels nouveaux
managers et autres jeunes cadres dynamiques. Manque de bol, force est
de constater que la première chose qui bloque les jeunes
entrepreneurs est le désintérêt total de la part des banques
censées les financer. « On ne prête qu'aux riches »
semble être leur slogan. C'est à ces jeunes à se débrouiller pour
réaliser des études de marché, business plan et autres afin
de prouver que leur projet tient la route. Mais évidemment, tout
cela coute de l'argent – bien que l'État soit en théorie là
aussi pour les accompagner, mais où ?
Sans compter que l'État
ne cesse de réitérer sa volonté de relever l'impôt sur les
entreprises qui touche les PME avec une taxe minimale de 3 millions
au lieu de 2 millions. Les petits entrepreneurs, par leur
mobilisation, ont obtenu le report de cette nouvelle taxation à 2015,
mais il reste que la piste de l'auto-emploi est très précaire,
d'autant que le risque de se casser la figure et de tout perdre est
bien réel, vu d'une part la nature même du système capitaliste, de
l'autre la désorganisation et l'instabilité que connait notre pays.
En réalité, l'“auto-emploi” tant vanté est surtout une attaque idéologique de la part de la bourgeoisie pour rendre responsables les chômeurs eux-mêmes de leur situation. S'ils sont au chômage, ce n'est pas à cause de la nullité du gouvernement, ni de la crise, ni du fait que le grand capitalisme mène une concurrence intolérable à tous les petits artisans et commerçants. Non, ils n'ont à s'en prendre qu'à eux-mêmes ! Le gouvernement n'est pas responsable, dire le contraire relève d'une “mentalité arriérée d'assisté” – nous serions en effet entrés dans “une nouvelle époque”, celle où il n'est plus à la mode pour l'État de veiller au bien-être de sa population – celle du néolibéralisme.
Un autre trait idéologique de l'“auto-emploi” est de mettre en avant le fait que “tout le monde peut devenir patron”. C'est-à-dire qu'ainsi, le système cherche à nier sa nature de classe. Puisque tout le monde peut devenir patron, il n'y a pas de prolétaires d'un côté, ni de patrons de l'autre – il n'y a pas de classes ! Pourtant, j'attends de voir qui par ses propres économies et sans avoir jamais fait travaillé qui que ce soit pour lui ni bouffé dans les caisses de l'État, peut se payer une grande plantation de palmiers + usine, un terminal à conteneurs ou une plate-forme pétrolière !
En réalité, l'“auto-emploi” tant vanté est surtout une attaque idéologique de la part de la bourgeoisie pour rendre responsables les chômeurs eux-mêmes de leur situation. S'ils sont au chômage, ce n'est pas à cause de la nullité du gouvernement, ni de la crise, ni du fait que le grand capitalisme mène une concurrence intolérable à tous les petits artisans et commerçants. Non, ils n'ont à s'en prendre qu'à eux-mêmes ! Le gouvernement n'est pas responsable, dire le contraire relève d'une “mentalité arriérée d'assisté” – nous serions en effet entrés dans “une nouvelle époque”, celle où il n'est plus à la mode pour l'État de veiller au bien-être de sa population – celle du néolibéralisme.
Un autre trait idéologique de l'“auto-emploi” est de mettre en avant le fait que “tout le monde peut devenir patron”. C'est-à-dire qu'ainsi, le système cherche à nier sa nature de classe. Puisque tout le monde peut devenir patron, il n'y a pas de prolétaires d'un côté, ni de patrons de l'autre – il n'y a pas de classes ! Pourtant, j'attends de voir qui par ses propres économies et sans avoir jamais fait travaillé qui que ce soit pour lui ni bouffé dans les caisses de l'État, peut se payer une grande plantation de palmiers + usine, un terminal à conteneurs ou une plate-forme pétrolière !
Remise de prix à de futurs jeunes entrepreneurs des TIC par MTN |
Le chômage : un fléau engendré par le capitalisme
Comment résoudre le
problème du chômage ? D'où vient le chômage ? Le
chômage, et en particulier le chômage de masse, est une
caractéristique inhérente du système capitaliste de surproduction.
Aujourd'hui, l'humanité produit déjà plus que ce qui est
nécessaire pour subvenir à ses besoins, plus que ce que nous sommes
capables de consommer. La logique de concurrence impitoyable propre
au capitalisme pousse les entreprises à investir dans des
équipements de plus en plus couteux afin de réduire leurs couts de
production, afin d'accroitre leur rentabilité. Cela signifie que des
machines accomplissent aujourd'hui, en Chine et en Europe, et aussi en Afrique, le travail
qui auparavant était réalisé par des centaines de gens.
Plutôt que d'utiliser
ces progrès de la science afin de réduire le temps de travail
collectif et répartir entre tous les fruits de ces avancées, les
capitalistes préfèrent licencier la moitié de leur personnel et
presser comme des citrons les quelques-uns qui ont eu la chance de
conserver leur emploi. La solution contre le chômage serait donc en fait d'aller contre cette tendance en se servant des nouvelles machines pour diminuer le temps de travail de tous, sans réduction de salaire. C'est pourquoi les sections du CIO dans des pays développés revendiquent la semaine de 32 heures, afin de partager le travail entre tous.
Alors qu'il n'y a pas d'emploi, les chômeurs sont criminalisés |
Une politique socialiste
Manque de bol, cette industrialisation ne
s'est pas (ou très peu) réalisée en Afrique mais en Europe, en Amérique et en
Asie. On voit mal comment l'Afrique pourrait connaitre le
développement quand tout ce dont sa population a besoin, et même
plus, est déjà en train d'être créé ailleurs et à moindre cout pour les capitalistes (en raison de la plus grande productivité, de la qualité de la formation et de la plus grande discipline des travailleurs, et de la qualité de l'infrastructure, sans oublier la plus grande stabilité politique).
Une politique socialiste est nécessaire afin de régler le problème du chômage. En reprenant le contrôle de l'économie, en collectivisant les grandes plantations et le secteur des mines et du pétrole, en assurant la maitrise totale de l'État sur la filière cacao et sur les grands chantiers (plutôt que les PPE qu'on voit actuellement et dans lesquels l'État subventionne à coups de milliards de francs les bénéfices de ses amis étrangers), on pourrait d'une part répartir entre tous l'emploi déjà disponible, d'autre part créer de nouvelles branches d'industrie qui produiraient de manière locale les produits qui aujourd'hui sont importés de Chine, de France et du Nigeria. Nous comptons évidemment sur les socialistes de ces pays pour eux-mêmes réadapter leur production en fonction des besoins réels de l'humanité par la planification révolutionnaire de leur économie, afin qu'ils ne soient plus obligés d'inonder le reste du monde de leurs marchandises.
Une politique socialiste est nécessaire afin de régler le problème du chômage. En reprenant le contrôle de l'économie, en collectivisant les grandes plantations et le secteur des mines et du pétrole, en assurant la maitrise totale de l'État sur la filière cacao et sur les grands chantiers (plutôt que les PPE qu'on voit actuellement et dans lesquels l'État subventionne à coups de milliards de francs les bénéfices de ses amis étrangers), on pourrait d'une part répartir entre tous l'emploi déjà disponible, d'autre part créer de nouvelles branches d'industrie qui produiraient de manière locale les produits qui aujourd'hui sont importés de Chine, de France et du Nigeria. Nous comptons évidemment sur les socialistes de ces pays pour eux-mêmes réadapter leur production en fonction des besoins réels de l'humanité par la planification révolutionnaire de leur économie, afin qu'ils ne soient plus obligés d'inonder le reste du monde de leurs marchandises.
Les immenses bénéfices
engendrés par la reprise en main par la société des secteurs-clés
de l'économie permettraient en outre le recrutement massif dans
l'enseignement, dans les soins de santé, dans l'encadrement
agronomique, dans les transports, etc. afin de répondre aux besoins
pressants de la population. Une véritable politique de grands
travaux, sous contrôle des travailleurs, permettrait aussi de mettre
pour de vrai des milliers de gens au travail et sans pour autant voir
les ressources de l'État se faire aspirer par les montages
financiers de groupes impérialistes.
Le mot de la fin de cet
article revient une fois de plus à l'“Éléphant déchainé”,
qui dans son édition du 3 mai, disait : « Vous les
sans-emplois ! J'ai un conseil pour vous ! Prenez-vous en
main ! Regardez votre nombre. Vous êtes 4 742 000 personnes,
soit plus des trois quarts des personnes en âge de voter
dans notre pays… Ça ne vous donne pas des idées pour… »
Malheureusement, Assalé Tiémoko s'arrête là. Des idées pour
quoi faire ? Serait-ce un appel à créer un nouveau parti des
travailleurs ?!
Une véritable politique de grands travaux est nécessaire |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire