Notre camarade Dagga Tolar élu en tant que nouveau président du syndicat
Une victoire qui est un gage de reconnaissance de son combat pour les intérêts des enseignants et des autres couches des travailleurs.
Notre camarade
Dagga Tolar a été élu ce 16 mai 2013 président de
la section Ajeromi-Ifelodun du Syndicat nigérian des enseignants
(Nigeria Union of Teachers, NUT). Cette victoire a été
décrite par bon nombre d'enseignants de l'arrondissement
d'Ajeromi-Ifelodun (Ajégunlé), un quartier pauvre de l'état de Lagos réputé pour son taux de criminalité, comme étant annonciatrice
d'un changement positif dans le syndicat des enseignants. Nous
pouvons célébrer cette élection en tant que premier succès dans
la lutte menée par les enseignants pour se débarrassser des vendus
et des carriéristes au sein de leur syndicat.
Rapport par Moshood Osunfunrewa, section du DSM à Ajegunle
Deux camps
s'affrontaient lors de cette élection de 2013 pour la section
Ajeromi-Ifelodun du NUT : le Forum des enseignants
unis (UTF, United Teachers Forum) et le Rassemblement
des enseignants dynamiques (DTC, Dynamic Teachers Congress).
Le DTC est composé principalement de bureaucrates et
carriéristes qui étaient à la tête du syndicat depuis des années
mais qui ont maintenant perdu le soutien de leur base dans le
primaire comme dans le secondaire. Tout ce qu'ils ont jamais fait a
été d'employer des tactiques de division et d'abuser des privilèges
découlant de leur position pour se créer leur petit réseau
clientéliste visant uniquement à se maintenir à leur poste. Il y a
quatre ans, ils ont obtenu de la part du gouvernement que
certains enseignants désireux de remettre en question leur pouvoir,
y compris Dagga Tolar, soient transférés vers d'autres
arrondissements de l'état afin qu'ils ne puissent pas se présenter
aux élections syndicales. Une lutte des enseignants a obtenu
l'annulation du transfert de ces enseignants, mais seulement après
que les élections syndicales aient été organisées.
L'UTF quant à lui
est essentiellement constitué d'enseignants qui ont diverses
critiques sur la manière dont le syndicat est géré, ou qui sont
poussés par d'autres motivations, telles que, hélas dans certains
cas, leur propre désir personnel de prendre la tête du syndicat
pour pouvoir y manger à leur tour. Cela explique pourquoi il est
souvent relativement facile pour le DTC de remporter la victoire sur
certains membres proéminents de l'UTF qui sont somme toute tout
aussi carriéristes qu'eux. Dagga Tolar, bien que faisant
lui-même partie de l'UTF, est par contre perçu par la majorité des
enseignants comme quelqu'un qui va réellement défendre et protéger
les intérêts des enseignants, pas comme les bureaucrates et
carriéristes syndicaux.
Dagga et un autre de
nos camarades du DSM, Victor Osakwe, ont tous deux participé à
la plate-forme de l'UTF, mais se sont aussi adressé aux enseignants
de manière indépendante via le Forum des enseignants
socialistes (STF, Socialist Teachers Forum). Près de
2000 tracts avec le programme du STF ont été distribués aux
enseignants, en plus du matériel de campagne de l'UTF.
Le STF et l'UTF
ont tous deux soulevé la question de la défense d'un enseignement
public et de son financement, puisque cela se trouve au cœur du
travail des enseignants, et la nécessité de non seulement s'opposer
à la commercialisation et à la privatisation de l'enseignement,
mais aussi de mener campagne pour un financement adéquat et pour une
gestion démocratique, en plus de la rénovation de l'infrastructure
et du rééquipement des salles de classe et des laboratoires.
Ils ont aussi soulevé
la question de la démocratie dans le syndicat, comme par exemple le
fait que les délégués devraient être élus par les enseignants
dans leur école, au lieu d'être désignés par les directeurs et
fondateurs en fonction des intérêts des bureaucrates syndicaux. Ils
ont également fait beaucoup de bruit au sujet de la question des
finances du syndicat, de la paie des pensions des enseignants à la
retraite, et des allocations sociales et autres primes pour les
enseignants. Tous ces points ont été soulevés durant la campagne
et ont été applaudis par les enseignants lors de chaque passage des
candidats, dirigés par Dagga, d'école en école.
Une école à Ajegunle |
Militarisation du bureau de vote
La fausse propagande
du DTC disait que les candidats de l'UTF, et en particulier nos
camarades Dagga et Victor, étaient financés par le
Parti démocratique du peuple (le parti au pouvoir du président
Goodluck Jonathan) afin de déstabiliser le gouvernement
régional de l'ACN (un autre parti bourgeois). Aucun des enseignants
n'a gobé ces mensonges, eux qui connaissent nos camarades depuis des
années en tant que défenseurs de leur classe, qui ne pourraient
jamais être achetés par l'un ou l'autre parti capitaliste
anti-travailleur et anti-pauvre tel que le PDP ou l'ACN. Ils n'ont
même pas pu en convaincre le gouvernement, à qui ils avaient
pourtat à nouveau demandé, sur base de ces mensonges, d'intervenir
pour empêcher les principaux candidats de l'UTF de participer aux
élections, comme cela avait été le cas il y a quatre ans.
Les dirigeants du DTC
se sont alors tournés vers la police et vers la sécurité d'État,
accusant les candidats UTF de violence et d'avoir un plan pour
brouiller les élections. De ce fait, les forces de sécurité de
l'État sont arrivées armées jusqu'aux dents afin d'intimider et de
brutaliser les enseignants. Elles n'étaient pas seulement à
l'entrée, mais se baladaient partout avec des armes, y compris dans
les locaux, et ont même tenté de faire sortir ou d'arrêter des
membres de la section Ajegunle du Democratic Socialist Movement
qui se tenaient près d'une table pour y vendre notre journal
Socialist Democracy et autres publications socialistes. Mais la
tentative d'arrestation a été combattue par les enseignants
présents qui ont bien insisté sur le fait que les membres du DSM
n'étaient pas là pour gêner les enseignants.
Dagga en train de donner cours |
L'élection
L'élection n'a été
qu'une victoire partielle pour l'UTF. De tous ces candidats, seul
Dagga a été élu. Les autres ont perdu, mais tout en obtenant des
voix qui révélaient un soutien très important parmi les
enseignants. Mais ce sont les membres du DTF qui ont été absolument
choqués par la victoire de Dagga. Ils avaient déjà commencé à se
préparer pour leur petite cérémonie qui allait, pensaient-ils, à
nouveau célébrer leur victoire pour l'ensemble des douze sièges,
et n'attendaient plus que l'annonce du résultat du vote concernant
la présidence du syndicat. Ils sont repartis du bureau de vote en
baissant la tête. Mais la majorité des enseignants a hurlé de joie
en apprenant que Dagga avait battu l'ancien président du syndicat.
Le résultat de
l'élection est en elle-même une victoire obtenue par le courage de
Dagga, qui a au cours de longues années de lutte gagné le respect
de ses collègues en tant que combattant des intérêts de sa classe.
Bien que le résultat final ait sans doute été influencé par les
nombreuses manipulations et propagande dégradante à l'encontre des
candidats de l'UTF, toutes leurs insultes envers Dagga (qu'ils
accusaient d'être un athée à rastas qui par conséquent ne
pourrait jamais représenter les enseignants de manière décente),
n'ont pas eu la moindre incidence lorsqu'il s'est agi de voter le
président du syndicat.
Les bureaucrates syndicaux ont cherché à dénigrer Dagga
sur base de ses croyances et de son apparence.
Sans succès.
sur base de ses croyances et de son apparence.
Sans succès.
Victoire de Dagga Tolar (UTF)
La victoire de notre
camarade Dagga Tolar en tant que président de la section Ajif
du NUT est une démonstration de la force de notre travail au cours
de la dernière période et qui plus est, une confirmation de
l'exactitude du marxisme en tant que guide vers la cohérence dans la
lutte de classe.
Le fait d'avoir battu
le président sortant avec 170 voix contre 164, malgré
toutes les campagnes de dénigrement et l'achat massif des votes des
enseignants sur base de ressources volées au syndicat, prouve que le
changement est possible, et que les travailleurs ne peuvent être
trompés continuellement, à partir du moment où il existe une
direction qui soit cohérente avec elle-même et qu'ils identifient
comme étant capable de mener la lutte.
C'est une autre confirmation
de l'analyse de Trotsky, le dirigeant socialiste qui se
trouvait à la tête de la révolution des travailleurs russes
de 1917 aux côtés de Lénine, qui disait que la capacité
apparemment miraculeuse du capitalisme et de son système corrompu à
toujours retomber sur ses pieds est due non pas au manque de volonté
de lutte de la part des masses, ni du fait qu'elles peuvent
facilement tomber sous l'influence de l'élite dirigeante ou se
sentir impuissantes face à l'ampleur de l'appareil de répression
étatique déployé devant eux, mais découle en réalité de
l'absence d'une direction révolutionnaire et d'une organisation
armée d'un programme approprié qui défende la classe des
travailleurs pour le changement et pour la transformation de la
société.
Dagga lors de la grande grève de janvier 2012 |
Tâches immédiates
À présent, les
camarades du DSM à Ajegunle vont se repositionner afin de permettre
une intervention et un soutien efficaces à nos camarades enseignants
qui vont certainement devoir opérer dans un climat hostile, vu la
composition du reste de la direction du syndicat. Il devient
impératif d'organiser des activités bien ficelées afin de nous
bâtir un soutien de la part de la base des enseignants. Il est
également important en tant que tâche immédiate de construire le
Forum des enseignants socialistes parmi les enseignants non
seulement à Ajegunle, mais dans tout l'état de Lagos.
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