Il
y a 60 ans, Joseph Staline était retrouvé mort dans sa
chambre. Aujourd'hui encore, les médias et écrivains capitalistes
passent beaucoup de temps à compter encore et encore le nombre de
victimes des terribles crimes du stalinisme et à cherche à donner
un profil psychologique de ce tyran.
Par contre, ce qui manque
systématiquement dans leurs écrits est une analyse de la manière
dont a pu naitre le phénomène du système totalitaire dont il était
le chef. À la place, tous ces pseudo-analystes préfèrent dépenser
tous leurs efforts à salir le drapeau du socialisme véritable et à
trouver un soi-disant lien direct entre le stalinisme et le
socialisme.
Comme nous l'avons vu après l'effondrement des États
staliniens au début des années '90, la classe capitaliste et
ses porte-paroles vont tout faire pour utiliser les horreurs du
stalinisme comme un épouvantail afin de convaincre les travailleurs
qu'il est inutile de vouloir changer la société, puisque tous les
efforts de construire le socialisme se terminent “forcément” par
la dictature et l'effondrement économique.
Article
rédigé par Niall Mulholland et Robert Bechert, de la direction du
CIO, à l'occasion du 50ème anniversaire de la mort de Staline,
en 2003
Au
contraire, seules les idées du véritable marxisme, et en
particulier l'analyse donnée par Léon Trotsky dans les
années '20 et '30, peuvent révéler les causes véritables
de la montée et de l'effondrement final du stalinisme, une des
forces les plus réactionnaires et les plus contre-révolutionnaires
de l'histoire de l'humanité. Seules ces idées peuvent nous montrer
la voie hors de la crise actuelle du capitalisme, vers la créatiion
d'une société véritablement socialiste libérée de toute
oppression et exploitation.
Afin
d'expliquer la nature du stalinisme, nous nous basons essentiellement
ici sur les écrits de Trotsky qui décrivent brillamment le
processus qui a mené de la victoire de la révolution russe de 1917
à sa dégénération puis à la montée en puissance d'une puissante
bureaucratie contre-révolutionnaire, menée par Staline. En
particulier, nous recommandons à nos lecteurs de se tourner vers les
ouvrages La Révolution
trahie,
Bolchévisme
contre stalinisme,
et Lettre
aux travailleurs de l'URSS
(ce dernier texte en anglais).
La
révolution russe a marqué l'événement le plus important dans
toute l'histoire récente : pour la première fois, la classe
ouvrière est parvenue au pouvoir, a aboli le capitalisme et commencé
à gérer la société elle-même. La révolution était dirigée par
les bolchéviks, eux-mêmes sous la direction de Lénine et Trotsky.
Au cours de l'année 1917, Staline n'a joué qu'un rôle mineur
dans les évènements, quoiqu'en disent certains académiciens
staliniens qui ont tenté de réécrire l'histoire (en gommant le
rôle de Trotsky et en inventant à Staline toutes sortes
d'exploits).
Cependant,
confronté à de très dures conditions économiques et sociales, et
à un hostile encerclement capitaliste, le jeune État soviétique,
s'est retrouvé dès le départ assiégé. L'Armée rouge,
organisée par Trotsky, a triomphalement combattu les
vingt-et-une armées du capitalisme, les vainquant aux portes
mêmes de la révolution, mais à un cout énorme en termes de
puissance et de cohésion de la classe ouvrière, dans un pays dominé
par la paysannerie.
Lénine
et Trotsky répétaient constamment qu'il fallait briser le siège et
étendre la révolution à l'Ouest – ce n'est qu'ainsi qu'ils
pourraient sauver la démocratie soviétique et faire triompher le
socialisme. Cette approche internationaliste se trouvait à la base
de la fondation de la Troisième Internationale, en 1919.
Mais pour toute une série de raisons, les premières vagues de la
révolution en Europe occidentale, dont les travailleurs
s'inspiraient de l'exemple de la révolution russe, ont été
vaincues, menant à une encore plus grande isolation de la Russie
révolutionnaire.
Lénine et Trotsky pendant la révolution |
La
lutte contre la montée de Staline
Lénine
et Trotsky se sont vus contraints de combattre la puissance
croissante des bureaucrates, qui trouvaient un terrain fertile dans
les conditions de l'arriération du pays. Staline allait jouer un
rôle crucial en tant que représentant et défenseur des intérêts
étroits et égoïstes de la bureaucratie. Lénine avait averti le
Parti communiste au sujet de la brutalité et de la grossièreté
de Staline, au sujet de son mépris des droits des minorités
nationales et de ses autres camarades, et avait réclamé,
malheureusement en vain, que Staline soit démis de sa fonction de
secrétaire du parti.
Dans
les années '20, Trotsky organisa un courant appelé
l'Opposition de gauche, qui se battait contre la montée en puissance
de la bureaucratie stalinienne. La bureaucratie tirait sa force de
l'arriération, de la famine, de l'effondrement de l'économie. La
classe ouvrière était épuisée et décimée par la guerre
impérialiste, par deux révolutions et par la guerre civile.
Comme
l'expliquait Trotsky, dans une situation de pénurie, les
bureaucrates jouent un rôle crucial dans la distribution et le
rationnement des maigres ressources disponibles. C'est cela qui leur
a au départ conféré leur pouvoir et leur influence. La classe
ouvrière, épuisée, était de moins en moins capable de réclamer
que ces cadres rendent des comptes et de contrôler la croissance de
la bureaucratie à tous les échelons de la vie sociale, politique et
économique.
Les
forces du véritable bolchévisme, dirigées par Léon Trotsky
et par l'Opposition de gauche (après la mort de Lénine en 1924),
ont résisté jusqu'au bout à la contre-révolution, se sont battues
pour un retour à la démocratie ouvrière basée sur les soviets
(conseils ouvriers). Mais vu les conditions sociales et
économiques extrêmemement dures, et vu le fait que la révolution
socialiste dans les pays capitalistes développés tardait à venir,
l'opposition ouvrière a fini par succomber de manière sanglante
sous les lourdes mains du stalinisme.
Dans
La Révolution trahie,
Trotsky décrit brièvement comment Staline s'est retrouvé à la
tête de la nouvelle caste parasite :
« L'opposition
se trouva isolée. La bureaucratie battait le fer tant qu'il était
chaud. Exploitant le désarroi et la passivité des travailleurs,
dressant les plus arriérés contre les plus avancés, s'appuyant
toujours plus hardiment sur le koulak (riche fermier) et de façon
générale sur l'allié petit-bourgeois, la bureaucratie réussit à
triompher en quelques années de l'avant-garde révolutionnaire du
prolétariat. Il serait naïf de croire que Staline, inconnu des
masses, sortit tout à coup des coulisses armé d'un plan stratégique
tout fait. Non. Avant qu'il n'ait lui-même entrevu sa voie, la
bureaucratie l'avait choisi.
Il lui donnait toutes les garanties
désirables : le prestige d'un vieux-bolchevik, un caractère
ferme, un esprit étroit, une liaison indissoluble avec les bureaux,
seule source de son influence personnelle. Staline fut au début
surpris lui-même par son succès. C'était l'approbation unanime
d'une nouvelle couche dirigeante qui cherchait à s'affranchir des
vieux principes comme du contrôle des masses et qui avait besoin
d'un arbitre sûr dans ses affaires intérieures. Figure de second
plan pour les masses et la révolution, Staline se révéla le chef
incontesté de la bureaucratie thermidorienne, le premier d'entre les
thermidoriens. »
Trotsky
expliquait que le régime stalinien qui avait pris le pouvoir en
Russie s'était débarrassé de tous les derniers éléments de
démocratie ouvrière en déclenchant une sanglante
contre-révolution. Néanmoins, il n'y a pas eu de retour au
capitalisme. La nouvelle couche dirigeante se basait en effet sur
l'économie nationalisée, à partir de laquelle elle tirait ses
privilèges, sa puissance et son prestige. Malgré la bureaucratie,
l'économie planifiée apporta d'immenses acquis sociaux pour la
classe ouvrière, bien que cela se fasse au prix de très nombreuses
pertes humaines et d'un immense gaspillage. Trotsky défendait les
bases économique de l'URSS, mais ne donnait aucun soutien à la
bureaucratie. Au contraire, comme il le répétait sans cesse, la
seule manière de sauver ce qui restait des acquis de 1917 était
de renvers la bureaucratie et de restaurer la démocratie ouvrière
afin qu'elle reprenne le contrôle de la société. C'était là le
programme essentiel de révolution politique qui était nécessaire
afin d'ouvrir la voie vers le véritable socialisme.
Staline à 24 ans, peu avant la révolution russe de 1905. Camarade dévoué, il ne se doutait certainement pas de ce qui l'attendait. |
Les
excès et les désastres de la politique stalinienne
Les
excès des zigzags de la politique stalinienne se reflétaient à
tous les niveaux. C'est surtout dans l'agriculture que Staline a
causé le plus de torts. Après s'être reposé sur les riches
fermiers (koulaks) pour s'assurer un soutien, Staline s'est tout à
coup brutalement retourné contre eux au moment où il a perçu que
leur prospérité et pouvoir croissants menaçaient la stabilité de
son régime. Staline a introduit un “plan quinquennal” dans
l'agriculture qui a été condamné par Trotsky et l'Opposition de
gauche. La même Opposition de gauche avait été critiquée par la
clique stalinienne car elle avait appelé à la collectivisation de
la production agricole, qui aurait dû se faire de manière
volontaire et sur base d'un libre consentement de la part des
paysans. Mais Staline déclara la collectivisation du jour au
lendemain de manière violente et forcée. Cela amena le chaos et la
famine dans le pays.
À
l'international aussi la bureaucratie montante suivait une politique
caractéristique faite de zigzags, qui ne reflétaient de plus en
plus que son unique intérêt national, plutôt que les intérêts de
l'internationalisme prolétarien. Ainsi, lorsque la bureaucratie
cherchait toujours une manière de consolider son pouvoir, Staline et
des personnalités de la Troisième Internationale comme
Zinoviev ordonnaient une politique à la fois gauchiste et
opportuniste qui visait à déclencher des luttes révolutionnaires
dans toute une série de pays, notamment en Allemagne, en Chine et au
Royaume-Uni. Cette tactique erronnée a brisé les perspectives de
victoire et a affaibli, voire anéanti les Partis communistes
dans ces pays. Plus tard, une fois que les staliniens avaient
totalement pris le contrôle du pouvoir et étaient dès lors opposés
de manière consciente à la révolution mondiale (qu'ils craignaient
à juste titre car elle aurait inévitablement mené à une révolte
des travailleurs en URSS elle-même), Staline et ses lieutenants ont
mis en avant l'idée de “fronts populaires” qui devaient
associer dans une même lutte les organisations ouvrières de masse
et les capitalistes “progressifs”, anti-impérialistes, ce qui a
mené à des défaites sanglantes dans toute une série de pays
– surtout en Espagne, en Chine et en Allemagne.
Avec
la défaite de la révolution chinoise à la fin des années '20,
la défaite d'une nouvelle révolution allemande qui a ouvert la voie
à Hitler, et la défaite de la révolution espagnole dans les
années '30 qui a porté Franco au pouvoir – toutes ces
défaites ayant été orchestrées par le “guide” Staline et
sa clique réactionnaire au Kremlin – la bureaucratie
staliniste et sa théorie contre-révolutionnaire du “socialisme
dans un seul pays” (c'est-à-dire, l'abandon de l'idée de
révolution mondiale) ont toutes deux été énormément renforcées.
Alors que Lénine sur son lit de mort avait désavoué Staline, la bureaucratie créa un mythe de “Staline, fils de Lénine”, conférant un statut quasi divin à ces deux personnes |
Dans
les années '30, Staline a alors lancé ses fameuses
Grandes Purges, qui ont, au rythme des procès-spectacles,
arraché les “confessions” de nombreux vieux blochéviks
selon lesquelles ils auraient cherché à commettre d'absurdes
“crimes contre-révolutionnaires”. Ainsi, Staline annihilait
d'innombrables opposants ouvriers, et nettoyait définitivement
toutes les traces des idéaux de la révolution d'Octobre 1917,
afin de consolider le pouvoir de la bureaucratie.
Après
la faillite complète de la Troisième Internationale, qui s'est
avérée incapable ne serait-ce que de mener la discussion sur les
raisons de la prise du pouvoir par Hitler sans que le
Parti communiste allemand n'ait pu y organiser la moindre
résistance, Trotsky est arrivé à la conclusion qu'il fallait
abandonner tout espoir de rattraper cette organisation, et qu'il
fallait à la place chercher à construire une nouvelle, Quatrième,
Internationale.
Les
tâches de cette Quatrième Internationale étaient d'assembler
les travailleurs et les jeunes du monde entier sous une bannière
claire qui combatte de manière implacable le capitalisme et le
fascisme via une révolution socialiste dans les pays capitalistes,
et qui en même temps menait la lutte pour une révolution politique
afin de renverser la bureaucratie réactionnaire qui avait pris le
pouvoir en Russie. L'article de Trotsky
Vingt ans de
dégénérescence stalinienne
et sa Lettre aux
travailleurs de l'URSS
ont été rédigés à la fin des années '30, à un moment de
terribles défaites pour la classe ouvrière sous les mains de
Staline et des fascistes ; malgré tout, Trotsky y brille par
son optimisme toujours radieux.
Au fur et à mesure des purges, l'histoire et les photos étaient modifiées afin de faire disparaitre la mémoire même des dirigeants de la révolution. Ne reste que Staline. |
En aout 1939,
Staline a signé un “pacte de non-agression” avec Hitler. C'était
là une tentative désespérée et cynique de préserver
l'Union soviétique du désastre de la guerre, mais elle a
lamentablement échoué. En juin 1941, Hitler a lancé une
offensive gigantesque contre l'URSS et s'est enfoncé très loin sur
le territoire russe. L'Armée rouge, qui avait été
extrêmemement affaiblie par les purges généralisées, a été
balayée et n'a pu se rétablir que miraculeusement.
Après
la Seconde Guerre mondiale, les apologistes de Staline ont
tenté de démontrer que le rôle de Staline dans la guerre avait été
crucial dans le cadre de la victoire soviétique contre le nazisme.
Rien n'est plus faux ; les purges avaient tellement affaibli
l'Armée rouge que Hitler est arrivé très proche de la victoire.
C'est uniquement l'héroïsme du peuple de l'Union soviétique,
qui défendait les acquis économiques et sociaux de la révolution
d'Octobre contre la barbarie nazie, et la supériorité de l'économie
planifiée (orientée toute entière vers l'effort de guerre) qui ont
pu vaincre les forces nazies – malgré le fardeau de la
bureaucratie stalinienne. Plus de 25 millions de gens sont morts
dans le cadre de cette bataille.
Malgré
le rôle de Staline et de sa clique, le stalinisme est sorti
énormément renforcé de la guerre, avec toute une série de
nouveaux régimes staliniens établis en Europe centrale. Ces
régimes sont apparus sur base du vide politique laissé par la
défaite du nazisme, de l'avancée victorieuse de l'Armée rouge
et de l'incapacité du capitalisme à faire progresser la société
dans ces pays. L'extension du stalinisme en Europe centrale et
plus tard dans de nombreux pays d'Asie, d'Afrique et en
Amérique latine qui cherchaient à sortir de la double impasse
du capitalisme et du féodalisme, a contribué à renforcer l'attrait
du stalinisme (“communisme”) pendant toute une période.
Après la Seconde Guerre mondiale, Staline s'est retrouvé à table avec les dirigeants de l'impérialisme pour un nouveau partage du monde |
L'antagonisme
entre un stalinisme revigoré, basé sur une économie planifiée
nationalisée, et les grandes nations capitalistes, qui
représentaient chacun deux systèmes sociaux opposés, a bientôt
mené à ce que l'on a appelé la Guerre froide. Dans ce cadre,
la bureaucratie de Moscou était toujours prête à chercher des base
de soutien, mais jamais à promouvoir le socialisme. Dans les pays
capitalistes développés, ses partisans étaient utilisés pour
freiner et saboter les luttes, comme en France en 1968,
au Chili en 1973, au Portugal en 1975, toutes des
luttes qui auraient pu renverser le capitalisme. Dans le monde
ex-colonial, les partis communistes ont fait dérailler les luttes
révolutionnaires grâce à un programme qui visait à subordonner la
classe prolétaire et la paysannerie aux couches soi-disant
“progressistes”, anti-impérialistes des classe dirigeantes de
ces pays.
De
nombreuses luttes ont ainsi connu des défaites sanglantes, comme en
Indonésie ou au Soudan.
Beaucoup de dirigeants du Tiers-Monde ont cru voir dans le stalinisme un modèle à suivre pour se libérer du capitalisme. Ici, Sékou Touré avec Fidel Castro. |
La
mort du “grand dirigeant”
Staline
est mort en 1953 à un moment où le système qu'il dirigeait
semblait être devenu fort. Après des décennies de propagande
étatique autour du “culte de la personnalité”, de grandes
sections de la population soviétique considérait même Staline
comme un être quasi divin. (Il y a en réalité toutes sortes de
rumeurs selon lesquelles Staline aurait été assassiné par ses
propres partisans qui le considéraient fou et incontrôlable. Ils
craignaient qu'il ne soit en train de préparer de nouveaux pogroms
contre les juifs de Russie, ce qui aurait considérablement
déstabilisé l'État.)
Tout
au long des années qui ont suivi sa mort, les dirigeants staliniens
allaient continuer à déclarer que l'Union sovétique était
sur le point de dépasser les riches nations capitalistes. Beaucoup
de gens louaient Staline pour avoir transformé l'économie de
l'Union soviétique, qui s'était énormément accrue pendant
les années '30 et après la Seconde Guerre mondiale.
Mais cette croissance était le produit des avantages de l'économie
planifiée, pas de Staline. Cependant, comme Trotsky l'avait
brillamment prédit, sous le régime totalitaire, l'économie
nationalisée allait finir par stagner au fur et à mesure qu'elle
devenait plus complexe et plus développée.
Une
économie planifiée nécessite la démocratie ouvrière pour
fonctionner, tout comme le corps humain nécessite de l'oxygène.
Soit la classe ouvrière allait renverser la bureaucratie parasitaire
et reprendre le pouvoir par une révolution politique, soit
l'effondrement économique allait mener à une restauration
capitaliste.
La
possibilité d'une révolution politique s'est révélée lors de la
révolte héroïque de la classe ouvrière hongroise en 1956.
Les travailleurs désiraient accomplir une révolution politique qui
aurait mené au renversement du régime despotique et à
l'instauration d'une démocratie ouvrière sur base de l'économie
planifiée, qui aurait pris le contrôle de la société. Mais cette
révolution a été écrasée par les force armées soviétiques.
À
la fin des années '80 et '90, de nombreux mouvements sont
apparus dans presque tous les États staliniens contre les cliques
dirigeantes. Au départ, comme on l'a vu surtout en
Allemagne de l'Est, beaucoup de ces manifestants se
battaient contre l'élite privilégiée et pour les droits
démocratiques, c'est-à-dire pour les même revendications que
Trotsky avait mises en avant lors de la lutte contre la montée du
stalinisme. Malheureusement, sans une direction avisée, le potentiel
pour une révolution politique a été perdu. L'Occident était à ce
moment en phase de croissance (même si cette croissance se faisait
surtout sur le dos des travailleurs et au détriment de leurs
conditions de vie), ce qui a donné l'illusion qu'un retour à une
économie de marché (au capitalisme) pouvait être la solution à la
stagnation économique en Europe de l'Est. La restauration
capitaliste a été accomplie dans l'Union soviétique et dans
le reste de l'Europe de l'Est et centrale. Mais cette
restauration s'est avérée n'être qu'une sinistre escroquerie pour
les masses des ex-États staliniens : le niveau de vie dans
ces États a connu une chute sans précédent tout au long des
dix années suivantes.
Bien
que pour tout une série de raisons que Trotsky ne pouvait anticiper,
le stalinisme se soit maintenu beaucoup plus longtemps que ce qu'il
avait prédit, l'effondrement de l'Union soviétique et des
États d'Europe de l'Est, dans les années 1989-1991,
a confirmé l'analyse selon laquelle le choix qui se posait aux
États staliniens était, au final, entre une révolution
politique ou la restauration du capitalisme.
La
restauration du capitalisme en Russie et en Europe de l'Est
a été un désastre sans nom pour les travailleurs, comme Trotsky
l'avait prédit longtemps auparavant. Elle a mené à un effondrement
sans précédent du niveau de vie et à une terrible régression
sociale et culturelle.
Avec la restauration capitaliste, beaucoup de Russes ont perdu non seulement leur niveau de vie, mais aussi le gout de la vie |
Seules
les idées et les méthodes du véritable socialisme peuvent montrer
la voie pour les masses de la population des anciens
États staliniens. Ce sont pour ces idées que les militants
du CIO se battent partout dans le monde, y compris dans les
anciens États staliniens en Europe de l'Est et en
Europe centrale.
Contrairement
à ce qu'il était au moment de la révolution en Russie en 1917,
le rapport de force est aujourd'hui beaucoup plus favorable à la
classe ouvrière internationale, qui est depuis devenue beaucoup plus
grande et beaucoup plus puissante. Cependant, les leçons de la vie
et de l'héritage de Staline doivent servir de leçon pour le
mouvement ouvrier international : seule une démocratie
prolétarienne et l'internationalisme prolétarien, en tant
qu'aspects centraux dans la lutte socialiste pour un changement de
société, peuvent renverser le capitalisme et donner naissance à
une véritable démocratie socialiste.
Camarades du CIO en Russie, en lutte pour un retour à un véritable socialisme |
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