samedi 29 juin 2013

CI : crise au sein du régime

Comme une odeur de fin de règne…



Les élections municipales et régionales du 24 avril ont constitué un point tournant dans la situation politique en Côte d'Ivoire. Depuis lors, le régime Ouattara connait une véritable situation de crise, les critiques fusent à son égard de toutes parts, y compris au sein de ses propres militants. En même temps, la crise politique s'étend à l'ensemble des partis politiques ivoiriens, les palabres et exactions s'amplifiant au fur et à mesure des préparations pour les présidentielles de 2015. Au milieu de tout ça, on assiste à un renforcement des tendances dictatoriales de l'establishment.

Petit tour d'horizon.

Article par Jules Konan, CIO en Côte d'Ivoire, mise à jour 15/08/2013


Des élections ratées

Nous avons déjà analysé en long et en large dans notre article du jeudi 9 mai le bilan des élections locales en Côte d'Ivoire. Au cours de ces élections, nous avons pu constater un taux de participation historiquement bas, l'échec du RDR à remporter la majorité des communes, la défaite de toute une série de cadres RDR et ministres de gouvernement, la montée des indépendants. L'abstention et les indépendants sont donc devenus les réels vainqueurs des élections. De même, la campagne électorale absurde et couteuse a été assombrie par les conflits entre militants et cadres de partis (comme à Séguéla où Djédjé Mady s'est fait chasser par ses membres du PDCI). Le jour des élections a été entaché de multiples fraudes, et nous avons de surcroit été gratifié d'une mini-crise post-électorale dans de nombreuses communes, dont Koumassi où c'est le ministre Bacongo lui-même qui appelait à la violence et à la contestation. Tout cela, en l'absence du FPI, que l'on accuse pourtant d'être la source de tous les maux dans le pays !

Mini-crise post-électorale fin avril ;
comme quoi le FPI n'a pas le monopole de la violence…

Des ministres détestés

Ils sont nombreux, les ministres de gouvernement qui ont réussi à se faire détester récemment ; nombreux aussi, ceux qui racontent toutes sortes de salades à une population de plus en plus mécontente et déçue. Citons :
  • Gnamien Konan, ministre de la Fonction publique, l'homme qui a ponctionné les salaires des enseignants et des fonctionnaires pour fait de grève, et qui refuse de revenir sur sa décision malgré les sous-entendus émis par lui afin de désamorcer le mouvement ;
  • Candia Kamara, ministre de l'Enseignement, dont tout le monde se moque pour son incapacité à aligner deux phrases correctes en français, qui a exigé la délation de la part des directeurs et inspecteurs scolaires afin de mieux réprimer les enseignants grévistes, qui a blagué les enseignants contractuels, et dont la démission a été réclamée même par des lycéens venus protester devant son bureau en soutien à leurs enseignants ;
  • Alain Lobognon, ministre des Sports qui, outre ses appels aux jeunes à ne pas “rejoindre les cancres de la fonction publique”, a suscité une grève de l'ensemble des fédérations sportives contre son projet de restructuration de la filière qu'il a voulu faire passer coute que coute sans demander l'avis de personne ;
  • Hamed Bakayoko, ministre de l'Intérieur, dont on attend toujours un geste fort par rapport au drame de la Saint-Sylvestre, sans compter son interdiction systématique de toute manifestation à Abidjan ;
  • Ibrahim Cissé “Bacongo”, ministre de l'Enseignement supérieur, lapidé par les étudiants de l'université de Cocody, menteur et mythomane invétéré, fauteur de troubles dans sa commune, et voleur présumé de 112 milliards de francs destinés à la réhabilitation des campus ;
  • Paul Koffi Koffi, ministre de la Défense, qui reste impassible devant les nombreuses exactions commises par les FRCI sur de pauvres villageois ; et qui se met maintenant les FRCI à dos pour la manière dont il les chasse “comme des cabris” après qu'on leur ait promis monts et merveilles ;
  • Jean-Louis Billon, ministre du Commerce, dont les associations de consommateurs se plaignent de l'inaction face à la cherté de la vie croissante ; Mamadou Sanogo, ministre du logement, qui a envoyé la police attaquer les bureaux de la Sicogi dans le cadre d'une sombre affaire de conflit de responsabilités concernant la construction prévue de 60 000 logements sociaux ;
  • Anne Ouloto, ministre de la Famille, une autre pleurnicharde des élections municipales, appelée “madame Bulldozer” pour son approche absolument antisociale losqu'elle était ministre de la Salubrité, et mouillée dans l'affaire Santarem ;
  • Rémi Kouadio, ministre de l'Environnement, qui s'annonce “intransigeant sur l'application du décret” d'interdiction des sachets plastiques, sans proposer de véritable solution alternative ;
  • Patrick Achi, ministre des Infrastructures économiques, généralement bien apprécié par la population, mais qui s'est fait tirer les oreilles par le président à cause des coupures d'eau intempestives ;
  • Adama Toungara, ministre des Mines et de l'Énergie, très critiqué par les compagnies minières pour sa gestion très floue de l'attribution des concessions minières, et lui aussi blâmé par le président pour les coupures d'électricité à répétition (qui ne sont “pas des délestages”), en plus de sa résidence de 16 mois dans la suite royale de l'hôtel Pullman à 90 millions de francs par mois ;– le portefeuille des mines lui a d'ailleurs été enlevé au mois d'aout 2013  
  • Mamadou Coulibaly, ministre de la Justice et des Droits de l'homme, critiqué par les ONG et les diplomates du monde entier pour sa “justice des vainqueurs” ;
  • Mamadou Coulibaly (un autre), ministre de l'Agriculture dont beaucoup de gens se plaignent de la réforme de la filière cacao, sans mentionner les problèmes dans l'anacarde, etc. ;
  • et le premier ministre Daniel Duncan himself, qui le jour du 1er Mai, déclarait devant les syndicats ahuris que le gouvernement a déjà créé le million d'emplois promis – 100 000 dans le formel et 900 000 dans l'informel (!) –, alors que le président lui-même ne cesse de répéter qu'il n'arrivera pas à réaliser cette promesse avant la fin de son… second mandat, sans compter toutes sortes d'autres mauvais tours joués par le même premier ministre aux enseignants grévistes, etc.

    Mise à jour du 15/08/13 : Entretemps, Moussa Dosso, ministre de l'Emploi, qui est le seul à encore croire à la possibilité de créer un million d'emplois, nous a annoncé après une longue enquête de terrain que le chômage en Côte d'Ivoire n'atteint que 9 % (– cool, mieux qu'en Europe !) alors que tout le monde sait qu'il est d'au moins 40 % ; et la ministre de l'Économie Nialé Kaba a rompu sans préavis le contrat de surveillance des denrées importées au port d'Abidjan conclu avec la société Véritas (ce qui a couté une amende de 10 milliards) pour mettre à la place une société gérée par un ami du président, Webb Fontaine, qui n'a pourtant aucune expérience dans le domaine, et pour un prix de 83 milliards.

Cette liste regroupe donc 15 ministres sur les 29 que compte le gouvernement. Même si l'on pourrait encore parler aussi de manière générale de la lenteur avec laquelle avancent les différents projets prévus par les ministères de l'Emploi, de l'Élevage, du Plan, du Tourisme, etc.

Le gouvernement ivoirien : une belle équipe de vainqueurs…

Le président, intouchable ?

Dans tout ça, beaucoup de gens continuent à espérer que le président Ouattara ne s'exprime pas parce qu'en réalité, il serait “pris en ôtage par ses ministres”, qu'on lui “cacherait des choses”. Bon, mais alors que vaut-il en tant que président ? C'est vrai qu'il n'est jamais au pays, qu'il ne cesse de se promener un peu partout (rien que sur les deux derniers mois, il est encore parti en France, au Cameroun, en Guinée équatoriale, au Japon, et j'en oublie certainement) pour appeler les investisseurs à venir en Côte d'Ivoire, “pays émergent” en 2020, pays stabilisé, et à demander aux Ivoiriens de la diaspora à rentrer au pays.

Le président semble donc complètement déconnecté de la réalité du pays. En même temps, il continue à mendier de l'argent à gauche à droite, et déjà il est critiqué par plusieurs économistes qui lui reprochent de réendetter l'État. Il s'est d'ailleurs même fait remettre à sa place en public par le président de Guinée équatoriale qui lui a rétorqué que plutôt que de demander l'aide de l'Europe pour sécuriser le golfe de Guinée, les Africains feraient mieux de compter sur eux-mêmes (que cela ne nous donne par contre pas la moindre illusion dans le caractère pro-impérialiste du dictateur Obiang Nguema).

En fait, le silence du président fait simplement partie d'une vieille combine destinée à préserver la soi-disant innocence du chef de l'État. Gbagbo lui-même avait cultivé une image d'un président “à l'écoute du peuple” grâce à laquelle, aujourd'hui encore, il est généralement admis que tous les maux du gouvernement Gbagbo découlaient de mauvais ministres qui manipulaient le bon président, l'innocent saint Laurent.

C'est la même illusion qui avait poussé le peuple russe en 1905 à envoyer une pétition au tsar pour le prévenir du mal que faisait au peuple son gouvernement. Le 21 janvier, organisé par un prêtre, un cortège porteur de la pétition, brandissant des portraits du tsar bien-aimé, alla frapper à la porte du palais à Saint-Pétersbourg. Le tsar cependant avait vidé les lieux en laissant l'armée à la place. La fusillade qui s'ensuivit fit plus de 1000 morts et plus encore de blessés. C'est ce “dimanche rouge” qui déclencha la révolution russe de 1905 qui embrasa tout le pays pendant six mois et eu de très importantes conséquences politiques.

En réalité, dans le scandale de l'attribution du deuxième port d'Abidjan, le président s'est clairement positionné en faveur de Bolloré, avant même que l'Agence de régulation des marchés publics ne donne son avis. En réalité aussi, le président a aussi fait voter par le parlement en guise de mesure d'urgence (sans qu'aucun réel débat ne puisse être organisé en son sein donc) le droit pour lui-même de gouverner par ordonnances pour toute l'année 2013 en ce qui concerne la politique sociale et économique. C'est-à-dire que le président s'accorde donc un droit de faire tout ce qu'il veut sans que ces décisions ne puissent être contestées par qui que ce soit. Si cette pratique était courante sous les autres gouvernements qui ont dirigé la Côte d'Ivoire, on s'attendait quand même à autre chose de la part d'un “grand démocrate” qui avait en outre fait la promesse de réduire les pouvoirs du président et de donner un plus grand rôle à l'Assemblée nationale.

Alagnissan et sa Première Dame, otages d'un gouvernement incompétent ?


Le gouvernement lâché par ses soutiens

La “justice des vainqueurs”, le “rattrapage ethnique” et les exactions commises par les FRCI sont de plus en plus critiqués par toutes sortes d'organisations. La Ligue des droits de l'homme, Amnesty International, Global Witness ont tous dénoncé l'enfermement des opposants politiques, dont beaucoup croupissent en prison dans le Nord depuis deux ans sans aucun jugement et sans qu'ait été prouvée leur culpabilité de quoi que ce soit. Le président rétorque à chaque occasion qu'il désire “laisser la justice faire son travail”, que la “justice est indépendante”… On n'a pourtant jamais vu de justice indépendante dans aucun république bourgeoise, et a fortiori en Côte d'Ivoire où tout le monde sait que les procès sont remportés par le camp qui fait la plus grosse proposition aux magistrats. Toutes ces ONG ont de plus été proprement dénoncées comme autant d'agences “pro-FPI”. D'accord, mais que dire de la sortie de l'ambassadeur des États-Unis ? Lui aussi est pro-FPI ? La communauté internationale qui a porté Ouattara au pouvoir est de plus en plus circonspecte par rapport au soutien qu'elle veut bien lui accorder. En France, les contacts UMP de Ouattara sont sur la sellette, comme Nicolas Sarkozy qui se retrouve aujourd'hui pris dans le procès des multiples affaires de corruption perpétrées sous son régime. C'est dans ce cadre qu'il faut considérér les “opérations drague” de François Hollande, à qui ADO a décerné de concert avec son ami Henri Bédié le “prix de la paix” pour avoir fait la guerre au Mali. Bravo !

Tout aussi grave pour le régime est la perte de soutien de la part de ses propres militants au pays. L'échec aux législatives partielles de janvier aurait dû “être une leçon” selon la déclaration du secrétaire du RDR Soumahoro, pourtant rien n'a été fait pour éviter la même défaite lors des municipales. Les militants sont dégoutés, de plus en plus de critiques paraissent dans la presse. Ainsi, le maire d'Adjamé RDR Youssouf Sylla qui appelait dans une interview le 20 juin à la démission de Soumahoro et qui dénonçait “l'indiscipline” qui règne dans son parti, refusant pourtant d'y voir le signe “d'un malaise”. Pourtant, quand la base d'un parti se met à refuser massivement les candidats désignés par le sommet du parti et à voter pour des indépendants issus de la base, on ne peut pas décemment déclarer que le RDR est “en bonne santé”.

Il y a trois semaines, le 10 juin, nous avons vu le quasi-lynchage du député RDR de Bingerville, Adama Soumahoro (à ne pas confondre avec Amadou Soumahoro) par les jeunes RDR de sa commune, traité de traitre pour s'être mis sur la liste PDCI contre le candidat RDR. Hier les producteurs d'anacarde du Nord annonçaient leur intention d'accueillir le président en visite à Korhogo du 2 au 8 juillet avec tous leurs sacs de noix de cajou invendus (dont le prix est passé en quelques semaines de 200 f à 50 f du kg), pour que le président les achète. Dans le Nord toujours, les chefs traditionnels de Kong, ville natale d'ADO, demandent que les prisonniers politiques soient transférés dans le Sud pour qu'au moins ils puissent recevoir la visite de leurs proches, avertissant : « Le pouvoir n'est pas éternel. Il peut changer de mains. Nos enfants risquent de payer cela ».

Sentant le vent tourner, on voit même à présent certains ministres se désolidariser de leur gouvernement. Billon a osé accuser ses collègues d'avoir grillé les règles de déontologie dans l'attribution des marchés publics en donnant la concession du deuxième port d'Abidjan à Bolloré, alors que Bolloré est déjà détenteur du premier port et qu'il ne rentrait pas dans les conditions pour pouvoir se présenter. Pourquoi s'être tu jusqu'à présent ? On a beau accuser Billon de n'être pas impartial vu que son frère est patron de Movis, un des rivaux de Bolloré (et concessionnaire du port de San Pedro), il faut surtout voir plutôt que Billon sent bien que sa participation à ce gouvernement corrompu et antisocial risque de déteindre sur sa carrière, et compte se tailler une sortie honorable, au contraire de Hamed Bakayoko dont le seul argument est que « Billon est mal placé pour agir ainsi » parce qu'« il est membre du gouvernement ».

Pendant ce temps, les populations sont terrorisées, comme en atteste la rumeur sur les rafles qui s'est répandue à Abidjan le mardi 11 juin sans que cette rumeur n'ait la moindre base matérielle. C'est-à-dire que n'importe qui peut s'amuser à balancer un sms à cinq de ses copains pour créer une psychose nationale – pas mal ! Cela est très révélateur de l'état d'esprit qui s'est emparé de la population. En même temps, l'attaque d'un village d'Anyama cette nuit-même par les FRCI qui ont tué un étudiant et volé des centaines de milliers de francs, ne va pas arranger non plus la situation…

ADO se bat pour conserver le soutien de sa chère “communauté internationale”

Y a rien en face !

On pourrait qu'avec tout ce qui se passe dans le pays, les habitants allaient commencer à manifester, soutenus par les partis d'opposition ? Non, rien de tout ça. D'abord, parce qu'il devient de plus en plus dur de manifester, vu la violence des forces armées à la solde du régime ; sauf quand la manifestation est sanctionnée par le régime, comme ça a été le cas de la soi-disant marche des victimes de Gbagbo, apparemment montée de toutes pièces et dirigée par un ex-chef rebelle. Ensuite parce qu'il n'y a aucun parti d'opposition pour organiser la riposte.

Le PDCI est en ce moment plongé dans sa propre crise de régime. Il est totalement écartelé entre ceux qui veulent voir Bédié dégager, et ceux qui veulent le maintenir à la tête du parti coute que coute et jusqu'à sa mort s'il le faut, au mépris des textes mêmes de ce parti. Les pro-Bédié invoquent toutes sortes d'arguments débiles (comme les accords de Marcoussis) et font preuve d'un sophisme monstrueux pour justifier le fait que la limite d'âge fixée dans le parti est maintenant surannée – on croirait entendre un fanatique chrétien tenter de prouver que le Nouveau Testament annule l'Ancien !

En plus de la crise de succession, une partie du PDCI désire clairement se distancier du régime RDR qui devient de plus en plus puant, pour éventuellement s'associer avec le FPI – ou en tous cas pour pouvoir reprendre les postes qui leur ont été pris par le RDR dans le cadre de l'alliance RHDP. L'autre partie désire continuer à manger avec le pouvoir RDR pro-impérialiste, et est prête à sacrifier la candidature du PDCI en 2015 pour laisser Ouattara seul candidat du RHDP. Même si Bédié refuse de se prononcer clairement et ouvertement sur la question, bottant en touche en “attendant le prochain congrès”, censé se tenir en octobre 2013.

L'organisation de ce congrès même fait l'objet de toutes les luttes d'influence pour savoir qui aura l'infime privilège d'en être l'organisateur. Ajoutant au vacarme ambiant, les jeunes du PDCI ont signifié à leur président, le très anti-Bédié et pro-FPI Konan Kouadio Bertin (dit “KKB”), que celui-ci est lui-même trop vieux pour encore faire partie des jeunes PDCI !

Toute cette agitation fait désormais la une des journaux du pays depuis deux mois, constituant comme une nouvelle saison de notre feuilleton politique favori, d'une nullité tout à fait comparable à celle des séries mexicaines et indiennes auxquelles nous sommes hélas habitués. Mais quand parle-t-on de politique bon sang ? Quand va-t-on parler de programme, de débats de fond sur la manière dont faire sortir notre pays de la grave crise économique, sociale et politique dans laquelle il se trouve ?!

Du côté du FPI, rien n'est organisé non plus. Cela pour d'autres raisons. D'une part, parce que l'ensemble de sa direction se trouve en prison ou évite de faire parler d'elle. Le 7 juin d'ailleurs, c'est le président des Jeunes du FPI, Justin Koua, qui a été arrêté entre autres pour “offense au chef de l'État et complot contre l'autorité”. D'autre part, parce que ce parti s'est tellement grillé au pouvoir que personne parmi les syndicats ne veut plus lui être associé. C'est surtout le cas sur les campus où la plupart des syndicats étudiants évitent toute alliance formelle avec la Fesci, que beaucoup fuient maintenant comme la peste. En plus, le FPI, parti bourgeois, ne cherche pas du tout à organiser la population autour d'actions concrètes.

Il lui faudrait pour cela faire un bilan des nombreuses erreurs commises lors de la mise en application de sa politique soi-disant “révolutionnaire” et “anti-impérialiste”, pour venir ensuite faire son mea culpa devant l'ensemble de la population – ce qui ne peut être concilié avec ses objectifs véritable ni sa nature de classe. Et l'organisation d'un mouvement populaire indépendant risquerait de donner des idées au peuple qui pourrait créer ses propres organes de lutte, alors que le but du FPI est uniquement la reconquête du pouvoir politique dans le cadre de l'État bourgeois.

Par conséquent, les seuls meetings que le FPI ait tenté d'organiser jusqu'à présent – tous interdits par le pouvoir – ont été des assemblées visant à exiger la libération de Gbagbo, le messie. Comme si cela allait résoudre quoi que ce soit, et comme si l'impérialisme, s'étant débarrassé de cet empêcheur de tourner en rond, allait le laisser revenir au pouvoir une nouvelle fois.

Le FPI est coincé dans sa logique attentiste


La population livrée à elle-même

Du coup, le peuple de Côte d'Ivoire n'a en fait rien à quoi se raccrocher au milieu de ce naufrage. La seule solution est une reprise de la lutte populaire, qui soit indépendante des partis politiques bourgeois et petits-bourgeois. Cela signifie un renouveau syndical, par la mise à l'écart des dirigeants syndicaux corrompus et l'élection de nouvelles directions combatives ; cela exige aussi la création d'un nouveau parti des travailleurs, basé sur un programme socialiste et le contrôle strict de sa direction par sa base (révocabilité à tout moment, absence de privilèges, etc.).

Sans cela, la Côte d'Ivoire va certainement droit au désastre. Si les élections de 2015 sont confirmées, on risque de voir s'y dérouler une nouvelle crise post-électorale grave, couplée à la scission dans les partis traditionnels et à l'apparition de nouveaux candidats indépendants bourgeois qui utiliseront des même supercheries et complots pour tromper les masses et manger avec l'impérialisme.

La situation est vraiment urgente. Il est temps de se mettre à la tâche !

Encore combien de temps à se croiser les bras ?

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