Comment parvenir à un changement de système, et par quoi le remplacer ?
Chaque nouvelle phase de la
crise économique s’accompagne d’un profond soupir poussé du fond des bureaux
d’experts et de journalistes économiques bourgeois. Comment, à nouveau, fournir
une explication ? Au plus il devient clair que la fin de cette crise est loin
d’arriver, au plus ces idéologues du patronat ont tendance à aller jeter un œil
du côté du marxisme (enfin, de ce qu’ils en ont compris en tout cas). Combien
cela doit-il être frustrant pour eux d’avoir à reconnaître que la seule grille
d’analyse capable de livrer un aperçu crédible de la nature même du capitalisme
est le fruit de la réflexion d’un homme qui a consacré sa vie à le combattre !
Article par notre camarade Tim, du Socialistische Linkse Partij / Parti socialiste de lutte (SLP/LSP), section belge du CIO
Cet essor des idées marxistes
n’est guère surprenant. Marx fut le premier à dégager l’essence du
fonctionnement du système capitaliste afin de parvenir à une explication des
crises récurrentes de ce système. Il a expliqué pourquoi les capitalistes ont
besoin de lancer de continuelles attaques contre les conditions de travail et
les salaires afin de sauvegarder leurs profits à cour terme contre une
concurrence sans cesse plus féroce. Cette concurrence constitue la base d’une
nouvelle crise à long terme, puisque de plus maigres salaires impliquent que
moins d’argent est disponible pour acheter tout ce qui est produit. Pour Marx,
la solution est de remplacer le capitalisme par un nouveau et meilleur système :
une société socialiste où on produit pour les besoins de tous et non pas pour
les profits de quelques uns.
D’autres après Marx ont
utilisé cette méthode pour développer et approfondir le marxisme. Lénine a
ainsi contribué au marxisme avec son analyse sur l’impérialisme : la période
historique dans laquelle le capitalisme se trouve aujourd’hui et dans laquelle
les banques et les spéculateurs dominent l’économie. Trotski a quant à lui
apporté d’importantes contributions portant sur la nature du stalinisme et sur
la montée des forces réactionnaires d’extrême-droite si la classe ouvrière ne
dispose pas de son propre parti armé d’une bonne stratégie. Le marxisme devient
ainsi très concret.
Une méthode
pour parvenir au changement
Le marxisme n’est donc pas un
dogme, mais une méthode vivante pour placer les événements d’une société dans
un contexte plus large afin de les analyser. Les marxistes d’aujourd’hui
expliquent que la crise des dettes étatiques que nous vivons est la conséquence
de décennies de politique néolibérale : la baisse du pouvoir d’achat de la classe
ouvrière a été compensée en donnant massivement accès au crédit. Pour pouvoir
postposer l’éclatement des contradictions du capitalisme, une énorme montagne
de dettes a été construite, ce qui est aujourd’hui la cause principale de la
crise.
Les marxistes se posent alors
des questions sur l’absurdité d’un système dans lequel des dizaines de milliards
de dollars ne sont plus investis dans l’économie alors qu’il y a tant de
besoins dans la société : des listes d’attente gigantesques pour la
construction d’écoles, un manque de crèches, d’hôpitaux, de logements… Un
programme marxiste pointe directement la cause commune de ces problèmes :
le capitalisme et ses insolubles contradictions. Le marxisme offre aussi une
solution sur base de la lutte des masses : un monde socialiste où les
richesses sont utilisées pour résoudre ces problèmes gigantesques, et non plus
pour assouvir les pulsions spéculatives des supers riches.
C’est aussi la raison pour
laquelle les idées socialistes trouvent souvent autant de soutien chez les
travailleurs et les jeunes partout dans le monde lorsqu’ils rentrent en lutte
contre les excès du capitalisme. Les idées socialistes et marxistes ont été
largement discutées dans tous les grands mouvements sociaux de ces dernières
années – des révolutions au Moyen-Orient et en Afrique du Nord
en passant par les mouvements de masse en Grèce, en Espagne, en France et même
au sein du mouvement Occupy aux États-Unis. Une lutte des masses contre le
capitalisme conduit forcément à d’âpres discussions sur la possible
alternative.
Voilà qui explique la pertinence
du marxisme aujourd’hui : il vise l’idéologie de la classe ouvrière, le
seul groupe dans la société qui est capable de renverser le capitalisme. Les
marxistes se basent sur cent-cinquante années de luttes de classe, ils
étudient les victoires de la classe ouvrière et tirent les leçons des défaites
pour être mieux préparés à la lutte de demain.
J 'ai horreur de devoir vous dire ça, mais… Je vous l'avais bien dit ! |
La lutte est
à l’ordre du jour
Les partis marxistes et
révolutionnaires ont toujours joué un rôle important sur ce plan : ils
continuaient à défendre des idées socialistes, même quand cela était difficile,
même quand le capitalisme semblait invincible. Ils ont joué un grand rôle dans
la remontée des idées marxistes dans les mouvements de lutte qu’on voit
aujourd’hui : ils renforcent des tendances qui sont présentes dans la
classe ouvrière et assurent que les processus politiques s’accélèrent. La
classe en soi devient ainsi une classe pour soi, explique Marx : quand la
population ouvrière devient consciente de sa force potentielle, elle devient
toute-puissante. Ainsi une grève générale, suivie massivement, montre comment
le patronat et ses laquais politiques sont faibles. Pas de travailleurs, cela
signifie pas de profits pour le patronat ! Cela explique pourquoi les
médias traditionnels sortent leur plus forte propagande antisyndicale au moment
où la lutte de masse est à l’ordre du jour, ou pourquoi ils tentent de taire
les grands mouvements de lutte à l’étranger. Ils ont cependant affaire à des
travailleurs et des jeunes qui échangent internationalement leur expérience de
lutte, comme le mouvement Occupy qui a inspiré des luttes partout dans le
monde.
Tout cela montre que les
marxistes vont faire face à d’énormes défis dans les années à venir, dans le
monde entier. En Belgique, les politiciens et le patronat attendent avec
impatience que les élections communales soient passées pour mettre un nouveau
plan d’austérité sur la table. La lutte va sans aucun doute être à l’agenda et
un programme marxiste sera nécessaire pour donner à cette lutte un fondement
solide. Lorsque nous défendons un tel programme, dans lequel les richesses sont
utilisées pour les besoins gigantesques qui existent aujourd’hui, quelques uns
vont nous demander si cela est bien réaliste. Nous répondrons avec une contre-question :
est-ce réaliste que les milliards de personnes aujourd’hui dupées par
la crise puissent continuer à l’accepter sans rien faire ? Les mouvements
de lutte de ces dernières années partout dans le monde nous prouvent le
contraire.
Pour les marxistes, il s’agit
d’être aussi présents que possible dans cette lutte, de faire connaitre leurs
idées, de défendre leur programme. De l’autre côté de la barrière se trouvent
les milliardaires et leurs politiciens, leurs médias, leur appareil de police
et de justice bourgeois, mais “s’ils ont le chiffre, nous avons le nombre”. Si
on le veut, tout l’engrenage capitaliste peut être paralysé. Et si le mouvement
est armé d’un programme marxiste, aucune force ne pourra alors stopper la
construction d’une économie basée sur les besoins des 99 % de la
population et non pas sur les profits des 1 %.
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! |
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