En
réaction à un article publié le 27 mai sur le site M & G, le Workers and Socialist Party (WASP)
souhaite rétablir certains faits et notamment notre opposition
stricte et inflexible à toute forme de xénophobie. Bien que cet
article représente correctement notre opinion concernant la
xénophobie, l'article semble faire un lien entre les manifestations
pour le logement à Thula Mntwana, soutenues par le WASP – au
cours desquelles aucun incident de ce type n'a été à signaler –
et les attaques xénophobes qui se sont produites dans d'autres
quartiers de la commune de Orange Farm et dans la commune voisine de Sebokeng ;
M & G donne donc l'impression que le WASP était
impliqué dans ces incidents, qui ont pourtant été entachés par
leur caractère xénophobe. Cette affaire est pour nous extrêmement
grave ; il nous a donc semblé vital d'utiliser ici notre droit
de réponse afin de clarifier les faits et notre rôle dans les
luttes qui se déroulent en ce moment dans le sud de Johannesbourg.
Article par Liv Shange, dirigeante du Democratic Socialist Movement, section sud-africaine du CIO
Les
habitants du quartier de Thula Mntwana organisent une résistance
non-violente et disciplinée contre la menace des déguerpissements de
masse. Ni au cours de la manifestation de vendredi, ni à aucun
moment au cours de cette lutte, le moindre incident à caractère
xénophobe n'a été signalé. Les quartiers où des pillages de
boutiques détenues par des étrangers se seraient produits sont loin
du quartier de Thula Mntwana. Ni les habitants de Thula Mntwana,
ni le Workers and Socialist Party n'ont quoi que ce
soit à voir avec ces incidents. Nous nous distançons de toutes les
attaques xénophobes, qui nous condamnons dans les termes les plus
forts.
Article par Liv Shange, dirigeante du Democratic Socialist Movement, section sud-africaine du CIO
Le WASP
est pour l'unité de la classe ouvrière en action contre la
xénophobie
La
lutte contre la xénophobie, le racisme et toutes les formes de
divisions au sein de la classe ouvrière est une des tâches les
plus importantes du WASP. Nous combattons ces fléaux de manière
active au sein de la classe ouvrière, via l'éducation politique et
dans l'action lors de chaque manifestation de quartier à laquelle
nous participons. Les manifestations à Thula Mntwana font
partie d'une campagne plus large lancée par le WASP et visant à
créer un mouvement national pour les services publics. La
plate-forme de ce mouvement rend obligatoire pour toutes les
associations qui désirent le rejoindre non seulement de refuser la
xénophobie, mais aussi de la combattre.
Notre
approche à Thula Mntwana n'est pas différente. Nous avons
toujours insisté sur le fait que les habitants refusent toute action
à caractère xénophobe ou qui pourrait être qualifiée par
quiconque de xénophobe, de près ou de loin. La lutte du WASP contre
la xénophobie est particulièrement importante vu que les sentiments
xénophobes sont fréquents parmi les habitants désespérés de
quartiers extrêmement pauvres. La dénonciation de la xénophobie
par le gouvernement est hypocrite, puisque c'est justement la
politique menée par le gouvernement qui engendre la xénophobie – vu
le manque de logements, d'emplois et de services publiques pour les
pauvres, le gouvernement ANC crée des conditions qui sont un terreau
fertile pour la croissance de la xénophobie dans de nombreux
quartiers pauvres.
Contre
les accusations d'étrangers qui seraient devenus propriétaires de
logements sociaux, le WASP répond que, bien que cela démontre
clairement la corruption des cadres de l'administration qui n'ont pu
allouer ces maisons à des étrangers qu'en dépit de la législation
elle-même xénophobe de leur gouvernement grâce à la corruption et
aux pots-de-vin, les étrangers sont en fait des victimes de la
corruption du gouvernement et doivent eux aussi être défendus
contre les déguerpissements, de la même manière que les citoyens
sud-africains.
Le
WASP se bat pour une politique large du logement, qui donne le droit
également aux étrangers pauvres à un logement gratuit, afin de
s'assurer qu'ils ne soient pas laissés à la merci de cadres
administratifs corrompus et sans scrupules. La solidarité de classe,
l'unité et l'internationalisme sont les piliers fondamentaux de la
lutte contre le capitalisme et pour une transformation socialiste de
la société ; il s'ensuit que ces principes ne sont pas
négociables pour le WASP.
Les
faits concernant la lutte pour le logement à Thula Mntwana
Les
habitants du quartier de Thula Mntwana se battent contre le
manque de logements et contre la corruption du gouvernement dans le
cadre de l'allocation des quelques logements qui ont été
construits. Cela fait depuis 1966 que les habitants se voient
promettre des maisons depuis leur déguerpissement de Moffatt Park
qui les a forcé à se réinstaller ici à Thula Mntwana. Depuis
lors, le quartier a vu toutes les promesses être brisées les unes
après les autres par les différents gouvernements ANC qui se
sont succédé depuis, qui ont anéanti leurs rêves d'une vie
meilleure.
Lorsque
finalement, 1030 logements ont été construits et terminés
en mars 2013, il est devenu clair que le nombre de
logements n'était pas suffisant et que les cadres de
l'administration étaient en train de les vendre. Après que
plusieurs tentatives aient été faites d'appeler le gouvernement à
allouer les logements de manière honnête et transparente se soient
avérées en vain, les habitants ont pris la décision d'occuper les
logements. De ce fait, les habitants marquaient clairement leur refus
d'approuver la corruption et la vente aux enchères des logements
sociaux. Les habitants ne bougeront de là que lorsqu'une liste
d'attribution des logements aura été soumise au public et à la
supervision du comité de quartier pour l'attribution effective des
logements aux personnes mentionnées.
Le
gouvernement a apparemment obtenu une injonction d'un tribunal lui
permettant d'expulser les habitants des logements occupés. Les
habitants ont décidé de s'opposer à cette menace d'expulsion. Avec
le Workers and Socialist Party, le quartier de
Thula Mntwana se mobilise pour une action de masse continue. Il
appelle à la solidarité de tous les habitants du quartier, qu'ils
soient sud-africains ou étrangers, des quartiers voisins et de
toutes les forces progressistes du pays afin d'intervenir en défense
de cette lutte.
Cela
est de plus en plus urgent et nécessaire parce que, à en juger par
les menaces du conseiller communal ANC, responsable au logement,
M. Dan Bovu, selon qui « La loi fera son travail »,
il est clair que le gouvernement est en train de réfléchir à
l'usage de la force pour faire disparaitre cette lutte. Cela ferait
suite au bain de sang que nous avons vu à Soweto le mois dernier, où
la police a réprimé de manière particulièrement brutale la lutte
des habitants du quartier de Elias Motsoaledi, faisant un mort,
sans mentionner évidemment les massacres de Ficksburg et de Marikana
qui sont des illustrations claires de l'intensification de la
répression étatique.
Le
Democratic Socialist Movement et le WASP sont actuellement
impliqués dans cette lutte, en tant que partie prenante d'une
mobilisation plus large des comités de quartier et de résidents
impliqués dans des luttes pour les services publics, le logement et
l'emploi dans le sud de Johannesbourg et ailleurs dans le pays. Cette
mobilisation en soi n'est qu'une étape vers la construction d'un
mouvement national pour les services publics, avec lequel le WASP
vise à unir tous les habitants des quartiers pauvres et ouvriers. En
plus de Thula Mntwana, cette campagne implique également
plusieurs communautés de la province de Gauteng (province de
Johannesbourg), telles que Freedom Park, Elias Motsoaledi,
Kliptown et Khutsong.
Le WASP
a pris cette initiative afin de mettre un terme à la tragédie par
laquelle les habitants des quartiers ouvriers partout dans le pays
sont contraints à faire d'énormes sacrifices dans des luttes
désespérées pour le logement, l'eau, l'électrictié, l'emploi,
etc. sans parvenir à s'unir. C'est ce déplorable manque d'unité
dans les quartiers et entre les différents quartiers qui est selon
nous un facteur important dans les défaites qu'ont connu ces luttes
de quartier.
Ces
luttes héroïques exigent des comités de quartiers qu'ils
combattent toutes les tendances de division et de sectarisme telles
que le tribalisme, le régionalisme, le chauvinisme et plus que tout,
la xénophobie. Ces tendances nous divisent et sapent la solidarité
de classe et l'unité dans l'action, qui est pourtant la plus
importante condition pour la victoire de toute lutte de classe
ouvrière.
Le
WASP soutient la lutte pour le logement, l'électrictié, l'eau,
l'emploi et l'enseignement pour tous, pour la fin des privilèges des
politiciens (qui devraient des élus du peuple travailleur avec un
salaire de travailleur), pour la nationalisation des mines, des
banques, des grandes plantations et des usines sous le contrôle
démocratique des travailleurs et des habitants, afin de garantir que
la richesse de ce pays puissent être mise au profit de tous ceux qui
y habitent, quelle que soit leur origine.
Contre la répression dans les quartiers, il nous faut l'unité ! |
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