Rapport de l'école d'été du CIO : Bilan de la situation au Nigeria
Voici le rapport de
la commission sur le Nigeria qui s’est tenue lors de l’école
d’été internationale du Comité pour une Internationale ouvrière
(CIO) qui a eu lieu du 21 au 26 juillet dernier à
Louvain (Belgique). L’introduction à la discussion a été
réalisée par le camarade Kola Ibrahim, permanent du
secrétariat du DSM (Democratic Socialist Movement, section
du CIO au Nigeria) de la province d’Osun et responsable du travail
étudiant, qui nous a fait part de la situation sociale et économique
dans laquelle se trouve ce pays d’Afrique de l’Ouest et
ses 170 millions d’habitants.
Par notre camarade
Yves du Parti socialiste de lutte/Linkse Socialistische Partij
(section belge du CIO)
Les inégalités
économiques s’accentuent malgré treize années de
gouvernement civil (principalement le PDP – Parti démocratique
populaire) après plus de trente ans de gestion militaire. Dans
ce contexte, les camarades du DSM s’attèlent au lancement d’une
plate-forme politique large : le “Socialist Party of
Nigeria (SPN)”, une alternative socialiste face à la corruption,
aux politiques capitalistes antisociales et néolibérales ; un
parti des travailleurs, des pauvres et des jeunes prêt à
redistribuer équitablement les richesses du pays pour le bénéfice
de la majorité.
Une pauvreté endémique en pleine abondance de ressources naturelles et humaines
Le Nigeria est
le 6ème pays exportateur de pétrole brut au monde, et le
premier du continent africain, mais faute de raffineries, il exporte
son pétrole brut pour importer son carburant. L’exportation de
pétrole brut et de gaz participe à hauteur de 80 % aux revenus
du gouvernement. L’industrie minière y est encore balbutiante
malgré des ressources en fer, zinc, étain, or, pierre à chaux et
marbre, car les investissements miniers sont principalement absorbés
par le secteur des hydrocarbures. Malgré une croissance de plus de
7 % en moyenne du PIB depuis plusieurs années (le PIB ou
produit intérieur brut était de 262 milliards de dollars
en 2012 selon les données de la Banque mondiale), et
d’énormes revenus dus à l’exportation du pétrole et du gaz, le
Nigeria présente un déficit budgétaire dû à la corruption
(139ème sur 176 pays en 2012 d’après
Transparency International) et des problèmes de gouvernance
endémiques et chroniques.
Bien qu’au Nigeria
certains pasteurs soient millionnaires en dollars, et que le pays
abrite de nombreux millionnaires (hommes d’affaires mais surtout
hommes d’État) et milliardaires (dont M. Aliko Dangote,
magnat du ciment, devenu 25ème fortune mondiale, devançant ainsi
l'Indien M. Mittal), le “rêve nigérian”, lorsqu’on ouvre
les yeux, c’est plus de 70 % de la population (54 %
en 2004) qui vit sous le seuil de pauvreté (1) et plus de 40 %
des jeunes sans emploi qui vivent de débrouillardise quotidienne.
Encore une fois, le schéma capitaliste se répète, ces chiffres
sont l’illustration de la main-mise d’1 % de la population
qui contrôle 80 % des richesses du pays. Ceci vient s’ajouter
à la corruption endémique du gouvernement qui – toutes
fonctions administratives confondues – absorbe 30 % du
budget de l’État.
Les législateurs nigérians sans aucun scrupule
se payent mieux que Barack Obama : les sénateurs touchent
720 000 $ contre 400 000 $ l’année pour le
président américain (soit, en francs CFA, 360 millions
de francs de salaire annuel pour un sénateur nigérian, ou
30 millions par mois). Non contents de se payer grassement, les
brigands du gouvernement détournent allègrement les bénéfices dus
aux revenus du pétrole. En effet, le secteur des hydrocarbures perd
en moyenne 30 milliards $ par an (15 000 milliards
de francs) avec la complicité des multinationales et de
courtiers indépendants, le tout ajouté aux opérations de sabotage
de groupuscules de plus en plus violents (Mouvement pour
l’émancipation du delta du Niger, etc.). Il faut dire que les
mouvements non-violents des années '90 se sont fait réprimer
dans la violence et beaucoup de leurs activistes ont soit été
assassinés soit emprisonnés (comme par exemple Ken Saro-Wiwa
du Mouvement pour la survie du peuple Ogoni – MOSOP).
Goodluck Jonathan, assis sur le pétrole, mange en ne laissant qu'un os à “Badluck” Nigeria, opprimé sous cette masse |
Le Nigeria est le
pays le plus peuplé d’Afrique : alors que sa population
s’élevait à 55 millions d’habitants en 1970, elle est
aujourd’hui estimée à un peu plus de 170 millions de vies
humaines, dont les deux tiers ont moins de 25 ans.
D’ici 2050, le Nigeria devrait être le 3ème pays
le plus peuplé au monde. Un potentiel énorme en termes de
mouvements de masses qui vont certainement continuer à se produire.
Le gouvernement de
M. Goodluck Jonathan, comme les gouvernements précédents,
pratique un clientélisme de “redistribution” des revenus du
pétrole. Le président Goodluck est un chrétien du Sud (les régions
pétrolifères), et les membres de son gouvernement font
prioritairement manger leurs proches, alors que le taux de pauvreté
atteint 80 % dans certains États du nord du Nigeria. Cette
politique de “diviser pour mieux régner” aggrave le problème de
la question nationale, qui n’a jamais été résolu.
Mais il ne faut pas
se mentir, la pauvreté est aussi très présente dans le Sud :
le peu de revenus qui y parvient est détourné par les dirigeants
locaux et le reste sert à y corrompre les activistes, les militants
et les membres de la société civile. Le Nord a peur de ne plus
avoir accès au fédéral, et l’entourage du président fait tout
pour garder le pouvoir. Pour s’accrocher à leur pouvoir, ils
corrompent ceux qu’ils peuvent (et sécurisent ainsi leurs
intérêts) et combattent les autres (opposants, objecteurs de
conscience, activistes) sans distinction, ce qui accentue la crise
nationale.
En plus de la
confession et de la provenance géographique, vient s’ajouter une
mosaïque ethnique des plus complexes, avec plus de 374 ethnies
présentes, dont 3 (Igbo, Yoruba, Hausa) représentent 58 %
de la population (2). Cette situation est héritée du processus non
démocratique par lequel les différentes ethnies ont été soumises
au joug de l’impérialisme britannique en 1914 avec la fusion
des provinces du Nord, du Sud, et de la colonie de Lagos, en une
colonie du Nigeria. L’indépendance de 1960 a simplement
remplacé l’administration coloniale britannique par une minorité
dirigeante capitaliste de Nigérians qui, de génération en
génération, a aggravé les conditions de vie et l’exploitation de
la vaste majorité des Nigérians.
La guerre du Biafra
(lors de laquelle les Igbos ont voulu gagner leur indépendance sur fond de lutte pour l'accaparement de la manne pétrolière),
de 1967 à 1970, a failli conduire à la scission du pays.
D’ailleurs il y a 8 ans, une étude de l’ONU
envisageait une balkanisation du Nigeria. Le pays n’en est peut
être pas encore à ce stade, mais les crises répétées, la
mauvaise gestion et les contradictions du pouvoir menacent
effectivement l’existence du Nigeria en tant que pays. Le DSM est
avant tout pour une unité de la classe ouvrière, mais soutient le
droit de chaque ethnie à l’autodétermination, jusqu’à la
sécession si elle a été voulue par référendum et soumise à un
vote démocratique direct.
Le secteur agricole
est le premier employeur du pays avec près de 70 % de la
population qui en dépendent. Malgré une énorme superficie de
terres fertiles souvent sous-exploitées, cette proportion tant à
baisser, avec un exode rural sans précédent (Lagos est passé de
300 000 habitants en 1950 à 15 millions
aujourd’hui !) et la prolifération de méga-fermes et
plantations qui, contrairement aux petits paysans qui ont toujours
des méthodes de récolte primitives, bénéficient de subsides de
l’État. Malgré tout, l’État n’a pas atteint l’indépendance
alimentaire qui devrait pourtant être possible avec des investissements cohérents.
Pour l’instant, le Nigeria importe pour 200 millions $
(100 milliards de francs CFA) de nourriture américaine par
an.
Le ministère fédéral de l’agriculture et du développement
rural a récemment proposé de distribuer plus de 10 millions de
téléphones portables à des petits fermiers pour une valeur d’à
peu près 15 000 francs chacun (3). Encore une fois, cette
initiative semble être un moyen de siphonner les fonds publics. Les
agriculteurs ont prioritairement besoins de fonds, d’investissements
dans le réseau routier, de puits de forages pour une meilleure
irrigation, de services médicaux de bases pour eux et leurs familles
qui sont leur main d’œuvre principale, pas de téléphones !
Pour rester dans le
secteur de la téléphonie mobile, l’explosion du nombre de numéros
de téléphones ces onze dernières années (+ 10 millions
par an) est en fait une croissance superficielle du secteur de
la communication. En réalité, seuls 30 millions de
personnes sur 170 millions ont accès au téléphone. La défectuosité
du réseau fait que ceux qui ont les moyens d’avoir un numéro en
ont généralement 3 ou 4 pour être joignables. Il faut
ajouter que cette “success story” nigériane ne profite qu’à
1 % de la population active qui travaille dans le secteur des
télécoms. Les 50 milliards $ engrangés par le
secteur ces dix dernières années ne participent pas à la
croissance mais plutôt à une extraction ou plus précisément à
une exportation d’une partie des revenus des Nigérians.
En plus de
l’éducation et de la santé, qui ensemble n’égalent pas la part
du PIB dédiée au remboursement de la dette (30 % du PIB),
l’électricité est un autre de ces secteurs qui a et qui continue
de manquer cruellement d’investissements malgré les belles
promesses de Goodluck et les 24 milliards $
(12 000 milliards de francs) censés avoir été
investis durant l’ère Obasanjo dans l’amélioration de
l’approvisionnement en électricité…
Pour exemple,
l’Afrique du Sud produit un peu plus de 40 000 mégawatts
d’électricité annuellement, et ce n’est même pas assez pour
toute la population (50 millions d'habitants), dont la majorité
de toutes façons ne peut pas se permettre l’accès au réseau. Le
Nigeria, lui, produit annuellement 4000 mégawatts d’électricité
(pour ses 170 millions d'habitants), dont 1000 ne peuvent pas
être distribués à cause de « lignes électriques qui sont
restées faibles depuis des années » d’après les termes du
président Jonathan en déplacement au Pakistan. Le Nigeria se
retrouve donc avec 30 % de sa population ayant possiblement
accès à l’électricité mais sans garantie de livraison – ceux
qui le peuvent n’ont donc d’autre choix que d’acheter un
générateur…
Pour “régler” le problème, la stratégie du
gouvernement a été une augmentation de 100 % des tarifs
d’électricité pour rendre le secteur attractif aux
investissements privés, suivi de la revente des centrales de
production à 10 % de leurs valeurs d’investissement !
(4) Inutile de préciser que le problème est toujours plus que
présent, et que même la capitale vit dans le noir.
Grève et occupation d'une centrale électrique pour protester contre la privatisation. Le gouvernement a dû envoyer l'armée pour forcer les travailleurs à reprendre le boulot. |
« Ne trahissez pas la lutte ! » (5)
En janvier 2012,
le gouvernement Jonathan a décidé de mettre en œuvre 4 mois à
l’avance l’arrêt des subventions sur l’essence, pensant
profiter du réveillon du nouvel an, pour faire monter le prix
du pétrole du jour au lendemain de 200 francs à
430 francs CFA. Dès le lendemain, le Nigeria a montré que
les mouvements révolutionnaires observés en Tunisie et en Égypte
n’étaient pas uniquement l’apanage du Maghreb ou du
Moyen-Orient. L’augmentation des prix de l’essence, resserrant le
nœud autour de la corde déjà passée autour du cou de nombreux
Nigérians, a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase de
la colère, qui a abreuvé les Nigérians en soif de changement.
La chute des revenus
des Nigérians, l’extrême pauvreté généralisée, les transports
en commun éventrés, le délabrement du système de santé,
l’éducation abandonnée, sont autant de facteurs qui ont ouvert la
boite de Pandore. Mais c’est surtout l’écart de richesse de plus
en plus grandissant entre les 1 % des plus riches – généralement
des politiciens devenus millionnaires du jour au lendemain grâce aux
revenus du pétrole qui devraient servir à améliorer les conditions
de vie de la population – et cette même population exsangue,
qui ont poussé les masses dans la rue dès le 2 janvier 2012.
Pendant sept jours
les jeunes et les masses désorganisées étaient dans la rue, mais
c’est le 9 janvier, avec l’entrée en jeu de la classe
ouvrière organisée et le mot d’ordre de « grève générale à
durée indéterminée » donné par les syndicats – qui en plus de poser la question du
pouvoir est l’équivalent d’une insurrection –, que la
donne a complètement changé.
Le mouvement est
parti de quelques dizaines de milliers de manifestants par
ville à plusieurs centaines de milliers de personnes dans
les rues par manifestation (1 million rien qu’à Lagos),
celles-ci se sont rapidement étendues à plus de dix États et
ont rassemblé plus de 40 millions de personnes nationalement.
Alors que seulement 10 % des travailleurs sont syndiqués, c’est le
pays tout entier qui était en suspend, l’activité économique
était à l’arrêt, mais surtout, le régime (et même
l’opposition) ainsi que le système capitaliste faisaient face à
un vrai risque d’effondrement.
« L'essence à 200 francs du litre, sinon c'est la révolution ! » |
Même Boko Haram (les
islamistes fondamentalistes du Nord, qui ont fait plus de 3000 morts
ces quatre dernières années) s'est retrouvé isolé et a
préféré faire profil bas pendant toute la durée des
manifestations, voyant clairement qu’avec la montée de la lutte
des classes, l’action de masse collective était préférée par
tous et ne laissait aucune place au actions terroristes
individuelles. Comme en Égypte, on a vu des groupes de manifestants
chrétiens, débout, protégeant les musulmans pendant leurs prières.
Les divisions ethniques, géographiques, linguistiques ont elles
aussi disparues pour laisser place à une conscience de classe.
Avec la propagation
du mouvement, les travailleurs et les masses ont réalisé qu’il
fallait plus de détermination pour vaincre le régime. Des slogans
tels que « Jonathan dégage ! », « We want
good gouvernance not Goodluck » étaient scandés en chœur,
les masses avertissaient les dirigeants syndicaux de « Ne pas
trahir la lutte ! » La classe dirigeante, dos au mur, a
fait ce qu’elle fait toujours dans ce genre de situation :
elle a brandit la menace d’une répression à grande échelle menée
par l’armée. C’était sans compter sur le fait que beaucoup de
policiers et de membres de l’armée (généralement les moins
gradés) montraient de la sympathie envers le mouvement, allant
jusqu’à applaudir certaines manifestations.
Néanmoins, les
dirigeants syndicaux (TUC et NLC) ont pris cette menace de répression
comme excuse pour mettre fin à la grève générale le 16 janvier,
unilatéralement bien évidemment, renforçant ainsi le régime et
diminuant la confiance des travailleurs en leur capacité de
combattre face à l’oppression.
Il y a eu au total
20 morts et 600 blessés sur l’ensemble des
manifestations, ce qui est “moyen” selon les standards de
répression nigérians. Malgré cela, certaines manifestations ont
continué ici et là, mais il manquait une alternative politique
crédible et combative vers laquelle les mouvements toujours
combatifs auraient pu se tourner.
Alors que la grève
aurait pu mener à un changement de régime, et pourquoi pas de
système si la direction avait été assez courageuse, le but du NLC
et du TUC était avant tout de récupérer le mouvement. Ils ne
s’attendaient pas à être dépassés par son ampleur ni à la
tournure que ce mouvement a prise. Alors que celui-ci commençait à
remettre globalement le système en question, les directions
syndicales ont préféré simplement jouer la carte de la frayeur
afin d’avoir des concessions rapides de la part du pouvoir. Au
final, la grève aura simplement mené à une remise en place
partielle des subventions sur l’essence, ramenant le prix à
300 francs par litre, après être monté initialement à
430 francs/L le 1er janvier 2012.
Face à la menace de
la répression, une direction syndicale plus combative aurait dû
lancer un appel de classe aux militaires et aux policiers, eux aussi
concernés par les problèmes des manifestants.
Et pour être plus
productif encore, il aurait fallu former des comités démocratiques
de défense (armés si nécessaire) pour protéger et défendre les
rassemblements et les manifestants.
Encore mieux, avec
une direction audacieuse, la menace du régime d’utiliser la
répression aurait pu permettre au mouvement et aux travailleurs de
passer à l’offensive et de fermer la production de pétrole,
prendre le contrôle des transports aériens, maritimes, routiers,
ainsi que des services et des échanges de biens. Cela aurait
complètement changé le rapport de force en faveur du mouvement, et
isolé le gouvernement.
Une direction
téméraire aurait permis d’enfin mettre sur la table la
possibilité d’une transformation profonde du Nigeria, de le
retirer des mains des capitalistes locaux et étrangers qui pillent
le pays depuis des décennies, et de se diriger vers un gouvernement
socialiste de pauvres, de jeunes et de travailleurs afin que les
ressources du pays soient utilisées dans l’intérêt de tous et
non d’une poignée de kleptocrates.
Mais c’était sans
compter sur le fait que le TUC et le NLC attendent de pouvoir manger
leur part du gâteau. Ils n’ont pas d’idée d’alternative à
apporter au capitalisme, d’où leur approche contre-productive lors
des évènements de 2012, et leurs positions pro-capitalistes en
général.
Pour une grève générale de 48 h pour l'application effective du salaire minimum !
En mars 2011, à
peine quelques jours avant les élections présidentielles, le
président Goodluck Jonathan a ratifié la loi garantissant le
salaire minimum à 18 000 naïras (55 000 francs),
une mesure clairement électoraliste pour pousser les travailleurs à
voter pour son parti, le PDP (Parti démocratique populaire). Un
fifrelin à côté des revenus du pétrole, et surtout encore plus
quand on voit ce que gagne un sénateur indemnités comprises :
30 millions de francs par an ! Trois ans
auparavant, le NLC avait demandé à ce que le salaire minimum soit
de 58 000 naïras (180 000 francs) ; le
syndicat s’est finalement contenté d’accepter la baisse de sa
revendication à 18 000 naïras, malgré le fait qu’avec
l’inflation (13 % l’an passé et jusqu’à 50 % pour
certains biens de consommation), les augmentations du prix de
l’électricité, des frais scolaires, etc. ça n’est clairement
pas suffisant.
Cependant, deux ans
après, les gouverneurs des États s’abritent derrière un
soi-disant manque de financement de l’État fédéral pour ne pas
payer ce salaire minimum. Pire encore, récemment, le Sénat (Chambre
haute de l’assemblée nationale) a voté l’exclusion de la loi
sur le salaire minimum de la “Liste législative exclusive”
(Exclusive Legislative List), ce qui permet ainsi à chaque État de
déterminer ce qu’il veut (le gouverneur dira “ce qu’il peut”)
payer aux travailleurs. Encore plus, cela empêcherait dans le futur
toute lutte sur le plan national pour une augmentation du salaire
minimum, celui-ci étant devenu une compétence des États !
Les
sénateurs, dans leur arrogance, ont poussé le vice jusqu'à
s'octroyer à chacun d'entre eux une pension à vie le jour même
où ils ont voté le retrait de la loi sur le salaire minimum de la
Liste exclusive de la Constitution. Certains gouverneurs se
targueront certainement de payer le salaire minimum, après l’avoir
fait baisser dans leur propre région évidemment…
L’argument
derrière ce retrait, est la volonté d’un “véritable
fédéralisme”, qui n’est pourtant pas mis en avant lorsqu’il
s’agit de payer les gouverneurs, dont le salaire est déterminé
par une agence fédérale au niveau national. Heureusement pour
l’instant il y a un statu quo car la chambre des représentants
(chambre basse de l’assemblée nationale) a voté contre le retrait
de la loi sur le salaire minimum de la Liste exclusive législative.
Alors que cette
attaque du Sénat sonne comme un coup de semonce à l'adresse du TUC
et du NLC pour défendre résolument les droits et conditions de vies
des travailleurs, encore une fois, la direction du NLC et du TUC ne
fait rien pour mobiliser les travailleurs et rien non plus pour
expliquer pourquoi la loi doit rester sous la Liste exclusive de
la Constitution. Dans les États où les travailleurs ont combattu
ardemment pour l'entrée en application effective du salaire minimum,
les directions du NLC et TUC ont fermé les yeux (et les oreilles, et
la bouche). Au lieu de lancer un appel à la grève générale, les
travailleurs sont abandonnés aux desideratas de leurs gouverneurs.
La seule grève annoncée par les directions syndicales au niveau
national a été annulée le 20 juillet 2011, au moment
même où la détermination des travailleurs avait atteint son
paroxysme. Pire, Abdul Wahed Omar, président du NLC, a
avoué que dans certains États, les directions syndicales
négocieraient à la baisse le salaire minimum si les gouverneurs de
ceux ci arrivaient à prouver leur “incapacité” à payer les
18 000 francs (6). Certaines entreprises privées refusent
tout simplement de payer le salaire minimum sans aucune justification
autre que celle du profit maximum pour l’entreprise et les
actionnaires. Encore une fois, les directions syndicales ne font
rien. Au mieux, celle-ci se lamentent et se contentent de lancer des
menaces dénuées de tout contenu.
Le Smig à 55 000 francs, ce n'est pas négociable ! |
C’est ce manque de
combativité du NLC et du TUC qui implicitement donne carte blanche
aux législateurs pour sabrer encore plus dans les acquis des
travailleurs.
Le Parti socialiste
du Nigeria (SPN) – parti de gauche large auquel participe
le DSM, appelle le Congrès du travail du Nigéria (NLC) et le
Congrès des syndicats (TUC) à commencer dès à présent une
mobilisation pour une grève générale nationale de 48 heures,
ainsi qu’à organiser un mouvement de masse pour s’opposer à
cette décision du Sénat de retirer la loi sur le salaire minimum de
la Liste exclusive, qui va à l’encontre des droits des
travailleurs, et aussi de commencer sans plus attendre la lutte pour
l'entrée en vigueur complète et effective du salaire minimum de
18 000 francs à tous les niveaux.
Les directions
syndicales doivent aussi aller dans les entreprises privées qui
refusent de payer le salaire minimum avec un plan d’action et des
meetings pour sensibiliser puis mobiliser les travailleurs pour des
piquets de grèves, occupations et manifestations massives en cas de
refus de paiement. Les droits ne se donnent pas, il s'arrachent !
Le socialisme est la solution ! Le Smig à 18 000 naïras – premier pas vers le Smig à 52 200 naïras ! (55 000 francs / 160 000 francs) |
« L'enseignement est un droit ! Le changement de système est notre but ! »
L’investissement du
gouvernement dans l’éducation au Nigeria ne représente que 8 %
de la part du PIB alors que celui-ci devrait atteindre 26 %
d’ici 2020 pour rejoindre les normes internationales, mais
encore une fois rien n’est fait.
Comme dans beaucoup
de pays du monde, les étudiants ont du mal à payer leurs frais
d’inscription à l’université, donc beaucoup n’y mettent
jamais les pieds. Par exemple, la scolarité à l’université
d’État de Lagos (LASU) est passée de 80 000 à 1 million
de francs CFA ! Ceux qui y ont accès et qui parviennent à
payer leurs études jusqu’à la fin de leur parcours académique se
retrouvent presque systématiquement au chômage (quelques centaines
à peine sur 10 000 trouvent un emploi). Et même ceux qui
travaillent n’ont pas la garantie d’avoir un salaire qui leur
permettra de subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille par
la suite.
Les hommes d’affaires
et propriétaires terriens du Sénat et de la Chambre des
représentants font ce qu’ils font le mieux : ils privatisent
et commercialisent l’éducation. Bien que la plupart des membres de
l’assemblée nationale aient été formés à l’école publique,
leurs enfants vont dans des écoles privées (99 %) et
l’éducation publique est abandonnée à son sort.
Plutôt que de
rénover les bâtiments, certains sont détruits en prétextant de
nouvelles constructions qui souvent ne voient jamais le jour. Il
s’agit là encore de chantiers de détournements de fonds publics.
Le trop faible investissement dans l’éducation (infrastructures et
programmes de cours), l’irresponsabilité de la classe dirigeante,
poussent depuis des années les étudiants et les professeurs à
manifester, malheureusement souvent passivement, leur mécontentement.
Alors que l'enseignement est sous-financé, le gouvernement préfère “déguerpir” certaines écoles jugées “clandestines” plutôt que de les encourager |
Un peu partout dans
le pays, le NUT (National Union of Teachers) est en grève
passive/casanière (sit-at-home strike) depuis le 1er juin
dans les États où l’indemnité particulière des professeurs (TPA
– Teacher’s Peculiar Allowance) n’est pas effectivement
payée. La direction de l’ASUU (Academic Staff Union of
Universities – Syndicat du personnel académique des
universités) a lancé une action de grève indéfinie car le
gouvernement rechigne à mettre en place les accords de 2009
conclus avec le syndicat concernant le financement (et la rénovation)
des infrastructures, des locaux, et des programmes de cours
académiques ainsi que l’augmentation de leurs salaires.
Deux des
syndicats du polytechnique (secteur des sciences et des technologies,
génie civil) sont en grève depuis trois mois : il s’agit
de l’ASUP (Academic Staff Union of Polytechnics – Syndicat
du personnel académique du polytechnique) et du SSANIP (Senior Staff
Association of Nigeria Polytechnics – Association du personnel
senior des polytechniques du Nigeria). Ils ont suspendu leur grève
après 78 jours avec menace de la reprendre si le gouvernement
ne montrait pas concrètement qu’il s’attelait à répondre à
leurs demandes. Cette grève a d’ailleurs surpris le gouvernement
qui ne s’attendait pas à voir les élèves de polytechnique
soutenir leurs professeurs. (7)
Nos camarades du DSM
(Mouvement démocratique socialiste, section nigériane du CIO) ont
lancé la Campagne pour le droit à l'enseignement (ERC – Education
Rights Campaign) en 2004 afin de mettre sur pied une plate-forme
qui soutienne le droit à une éducation gratuite (via un financement
adéquat), efficace et gérée démocratiquement.
C’est par le biais
d’affichages massifs, de distributions de tracts, de
rassemblements, de conférences et de meetings que l'ERC mène
campagne contre l’augmentation brutale des frais scolaires et la
médiocrité des conditions d’étude et de logement.
Elle est contre la
victimisation des étudiants activistes et l’interdiction des
syndicats étudiants dans certaines universités, quand ils ne sont
pas récupérés ou infiltrés par des agents du gouvernement. Elle
soutient les travailleurs de l’enseignement dans leurs
revendications de meilleures paies et conditions de travail, et ils
mènent campagne pour que les étudiants puissent construire leurs
syndicats en tant qu'organismes de lutte, démocratiques, basés sur
la masse, avec une direction courageuse et révocable à tout instant.
L’Association
nationale des étudiants du Nigéria, la NANS, est l’organe qui est
censé représenter les étudiants au niveau national. Mais celle-ci
est pro-establishment, corrompue, et la plupart de ses dirigeants ne
sont mêmes pas des étudiants. Dans certaines zones, des motions de
censures contre le président ont d’ailleurs été votées. Souvent
contre-productif lors de mouvements de grèves, le syndicalisme à la
NANS est monétisé et politisé. Localement, les syndicats
d’étudiants ont généralement à leur tête des personnes
inexpérimentées ou pro-capitalistes. Et d’autres syndicats
étudiants sont tous simplement interdits par certaines directions
scolaires.
Il faut une lutte
commune du corps professoral et estudiantin afin d’éviter que les
uns ne soient contre-productifs ou se plaignent des autres, et il est
nécessaire d'avoir une prise de conscience globale des professeurs
et des étudiants qu’une avancée pour les uns est une avancée
pour les autres.
Il ne faut pas des
grèves passives où les professeurs et étudiants restent chez eux,
mais des manifestations où ils sont actifs et marchent côte-à-côte ;
pour ça, il faut des meetings, des distributions de tracts, des
conférences afin de conscientiser les plus larges couches possibles
d’étudiants de professeurs mais aussi de la population (les
parents d’élèves notamment).
C’est pourquoi le
Parti socialiste du Nigeria lance un appel à la direction du
NLC et du TUC pour une mobilisation en vue d’une grève générale
de 48 h et des mouvements de masse qui réuniraient les pauvres,
les jeunes au chômage, les étudiants, et les travailleurs afin de
transformer le Nigeria.
Les étudiants sont
les travailleurs de demain, il est donc indispensable que les
principaux syndicats de travailleurs se joignent à la lutte pour le
sauvetage de l’éducation nigériane et par la même occasion
fassent pression sur le gouvernement pour le respect effectif du
salaire minimum et la fin des violences policières (certains
étudiants qui manifestaient contre les mesures d’austérités
prises par les gestionnaires de l’éducation se sont fait tuer lors
de manifestations). (8)
Le camarade Hassan Soweto, coordinateur de la Campagne pour le droit à l'enseignement (ERC), demande aux étudiants de soutenir la grève des professeurs, et vice-versa |
Le Parti socialiste du Nigeria, l’alternative socialiste qui se construit : « Un parti pour les millions (pauvres, jeunes et travailleurs) et non pour les pillards millionnaires »
Pour
paraphraser Mark Twain (célèbre romancier américain) :
« Les chiffres et les faits montrent qu'il n'existe
probablement pas de classe criminelle distincte au Nigeria, à part
l’assemblée nationale » (9).
La population en a marre de voir ses richesses pillées par les
kleptocrates au pouvoir en collaboration avec les multinationales
présentent sur le terrain. Non content de siphonner les ressources
naturelles, le pouvoir en place vampirise son peuple en augmentant
tour à tour, le prix de l’électricité, les frais d’inscriptions,
l’essence, tout en attaquant les droits des travailleurs à un
salaire décent et des étudiants à des syndicats démocratiques.
En plus de ces
problèmes économiques dont on ne parle que trop peu dans nos
propres médias, le Nigeria est devenu tristement célèbre ces
dernières années par les attentats répétés du Boko Haram
dans le nord du pays.
Le problème du
Boko Haram est à mettre en lien avec la question nationale non
résolue depuis l’indépendance. Alors que la gauche
petite-bourgeoise esquive la question nationale, nos camarades du DSM
appellent à une conférence de souveraineté nationale avec une
majorité de représentants élus de travailleurs pour parler de la
question nationale ainsi que des problèmes économiques, afin de
décider de la marche à suivre, car ceux ci doivent être réglés
pour pouvoir régler, entres autres, le problème du Boko Haram.
L’islamisme
fondamentaliste, qui a fait 3600 morts depuis 2009 selon
Human Rights Watch, est le résultat de l’échec de la
prise en main sérieuse de la question nationale par les
gouvernements successifs, de l’état délabré de l’économie
nigériane, du manque d’investissement dans l’éducation, de la
pauvreté abjecte de certaines régions, de l’abandon de certaines
régions par l’administration qui n’est là que pour s’enrichir,
en somme de la mauvaise gouvernance qui définit la classe dirigeante
nigériane depuis son indépendance.
Le Boko Haram se
présente comme une réponse à la politique dirigeante, d’ailleurs,
ce groupuscule est le plus enraciné au nord dans les provinces les
plus pauvres, et s’est développé le plus facilement après une
catastrophe naturelle ignorée par l’État. Ce groupe terroriste
n’est pas une création récente, mais est une entité qui s’est
développée graduellement par effet boule de neige jusqu’à
devenir ce qu’il est aujourd’hui. Boko Haram, dont le nom
signifie littéralement “L'Occident est le péché”, reflète
rien que dans son nom une haine de tout ce que représente
l’Occident ; cette haine est alimentée par le big business
de la capitale et la richesse exubérante des dirigeants. Le
gouvernement utilise Boko Haram comme prétexte pour augmenter
la militarisation du pays (la loi martiale est déjà d'application
dans deux États sur trois) et ainsi harceler et intimider toute
personne ou groupe qui serait critique envers le gouvernement. On
voit comment les attaques contre les droits démocratiques de la
population vont de pair avec la protection des intérêts
capitalistes de la classe dirigeante. (10)
Le terrorisme du Boko Haram, en plus de tuer et de diviser la population, sert au gouvernement de prétexte pour décréter l'état d'urgence et supprimer les droits démocratiques |
Le TUC et le NLC ont
échoué à la construction d’un authentique parti démocratiquement
géré par les travailleurs, les masses et les pauvres, et dévoué à
la répartition équitable des ressources humaines et naturelles pour
le bénéfice de tous. Le Parti travailliste (Labour Party),
créé par le NLC et dont nos camarades du DSM ont aidé à la
construction dans les années '90 avant de s’en faire exclure,
est aujourd’hui une autre de ces factions politiques qui se dit
« l’alliée des travailleurs » tout en dinant à la
table du grand capital, protégeant ses intérêts et se
désolidarisant du peuple lorsque les politiques antisociales
s’acharnent sur la population. L’organisation interne du parti
n’a plus rien de démocratique non plus. Pour qu’un aspirant ait
une chance de se faire élire à un poste, il doit mettre la main à
la poche et payer les leaders du parti jusqu’à plusieurs centaines
de milliers de naïras (jusqu’à 3 millions de francs)
afin de pouvoir concourir pour le poste.
En 2003, nos
camarades se sont présentés avec un programme socialiste en tant
que candidats du Parti de la conscience nationale (NCP) qu’ils ont
permis de transformer en un véritable parti politique alors qu’il
n’était qu’une conscience, un mouvement de protestation
balbutiant. Ils ont obtenu d’impressionnants résultats :
2èmes avec plus de 77 000 voix officiellement dans le district
sénatorial de Lagos-Ouest, malgré des preuves de bourrages d’urnes,
d’achats de voix, et autres fraudes électorales. On a fait les
meilleurs scores du NCP à l’échelle nationale sur base d’un
programme résolument socialiste. Malheureusement, l’histoire a
fait que nos camarades ont dû quitter ce parti après le virage à
droite de sa direction et de son programme. Nos camarades ont
néanmoins pu recruter des éléments désabusés du parti qui
aujourd’hui jouent un rôle de cadre important dans le DSM. (11)
Le Mouvement
socialiste démocratique (DSM) n’est pas officiellement reconnu
comme un parti politique au Nigeria. Pour ce faire, il faudrait que
les membres du Comité national exécutif proviennent de 24
des 36 États du pays, que le quartier général soit situé
à Abuja (ce qui coute 3 millions de francs), et payer
trois millions de plus uniquement pour l'enregistrement du parti
(contre 16 000 francs en Afrique du Sud…).
En plus des
difficultés financières, la répression à l’encontre de nos
camarades est grandissante. Lors des rassemblements du 1er Mai,
quinze de nos camarades se sont faits arrêter pour avoir distribué
des tracts du SPN et vendu leur journal (Socialist Democraty) ;
leur matériel politique a bien entendu été détruit. Il a fallu
que les camarades se mobilisent internationalement et localement pour
faire pression sur les autorités locales pour que nos camarades
soient finalement libérés.
Vente du journal “Démocratie socialiste” lors des rassemblements du 1er mai 2013 |
L’implosion et les
conflits internes du Parti travailliste et des autres partis “de
gauche”, en plus de leur soutien tacite aux politiques d’austérité
du gouvernement, envoient des messages contradictoires aux électeurs
et à leurs membres qui ne savent plus vers qui se tourner. Sans une
alternative sérieuse, certains envisagent même parfois l’armée,
en cas de crise prolongée, comme solution salvatrice malgré
l'histoire de trois décennies de juntes militaires au pouvoir
qui n’ont pas amélioré la situation du pays et les problèmes
ethniques qui s’y retrouvent partout.
C’est pour toutes
ces raisons que l’activité politique principale de cette dernière
année de nos camarades du DSM a été la construction d’un parti
plus large, le SPN.
La seule façon de
régler la question nationale, de mettre fin à la corruption des
élites dirigeantes, d’avoir des salaires décents, de pousser les
investissements massifs dans la santé, les transport, les
infrastructures, l’éducation et d’arrêter leurs démembrement
et privatisations ; la seule voie pour mettre fin à la misère
dans laquelle vit la grande majorité de la population nigériane
malgré l’extraordinaire abondance de ressources humaines et
naturelles, est de mettre en place un système socialiste ou la
propriété des secteurs-clés de l’économie serait collective et
sous la gestion démocratique des travailleurs eux-mêmes. C’est à
cela que s’attèlent nos camarades du DSM avec la construction du
SPN, avec le soutien moral, physique et financier des autres sections
du Comité pour une Internationale ouvrière, qui milite pour
donner corps à un véritable socialisme partout dans le monde.
Parti socialiste du Nigeria : parti des travailleurs, des jeunes et des pauvres Un parti pour les millions, pas pour les millionaires ! |
Notes :
(1)
http://www.bloomberg.com/news/2011-01-18/nigeria-s-poverty-ratio-rises-to-70-of-population-trust-says.html
(2)
http://www.unrisd.org/80256B3C005BCCF9/search/C6A23857BA3934CCC12572CE0024BB9E?OpenDocument&language=fr
(3)
http://www.punchng.com/news/we-need-funds-not-phones-farmers-tell-fg/
(4)
http://www.reuters.com/article/2013/06/03/nigeria-electricity-privatisation-idUSL5N0EF27H20130603
(5) « Socialist
Democracy » March/April 2013 (et 2012) p.7, Nigeria’s general
strike/mass protest against fuel price hike, Vital lessons for the
working class and youth, by H.T. Soweto,
(6)
http://www.socialistnigeria.org/page.php?article=2195
(7)
http://www.socialistnigeria.org/page.php?article=2192
(8)
http://www.socialistnigeria.org/page.php?article=2188
(9) It could probably
be shown by facts and figures that there is no distinctly native
American criminal class except Congress. - Pudd'nhead Wilson's New
Calendar
(10)
http://pmnewsnigeria.com/2013/08/14/how-boko-haram-was-created-arogundade/
(11) Marx is back,
CWI Summer School 2013 Monday 22nd July Daily bulletin, building in
Nigeria, for a party that truly represents working class people.
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