lundi 26 août 2013

Nigeria : un pays saigné à blanc, et c'est le peuple qui paie

Rapport de l'école d'été du CIO : Bilan de la situation au Nigeria

 


Voici le rapport de la commission sur le Nigeria qui s’est tenue lors de l’école d’été internationale du Comité pour une Internationale ouvrière (CIO) qui a eu lieu du 21 au 26 juillet dernier à Louvain (Belgique). L’introduction à la discussion a été réalisée par le camarade Kola Ibrahim, permanent du secrétariat du DSM (Democratic Socialist Movement, section du CIO au Nigeria) de la province d’Osun et responsable du travail étudiant, qui nous a fait part de la situation sociale et économique dans laquelle se trouve ce pays d’Afrique de l’Ouest et ses 170 millions d’habitants.

Par notre camarade Yves du Parti socialiste de lutte/Linkse Socialistische Partij (section belge du CIO)

Partout dans le pays les gens éduqués ou non parlent de révolution, des mouvements indépendants se lancent spontanément, il y a plus de douze grèves générales annuellement depuis quelques années, mais bien qu’une volonté de changement soit clairement présente dans la conscience collective, les directions syndicales du Congrès des syndicats (TUC, Trade Union Congress – qui regroupe principalement des employés et cadres) et du Congrès du travail du Nigéria (NLC, Nigeria Labour Congress – le syndicat principal des ouvriers et employés) démobilisent quand ils n’arrêtent pas purement et simplement les mouvements sociaux.

Les inégalités économiques s’accentuent malgré treize années de gouvernement civil (principalement le PDP – Parti démocratique populaire) après plus de trente ans de gestion militaire. Dans ce contexte, les camarades du DSM s’attèlent au lancement d’une plate-forme politique large : le “Socialist Party of Nigeria (SPN)”, une alternative socialiste face à la corruption, aux politiques capitalistes antisociales et néolibérales ; un parti des travailleurs, des pauvres et des jeunes prêt à redistribuer équitablement les richesses du pays pour le bénéfice de la majorité. 
  

Une pauvreté endémique en pleine abondance de ressources naturelles et humaines


Le Nigeria est le 6ème pays exportateur de pétrole brut au monde, et le premier du continent africain, mais faute de raffineries, il exporte son pétrole brut pour importer son carburant. L’exportation de pétrole brut et de gaz participe à hauteur de 80 % aux revenus du gouvernement. L’industrie minière y est encore balbutiante malgré des ressources en fer, zinc, étain, or, pierre à chaux et marbre, car les investissements miniers sont principalement absorbés par le secteur des hydrocarbures. Malgré une croissance de plus de 7 % en moyenne du PIB depuis plusieurs années (le PIB ou produit intérieur brut était de 262 milliards de dollars en 2012 selon les données de la Banque mondiale), et d’énormes revenus dus à l’exportation du pétrole et du gaz, le Nigeria présente un déficit budgétaire dû à la corruption (139ème sur 176 pays en 2012 d’après Transparency International) et des problèmes de gouvernance endémiques et chroniques.

Bien qu’au Nigeria certains pasteurs soient millionnaires en dollars, et que le pays abrite de nombreux millionnaires (hommes d’affaires mais surtout hommes d’État) et milliardaires (dont M. Aliko Dangote, magnat du ciment, devenu 25ème fortune mondiale, devançant ainsi l'Indien M. Mittal), le “rêve nigérian”, lorsqu’on ouvre les yeux, c’est plus de 70 % de la population (54 % en 2004) qui vit sous le seuil de pauvreté (1) et plus de 40 % des jeunes sans emploi qui vivent de débrouillardise quotidienne. Encore une fois, le schéma capitaliste se répète, ces chiffres sont l’illustration de la main-mise d’1 % de la population qui contrôle 80 % des richesses du pays. Ceci vient s’ajouter à la corruption endémique du gouvernement qui – toutes fonctions administratives confondues – absorbe 30 % du budget de l’État. 

Les législateurs nigérians sans aucun scrupule se payent mieux que Barack Obama : les sénateurs touchent 720 000 $ contre 400 000 $ l’année pour le président américain (soit, en francs CFA, 360 millions de francs de salaire annuel pour un sénateur nigérian, ou 30 millions par mois). Non contents de se payer grassement, les brigands du gouvernement détournent allègrement les bénéfices dus aux revenus du pétrole. En effet, le secteur des hydrocarbures perd en moyenne 30 milliards $ par an (15 000 milliards de francs) avec la complicité des multinationales et de courtiers indépendants, le tout ajouté aux opérations de sabotage de groupuscules de plus en plus violents (Mouvement pour l’émancipation du delta du Niger, etc.). Il faut dire que les mouvements non-violents des années '90 se sont fait réprimer dans la violence et beaucoup de leurs activistes ont soit été assassinés soit emprisonnés (comme par exemple Ken Saro-Wiwa du Mouvement pour la survie du peuple Ogoni – MOSOP).

Goodluck Jonathan, assis sur le pétrole, mange en ne laissant
qu'un os à “Badluck” Nigeria, opprimé sous cette masse

Le Nigeria est le pays le plus peuplé d’Afrique : alors que sa population s’élevait à 55 millions d’habitants en 1970, elle est aujourd’hui estimée à un peu plus de 170 millions de vies humaines, dont les deux tiers ont moins de 25 ans. D’ici 2050, le Nigeria devrait être le 3ème pays le plus peuplé au monde. Un potentiel énorme en termes de mouvements de masses qui vont certainement continuer à se produire.

Le gouvernement de M. Goodluck Jonathan, comme les gouvernements précédents, pratique un clientélisme de “redistribution” des revenus du pétrole. Le président Goodluck est un chrétien du Sud (les régions pétrolifères), et les membres de son gouvernement font prioritairement manger leurs proches, alors que le taux de pauvreté atteint 80 % dans certains États du nord du Nigeria. Cette politique de “diviser pour mieux régner” aggrave le problème de la question nationale, qui n’a jamais été résolu.

Mais il ne faut pas se mentir, la pauvreté est aussi très présente dans le Sud : le peu de revenus qui y parvient est détourné par les dirigeants locaux et le reste sert à y corrompre les activistes, les militants et les membres de la société civile. Le Nord a peur de ne plus avoir accès au fédéral, et l’entourage du président fait tout pour garder le pouvoir. Pour s’accrocher à leur pouvoir, ils corrompent ceux qu’ils peuvent (et sécurisent ainsi leurs intérêts) et combattent les autres (opposants, objecteurs de conscience, activistes) sans distinction, ce qui accentue la crise nationale.

En plus de la confession et de la provenance géographique, vient s’ajouter une mosaïque ethnique des plus complexes, avec plus de 374 ethnies présentes, dont 3 (Igbo, Yoruba, Hausa) représentent 58 % de la population (2). Cette situation est héritée du processus non démocratique par lequel les différentes ethnies ont été soumises au joug de l’impérialisme britannique en 1914 avec la fusion des provinces du Nord, du Sud, et de la colonie de Lagos, en une colonie du Nigeria. L’indépendance de 1960 a simplement remplacé l’administration coloniale britannique par une minorité dirigeante capitaliste de Nigérians qui, de génération en génération, a aggravé les conditions de vie et l’exploitation de la vaste majorité des Nigérians.

La guerre du Biafra (lors de laquelle les Igbos ont voulu gagner leur indépendance sur fond de lutte pour l'accaparement de la manne pétrolière), de 1967 à 1970, a failli conduire à la scission du pays. D’ailleurs il y a 8 ans, une étude de l’ONU envisageait une balkanisation du Nigeria. Le pays n’en est peut être pas encore à ce stade, mais les crises répétées, la mauvaise gestion et les contradictions du pouvoir menacent effectivement l’existence du Nigeria en tant que pays. Le DSM est avant tout pour une unité de la classe ouvrière, mais soutient le droit de chaque ethnie à l’autodétermination, jusqu’à la sécession si elle a été voulue par référendum et soumise à un vote démocratique direct.

Peu de temps après l'indépendance du Nigeria, le Biafra a lui aussi
demandé de voler de ses propres ailes. La guerre a fait des milliers de morts
et cause toujours des séquelles. Nous sommes pour l'unité, mais reconnaissons
le caractère artificiel des frontières du Nigeria et le droit à l'auto-détermination
de toute région et tout peuple
 
Le secteur agricole est le premier employeur du pays avec près de 70 % de la population qui en dépendent. Malgré une énorme superficie de terres fertiles souvent sous-exploitées, cette proportion tant à baisser, avec un exode rural sans précédent (Lagos est passé de 300 000 habitants en 1950 à 15 millions aujourd’hui !) et la prolifération de méga-fermes et plantations qui, contrairement aux petits paysans qui ont toujours des méthodes de récolte primitives, bénéficient de subsides de l’État. Malgré tout, l’État n’a pas atteint l’indépendance alimentaire qui devrait pourtant être possible avec des investissements cohérents. Pour l’instant, le Nigeria importe pour 200 millions $ (100 milliards de francs CFA) de nourriture américaine par an. 

Le ministère fédéral de l’agriculture et du développement rural a récemment proposé de distribuer plus de 10 millions de téléphones portables à des petits fermiers pour une valeur d’à peu près 15 000 francs chacun (3). Encore une fois, cette initiative semble être un moyen de siphonner les fonds publics. Les agriculteurs ont prioritairement besoins de fonds, d’investissements dans le réseau routier, de puits de forages pour une meilleure irrigation, de services médicaux de bases pour eux et leurs familles qui sont leur main d’œuvre principale, pas de téléphones !

Pour rester dans le secteur de la téléphonie mobile, l’explosion du nombre de numéros de téléphones ces onze dernières années (+ 10 millions par an) est en fait une croissance superficielle du secteur de la communication. En réalité, seuls 30 millions de personnes sur 170 millions ont accès au téléphone. La défectuosité du réseau fait que ceux qui ont les moyens d’avoir un numéro en ont généralement 3 ou 4 pour être joignables. Il faut ajouter que cette “success story” nigériane ne profite qu’à 1 % de la population active qui travaille dans le secteur des télécoms. Les 50 milliards $ engrangés par le secteur ces dix dernières années ne participent pas à la croissance mais plutôt à une extraction ou plus précisément à une exportation d’une partie des revenus des Nigérians.
 
À côté des méga-plantations appartenant à de grands groupes,
les petits paysans souffrent
 
En plus de l’éducation et de la santé, qui ensemble n’égalent pas la part du PIB dédiée au remboursement de la dette (30 % du PIB), l’électricité est un autre de ces secteurs qui a et qui continue de manquer cruellement d’investissements malgré les belles promesses de Goodluck et les 24 milliards $ (12 000 milliards de francs) censés avoir été investis durant l’ère Obasanjo dans l’amélioration de l’approvisionnement en électricité…

Pour exemple, l’Afrique du Sud produit un peu plus de 40 000 mégawatts d’électricité annuellement, et ce n’est même pas assez pour toute la population (50 millions d'habitants), dont la majorité de toutes façons ne peut pas se permettre l’accès au réseau. Le Nigeria, lui, produit annuellement 4000 mégawatts d’électricité (pour ses 170 millions d'habitants), dont 1000 ne peuvent pas être distribués à cause de « lignes électriques qui sont restées faibles depuis des années » d’après les termes du président Jonathan en déplacement au Pakistan. Le Nigeria se retrouve donc avec 30 % de sa population ayant possiblement accès à l’électricité mais sans garantie de livraison – ceux qui le peuvent n’ont donc d’autre choix que d’acheter un générateur… 

Pour “régler” le problème, la stratégie du gouvernement a été une augmentation de 100 % des tarifs d’électricité pour rendre le secteur attractif aux investissements privés, suivi de la revente des centrales de production à 10 % de leurs valeurs d’investissement ! (4) Inutile de préciser que le problème est toujours plus que présent, et que même la capitale vit dans le noir. 

Grève et occupation d'une centrale électrique pour protester
contre la privatisation. Le gouvernement a dû envoyer l'armée pour
forcer les travailleurs à reprendre le boulot.
 

« Ne trahissez pas la lutte ! » (5)


En janvier 2012, le gouvernement Jonathan a décidé de mettre en œuvre 4 mois à l’avance l’arrêt des subventions sur l’essence, pensant profiter du réveillon du nouvel an, pour faire monter le prix du pétrole du jour au lendemain de 200 francs à 430 francs CFA. Dès le lendemain, le Nigeria a montré que les mouvements révolutionnaires observés en Tunisie et en Égypte n’étaient pas uniquement l’apanage du Maghreb ou du Moyen-Orient. L’augmentation des prix de l’essence, resserrant le nœud autour de la corde déjà passée autour du cou de nombreux Nigérians, a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase de la colère, qui a abreuvé les Nigérians en soif de changement.

La chute des revenus des Nigérians, l’extrême pauvreté généralisée, les transports en commun éventrés, le délabrement du système de santé, l’éducation abandonnée, sont autant de facteurs qui ont ouvert la boite de Pandore. Mais c’est surtout l’écart de richesse de plus en plus grandissant entre les 1 % des plus riches – généralement des politiciens devenus millionnaires du jour au lendemain grâce aux revenus du pétrole qui devraient servir à améliorer les conditions de vie de la population – et cette même population exsangue, qui ont poussé les masses dans la rue dès le 2 janvier 2012.

Pendant sept jours les jeunes et les masses désorganisées étaient dans la rue, mais c’est le 9 janvier, avec l’entrée en jeu de la classe ouvrière organisée et le mot d’ordre de « grève générale à durée indéterminée » donné par les syndicats – qui en plus de poser la question du pouvoir est l’équivalent d’une insurrection –, que la donne a complètement changé.

Le mouvement est parti de quelques dizaines de milliers de manifestants par ville à plusieurs centaines de milliers de personnes dans les rues par manifestation (1 million rien qu’à Lagos), celles-ci se sont rapidement étendues à plus de dix États et ont rassemblé plus de 40 millions de personnes nationalement. Alors que seulement 10 % des travailleurs sont syndiqués, c’est le pays tout entier qui était en suspend, l’activité économique était à l’arrêt, mais surtout, le régime (et même l’opposition) ainsi que le système capitaliste faisaient face à un vrai risque d’effondrement. 

« L'essence à 200 francs du litre, sinon c'est la révolution ! »

Même Boko Haram (les islamistes fondamentalistes du Nord, qui ont fait plus de 3000 morts ces quatre dernières années) s'est retrouvé isolé et a préféré faire profil bas pendant toute la durée des manifestations, voyant clairement qu’avec la montée de la lutte des classes, l’action de masse collective était préférée par tous et ne laissait aucune place au actions terroristes individuelles. Comme en Égypte, on a vu des groupes de manifestants chrétiens, débout, protégeant les musulmans pendant leurs prières. Les divisions ethniques, géographiques, linguistiques ont elles aussi disparues pour laisser place à une conscience de classe.

Avec la propagation du mouvement, les travailleurs et les masses ont réalisé qu’il fallait plus de détermination pour vaincre le régime. Des slogans tels que « Jonathan dégage ! », « We want good gouvernance not Goodluck » étaient scandés en chœur, les masses avertissaient les dirigeants syndicaux de « Ne pas trahir la lutte ! » La classe dirigeante, dos au mur, a fait ce qu’elle fait toujours dans ce genre de situation : elle a brandit la menace d’une répression à grande échelle menée par l’armée. C’était sans compter sur le fait que beaucoup de policiers et de membres de l’armée (généralement les moins gradés) montraient de la sympathie envers le mouvement, allant jusqu’à applaudir certaines manifestations.

Néanmoins, les dirigeants syndicaux (TUC et NLC) ont pris cette menace de répression comme excuse pour mettre fin à la grève générale le 16 janvier, unilatéralement bien évidemment, renforçant ainsi le régime et diminuant la confiance des travailleurs en leur capacité de combattre face à l’oppression.

Il y a eu au total 20 morts et 600 blessés sur l’ensemble des manifestations, ce qui est “moyen” selon les standards de répression nigérians. Malgré cela, certaines manifestations ont continué ici et là, mais il manquait une alternative politique crédible et combative vers laquelle les mouvements toujours combatifs auraient pu se tourner.

Alors que la grève aurait pu mener à un changement de régime, et pourquoi pas de système si la direction avait été assez courageuse, le but du NLC et du TUC était avant tout de récupérer le mouvement. Ils ne s’attendaient pas à être dépassés par son ampleur ni à la tournure que ce mouvement a prise. Alors que celui-ci commençait à remettre globalement le système en question, les directions syndicales ont préféré simplement jouer la carte de la frayeur afin d’avoir des concessions rapides de la part du pouvoir. Au final, la grève aura simplement mené à une remise en place partielle des subventions sur l’essence, ramenant le prix à 300 francs par litre, après être monté initialement à 430 francs/L le 1er janvier 2012.

Face à la menace de la répression, une direction syndicale plus combative aurait dû lancer un appel de classe aux militaires et aux policiers, eux aussi concernés par les problèmes des manifestants.

Et pour être plus productif encore, il aurait fallu former des comités démocratiques de défense (armés si nécessaire) pour protéger et défendre les rassemblements et les manifestants.

Encore mieux, avec une direction audacieuse, la menace du régime d’utiliser la répression aurait pu permettre au mouvement et aux travailleurs de passer à l’offensive et de fermer la production de pétrole, prendre le contrôle des transports aériens, maritimes, routiers, ainsi que des services et des échanges de biens. Cela aurait complètement changé le rapport de force en faveur du mouvement, et isolé le gouvernement.

Une direction téméraire aurait permis d’enfin mettre sur la table la possibilité d’une transformation profonde du Nigeria, de le retirer des mains des capitalistes locaux et étrangers qui pillent le pays depuis des décennies, et de se diriger vers un gouvernement socialiste de pauvres, de jeunes et de travailleurs afin que les ressources du pays soient utilisées dans l’intérêt de tous et non d’une poignée de kleptocrates.

Mais c’était sans compter sur le fait que le TUC et le NLC attendent de pouvoir manger leur part du gâteau. Ils n’ont pas d’idée d’alternative à apporter au capitalisme, d’où leur approche contre-productive lors des évènements de 2012, et leurs positions pro-capitalistes en général. 

Grève et manifestations de masse de janvier 2012 au Nigeria
Les syndicats qui avaient appelé à la grève, sont revenus sur
leur mot d'ordre au premier prétexte, de peur que le mouvement
ne leur échappe et ne s'élargisse

 

Pour une grève générale de 48 h pour l'application effective du salaire minimum !


En mars 2011, à peine quelques jours avant les élections présidentielles, le président Goodluck Jonathan a ratifié la loi garantissant le salaire minimum à 18 000 naïras (55 000 francs), une mesure clairement électoraliste pour pousser les travailleurs à voter pour son parti, le PDP (Parti démocratique populaire). Un fifrelin à côté des revenus du pétrole, et surtout encore plus quand on voit ce que gagne un sénateur indemnités comprises : 30 millions de francs par an ! Trois ans auparavant, le NLC avait demandé à ce que le salaire minimum soit de 58 000 naïras (180 000 francs) ; le syndicat s’est finalement contenté d’accepter la baisse de sa revendication à 18 000 naïras, malgré le fait qu’avec l’inflation (13 % l’an passé et jusqu’à 50 % pour certains biens de consommation), les augmentations du prix de l’électricité, des frais scolaires, etc. ça n’est clairement pas suffisant.

Cependant, deux ans après, les gouverneurs des États s’abritent derrière un soi-disant manque de financement de l’État fédéral pour ne pas payer ce salaire minimum. Pire encore, récemment, le Sénat (Chambre haute de l’assemblée nationale) a voté l’exclusion de la loi sur le salaire minimum de la “Liste législative exclusive” (Exclusive Legislative List), ce qui permet ainsi à chaque État de déterminer ce qu’il veut (le gouverneur dira “ce qu’il peut”) payer aux travailleurs. Encore plus, cela empêcherait dans le futur toute lutte sur le plan national pour une augmentation du salaire minimum, celui-ci étant devenu une compétence des États ! 

Les sénateurs, dans leur arrogance, ont poussé le vice jusqu'à s'octroyer à chacun d'entre eux une pension à vie le jour même où ils ont voté le retrait de la loi sur le salaire minimum de la Liste exclusive de la Constitution. Certains gouverneurs se targueront certainement de payer le salaire minimum, après l’avoir fait baisser dans leur propre région évidemment… 

L’argument derrière ce retrait, est la volonté d’un “véritable fédéralisme”, qui n’est pourtant pas mis en avant lorsqu’il s’agit de payer les gouverneurs, dont le salaire est déterminé par une agence fédérale au niveau national. Heureusement pour l’instant il y a un statu quo car la chambre des représentants (chambre basse de l’assemblée nationale) a voté contre le retrait de la loi sur le salaire minimum de la Liste exclusive législative.

Alors que cette attaque du Sénat sonne comme un coup de semonce à l'adresse du TUC et du NLC pour défendre résolument les droits et conditions de vies des travailleurs, encore une fois, la direction du NLC et du TUC ne fait rien pour mobiliser les travailleurs et rien non plus pour expliquer pourquoi la loi doit rester sous la Liste exclusive de la Constitution. Dans les États où les travailleurs ont combattu ardemment pour l'entrée en application effective du salaire minimum, les directions du NLC et TUC ont fermé les yeux (et les oreilles, et la bouche). Au lieu de lancer un appel à la grève générale, les travailleurs sont abandonnés aux desideratas de leurs gouverneurs. 

La seule grève annoncée par les directions syndicales au niveau national a été annulée le 20 juillet 2011, au moment même où la détermination des travailleurs avait atteint son paroxysme. Pire, Abdul Wahed Omar, président du NLC, a avoué que dans certains États, les directions syndicales négocieraient à la baisse le salaire minimum si les gouverneurs de ceux ci arrivaient à prouver leur “incapacité” à payer les 18 000 francs (6). Certaines entreprises privées refusent tout simplement de payer le salaire minimum sans aucune justification autre que celle du profit maximum pour l’entreprise et les actionnaires. Encore une fois, les directions syndicales ne font rien. Au mieux, celle-ci se lamentent et se contentent de lancer des menaces dénuées de tout contenu.

Le Smig à 55 000 francs, ce n'est pas négociable !

C’est ce manque de combativité du NLC et du TUC qui implicitement donne carte blanche aux législateurs pour sabrer encore plus dans les acquis des travailleurs.

Le Parti socialiste du Nigeria (SPN) – parti de gauche large auquel participe le DSM, appelle le Congrès du travail du Nigéria (NLC) et le Congrès des syndicats (TUC) à commencer dès à présent une mobilisation pour une grève générale nationale de 48 heures, ainsi qu’à organiser un mouvement de masse pour s’opposer à cette décision du Sénat de retirer la loi sur le salaire minimum de la Liste exclusive, qui va à l’encontre des droits des travailleurs, et aussi de commencer sans plus attendre la lutte pour l'entrée en vigueur complète et effective du salaire minimum de 18 000 francs à tous les niveaux.

Les directions syndicales doivent aussi aller dans les entreprises privées qui refusent de payer le salaire minimum avec un plan d’action et des meetings pour sensibiliser puis mobiliser les travailleurs pour des piquets de grèves, occupations et manifestations massives en cas de refus de paiement. Les droits ne se donnent pas, il s'arrachent !

Le socialisme est la solution !
Le Smig à 18 000 naïras – premier pas vers
le Smig à 52 200 naïras !
(55 000 francs / 160 000 francs)
 

« L'enseignement est un droit ! Le changement de système est notre but ! »


L’investissement du gouvernement dans l’éducation au Nigeria ne représente que 8 % de la part du PIB alors que celui-ci devrait atteindre 26 % d’ici 2020 pour rejoindre les normes internationales, mais encore une fois rien n’est fait. 
 
Comme dans beaucoup de pays du monde, les étudiants ont du mal à payer leurs frais d’inscription à l’université, donc beaucoup n’y mettent jamais les pieds. Par exemple, la scolarité à l’université d’État de Lagos (LASU) est passée de 80 000 à 1 million de francs CFA ! Ceux qui y ont accès et qui parviennent à payer leurs études jusqu’à la fin de leur parcours académique se retrouvent presque systématiquement au chômage (quelques centaines à peine sur 10 000 trouvent un emploi). Et même ceux qui travaillent n’ont pas la garantie d’avoir un salaire qui leur permettra de subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille par la suite.

Les hommes d’affaires et propriétaires terriens du Sénat et de la Chambre des représentants font ce qu’ils font le mieux : ils privatisent et commercialisent l’éducation. Bien que la plupart des membres de l’assemblée nationale aient été formés à l’école publique, leurs enfants vont dans des écoles privées (99 %) et l’éducation publique est abandonnée à son sort.

Plutôt que de rénover les bâtiments, certains sont détruits en prétextant de nouvelles constructions qui souvent ne voient jamais le jour. Il s’agit là encore de chantiers de détournements de fonds publics. Le trop faible investissement dans l’éducation (infrastructures et programmes de cours), l’irresponsabilité de la classe dirigeante, poussent depuis des années les étudiants et les professeurs à manifester, malheureusement souvent passivement, leur mécontentement.

Alors que l'enseignement est sous-financé, le gouvernement préfère
“déguerpir” certaines écoles jugées “clandestines” plutôt que
de les encourager
 
Un peu partout dans le pays, le NUT (National Union of Teachers) est en grève passive/casanière (sit-at-home strike) depuis le 1er juin dans les États où l’indemnité particulière des professeurs (TPA – Teacher’s Peculiar Allowance) n’est pas effectivement payée. La direction de l’ASUU (Academic Staff Union of Universities – Syndicat du personnel académique des universités) a lancé une action de grève indéfinie car le gouvernement rechigne à mettre en place les accords de 2009 conclus avec le syndicat concernant le financement (et la rénovation) des infrastructures, des locaux, et des programmes de cours académiques ainsi que l’augmentation de leurs salaires. 

Deux des syndicats du polytechnique (secteur des sciences et des technologies, génie civil) sont en grève depuis trois mois : il s’agit de l’ASUP (Academic Staff Union of Polytechnics – Syndicat du personnel académique du polytechnique) et du SSANIP (Senior Staff Association of Nigeria Polytechnics – Association du personnel senior des polytechniques du Nigeria). Ils ont suspendu leur grève après 78 jours avec menace de la reprendre si le gouvernement ne montrait pas concrètement qu’il s’attelait à répondre à leurs demandes. Cette grève a d’ailleurs surpris le gouvernement qui ne s’attendait pas à voir les élèves de polytechnique soutenir leurs professeurs. (7)

Nos camarades du DSM (Mouvement démocratique socialiste, section nigériane du CIO) ont lancé la Campagne pour le droit à l'enseignement (ERC – Education Rights Campaign) en 2004 afin de mettre sur pied une plate-forme qui soutienne le droit à une éducation gratuite (via un financement adéquat), efficace et gérée démocratiquement.

C’est par le biais d’affichages massifs, de distributions de tracts, de rassemblements, de conférences et de meetings que l'ERC mène campagne contre l’augmentation brutale des frais scolaires et la médiocrité des conditions d’étude et de logement.

Elle est contre la victimisation des étudiants activistes et l’interdiction des syndicats étudiants dans certaines universités, quand ils ne sont pas récupérés ou infiltrés par des agents du gouvernement. Elle soutient les travailleurs de l’enseignement dans leurs revendications de meilleures paies et conditions de travail, et ils mènent campagne pour que les étudiants puissent construire leurs syndicats en tant qu'organismes de lutte, démocratiques, basés sur la masse, avec une direction courageuse et révocable à tout instant.

L’Association nationale des étudiants du Nigéria, la NANS, est l’organe qui est censé représenter les étudiants au niveau national. Mais celle-ci est pro-establishment, corrompue, et la plupart de ses dirigeants ne sont mêmes pas des étudiants. Dans certaines zones, des motions de censures contre le président ont d’ailleurs été votées. Souvent contre-productif lors de mouvements de grèves, le syndicalisme à la NANS est monétisé et politisé. Localement, les syndicats d’étudiants ont généralement à leur tête des personnes inexpérimentées ou pro-capitalistes. Et d’autres syndicats étudiants sont tous simplement interdits par certaines directions scolaires.

Il faut une lutte commune du corps professoral et estudiantin afin d’éviter que les uns ne soient contre-productifs ou se plaignent des autres, et il est nécessaire d'avoir une prise de conscience globale des professeurs et des étudiants qu’une avancée pour les uns est une avancée pour les autres.

Il ne faut pas des grèves passives où les professeurs et étudiants restent chez eux, mais des manifestations où ils sont actifs et marchent côte-à-côte ; pour ça, il faut des meetings, des distributions de tracts, des conférences afin de conscientiser les plus larges couches possibles d’étudiants de professeurs mais aussi de la population (les parents d’élèves notamment).

C’est pourquoi le Parti socialiste du Nigeria lance un appel à la direction du NLC et du TUC pour une mobilisation en vue d’une grève générale de 48 h et des mouvements de masse qui réuniraient les pauvres, les jeunes au chômage, les étudiants, et les travailleurs afin de transformer le Nigeria. 
 
Les étudiants sont les travailleurs de demain, il est donc indispensable que les principaux syndicats de travailleurs se joignent à la lutte pour le sauvetage de l’éducation nigériane et par la même occasion fassent pression sur le gouvernement pour le respect effectif du salaire minimum et la fin des violences policières (certains étudiants qui manifestaient contre les mesures d’austérités prises par les gestionnaires de l’éducation se sont fait tuer lors de manifestations). (8) 

Le camarade Hassan Soweto, coordinateur de la Campagne pour
le droit à l'enseignement (ERC), demande aux étudiants de soutenir
la grève des professeurs, et vice-versa
 

Le Parti socialiste du Nigeria, l’alternative socialiste qui se construit : « Un parti pour les millions (pauvres, jeunes et travailleurs) et non pour les pillards millionnaires »


Pour paraphraser Mark Twain (célèbre romancier américain) : « Les chiffres et les faits montrent qu'il n'existe probablement pas de classe criminelle distincte au Nigeria, à part l’assemblée nationale » (9). La population en a marre de voir ses richesses pillées par les kleptocrates au pouvoir en collaboration avec les multinationales présentent sur le terrain. Non content de siphonner les ressources naturelles, le pouvoir en place vampirise son peuple en augmentant tour à tour, le prix de l’électricité, les frais d’inscriptions, l’essence, tout en attaquant les droits des travailleurs à un salaire décent et des étudiants à des syndicats démocratiques.

En plus de ces problèmes économiques dont on ne parle que trop peu dans nos propres médias, le Nigeria est devenu tristement célèbre ces dernières années par les attentats répétés du Boko Haram dans le nord du pays.

Le problème du Boko Haram est à mettre en lien avec la question nationale non résolue depuis l’indépendance. Alors que la gauche petite-bourgeoise esquive la question nationale, nos camarades du DSM appellent à une conférence de souveraineté nationale avec une majorité de représentants élus de travailleurs pour parler de la question nationale ainsi que des problèmes économiques, afin de décider de la marche à suivre, car ceux ci doivent être réglés pour pouvoir régler, entres autres, le problème du Boko Haram.

L’islamisme fondamentaliste, qui a fait 3600 morts depuis 2009 selon Human Rights Watch, est le résultat de l’échec de la prise en main sérieuse de la question nationale par les gouvernements successifs, de l’état délabré de l’économie nigériane, du manque d’investissement dans l’éducation, de la pauvreté abjecte de certaines régions, de l’abandon de certaines régions par l’administration qui n’est là que pour s’enrichir, en somme de la mauvaise gouvernance qui définit la classe dirigeante nigériane depuis son indépendance.

Le Boko Haram se présente comme une réponse à la politique dirigeante, d’ailleurs, ce groupuscule est le plus enraciné au nord dans les provinces les plus pauvres, et s’est développé le plus facilement après une catastrophe naturelle ignorée par l’État. Ce groupe terroriste n’est pas une création récente, mais est une entité qui s’est développée graduellement par effet boule de neige jusqu’à devenir ce qu’il est aujourd’hui. Boko Haram, dont le nom signifie littéralement “L'Occident est le péché”, reflète rien que dans son nom une haine de tout ce que représente l’Occident ; cette haine est alimentée par le big business de la capitale et la richesse exubérante des dirigeants. Le gouvernement utilise Boko Haram comme prétexte pour augmenter la militarisation du pays (la loi martiale est déjà d'application dans deux États sur trois) et ainsi harceler et intimider toute personne ou groupe qui serait critique envers le gouvernement. On voit comment les attaques contre les droits démocratiques de la population vont de pair avec la protection des intérêts capitalistes de la classe dirigeante. (10)

Le terrorisme du Boko Haram, en plus de tuer et de diviser la population,
sert au gouvernement de prétexte pour décréter l'état d'urgence
et supprimer les droits démocratiques

Le TUC et le NLC ont échoué à la construction d’un authentique parti démocratiquement géré par les travailleurs, les masses et les pauvres, et dévoué à la répartition équitable des ressources humaines et naturelles pour le bénéfice de tous. Le Parti travailliste (Labour Party), créé par le NLC et dont nos camarades du DSM ont aidé à la construction dans les années '90 avant de s’en faire exclure, est aujourd’hui une autre de ces factions politiques qui se dit « l’alliée des travailleurs » tout en dinant à la table du grand capital, protégeant ses intérêts et se désolidarisant du peuple lorsque les politiques antisociales s’acharnent sur la population. L’organisation interne du parti n’a plus rien de démocratique non plus. Pour qu’un aspirant ait une chance de se faire élire à un poste, il doit mettre la main à la poche et payer les leaders du parti jusqu’à plusieurs centaines de milliers de naïras (jusqu’à 3 millions de francs) afin de pouvoir concourir pour le poste.

En 2003, nos camarades se sont présentés avec un programme socialiste en tant que candidats du Parti de la conscience nationale (NCP) qu’ils ont permis de transformer en un véritable parti politique alors qu’il n’était qu’une conscience, un mouvement de protestation balbutiant. Ils ont obtenu d’impressionnants résultats : 2èmes avec plus de 77 000 voix officiellement dans le district sénatorial de Lagos-Ouest, malgré des preuves de bourrages d’urnes, d’achats de voix, et autres fraudes électorales. On a fait les meilleurs scores du NCP à l’échelle nationale sur base d’un programme résolument socialiste. Malheureusement, l’histoire a fait que nos camarades ont dû quitter ce parti après le virage à droite de sa direction et de son programme. Nos camarades ont néanmoins pu recruter des éléments désabusés du parti qui aujourd’hui jouent un rôle de cadre important dans le DSM. (11)

Le Mouvement socialiste démocratique (DSM) n’est pas officiellement reconnu comme un parti politique au Nigeria. Pour ce faire, il faudrait que les membres du Comité national exécutif proviennent de 24 des 36 États du pays, que le quartier général soit situé à Abuja (ce qui coute 3 millions de francs), et payer trois millions de plus uniquement pour l'enregistrement du parti (contre 16 000 francs en Afrique du Sud…).

En plus des difficultés financières, la répression à l’encontre de nos camarades est grandissante. Lors des rassemblements du 1er Mai, quinze de nos camarades se sont faits arrêter pour avoir distribué des tracts du SPN et vendu leur journal (Socialist Democraty) ; leur matériel politique a bien entendu été détruit. Il a fallu que les camarades se mobilisent internationalement et localement pour faire pression sur les autorités locales pour que nos camarades soient finalement libérés.

Vente du journal “Démocratie socialiste” lors des rassemblements
du 1er mai 2013


L’implosion et les conflits internes du Parti travailliste et des autres partis “de gauche”, en plus de leur soutien tacite aux politiques d’austérité du gouvernement, envoient des messages contradictoires aux électeurs et à leurs membres qui ne savent plus vers qui se tourner. Sans une alternative sérieuse, certains envisagent même parfois l’armée, en cas de crise prolongée, comme solution salvatrice malgré l'histoire de trois décennies de juntes militaires au pouvoir qui n’ont pas amélioré la situation du pays et les problèmes ethniques qui s’y retrouvent partout.

C’est pour toutes ces raisons que l’activité politique principale de cette dernière année de nos camarades du DSM a été la construction d’un parti plus large, le SPN.

La seule façon de régler la question nationale, de mettre fin à la corruption des élites dirigeantes, d’avoir des salaires décents, de pousser les investissements massifs dans la santé, les transport, les infrastructures, l’éducation et d’arrêter leurs démembrement et privatisations ; la seule voie pour mettre fin à la misère dans laquelle vit la grande majorité de la population nigériane malgré l’extraordinaire abondance de ressources humaines et naturelles, est de mettre en place un système socialiste ou la propriété des secteurs-clés de l’économie serait collective et sous la gestion démocratique des travailleurs eux-mêmes. C’est à cela que s’attèlent nos camarades du DSM avec la construction du SPN, avec le soutien moral, physique et financier des autres sections du Comité pour une Internationale ouvrière, qui milite pour donner corps à un véritable socialisme partout dans le monde. 

Parti socialiste du Nigeria : parti des travailleurs, des jeunes et des pauvres
Un parti pour les millions, pas pour les millionaires !
 

Notes :
(1) http://www.bloomberg.com/news/2011-01-18/nigeria-s-poverty-ratio-rises-to-70-of-population-trust-says.html
(2) http://www.unrisd.org/80256B3C005BCCF9/search/C6A23857BA3934CCC12572CE0024BB9E?OpenDocument&language=fr
(3) http://www.punchng.com/news/we-need-funds-not-phones-farmers-tell-fg/
(4) http://www.reuters.com/article/2013/06/03/nigeria-electricity-privatisation-idUSL5N0EF27H20130603
(5) « Socialist Democracy » March/April 2013 (et 2012) p.7, Nigeria’s general strike/mass protest against fuel price hike, Vital lessons for the working class and youth, by H.T. Soweto,
(6) http://www.socialistnigeria.org/page.php?article=2195
(7) http://www.socialistnigeria.org/page.php?article=2192
(8) http://www.socialistnigeria.org/page.php?article=2188
(9) It could probably be shown by facts and figures that there is no distinctly native American criminal class except Congress. - Pudd'nhead Wilson's New Calendar
(10) http://pmnewsnigeria.com/2013/08/14/how-boko-haram-was-created-arogundade/
(11) Marx is back, CWI Summer School 2013 Monday 22nd July Daily bulletin, building in Nigeria, for a party that truly represents working class people.

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