jeudi 30 octobre 2014

Burkina : Blaise sur les braises

Pour la grève générale et des occupations ! C'est tout le système qui doit dégager !


Après 27 ans au pouvoir, Blaise se voyait déjà mourir dans son fauteuil présidentiel. Mais les évènements des derniers jours ont tout remis en question. Depuis le “printemps arabe”, la jeunesse burkinabée s'est lancée encore et encore à l'assaut du pouvoir, testant le terrain, se levant avant de retomber pour mieux repartir. Devant la possibilité du vote parlementaire pour la réforme de la Constitution, un sentiment d'urgence s'est emparé des masses, et la révolution a éclaté.

Il a fallu deux jours de mobilisation massive, d'occupations et de casse, en plus de la pression de l'impérialisme occidental, pour que Blaise se décide à partir. Mais la question demeure encore de l'alternative à lui opposer après son départ. Avec l'annonce de la formation d'un gouvernement militaire “de transition” en attendant des élections qui ne changeront rien à la situation économique et sociale du pays, nous devons être clair que la chute de Blaise ne représente que le début de la révolution burkinabée, et non sa fin.

Appel du CIO-CI


Le départ de Blaise ne sera qu'un début, ne sera que la première étape de la révolution burkinabée. Car sans la construction d'une véritable alternative populaire, c'est le scénario “classique” qui se prépare : une transition sous contrôle de l'armée, suivie d'élections où tout sera misé sur Zéphirin Diabré, la pièce de rechange de l'impérialisme.

La révolution ne doit pas s'arrêter au départ de Blaise. Tous les maux qui affligent la société burkinabée : chômage, manque de logements, vie chère, faiblesse du système d'enseignement, délestages, sous-développement, etc. continueront sous ses successeurs déjà déclarés.

Nous ne devons faire aucune confiance ni dans la fausse opposition politicienne (quand bien même elle se dirait “sankariste” ou “socialiste”), ni dans la soi-disant “bienveillance” de l'état-major militaire.

Afin d'assurer la permanence de la révolution et d'éviter de tomber dans le “piège tunisien”, il est urgent de construire dès aujourd'hui des comités populaires dans les quartiers, afin d'entamer la réorganisation révolutionnaire de la société non seulement sur le plan politique, mais aussi économique.

Les comités doivent également s'armer dans tout le pays afin de défendre le mouvement contre toute attaque des commandos à la solde du dictateur qui s'apprêtent à un bain de sang pour maintenir leur maitre coute que coute.

Il faut appeler à la nationalisation, sans rachat ni indemnités, des secteurs-clés de l'économie, sous contrôle démocratique de représentants élus des travailleurs, de la jeunesse et des pauvres, révocables à tout moment et ne bénéficiant d'aucun privilège matériel. Car ce n'est qu'ainsi qu'on obtiendra les ressources nécessaires à la mise en route d'un plan de développement de l'économie qui réponde aux réelles attentes du peuple en terme d'emploi, de développement, d'infrastructure, d'accès au logement, à l'enseignement, à la santé, à la sécurité sociale, etc. Et qu'on se débarrassera du même coup de l'emprise de l'impérialisme.

Tout le matériel roulant doit être confisqué par les forces de la révolution afin d'assurer le ravitaillement des villes en nourriture à partir des campagnes et de garantir la mainmise sur l'économie par les révolutionnaires tout en interdisant les manœuvres de la réaction. Un blocus des bases militaires étrangères doit être mis en place en attendant leur évacuation pacifique. Des barrages doivent être dressés sur les principaux axes routiers et un système de laisser-passers mis en place pour contrôler les va-et-vients.

De même, l'occupation des principales chaines de radio et télévision doit être organisée afin de tenir la population au courant des derniers retournements et de faire circuler les mots d'ordre aussi largement que possible.

Contre la “transition militaire”, il faut appeler à la convocation d'une assemblée constituante révolutionnaire composée de délégués venus de tout le pays, élus par les assemblées populaires révolutionnaires, afin que le peuple burkinabé puisse décider lui-même de son avenir : vers la mise en place d'une république des pauvres, d'un gouvernement des travailleurs, de la jeunesse et des masses populaires, à charge de diriger une économie socialiste planifiée et démocratique.

L'armée burkinabée doit se désolidariser du régime. Les soldats doivent rejoindre la révolution en créant leurs propres comités de soldats à charge d'élire leurs propres officiers et de se mettre au service de la révolution. Gardons nos balles pour nos généraux et pour défendre le peuple contre les commandos à la solde du pouvoir !



Sans cela, les mêmes forces pro-impérialistes reprendront le pouvoir pour remettre le pays sur les rails de la “stabilité”. Sans cela, la révolution burkinabée se perdra dans le marasme de la guerre civile (comme en Ukraine et Libye), de la dictature militaire (comme en Égypte) ou de la fausse “normalité” démocratique bourgeoise (comme en Tunisie).

Enfin, la révolution ne doit pas se limiter au seul Burkina : contre le système, le mouvement révolutionnaire au Burkina doit tout faire pour nouer des liens au niveau international et en particulier dans les pays les plus avancés sur le plan des luttes et de l'organisation que sont le Sénégal, le Nigeria ou la Côte d'Ivoire, ou dans les pays soumis à des régimes (semi-)dictatoriaux qui semblent vouloir s'éterniser, comme au Bénin, Togo, Congo, Burundi, Rwanda… vers une confédération panafricaine d'États populaires et socialistes.

D'ailleurs, le départ de Blaise, “gendarme de l'Afrique de l'Ouest”, aura des répercussions sur tout le continent et ouvrira les portes aux mouvements de contestation partout en Afrique. C'est pourquoi le CIO-CI se solidarise de la lutte du peuple burkinabé et appelle à des manifestations de solidarité partout où il est présent : en Côte d'Ivoire, au Nigeria, en Tunisie, en Afrique du Sud, et ailleurs dans le monde.

Nous saluons au passage l'action du Balai citoyen qui a joué un rôle héroïque dans cette lutte, et qui doit poursuivre son combat en ne faisant aucune concession ni aux généraux ni aux différents partis pro-capitalistes qui déjà s'apprêtent à prendre le pouvoir au nom de l'“alternance”. 

Pour nous, les militants du Balai citoyen devraient également considérer la formation d'une nouvelle organisation politique, un nouveau parti des travailleurs et des masses pauvres, afin de ne pas se faire voler sa victoire par les forces de la réaction “démocratique” bourgeoise et d'assurer la poursuite et l'approfondissement de sa tâche révolutionnaire.


Pour le triomphe de la révolution ! La patrie ou la mort ! Nous vaincrons !


(Devant l'urgence de la situation, nous appelons tous nos lecteurs et sympathisants à diffuser largement cet appel sur les réseaux sociaux. Pour nous contacter, écrivez-nous à l'adresse mail konankonanjules@gmail.com)



1 commentaire: