Comités de surveillance dans tous les quartiers
La
psychose est en train de gagner tout le pays. Les enlèvements
d'enfants et de jeunes filles se succèdent tout autant que les
découvertes macabres. Et le gouvernement qui réagit bien tardivement mais qui pourtant s'empresse d'interdire les marches et initiatives populaires, parait complice.
– camarades Zabra Ladji et Gbalégnali
Qui
sont les auteurs de ces crimes ? Des gens assoiffés de pouvoir
et d'argent prêts à tous les procédés pour atteindre leurs fins.
Aujourd'hui tous les regards se tournent vers les cybercriminels
(surnommés « brouteurs »), ces jeunes qui rêvent d'une
vie de luxe facile à partir d'argent obtenu par diverses
escroqueries sur internet. Pourtant, cela fait longtemps que le
phénomène du broutage existe, même en Europe, sans que cela
provoque de telles vagues d'enlèvements. Et même, ces brouteurs
sont connus et font le boucan dans les maquis et les boites sans que
cela n'émeuve personne.
Il semblerait que l'on cherche à détourner
l'attention d'autres profiteurs de ces crimes qui disposent de
relations en haut lieu. Sinon comment comprendre que dans un pays où
les sécurocrates nous donnent de nombreux détails sur les supposés
faiseurs de coup d'État, pourquoi ne parvient-on pas à mettre
la main sur les enleveurs d'enfants ? Tout semble pointer que la
résurgence de ces rituels sanglants soit lié à l'approche des
élections.
Il est fou de constater que le gouvernement refusait toute réaction par rapport à cet enjeu, jusqu'à ce qu'une marche populaire soit organisée. Tout à coup, le régime est sorti de sa réserve pour interdire la marche et annoncer qu'il prenait le problème très au sérieux. Ce régime est plus effrayé par le moindre mouvement populaire que par la hausse terrible de la criminalité.
Depuis 2002,
la crise a amené de nombreux féticheurs et marabouts dans le pays
ainsi que de nombreuses personnes qui croient à ces pratiques. De ce point de vue,
n'est-il pas nécessaire, dans un souci d'objectivité, d'orienter
les enquêtes vers ces derniers également ? Bien sûr, dans la
mesure où nous savons tous quel rôle ont joué et continuent à
jouer ces sorciers dans la quête de la conservation du pouvoir sous
nos tropiques.
Par ailleurs, les
causes fondamentales de ces pratiques sont d'une part la corruption
et la soif de pouvoir des dirigeants qui jouissent de richesses mal
acquises sans jamais être inquiétés ; d'autre part la galère
et le modèle d'un enrichissement facile promu par nos dirigeants
auprès de la jeunesse. Tout ces tendances ont été amplifiées par
la crise.
En
guise de réponse à cela, il faut tout d'abord éviter les
amalgames. Animiste ne veut pas dire sorcier. Fétiche ne veut pas
dire sacrifice humain. Il convient donc de se détourner des discours
haineux de certains chefs religieux, pasteurs ou imams.
D'autre
part, il est clair que nous ne pouvons appeler à un renforcement de
la police dans les quartiers, car une présence policière constante
finirait par se retourner contre les mouvements sociaux et la liberté
de réunion et d'expression de la population et en particulier des
militants. C'est pourquoi nous appelons les habitants de
Côte d'Ivoire et en particulier la jeunesse des quartiers à
s'organiser en comités de surveillance et d'autodéfense, comme cela
a déjà été organisé dans certains quartiers afin de lutter
contre les « microbes ».
Gardons cependant à l'esprit
que ce n'est que par une lutte solidaire contre les dirigeants
voleurs et corrompus, contre la politique politicienne et
clientéliste, contre la misère, la cherté de la vie, les
inégalités, pour l'emploi, l'enseignement, la sécurité sociale et
la souveraineté nationale que nous pourrons mettre un terme
définitif à ce phénomène.
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