Perspectives mondiales : Grandes tendances et économie mondiales
Les signes du renouveau de la lutte des classes montrent la voie pour l'avenir
Début décembre 2014, s'est tenue une réunion du Comité exécutif international du CIO (CEI), une structure composée de 2-3 délégués de chaque section nationale du CIO, élus lors de notre Congrès mondial bisannuel. Comme lors de chacune de ces réunions, le CEI a débattu de l'actualité mondiale, région par région, pays par pays, ainsi que de l'état d'avancement de notre travail dans nos différentes sections, pour ensuite déterminer notre ligne politique au niveau international, cela en vue d'encourager, accompagner, structurer et guider le processus de la révolution mondiale à venir jusqu'à l'année prochaine.
Ce rapport est en sept parties : 1) Grandes tendances et économie mondiales ; 2) États-Unis et Europe ; 3) Moyen-Orient/Afrique du Nord et Europe de l'Est ; 4) Asie du Sud et de l'Est + Afrique ; 5) Amérique latine (introduction et Amérique centrale) ; 6) Amérique du Sud ; 7) Débat sur la question nationale.
Retrouvez toute la série d'articles en cliquant sur ce lien : CEI 2014.
Grandes tendances mondiales
L'échec du rêve américain d'un « Nouvel Ordre mondial »
Il y a onze ans, George W. Bush et les néoconservateurs qui soutenaient sa présidence présentaient leur “victoire” en Afghanistan et en Iraq comme étant la première pierre de la constitution de l'impérialisme américain en tant que “Nouvelle Rome”. Selon leurs calculs, ce nouveau statut allait leur permettre d'imposer par la voie militaire une nouvelle phase du “Nouvel Ordre mondial” qui avait été mis en place suite à l'effondrement du stalinisme.
Le
CIO a répondu à cela dans son analyse, dans ses résolutions et
dans ses publications. Il a également insisté sur le fait que seul
un mouvement indépendant des masses dirigé par la classe des
travailleurs pourrait avoir un effet durable. La mobilisation des
masses pauvres avait le potentiel de créer un mouvement de masse
pour jeter à bas Saddam Hussein et le système social – le
féodalisme et le capitalisme – sur lequel reposait son
régime. Au moment de la dernière réunion de notre Comité exécutif
international (CEI), les évènements au Moyen-Orient et ailleurs
avaient ruiné les doctrines des néoconservateurs et ridiculisé
l'arrogance de l'impérialisme américain. Aujourd'hui, la situation
semble encore pire, vu le cauchemar des guerres civiles de plus en
plus nombreuses, surtout avec l'émergence de EI en Syrie et en Iraq.
En
outre, les premières étapes des révolutions au Moyen Orient
et en Afrique du Nord (Égypte, Tunisie) ont paralysé le
géant américain. Auparavant, les invasions d'Iraq et d'Afghanistan
étaient justifiées par les propagandistes de l'impérialisme et par
leurs valets locaux par l'argument selon lequel les masses étaient
soi-disant incapables de renverser un régime par leurs propres
efforts. Les partis petit-bourgeois kurdes reprenaient également ce
thème.
Les
masses iraqiennes étaient en effet démoralisées, trop faibles pour
se relever à la suite de leurs défaites précédentes – comme
l'écrasement de l'insurrection chiite en 1991. De plus, elles
étaient désespérément divisées, faisant allégeance à des partis
rivaux, etc. La majorité chiite et la minorité sunnite en Iraq
étaient farouchement opposées et par conséquent incapables de
poursuivre l'insurrection jusqu'à une conclusion victorieuse. Nous
avons constamment critiqué cette analyse ; nos arguments ont
été confirmés par les mouvements de masse qui ont suivi et qui ont
renversé la dictature de Ben Ali en Tunisie et le régime
Moubarak en Égypte sans aucune aide extérieure.
L'impérialisme
américain s'est retrouvé frustré, complètement incapable
d'intervenir au cours de la première période. Cependant, il a
obtenu une chance de regagner du terrain par la contrerévolution via
les interventions en Libye – soutenue par certains soi-disant
marxistes – puis en Syrie, au Bahreïn, etc. L'élan et la
détermination révolutionnaires des masses d'Afrique du Nord
et du Moyen Orient ont inspiré d'autres peuples partout dans la
sous-région, aux États-Unis et dans les pays industrialisés
avancés.
Les
idéologues bourgeois tentent constamment de rabaisser la portée de
ces évènements révolutionnaires, d'effacer la mémoire des masses
et de neutraliser leur capacité à accomplir une lutte
révolutionnaire victorieuse par leur propre action indépendante. La
conscience de tels évènements – même s'ils se sont produits
récemment – ne peut être conservée que par un parti
révolutionnaire de masse à la direction avisée. En l'absence d'un
tel parti, la conscience des masses peut être floutée et repoussée.
Aujourd'hui,
la représentation qui est donnée de ces évènements par la
bourgeoisie, ses partis et ses médias, est qu'il ne s'est jamais agi
d'une révolution. Les perspectives pour les masses sont ternes. Les
horreurs indescriptibles – une souffrance, une misère et un
chômage sans précédent, y compris dans les pays industrialisés –
sont devenues la “norme” et ne vont faire qu'empirer avec la
crise économique qui continue. Et c'est sans parler de l'aggravation
des catastrophes climatiques qui menacent des régions entières de
la planète.
George Bush après sa « victoire » en Iraq : « Mission accomplie » ? |
Un
nouveau potentiel de lutte malgré la confusion
En
des périodes comme celles que nous traversons depuis peu (une
période de réaction modérée en Europe et de réaction totale au
Moyen Orient), nous devons donc d'autant plus insister sur le
potentiel combatif de la classe des travailleurs. Et cela, malgré le
fait que nous avons sans doute sous-estimé l'ampleur de l'influence
de l'effondrement du stalinisme et de la vague de triomphalisme du
capitalisme sur des couches qui autrefois formaient l'avant-garde de
la classe des travailleurs.
Cette
influence délétère s'est faite ressentir sur les premiers
mouvements et manifestations de masse qui se sont développés
après 2008. Cela a parfois eu pour conséquence que des
mouvements partiels ou individuels ont pu temporairement jouer un
rôle important tout en ayant un effet durable, même si ces
mouvements en eux-mêmes ne l'étaient pas. Ça a été le cas avec
le mouvement Occupy de 2011-2012 aux États-Unis qui a préparé
le terrain pour le mouvement 15Now (campagne pour le salaire minimum
à 15 $ – 8000 francs CFA – par heure).
Mais
cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas eu de luttes ou de révolutions
d'un caractère plus traditionnel, comme les magnifiques
insurrections tunisienne et égyptienne de 2011 ou les luttes
populaires en Turquie et au Brésil. Plus récemment, on a vu les
grèves massives pour des hausses de salaire au Royaume-Uni en
anticipation des élections nationales de l'an prochain, les grèves
générales partielles en Italie, le mouvement qui a mené à la
grève du 15 décembre en Belgique et les rébellions de masse
autour de la question nationale en Écosse et en Catalogne.
En
Irlande, la campagne massive contre la facture d'eau a mobilisé une
manifestation nationale de cent mille personnes et d'autres
actions partout dans le pays. Nous jouons un rôle crucial dans ce
mouvement également ; nous avons d'ailleurs provoqué un
mini séisme lors des élections partielles au Dáil (pron.
[dol],
le parlement irlandais) : la victoire de notre camarade
Ruth Coppinger, suivie par l'élection quelque mois plus tard de
notre camarade Paul Murphy, obtenues contre toute attente, ont
constitué un triomphe pour les camarades irlandais du CIO.
Dans
le cas de Paul, notre section irlandaise est parvenue à battre le
Sinn Féin (parti historique de la “gauche” nationaliste
catholique) qui est pourtant pressenti comme étant le futur grand
vainqueur des élections nationales de 2016. Le Parti
travailliste a lui aussi perdu des plumes et il se pourrait que ce
parti disparaisse prochainement. Le Parti ouvrier socialiste a de son
côté été puni pour son sectarisme : l'an dernier, ce parti
avait présenté un candidat dans le même arrondissement que Paul,
ce qui lui avait fait perdre son siège au parlement européen,
privant en même temps non seulement le CIO mais aussi le mouvement
des travailleurs international d'un porteparole et d'un ardent
défenseur de ses droits.
Les
élections partielles de Dublin ont une fois de plus mis en relief la
ténacité politique du CIO : tout comme Antée dans la
mythologie grecque, lorsqu'on nous jette par terre, cela ne fait que
nous rendre plus forts. Cela est la conséquence de la perspective
claire du CIO, basée sur sa confiance absolue dans la volonté de
lutte de la classe des travailleurs même lorsque cette lutte
apparait initialement difficile, pour obtenir des victoires. Seattle
a ainsi marqué une date historique dans notre histoire, qui a
démontré que même une petite organisation peut obtenir
d'importantes victoires, pouvant ensuite à leur tour mener à un
regain d'activité du mouvement des travailleurs. L'Irlande est un
autre point important à ce niveau. Ce processus va se répéter dans
d'autres pays et sur d'autres continents.
Il
ne faut pas non plus oublier cet évènement très important qu'a été
le mouvement de masse à Hong Kong, qui représente une
ouverture pour la révolution à venir en Chine.
Campagne contre la tarification de l'eau en Irlande : « Nous ne nous payerons pas ! Organisons-nous pour vaincre la tarification de l'eau » |
Le
Moyen-Orient dévasté par l'impérialisme, la réaction et les
milices sectaires
Cependant,
le conflit au Moyen Orient est le reflet inverse de cette
situation. Telle de l'encre qui s'étale sur du papier, les conflits
nationalistes et sectaires se sont petit à petit répandus à
travers toute la sous-région.
Le
Moyen Orient / Afrique du Nord n'est pas la seule
région affectée. En fait, nous traversons en ce moment une crise
géopolitique mondiale sans précédent. Voici la vision qu'ont les
bourgeois de la situation : « Aujourd'hui, toute la
situation est bourrée de risques géopolitiques. L'État islamique
a capturé des territoires entiers. Une guerre non déclarée a
éclaté entre la Russie et l'Ukraine. Il y a un conflit armé entre
Israël et le Hamas. La Libye est plongée dans le chaos.
L'incertitude plane au-dessus des négociations autour du nucléaire
iranien. Pourtant, la somme de ces risques est surpassée par les
vieilles forces de l'offre et de la demande. Même s'il y a un
surplus de risque géopolitique dans le monde, il y a un encore plus
grand surplus de pétrole. » (Financial Times,
18 octobre 2014)
Le
bain de sang unilatéral de cette année entre Israël et les
Palestiniens, qui a causé des montagnes de morts et de mutilés, y
compris des enfants, et fait des milliers de sans-abris, s'est ajouté
à tout un héritage de haine et d'amertume, qui aura des
conséquences encore difficilement prévisibles. Nous avons été
témoins du conflit meurtrier en Syrie et de ses innombrables
victimes, et nous assistons à présent à la dislocation de l'Iraq,
que le magazine The Economist considère comme un État “en
disparition” tout comme la Syrie.
Cette
désintégration est en train de redessiner pour la première fois
depuis 1920, soit près de cent ans, les frontières
tracées arbitrairement par les impérialismes français et
britannique (lors des “accords de Sykes-Picot”) pour se partager
les territoires auparavant occupés par l'Empire ottoman.
Combien de fois le CIO n'avait-il pas prévenu que le résultat de la
guerre d'Iraq et du renversement de Saddam Husesein ne pourrait
mener qu'à l'émergence de toute une série de “petits Saddams”
avec la fracturation du pays selon des lignes ethniques et
religieuses ?
Da'esh occupé à purger le Moyen-Orient des « ennemis de l'islam » |
Perspectives économiques
Et
puis, en plus de tout ça, il y a l'aggravation qualitative des
perspectives pour la situation économique dans presque toutes les
sphères de l'économie mondiale. L'incertitude s'approfondit avec
chaque jour et mois qui passe, au fur et à mesure qu'une institution
économique capitaliste après l'autre annoncent via leurs
porteparoles des chifres de croissance “décevants”.
La
zone euro, qui est la deuxième plus importante zone économique
mondiale, est en retraite malgré sa faible reprise de ces derniers
mois. L'Allemagne, considérée comme la locomotive de l'Europe,
stagne et frôle la récession depuis quelque temps déjà. Sa
dépendance aux exportations signifie que le capitalisme allemand
reste vulnérable à des chocs soudains. Le Japon, la troisième plus
grande économie mondiale, « pourrait lui aussi faire face à
une tendance baissière », selon The Economist.
Le
pétrole
D'autre
part, il y a la chute spectaculaire du cours du pétrole, de 20 %.
Le cours du pétrole est un indicateur extrêmement important de
l'état de l'économie. De plus, dans le contexte actuel, il a un
impact certain sur la situation géopolitique.
Le
développement rapide de la “révolution du gaz de schiste”,
notamment aux États-Unis, a augmenté la production américaine de
+80 % depuis 2008, soit 4 millions de barils de
pétrole par an, ce qui est un des facteurs qui explique la baisse du
cours du pétrole. Cela confère à présent aux États-Unis une
quasi “indépendance énergétique”, surtout vis-à-vis de leurs
anciennes sources d'approvisionnement au Moyen-Orient (notamment
l'Arabie saoudite) et en Afrique.
Cette
hausse de la production est un facteur crucial derrière la reprise
économique américaine limitée, générant environ deux millions
d'emplois. La détresse actuelle des chômeurs américains serait
bien pire sans ce facteur économique extrêmement important. Pour
donner une idée de la rapidité avec laquelle la situation s'est
développée : en 2012, le prix du pétrole fixé par
l'Opep était supérieur à 110 $ ; on estime à présent
que si le prix se maintenait à 80 $ pour une année, les
automobilistes américains économiseraient 160 milliards $.
Comme le Financial Times le dit : « Cela revient à
une jolie baisse de taxes » et ce, sans avoir à faire passer
la moindre loi au parlement !
D'un
autre côté, le Japon est entièrement dépendant du pétrole
étranger ; la Chine de son côté importe 60 % de ses
besoins. Ces pays pourraient bénéficier d'une baisse des cours.
Cependant,
d'autres pays ont été affectés en sens inverse : la Russie a
perdu 40 % de son revenu pour le budget d'État. La baisse du
cours a compliqué les difficultés économiques de ce pays, déjà
affecté par les sanctions qui lui ont été imposées en conséquence
de la crise ukrainienne.
L'Arabie saoudite
pourrait également se voir gravement atteinte, ce qui pourrait
déclencher des troubles politiques au sein du “royaume” :
les chiites, qui sont la couche la plus pauvre et la plus
discriminée, pourraient descendre dans les rues en un mouvement
similaire à ceux que l'on a vus récemment dans la sous-région.
En 2011, l'Arabie saoudite a été forcée de lancer un
plan d'investissement de 160 milliards $ pour éviter
l'arrivée du “printemps arabe” chez elle, tandis que tous les
pays alentours (Yemen, Bahreïn, Oman, Koweït) étaient ébranlés
par une violente contestation. Le régime saoudien a accumulé des
réserves de devises gigantesques, estimées à 747 milliards $,
soit plus de trois ans de ses dépenses annuelles. Mais si le
cours du baril reste fixé sous 80 $ pour une année, ces
réserves vont rapidement s'amenuiser.
Pour
le Nigeria, qui dépend de ses exportations de pétrole et de gaz
naturel pour près de 80 % de ses revenus, la chute du cours du
pétrole est un véritable désastre. Ses réserves en devises
étrangères sont inférieures aujourd'hui à ce qu'elles étaient à
l'époque de la chute du cours en 2008 (38 milliards $
contre 53 milliards $) et le gouvernement a maintenant
commencé à parler de “temps difficiles à venir”. D'autres
producteurs de pétrole, y compris en Amérique latine,
pourraient être eux aussi sérieusement touchés.
Le pétrole en chute libre |
Prévisions
de croissance à la baisse
Bien
sûr, ce sont surtout les perspectives économiques globales du
capitalisme mondial qui sont responsables de la chute du cours du
pétrole et des prognostics extrêmement moroses donnés par les
institutions capitalistes en découlant. Le FMI a revu à la baisse
ses prévisions de croissance mondiale, de 3,4 % à 3 %,
alors pourtant qu'en avril il s'attendait à une hausse de 3,6 %.
C'est
la même revue à la baisse pour les marchés “émergents” :
le Brésil et la Russie sont pris de “torpeur” ; le seul
endroit où les affaires vont soi-disant bien est l'Inde, même si ce
pays aussi a été forcé de revoir à la baisse ses propres
prédictions ! Ces pays se voient à présent contraints de
s'adapter à la fin du “boum des matières premières” qui avait
temporairement renforcé leurs économies. Aujourd'hui, Luis Costa,
un des stratèges de la grande banque Citigroup (10ème plus grande
entreprise mondiale avec un chiffre d'affaires de 2200 milliards
de dollars soit un million de milliards de francs CFA),
en déduit que « le cycle des matières premières est
terminé ».
En
outre, ce développement a un effet structurel sur les économies du
monde néocolonial. C'est-à-dire qu'il est peu probable que l'on
retourne à une situation favorable pour les producteurs de matières
premières. La Chine est un énorme consommateur de matières
premières et aurait dépassé les États-Unis lors des derniers mois
pour la place de plus grande économie mondiale, mais elle aussi voit
sa croissance ralentir.
C'est
ce qui a poussé la patronne du FMI Christine Lagarde à
prévenir du fait que nous arrivons dans une « nouvelle période
médiocre de faible croissance qui durera longtemps ». Cela
confirme complètement l'analyse passée et actuelle du CIO. Nous
disions même avant 2008 que le capitalisme montrait des
“tendances à la dépression”, qui ont fini par mener
aujourd'hui, au moins dans plusieurs régions du monde, à une
dépression en bonne et due forme. Martin Wolf, rédacteur du
Financial Times, écrit que tout ce que le capitalisme peut
espérer à présent est une « dépression pilotée ».
Larry Summers, l'ancien secrétaire au Trésor américain, a
ressorti la phrase « stagnation séculaire » qui avait
été utilisée pour la première fois dans les années '1930.
La
baisse des attentes des capitalistes s'illustre par le fait que dans
tout le monde capitaliste avancé, seul le Royaume-Uni et les
États-Unis sont encore présentés comme des “modèles” à
suivre : « Les États-Unis et le Royaume-Uni quittent la
crise pour obtenir une croissance décente » ! Si l'on ne
s'en tient qu'aux chiffres, ça peut paraitre vrai, mais la réalité
est que cette croissance s'effectue aux dépens de la classe des
travailleurs dont la part du revenu national est en chute libre.
Les
travailleurs vivent maintenant un “boum sans joie”. Les salaires
tardent à augmenter par rapport à la hausse du cout de la vie. Les
travailleurs britanniques ont perdu au moins 10 % de leur
salaire réel au cours des 10 dernières années. Le fossé
entre riches et pauvres s'est énormément accru. Le taux de pauvreté
au Royaume-Uni atteint maintenant un niveau jamais vu depuis l'ère
victorienne du 19e siècle.
En outre, les emplois qui ont été créés sont des emplois à bas
salaire et temporaires : des emplois “Mickey Mouse”,
“autoemployés”, etc., dont beaucoup disparaissent rapidement au
moindre soubresaut du marché.
Les
salaires sont clairement en-dessous de ce qui est nécessaire au
maintien du niveau de vie, sans même parler de l'améliorer. C'est
ce qui a motivé notre campagne au Royaume-Uni pour un salaire
minimum de 10 £ de l'heure (8500 FCFA de l'heure), qui
compte sur un large soutien de la part des travailleurs et des
jeunes, et qui est soutenue par le Congrès des syndicats. La grande
victoire de nos camarades aux États-Unis avec la campagne “15 Now”
– qui a été reprise par les travailleurs partout aux
États-Unis – a clairement eu un impact sur les travailleurs
partout, et notamment au Royaume-Uni.
Manifestation de pensionnés au Royaume-Uni |
La
“reprise” aux États-Unis
En
ce qui concerne les États-Unis, les statistiques officielles ne
reflètent pas la situation véritable sur le terrain. En réalité,
les conditions de vie se détériorent pour de larges couches de la
population américaine. De plus, le nombre de personnes qui
travaillent aux États-Unis n'est pas revenu au niveau d'avant la
récession, avant 2008. De nombreux travailleurs ont quitté la
main d'œuvre disponible. Malgré cela, les données sur
l'emploi publiées au mois de septembre disent que le « nombre
de personnes employées s'est élevé de 10 millions au cours
des 4,5 dernières années, soit la plus longue période de
croissance de l'histoire américaine ».
Mais
Obama ne tire aucun bénéfice politique de cette situation. À peine
39 % des électeurs approuvent sa gestion de l'économie selon
les sondages YouGov, tandis que 56 % la désapprouvent. Selon
The Economist, les électeurs seraient maintenant plus prêts à
confier l'économie aux républicains qu'à Obama et aux démocrates !
Alors que c'est Obama qui est intervenu pour sauver les banques et
l'industrie (notamment automobile) ; mais tout cela n'a pas
véritablement aidé la population travailleuse. Un travailleur
disait que selon ses calculs, il gagne à présent 20 % de moins
qu'en 2007 : « Je suis doucement mais surement en
train de tout perdre, malgré le fait que je travaille comme un
fou ».
Cela
fait vingt ans que les inégalités s'accroissent aux
États-Unis. Cependant, la croissance globale et la possibilité
d'emprunter facilement de l'argent ont permis de masquer ce fait aux
yeux de toute une partie de la population. Pendant les six premières
années au pouvoir de Ronald Reagan, le PIB a augmenté de 22 %
et le salaire médian, de 6 %. Pendant les six premières
années de la présidence Clinton, le PIB a grandi de 24 % et le
revenu médian, de 11 %. La croissance a commencé à ralentir
dans les années 2000, ce qui aussi fait diminuer la croissance
des revenus moyen et médian. Pendant les six premières années
de G.W. Bush, le PIB a crû de 16 % et le revenu médian a
diminué de 2 %. Sous Obama, c'est pire encore : le PIB ne
s'est accru que de 8 % et le revenu médian a régressé de 4 %,
selon le Bureau du recensement.
L'“impressionnante
baisse” du taux de chômage aux États-Unis est en partie due au
fait que beaucoup de gens ont tout simplement arrêté de chercher un
travail et ne sont donc plus comptés comme “chômeurs”. Avant la
récession, beaucoup de gens comblaient le déficit en fin de mois en
empruntant de l'argent sur base du marché immobilier en hausse (la
valeur de leur maison augmentait et donc ils pouvaient recevoir de
l'argent en l'hypothéquant). Après l'effondrement de la bulle
immobilière, le revenu des ménages a commencé à chuter. Donc,
comme nous l'avons fait remarquer à de nombreuses reprises, toute
croissance qui existait avant le crash de 2008 était surtout
alimentée par la dette.
« On n'a jamais vu une reprise comme celle-ci ! – Un autre accomplissement historique » |
Un
système financier au fonctionnement de plus en plus virtuel
On peut en dire autant de toute croissance qui est survenue au cours des six années depuis le crach de 2008. Le poids total de la dette mondiale – privée comme publique – est passée de 160 % du revenu mondial en 2001, à près de 215 % en 2013. En d'autres termes, contrairement à ce que beaucoup de gens croient, le monde n'a pas commencé à se désendetter. Le rapport entre dette mondiale et PIB mondial continue à grandir, atteignant de nouveaux records.
Luigi Buttiglione,
un des auteurs du rapport de Genève annuel organisé par le Centre
international pour les études monétaires et bancaires, qui est
aussi le chef de la stratégie mondiale pour le fonds
d'investissement Brevan Howard, disait récemment :
« Pendant toute ma carrière, j'ai vu de nombreux “miracles
économiques” – l'Italie dans les années '60, le Japon, les
“tigres asiatiques”, l'Irlande, l'Espagne, et maintenant
peut-être la Chine – et ils ont tous pris fin sous un
amoncèlement de dette ».
Dans
le cadre d'une phase de croissance, une politique de crédit bien
maitrisée peut “huiler” le système et mener à une spirale de
croissance. Mais la politique d'emprunts massifs qui a été suivie
pendant la phase de croissance des États-Unis et dans le monde s'est
prolongée tout au long de la crise à cause de la crainte d'un
effondrement économique complet et de l'impact que cela aurait sur
la conscience de la classe des travailleurs et de son opposition
croissante contre le système. L'injection de crédit a été
astronomique. La Réserve fédérale américaine a acheté
4500 milliards de dollars d'actifs ; la Banque
d'Angleterre, 375 milliards de livres ; et la Banque
centrale japonaise aura acheté 1500 milliards de dollars d'ici
avril 2015 (soit respectivement 2,5 millions de milliards
de FCFA, 330 milliards de FCFA et 9 millions de milliards
de FCFA).
C'est
le “manque de confiance” global qui a causé l'effondrement du
cours des actions en octobre 2014. Cette nouvelle crise s'est
développée à une vitesse considérable pour se répandre aux
quatre coins du monde. De nombreux facteurs que nous avons
décrits ci-dessus sont à la base de son déclenchement.
Mais
la principale cause est sans doute l'annonce du retrait du programme
d'“assouplissement quantitatif” de la Réserve fédérale
américaine, un programme d'injection de liquidités dans
“l'économie” qui a couté 3600 milliards de dollars
(2 millions de milliards de francs CFA). Cette nouvelle a
provoqué un mouvement de panique pour sortir des actions, amenant la
possibilité d'une répétition de la crise de 2008, en pire.
Comme
un drogué, le monde capitaliste s'est tellement habitué à des
injections massives de liquidité qu'il ne peut plus s'en passer. Les
théoriciens économiques du système ne sont même pas certains de
l'effet de l'assouplissement quantitatif ! L'ancien président
de la Réserve fédérale américaine, Ben Bernanke, répondait
à cette question en plaisantant : « Le problème de
l'assouplissement quantitatif est que ça marche en pratique mais ça
ne marche pas dans la théorie ! »
En
réalité, cette mesure monétaire a fonctionné en partie en théorie
mais très peu en pratique. Cependant, la simple menace d'une petite
pause dans l'application de cette politique, sans aucune véritable
alternative autre que la poursuite des plans d'austérité voués à
l'échec, suffit à semer la terreur sur les marchés boursiers.
« L'assouplissement quantitatif : explication » |
Une
austérité sans fin ?
Le choix pour le capitalisme semble se réduire à soit une croissance alimentée par la dette (y compris le maintien perpétuel de bas taux d'intérêt qui engendrent un risque d'inflation à moyen terme), soit une austérité sauvage. Les stratèges du capitalisme n'affichent pas le moindre optimisme en ce qui concerne l'économie ; c'est sans parler de leur opinion quant à des enjeux plus larges, tels que la crise environnementale à laquelle est confrontée l'humanité. Certains économistes capitalistes en ont conclu que l'immense hausse des inégalités que nous constatons depuis les 15 dernières années serait, « à partir d'un certain point », mauvais pour le système. La part de plus en plus grande des richesses qui part dans les poches des directeurs d'entreprise, les pressions constantes sur les salaires, dépriment fortement la “demande”.
La
situation est tellement grave que la Bundesbank (banque centrale
allemande) va jusqu'à suggérer que si les syndicats allemands
décidaient de se battre pour des hausses salariales, elle les
soutiendrait ! Toutefois, cette politique ne devrait pas selon
eux s'étendre au reste de l'Europe, qui doit continuer à se “serrer
la ceinture”. Même la social-démocratie allemande corrompue, en
coalition avec les chrétiens-démocrates d'Angela Merkel, a
refusé toute modification de sa ligne économique, en particulier
vis-à-vis du reste de l'Europe.
Mais
une autre section des capitalistes craint à présent de se retrouver
piégée dans une spirale d'austérité sans fin, qui menace de
provoquer une nouvelle crise et une révolte de la classe des
travailleurs. Il n'y a aucune option facile à portée de main.
Cependant, le maintien d'un haut d'endettement élevé au niveau
mondial, malgré tous les efforts des différents gouvernements de le
réduire, provoque une nouvelle vague de dette et de croissance
faible qui pourrait déclencher une nouvelle crise financière.
À
cause de cela, la bourgeoisie passe sans arrêt de l'optimisme au
pessimisme. Depuis 2007, le taux d'endettement totale de la
Chine (secteur financier exclu) a grimpé à 261 % du PIB.
Martin Wolf
(que nous avons déjà cité plus haut)
a à ce propos écrit : « On peut débattre pour savoir si
ce taux d'endettement peut être maintenu ou non. Mais on ne peut pas
débattre de la durabilité ou non de la vitesse de cette hausse. Il
n'y a rien de durable ici. La hausse de la dette doit cesser, car
elle aura potentiellement des effets pire sur le taux de croissance
chinoise que ce que l'on estime généralement aujourd'hui ».
Bulletin de vote au Royaume-Uni : de l'austérité pour tout le monde, avec quelques petites nuances |
Le
manque de perspectives d'investissements engendre la misère, et
vice-versa
La situation actuelle indique un gel du système, symbolisé par le “paradoxe de l'épargne” mentionné par Keynes en son temps : alors que le système est en crise, le taux d'“épargne” des entreprises connait une croissance spectaculaire partout dans le monde, en partie à cause du fait que les patrons ressentent un plus grand besoin de se protéger contre les aléas du libre marché.
Comme
il y a peu d'opportunités d'investissement capitaliste productif,
cela a pour résultat une accumulation massive d'argent par les
entreprises, équivalent à 44 % du PIB au Japon, à 34 %
du PIB en Corée du Sud… la situation est la même en Asie du
Sud-Est. Partout, on voit s'accroitre les sommes accumulées dans les
comptes en banque tandis que les salaires stagnent ou diminuent. La
situation actuelle est si dangereuse que les banques centrales
britannique et américaine ont organisé une série de “tests”
financiers afin de voir si elles seraient capables de gérer un
nouvel effondrement bancaire du type de la crise engendrée par la
faillite de Lehman Brothers !
Cela
renforce l'idée selon laquelle nous devons nous attendre à de
nouveaux évènements suivant le scénario de 2008 ou pire
– c'est en tout cas ce à quoi se préparent les institutions
financières capitalistes qui tentent de mettent en place des mesures
de protection afin d'éviter qu'un tel scénario ne se reproduise, ou
à tout le moins des plans de sauvetage de l'économie au cas où une
telle situation devait s'avérer ingérable. Il semblerait que le
Japon et la zone euro soient les secteurs les plus menacés,
même si c'est l'ensemble du monde capitaliste qui risque de se voir
tirer en arrière.
De
plus, le parasitisme du capitalisme “moderne” est révélé par
le processus de “rachats” de leurs propres actions par les
entreprises, un phénomène en hausse que la presse financière a
surnommé une “cocaïne pour entreprises”. Des profits records
ont été obtenus à très grande échelle et les rachats se sont
accrus en partie parce qu'il n'y a en ce moment aucune destination
profitable pour les investissements, mais aussi parce que cela
accroit la richesse des capitalistes, en particulier des directeurs
des grosses boites, qui ne font ainsi qu'accroitre les inégalités
déjà criantes tout en renforçant le cours de leurs actions.
L'effet
de tout ceci est une chute des investissements, qui est le fruit du
manque de confiance des capitalistes en leur propre système. Pendant
que les chefs d'entreprise grossissent à vue d'œil, le niveau de
vie des travailleurs est en chute libre. Au Royaume-Uni, si le
salaire minimum national s'était accru au même rythme que les
salaires des patrons des 100 plus grandes entreprises
depuis 1999, il s'élèverait à présent à 19 £ de
l'heure (17 000 francs CFA par heure) au lieu du
montant actuel qui n'est que 6,50 £/heure (6000 fCFA) !
C'est
ce qui a poussé le journal The Guardian à se poser la
question : « Pour une certaine raison, les journalistes de
la télé demandent rarement aux PDG leur avis quant au gouffre entre
leur salaire et les conditions des membres les moins bien payés de
leur personnel ». Cela est lié à la « conviction
largement répandue auprès de 76 % d'Américains (un chiffre
record) que leurs enfants ne connaitront pas une meilleure vie que
celle qu'ils connaissent, et au point de vue de 60 % des
Américains selon lequel leur État est en déclin … Le large
mécontentement est évident parmi quasiment chaque couche de la
population » (Article de l'économiste de droite Irwin Stelzer,
du Hudson Institute, écrivant dans le Sunday Times de
Londres).
Stanley Fischer,
vice-président de la Réserve fédérale américaine, attirait en
aout l'attention sur la « baisse permanente du potentiel des
locomotives de l'économie mondiales que sont les États-Unis,
l'Europe et la Chine ». Cela indique à nouveau que les
prophètes économiques du capitalisme commencent petit à petit à
arriver à la même conclusion que celle que nous avions tirée
en 2008 déjà dans notre analyse effectuée au tout début de
la crise.
La
même personne, poursuivant, a dit que : « La baisse du
taux de productivité et de participation de la main d'œuvre aux
États-Unis, parmi d'autres facteurs, pourrait remettre en question
la capacité de ce pays à générer une croissance économique ».
Ces
conclusions hautement pessimistes quant à l'avenir du capitalisme
américain – et donc, du capitalisme mondial –
deviennent de plus en plus fréquentes, au même moment où la classe
des travailleurs ainsi que de larges couches des classes moyennes
commencent à tirer leurs propres conclusions : « Nous
sommes confrontés à une véritable crise de foi dans l'élite
mondiale », selon le New York Times.
Et
cet organe du capitalisme de conclure : « Il y a un accord
implicite entre les démocraties modernes : on est d'accord que
les riches et les puissants s'amusent avec des jets privés et des
châteaux au cout exorbitant tant que la masse de la population voit
son niveau de vie s'améliorer petit à petit et constamment. Mais à
présent, seule la première clause du contrat est respectée. Les
électeurs expriment leur frustration de manière qui varie d'un pays
à l'autre, mais qui a en commun le sentiment qu'ils ne tirent aucun
bénéfice de l'ordre établi ».
Un centre commercial en Grèce après 5 ans d'austérité |
L'environnement
Selon l'Organisation
météorologique mondiale, les gaz à effets de serre dans
l'atmosphère ont atteint un nouveau niveau record en 2013. Dans
le Bulletin des gaz à effets de serre 2014 publié par cette
organisation, on lit que « Entre 1990 et 2013, la
planète a connu une hausse de 34 % du taux de “forçage
radiatif” – le phénomène qui réchauffe notre climat ».
Ce message est « sans équivoque », a averti le Groupe
intergouvernemental sur le changement climatique dans son
cinquième rapport publié en 2014.
Les concentrations de
dioxyde de carbone et autres gaz à effets de serre sont à présent
plus élevées qu'elles ne l'ont été depuis un million
d'années. La principale raison en est la combustion de carburants
fossiles. Et « sans une action décisive, les températures
vont très certainement dépasser l'objectif maximum de +2°C que
s'étaient fixés les gouvernements. Cela aura de très graves
répercussions, telles que la hausse du niveau de la mer, des vagues
de chaleur, la perte de la couverture de neige et de glace, le chaos
dans l'agriculture et la production de nourriture, et des extrêmes
plus marqués en termes de sècheresse et de pluviométrie ».
En tout cas, on ne
peut pas dire que l'on a vu moins d'épisodes de « climat
extrême » ces derniers temps dans le monde : les
sècheresses aux États-Unis, les inondations au Cachemire, en
France, au Royaume-Uni, le cyclone Haiyan aux Philippines… En plus
de toutes les populations qui souffrent directement de ces
catastrophes, elles ont également un impact sur le prix des denrées
alimentaires, ce qui ne fait qu'accentuer la pauvreté mondiale.
Malgré tout cela, comme l'a rapporté le Forum économique mondial,
« Les progrès dans les investissements verts restent encore à
la traine par rapport aux investissements dans les infrastructures à
haute consommation de carburants fossiles, qui sont pourtant
inefficaces » (Rapport sur les investissements verts 2013).
La
colère contre cet état de fait s'est exprimée lors de la
manifestation pour le climat de New York en septembre, qui a
rassemblé 400 000 personnes – la plus grande
manifestation climatique à ce jour. D'autres mouvements s'organisent
pour l'environnement partout dans le monde. En plus des inquiétudes
par rapport au changement climatique, de nombreuses autres
thématiques ont mené à d'importants mouvements, comme le nucléaire
et la fracturation hydraulique.
Lors du sommet de
New York, les politiciens capitalistes ont promis de nouveaux
objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de
production d'énergie renouvelable. De nouvelles promesses ont depuis
lors été faites par les États-Unis, l'UE et la Chine. Mais tout
comme les objectifs précédents, ces objectifs ne seront pas
atteints, car ils pâtiront de l'opposition déterminée de toute une
série de grosses entreprises – comme on l'a vu s'exprimer par
la voix des Républicains au Congrès des États-Unis. La prochaine
grand-messe internationale sur le changement climatique, la
conférence de Paris prévue pour novembre 2015, ne servira qu'à
prouver une fois de plus l'incapacité du capitalisme à résoudre
les très graves problèmes environnementaux dont les effets se font
déjà ressentir.
Dans son analyse du
sommet de New York, Scott Barrett, de l'Institut pour la
Terre de l'université de Columbia, disait ceci : « Ils
viennent à chaque fois avec de nouvelles idées et de nouvelles
promesses, qui toutes suggèrent qu'il serait possible, via une sorte
de planification centralisée, de parvenir à une solution collective
mondiale ; mais malheureusement, ce n'est pas comme ça que le
monde fonctionne » (CBC News, 24 septembre 2014). Nos
camarades du groupe Alternative socialiste étaient présents à la grande manifestation de New York (y compris Kshama Sawant), lors
de laquelle ils sont intervenus pour expliquer pourquoi notre monde capitaliste « ne
fonctionne pas comme ça », et que seule la transformation
socialiste de la société nous permettra de mettre en place cette
« planification centralisée » et cette « solution
collective » qui est le prérequis de toute action véritable
pour le climat.
Manif pour le climat à New York, la plus grande manif pour le climat de l'histoire |
Les tâches à venir
Nous nous trouvons
dans une des périodes les plus turbulentes de l'histoire mondiale.
Il n'y a plus aucune stabilité dans aucun pays, ou si peu. Au cours
de l'année écoulée, le positif a côtoyé le très négatif. Le
mouvement de masse au Brésil, le tournant à gauche aux États-Unis,
la lutte pour les droits démocratiques à Hong Kong, les
premiers signes d'une renaissance de la lutte de classes dans
d'autres pays, sont d'importants présages pour l'avenir. Mais au
même moment, nous voyons l'extension des guerres ethniques et
sectaires au Moyen-Orient et en Afrique, qui sont autant
d'avertissements des horreurs qui peuvent survenir si la classe
prolétaire devait s'avérer incapable de concrétiser l'alternative
qui nous fera sortir de la crise.
Notre rôle est de contribuer à la
reconstruction du mouvement des travailleurs et à son réarmement
politique, sur la voie qui nous mènera à la refondation d'une force
capable de transformer le monde. Les troubles qui vont encore secouer
des pays très importants nous donneront l'occasion d'accomplir des
percées majeures et de rassembler des forces consistantes qui nous
permettront d'influer sur le cours des évènements. Nos récentes
victoires en Irlande et aux États-Unis ne sont qu'une petite image
de ce qu'il nous sera bientôt possible de réaliser dans de nombreux
pays.
École d'été latino-américaine du CIO au Brésil |
Lien vers la deuxième partie de ce document : perspectives pour l'Occident.
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